88. Pas encore ! ☑️

Tyler

- Tyler ?? Tyler !?

Ce n'est plus la voix de Mélody qui résonne, mais celle de Mégane. Putain !

Je suis incapable d'ouvrir les yeux, incapable de prononcer un mot. Des images tournent dans ma tête, encore et encore. Un sourire, des larmes, des éclats de rire, deux corps emmêlés, des cheveux bruns enroulés autour d'une main.

- Tu dois vraiment partir ?

- Je n'ai pas trop le choix. Tu sais, c'est important pour notre album, tournée et surtout pour notre clip.

- Je ne veux pas être loin de toi. Après toutes nos galères...

- Ça ne me plaît pas non plus. Mais on s'appellera tous les jours, en Facetime même.

C'est... C'est Mélo et moi...

- Pas le choix de toute façon.

- Efface ce sourire triste Mélody. Je veux t'entendre rire, et peut-être même...

- Tyler, qu'est-ce que tu fais ? Oh putain !

Mélody

- Mais où tu as appris à faire ça , Tyler Joseph ?

- Avec personne. C'est inné chez moi !

- Ben voyons ! Ça va tes chevilles ? Pas trop gonflées ?

Cette scène... Deux heures avant son départ. Deux heures avant que je ne le perde à tout jamais. Pourquoi ? Pourquoi maintenant, pourquoi me faire revivre ça ?

Je n'arrive pas à ouvrir les yeux, ma bouche refuse de s'ouvrir. Qu'est-ce qu'il se passe ? Ma tête ! J'ai mal, j'ai mal putain !

- Non mais Mel, t'es vraiment une empotée !

- Je suis nulle au basket, je te l'ai déjà dit!

- Faut pas s'étonner, si dans ton lycée, t'es jamais choisi dans les équipes !

- Fous lui la paix Tyler !

- On t'a pas sonné Jay !

Tyler

- Tu ne vas pas encore chialer la naine?

- Tu rêves ! Je ne vais pas pleurer pour toi. Comment Jenna arrive à te supporter !

- Ah ça, t'es trop jeune pour comprendre. Roule pas des yeux comme ça ! Ah, tiens, ton pote relou, Jason.

Je vois Mel se retourner avec un grand sourire, et je ressens comme un coup de poignard dans le cœur. Comme si... Comme si la jalousie s'emparait de moi. Elle lui saute dans les bras. J'ai mal.

- Aïe ! Ça va pas la tête !

- Oh Désolé Jason, j'ai mal visé.

Je vois le regard noir de Mélody pointer sur moi.

- T'as un problème Tyler ?

- Ouais, t'es sur mon territoire là, qu'est-ce que tu fous chez moi ?

- Laisse-le Jason, c'est un con, vient, on s'en va.

Elle me lance un dernier regard, avant t'attraper la main de ce con, et de s'éloigner. J'ai envie de l'étrangler.

- Bon, on la continue cette partie, ou tu vas continuer à reluquer le cul de ma pote ?

Mon regard assassin se pose sur mon frère.

J'entends encore la voix de Mégane, mais j'ai l'impression qu'elle parle à quelqu'un, et puis, ma tête ! Ça recommence, j'ai mal, J'ai mal !

- Je n'ai jamais couché qu'avec toi Tyler ! Ce n'est qu'un clip ! C'est à toi que je pensais pour jouer ces scènes ! Tu n'as pas confiance en moi Tyler ! Tu n'as jamais eu confiance en moi ! Je t'aime, t'imagine même pas à quel point putain ! Mais ça ne peut pas fonctionner entre nous.

Putain mais c'est quoi ?!

- Je ne sais pas, tout allait bien, et puis il s'est écroulé en hurlant, dit la voix complètement paniquée de Mégane.

Mélody

- J'avais besoin d'entendre ta voix.

- Mel ? Mel ?

On me secoue, je le sais. Une voix désespérée s'élève. On appelle les pompiers je crois, je n'en suis pas vraiment certaine. J'ai mal à la tête, très mal à la tête.

J'ai envie de hurler, mais je n'y arrive pas. Mes yeux sont comme scellés, pourtant je veux les ouvrir !

Mélody ? Mélody j'ai besoin de toi ! Mélody !

Tyler...

**
- Tu m'as fait peur Mélody !

Aaron pose sur moi son regard inquiet, alors que ses mains pressent mon bras, relié à une perfusion. Mais ?

- Mélody, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je n'en sais rien, j'ai envie de lui dire, mais là, tout de suite, je ne veux pas lui parler. Après tout, on se connait depuis moins de 24 heures ! Il me prendrait pour une cinglée, juste bonne à enfermer.

- Un malaise sans doute.

Il ne semble pas me croire, mais tant pis, il se contentera de ça ! Je me détourne de lui et fixe la fenêtre; il fait encore jour, et le ciel est zèbré d'éclair.

- On est quel jour ?

- Le 27 février. Tu as soif, faim ?

Je secoue la tête. Non, je veux juste être tranquille.

- J'ai appelé le premier numéro que j'ai trouvé dans ton téléphone, un certain Adam. Il ne va pas tarder.

- Ok. Aaron, je ne veux pas me montrer grossière, mais je voudrais être seule. Je lui dis sans le regarder.

Il ne répond rien, mais pose ses lèvres sur ma joue, caresse mes cheveux, puis s'éloigne.

- J'ai rentré mon numéro dans ton portable. Hésite pas si tu as besoin de moi, il m'informe avant de fermer la porte.

J'aimerai bien savoir ce qu'il s'est passé dans ma tête. Pourquoi toutes ces images, pourquoi me renvoyer dans des souvenirs que je voudrais tant oublier ?

Je ne comprends pas. Vraiment pas.

Et pourquoi, j'ai l'impression que Tyler voyait la même chose ? C'est idiot, je le sais bien, mais c'est ce que je crois.

A moins que cela ne soit tout simplement des rêves éveillés ? J'en sais rien putain.

Quelques coups sont donnés à ma porte, avant quelle ne s'ouvre en grand. Je reste toujours fixée sur le ciel zébré, alors que la voix de mon ami et psy, s'élève.

- Mel ! Comment tu te sens ? Que s'est-il passé ? T'es blessée ? T'es ..

- La ferme !

Je n'en peux plus de ce ton inquiet, que celà soit de Aaron ou Adam ! J'en ai ma claque. Qu'on me foute la paix une bonne fois pour toute merde !

- Mélody... Désolé, j'ai eu peur.

- C'est sympa de t'inquièter, mais je n'ai pas besoin de toi, ou de n'importe quelle nourrice ! Je vais bien, juste un gros coup de fatigue !

J'essaie de me lever, mais ce n'est pas évident. Tous mes membres sont endoloris, comme si j'étais passée sous un rouleau compresseur. Et oui, ma tête me fait toujours mal, mais beaucoup moins qu'avant.

- Attends, je vais t'aider, la voix calme de mon psy me tape sur les nerfs.

- Je n'ai pas besoin de ton aide, je lui dis en dégageant son bras. Je veux que tu partes Adam.

- Tu es trop nerveuse pour que je m'en aille. Non mais c'est une blague ? C'est lui qui me fait monter la tension !

- Si dans les dix secondes, tu n'es pas parti, je hurle, c'est clair ?

Mon regard noir s'accroche au sien, peiné. Une pointe de culpabilité m'envahit, vite dégager par la rage qui me consume. J'en ai assez de sa sollicitude, assez qu'il me prenne pour une incapable !

- Mélody, calme toi.

- Il te reste cinq secondes Adam.

Il soupire, passe une main dans ses cheveux épais puis, au lieu de partir comme je l'espérais, il tire une chaise et s'y assoie.

Je rêve !

Très bien, il l'aura cherché ! Je me mets à hurler de toutes mes forces, encore et encore jusqu'à ce que un infirmier entre dans la chambre.

**
Tyler

- Vous vous sentez mieux monsieur Joseph ?

- Mon mal de tête a disparu, mais j'ai mal partout.

Le médecin continue de l'ausculter, puis tapote sur sa tablette.

- Votre tension est revenu à la normal. On vous garde cette nuit en observation, et demain vous pourrez rentrer chez vous.

Je le remercie, puis pousse un gros soupire de soulagement ; je n'ai franchement pas envie de rester hospitalisé plusieurs jours.

Maintenant, il va falloir que j'analyse ce qu'il s'est passé ce matin. Je me rappelle très bien toutes ces images, de ces scènes, des sourires, des pleurs, de tout...

Ce sont des souvenirs... Souvenir que j'aurai mieux fait d'enfouire à tout jamais.

J'ai accusé Mélody de tous les maux, ma jalousie bouffant mon cerveau. J'avais trouvé la femme imparfaite, mais parfaite pour moi. Et comme un con, j'ai mal agi, que cela soit le Tyler de maintenant, ou celui d'avant.

Connard.

Des coups sont donnés à la porte. Je dis à la personne venue m'importuner, d'entrer.

Je tourne la tête et vois celle de Josh, inquiète.

- Tu m'as foutu la frousse Tyler ! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

- J'en sais rien Josh, je dis d'une voix lasse. Je me rappelle juste de m'être réveillé ici.

- T'es comme Mélody, tu ne sais pas mentir ! Mais pour le moment, on va dire que je te crois !

Il me fait un clin d'œil, et je souris malgré moi. Je ne le remercierai jamais assez d'être aussi gentil avec moi.

- J'ai l'impression que cela fait des siècles que je n'ai pas dormi, et je crève de faim.

- Je t'ai ramené du ravitaillement, tiens.

Il me tend un sachet que j'attrape et en ressort un énorme tacos. Je mords dedans, pour mon plus grand bonheur.

- Merci Josh, t'es un véritable ami ! Je lui dis une fois ma bouche vide. Putain que c'est bon!

Mon pote se met à rire, avant de prendre un air sérieux.

- J'aime pas la tête sur tu fais tout à coup.

- Mélody est ici.

- Ah bon ? C'est toi qui l'a prévenu ?

- Non. En fait, elle a été admise ici, peut-être une heure après toi.

Mon appétit est coupé. Merde.

- Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?

- En vérité, je ne sais pas trop. Mais...

Il se tait, comme si il cherchait ses mots. J'ai horreur de ça putain ! Généralement, ça n'annonce rien de bon.

- Josh ? Dis-moi ce qu'il se passe, je hausse le ton, perdant patience.

- Elle a été internée.

- Internée ? Tu plaisantes là ?

- Je préfèrerai, crois-moi. Qu'est-ce que tu fais ?

Je me lève du lit, et cherche mes vêtements partout, mais impossible de mettre la main dessus. Tant pis, j'irai la voir avec cette tenue de merde et pieds nus, puisque que mes baskets ont également disparu.

- Tyler ! Putain Tyler !

Il m'attrape le bras, alors que je m'apprêtais à quitter la chambre bien trop verte à mon goût.

- Lâche-moi Josh ! Je dois aller la voir. Elle a certainement besoin de moi !

Mon ami ricane.

- Besoin de toi ? Tyler, tu lui as annoncé que tu en aimais une autre, tu l'as accusé de t'avoir trompée, et tu crois vraiment que c'est de toi, dont elle a besoin ?

Je ne sais pas ce qui me retient de lui foutre mon poing dans la figure. Pour qui il se prend, pour savoir si Mélody a besoin de moi ou pas ?

- Je ne t'ai pas demandé ton avis je crois ! Lâche-moi maintenant !

- Très bien ! Mais ne viens pas te plaindre après !

J'ai bien envie de rétorquer, mais préfère me taire, au risque d'en venir vraiment aux mains avec lui.

Il me lance un dernier regard, puis lâche mon bras.

- Je t'accompagne.

- Non, je veux y aller seul.

**
Évidemment, Josh m'a suivit. Et je dois avouer que, heureusement parce que, premièrement, je me serais perdu dans ces immenses couloirs, et qui plus est, je ne savais même pas dans quel service j'étais ; deuxièmement, parce que j'ai failli m'écrouler plus d'une fois; ma tête tournait encore et encore; je ne me pensais pas si faible. Et enfin, troisièmement, parce que, sans lui, je serais probablement en prison, pour avoir tué Adam, qui refusait de me laisser entrer dans la chambre de Mélody !

- Pas plus de cinq minutes, Tyler !

Cause toujours, tu m'intéresse.

J'ouvre doucement la porte, et entre pour me diriger vers Mélody, allongée sur un lit. Son regard semble perdu au loin, et, maintenant que je suis près d'elle, j'ai peur de dire quelque chose; pire, je ne sais même plus quoi dire.

- T'es venue encore m'insulter ou m'engueuler, je suppose, me dit soudainement Mél. Tu peux repartir.

- Bien sûr que non. J'étais inquiet de te savoir ici.

Elle hausse les épaules, sans un mot, et continue à observer au loin. Je me sens mal tout à coup, comme si ma place n'était pas là. Elle ne veut pas de moi.

- Mel ? Je suis vraiment désolé pour tout le mal que je t'ai fait. Vraiment.

Je pose une main sur la sienne, complètement glacée. Je la serre et tente tant bien que mal, de caresser sa peau, mais arrête mon geste, sentant Mel se crisper.

- J'ai l'habitude Tyler. Sa voix est bien trop calme. Depuis qu'on se connait, t'es exécrable avec moi. Alors une de plus, ça ne fera aucune différence.

Mon cœur rate plusieurs battement ; j'ai envie de pleurer, parce je me souviens. De tout ou presque.

Pourtant, elle sait pourquoi j'ai mal agi avec elle pendant des années. J'étais un vrai crétin, tout le monde pourra le dire, mais surtout, je ressentais des choses... Des choses qu'un homme ne doit pas ressentir pour une adolescente. Trop jeune. Bien trop jeune.

Je me suis lancé à corps perdu dans ma relation avec Jenna, essayant de ne plus être troublé par cette jolie brune. J'ai écrit un album, passé du temps enfermé dans un studio, mais rien à faire, ma tête et mon cœur revenait sans cesse vers Mélody. Alors j'ai joué au con, jusqu'à ne plus pouvoir résister, et je m'en suis brûlé les ailles.

- Je te jure que je ne voulais pas te faire du mal.

Elle tourne enfin la tête vers moi; son visage est dénué d'émotions, ses yeux sont vides, comme si rien ne pouvait la toucher.

- Jurer... C'est comme les promesses, elle chuchote.

- Que veux-tu dire par là? Je demande doucement.

- Rien. Je veux être seule Tyler.

Non, je ne veux pas la laisser seule. Pas maintenant. Elle a besoin de moi, comme j'ai besoin d'elle. Mes souvenirs reviennent, progressivement, et il faut qu'elle m'aide ! Il le faut bon sang !

Mais je ne suis pas fou non plus. Elle est en psy, et pas besoin d'être un spécialiste pour savoir que ce n'est pas le moment de lui dire toutes les images qui me sont revenues.

- J'ai envie de rester près de toi.

Elle rit, un rire triste et mauvais à la fois.

- Ouais, reste avec moi, et ce soir, tu pourras retourner sauter ta blonde.

Mes yeux doivent certainement sortir de leurs orbites; comment elle le sait ? Non... Je suis idiot. Elle s'en doute, puisque je lui ai dit que je tombais amoureux d'une autre.

Non ??? Ce n'est quand même pas ça, qui l'a mis dans cet état ?

Je me mords sur la langue pour ne pas dire une connerie.

- Je reviendrai te voir demain.

Elle détourne à nouveau son regard, et je paierai cher pour savoir à quoi elle pense en cet instant.

Je laisse sa main, et hésite à poser mes lèvres sur son front. Non, ce n'est pas le moment.

- Au-revoir Mélody.

Je m'éloigne en lançant un dernier regard à la jolie brune allongée sur le lit, mais cette dernière contemple toujours l'extérieur.

**
Mélody

Quand j'étais enfant, maman passait des heures à coiffer mes longs cheveux. Lorsque le temps devenait humide, ils ondulaient. J'aimais beaucoup ma tignasse lorsqu'elle était comme ça.

Maman disait que j'étais encore plus jolie ainsi, alors, je croisais les doigts pour que, en grandissant, ils restent toujours endulés.

Malheureusement, à l'adolescence, humidité ou pas, ils restaient désespérément raides.

Je trouvais que les ondulations, ou les boucles, me rendaient presque jolie. Parfois, on me faisait des compliments, et à d'autres moments, on se moquait de moi.

A cette époque, cela me touchait énormément ; je n'avais déjà pas confiance en moi, alors, ça en rajoutait une couche.

Mais maintenant, cela me passe au-dessus de la tête. J'ai décidé qu'on ne pouvait pas plaire à tout le monde, et que du moment où moi, je me sens bien, le reste n'a pas d'importance.

Quant à mon physique, il n'est pas parfait, loin de là, mais j'ai appris à l'aimer tel qu'il est. Trop de forme là, pas assez là, trop petite, trop... Bref, c'est moi.  Je suis comme ça, c'est qu'il y a une raison.

Je soupire en me détournant du grand miroir de la salle de bain, pour prendre ma douche. L'eau me fait du bien, me détendant un peu, même si mon squelette tout entier me fait un mal de chien.

Trois jours. Trois jours enfermée dans moins de quinze mètres carrés.

Je ne sais pas comment j'arrive à tenir ici. Certainement parce que, ma conscience sait que j'en ai besoin. Besoin de me calmer, besoin de réfléchir, de dormir.

Dormir... Mouais. Facile à dire. Lorsque je m'envole au pays des rêves, c'est pour voir ma vie défiler, encore et encore. Mais le pire, c'est de revivre à chaque fois, mes peines. Mes jours heureux ? Ne rêvons pas, rien de merveilleux.

Ça me tue. Pourquoi cela m'arrive ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal, pour mériter ça ?

Je coupe l'eau, m'enroule dans une serviette et me sèche rapidement. J'enfile un legging qui, évidemment, colle à ma peau encore humide, puis glisse un t-shirt. Pas de soutif, je me sens mieux ainsi.

Un coup de peigne et laisse sécher ma longue tignasse.

Une fois dans la chambre, je file à mon poste préféré; la fenêtre. J'aime observer le ciel, voir tous ces nuages aux formes uniques, regarder les avions qui amorcent leur descente, le soleil, et...

Je suis encore dérangée ! On toque et rentre sans ma permission. Je ne le supporte plus.

Je me tourne et tombe nez à nez avec Aaron, un gros bouquet de roses à la main. Mon énervement s'évanouit et un sourire se dessine sur mes lèvres.

- Salut beauté ! Me dit-il en s'avançant vers moi.

- Salut ! Elles sont magnifiques, j'attrape le bouquet qu'il me tend. Merci.

Il me sourit de toutes ses dents parfaites, puis cherche partout quelque chose qui pourrait servir de vase.

- T'es en psy ici, tu ne trouveras rien qui puisse me blesser ou tuer quelqu'un.

- T'as pas l'air d'une suicidaire ou prête à tuer quelqu'un ma toute belle !

Il doit être le seul à penser ça. Je me contente de hausser les épaules, et, toujours le bouquet en mains, je me laisse tomber sur le lit.

Il m'informe qu'il revient dans quelques minutes, le temps de trouver quelqu'un qui pourrait lui donner un vase.

Ça me fait plaisir de le voir, ça me change du personnel hospitalier et de ce cher Adam, qui refuse de me laisser sortir d'ici.

Mon nouvel ami est de retour avec une bouteille en plastique.

- Ça fera l'affaire !

Il récupère les roses et les mets dedans, après avoir rajouté de l'eau.

- Je les pose où ?

Je lui fais signe de poser le bouquet sur la petite table.

- Comme ça j'ai tout le loisir de les observer.

- Excellente idée ! Il me sourit, avant de s'asseoir sur la chaise face à moi. Tu sais quand tu pourras sortir ?

En soupirant, je lui annonce que non, d'après mon psy, je ne suis pas prête.

- Franchement Mélody, je ne comprends pas pourquoi ! T'as pété un plomb, et vu ta vie, c'est compréhensible ! A ta place, j'en aurai fait autant.

- Faut croire que mon psy n'est pas de cet avis. Ma dépression est toujours là, seulement elle se cache. Ce sont ses mots, pas les miens.

- Bien des mots de psy ! Il roule des yeux, avant de se caler contre le dossier de la chaise. Je peux te donner mon avis ?

- Bien sûr.

- Nous sommes d'accord, on ne se connait pas vraiment, et je connais encore moins, ton psy. Il marque un temps d'arrêt, et d'un hochement de tête, je confirme ses propos. Pour ma part, je crois que ton psy, n'est pas qu'un ami.

- C'est à dire ?

- Et bien, j'ai l'impression qu'il aimerait que tu sois plus qu'une amie et patiente...

Quoi ? Il divague je crois ! Adam ? Qui aimerait plus que la relation que nous avons ?

J'éclate de rire.

- N'importe quoi Aaron. Tu me fais marcher ? Il fait non de la tête, et sa mine est vraiment sérieuse. Il m'aime bien, c'est tout.

- Plus que bien Mélody...

Le ton de sa voix me fait cesser de rire. Il est vraiment sérieux dans ses paroles.

- Réfléchis Mélody...

**
Tyler

- Mélody n'est pas prête à entendre ça Tyler ! Pas maintenant !

Il plaisante j'espère ? Je retrouve progressivement la mémoire, et il voudrait que je me taise ? Non, il se fout de ma gueule.

- Pourquoi pas maintenant ?

- Elle est toujours dans un état dépressif Tyler. Ça serait un trop gros choc émotionnel. Vous comprenez ?

Non, non je ne comprends pas !

- Elle doit savoir que...

- Non ! Il tape du poing sur le bureau, me faisant sursauter. Je ne vous autorise pas à lui dire. Vos souvenirs reviennent oui, et vous avez vu dans quel état elle est maintenant ? Vous voulez encore aggraver sa maladie ?

- Non, bien sûr que non. Mais ça lui ferait du bien d'entendre ça non ?

- Vos sentiments sont-ils revenus Tyler ?

- Euh.. non, enfin, je ne sais pas. Je me passe nerveusement une main dans les cheveux, je n'avais pas pensé à ça.

Je me perds dans mes pensées. Il est vrai que ça ne m'a même pas traversé l'esprit, que les sentiments pouvaient peut- être, être plus important que le reste.

- Vous lui avez dit, que vous tombiez amoureux d'une autre Tyler...

- Je sais, mais si mes souvenirs reviennent, mais sentiments pour elle aussi ?

Adam se lève de son fauteuil, pour se poster devant la fenêtre, comme il a l'habitude de faire lorsqu'il réfléchit à ce qu'il va me dire. Et je sais d'avance, que cela ne va pas me plaire.

- Vouis savez Tyler, le cerveau est cruel, mais le cœur lui, ne choisit pas forcément la personne que l'on souhaiterait. C'est difficile à entendre, et  compliqué à encaisser pour la personne qui n'est plus aimée.

Compliqué à encaisser pour moi aussi. Je ne peux pas me résoudre à entendre ce qu'il vient de m'énoncer. C'est juste impossible.

- Mélody est une femme extraordinaire, adorable et gentille. Elle a connu énormément de galère dans sa vie Tyler. Elle travaille sur elle, fait des progrès. Il ne faudrait pas tout gâcher.

- Ouais, en attendant, elle est enfermée à l'asile ! Je crie presque. Elle n'est pourtant pas folle !

Adam se tourne vers moi, le visage dur, ses yeux lançant des éclairs.

- Pardon ? A l'asile ? C'est un lieu sûr pour elle Tyler ! Ce n'est pas vous, qui étiez avec Mélody lorsqu'elle a fait sa crise ! Pas vous qui avez essayé de la calmer, pas sur vous qu'elle a hurlé sa rage !

Je respire fort, trop fort. L'adrénaline est en train de monter, dans quelques secondes, je vais péter les plombs. Je sens le rouge de la rage colorer mes joues.

- Pendant que vous sautiez Mégane, Mel, elle, était en train de se souler, de se rendre malade à cause de vous Tyler ! C'est toujours à cause de vous ! Vous en avez assez fait !

Cette fois-ci, je n'entends plus rien, la haine s'est immiscée en moi. D'une rage folle, je me lève d'un bond, attrape d'une main le col de sa chemise, et le frappe en pleine figure, encore et encore. Son sang gicle sur mon visage, sa tête vacille de droite à gauche. Il ne fait pas un geste, pas un seul pour tenter de se défendre.

- Je vous interdit Adam ! Je vous interdit de dire que je suis responsable de tout !

- La vérité, commence -t- il avec difficulté, est difficile à entendre.

Je lui remets un coup dans la mâchoire, avant de le lâcher; je risquerais de le tuer.

Je ne contrôle toujours pas ma respiration, je recule de quelques pas en observant ce connard se prétendant psychiatre ; il se relève difficilement, et attrape une poignée de mouchoirs posés sur son bureau et s'essuie le nez.

Il me regarde à son tour, mais ne dit mot. Tout se que je retiens, c'est le petit rire qu'il émet, ce rire qui rendrait fou n'importe qui.

Avant de faire une nouvelle connerie, j'ouvre la porte et cours dans le long couloir, jusqu'à la sortie de l'établissement.

**
Ma main me fait un mal de chien; je suis bon pour souffrir durant des jours. Tant pis, j'avais besoin d'évacuer la rage qui bouillonnait en moi.

J'observe du coin de l'œil Mégane, qui tente de me soigner, en se prenant la tête à me faire un beau bandage. J'ai envie de rire, tant elle est concentrée sur sa tâche.

- Vu l'état de ta main, je ne voudrais pas voir la tête du mec que t'as tabassé.

- A mon avis, le gars n'a plus de nez.

Elle me lance un regard, avant de terminer sa tâche.

- Voilà. Ce n'est pas parfait, mais ça fera l'affaire.

- Merci, je lui souris avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

- Pourquoi t'as fracassé ce mec ?

Mégane la curieuse.

Je soupire en me levant du canapé. Je n'ai vraiment pas envie de répondre à sa question.

- Je n'ai juste pas aimé la façon dont il m'a parlé.

Elle ne cherche pas plus loin, et me rejoint. Ses bras s'enroulent autour de ma taille, sa tête se colle à mon dos.

- Je retiens qu'il ne faut pas t'énerver.

Son ton a beau être de la plaisanterie, je n'admets pas ce qu'elle vient de dire. Je la repousse, me tourne vers elle.

- Tu crois que je suis capable de frapper une femme ?

- Quoi? Bien évidemment que non Tyler !

- C'est ce que tu insinue Mégane.

Énervé, j'attrape ma veste, de ma main valide, et quitte la cuisine. La blonde sur mes pas, elle attrape mon bras.

- Ne t'en vas pas Tyler, elle dit doucement. C'était une plaisanterie de mauvais goût.

Elle dépose ses lèvres sur les miennes, puis me sourit. Je suis vraiment un imbécile.

À mon tour, je l'embrasse en m'excusant, encore et encore. Ma veste termine sur le sol, comme le reste de nos vêtements.

**
Mélody

Ma tête bourdonne et se met à tourner. Je me sens mal tout à coup, et je suis certaine que cela n'a rien à voir avec ma discussion de cette après-midi avec Aaron, non, c'est autre chose.

Je ferme les yeux en m'allongeant. Qu'est-ce qu'il se passe encore ? J'allais plutôt bien, en dehors de cette envie de vomir qui ne me quitte pas depuis ce matin.

Des larmes m'envahissent à nouveau.

Oh non, non pas pas, pas encore !

J'entends des murmures, des souffles, des rires, et puis... Des râles.

Non ! Non ! Non !

Tyler, je t'en supplie, ne me fait pas ça , pas encore !

Je sais. Je le sais.

C'est terminé, il n'est plus à moi. Il m'oublie, il m'oublie vraiment.

Je hurle encore et encore, jusqu'à l'épuisement.

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