84. 25 Décembre ☑️

Tyler

Moi
Salut Mélody. Je te souhaite un joyeux Noël.

Il est 5 heures du matin, et je n'ai toujours pas fermé l'œil de la nuit. Ce réveillon était une véritable catastrophe. J'aurais mieux fait de rester ici, dans cette baraque ! Au moins, le silence m'aurait accompagné !

Entendre des souvenirs d'une partie de ma vie complètement effacés, a été plus qu'éprouvant. Je n'ai pas pu participer à la conversation, mais je me suis forcé à sourire, comme si je savais de quoi on me parlait. Jouer la comédie, en somme.

Et puis, j'ai eu énormément de mal à supporter ces retrouvailles des plus étranges.

Ma mère a pleuré en se laissant tomber sur le canapé, mon père m'a serré dans ses bras, d'une telle force que j'ai cru que mes os allaient se casser.

Après s'être calmée, ma mère m'a elle aussi prise dans ses bras; j'étais vraiment mal à l'aise. Je ne savais pas quoi faire, alors, mes bras sont restés le long de mon corps, complètement crispé.

Je n'aurai pas pu réagir autrement.

- Tyler, j'ai cru ne jamais te revoir, avait elle dit d'une voix trahissant son émotion. Mon fils, tu m'as tellement manqué !

Je ne savais pas quoi dire. Après tout, il était impossible de lui rendre la pareille, du genre, à moi aussi. C'était plus qu'étrange.

Je voulais fuir, loin, très loin, mais je devais prendre sur moi, et faire cet effort. Je n'avais pas le choix.

Mon père avait finit par lui demander de me lâcher. Intérieurement, je l'en ai remercier. Mon visage devait certainement est très pâle, tellement je me sentais mal. Si j'avais pu prendre mes jambes à mon cou...

Après ça, j'ai fait la connaissance de Tatum, ma belle-sœur, enceinte jusqu'aux dents. Très sympathique, elle m'a salué, sans trop m'approcher. Et puis, au fond du salon, à côté de la cheminée, il y avait un autre gars, plutôt grand et costaud, qui m'observait d'un drôle d'air. Jay. Mon autre frère. Il n'était pas tellement ravi de me voir.

Notre frère Zack, l'a presque poussé pour qu'il vienne me dire bonjour. De mon point de vue, ça ne me dérangeait pas qu'il ne vienne pas; après tout, il était, lui aussi, un étranger pour moi.

Une fois toutes les présentations faites, nous nous sommes tous installés dans la salle à manger, sur une grande table décorée de couleurs de Noël, devant un immense sapin, bien trop lumineux à mon goût ; j'en avais mal aux yeux.

Tout a été horrible après ça. Apéros autour de souvenirs, plats où l'on me posait des tonnes de questions et où je n'avais aucune réponse à donner...

Je n'étais pas à ma place, au milieu de tous ces gens. Un poisson rouge au milieu d'un ban de requin.

Mon téléphone se met à sonner, signe d'un message.

Mélody

Joyeux Noël à toi aussi 🥰. Comment vas-tu ? Je n'ai pas cessé de penser à toi.

Je souris à ces quelques mots. Je n'ai pas cessé de penser à elle cette nuit. Je me suis posé mille questions concernant notre relation, comment tout a vraiment commencé entre nous.

Notre premier baiser, nos premiers je t'aime, notre première fois...

C'est avec elle que j'aurais dû être hier soir. Son sourire m'aurait rassuré, sa voix, m'aurait sans doute apaisé. 

Moi

J'ai pensé à toi aussi. Tu as passé un bon réveillon ?

Mélody

Pas vraiment. Pourrait-on se voir aujourd'hui ? Je sais que c'est le jour de Noël et que tu dois le passer en famille, mais si tu as une heure ce matin ?

Rien ne me ferai plus plaisir que de passer un peu de temps en sa compagnie. 

Moi

Bien sûr !! T'as un lieu où on pourrait se voir ?

**
On a encore échangé quelques messages, puis je me suis décidé à me lever pour me doucher et déjeuner.

Maintenant que je suis prêt à partir, je jette un coup d'œil vers les cadres accrochés au mur, juste au dessus d'une console en vers; des disques d'or, d'argent, platine, diamant...Mon regard reste planté sur ce mur, alors que mon cerveau, lui, tente de faire remonter à la surface quelques souvenirs, sans succès.

Ça me bouffe.

**
Mélody

- Tu es bien matinale Mélody ! Joyeux Noël ma belle.

Je souris à Adam, et accepte volontiers ses lèvres sur ma joue.

- Joyeux Noël Adam, lui dis-je à mon tour. Tu as passé une bonne nuit?

- Franchement, oui. Mais je pense que le whisky m'a beaucoup aidé.

Il me sourit avant de s'installer à table. Je le le rejoins et me serre une grande tasse de café.

- Et toi ? Tu as bien dormi ?

Pas vraiment non. Morphée est vite venue me chercher, mais m'a vite laissé tomber. Ma nuit a été entrecoupée plusieurs fois, par d'horribles cauchemars. A cette heure, je ne le souviens plus vraiment

Je déjeune et je sors.

Il fronce les sourcils, mais ne dit rien, puis m'invite à m'asseoir devant un café brûlant.

Est-ce que je dois lui dire que j'ai rendez-vous avec Tyler ? Non, mauvaise idée, il en fera tout un foin, et réussira à me faire changer d'avis.

J'attrape une tranche de brioche et la tartine de confiture. Je mange tranquillement, tandis qu'Adam commence à débarrasser son petit déjeuner.

- Il faut que j'aille à la clinique. Je viendrai te chercher pour le repas organisé là bas.

Le repas ? Quel repas, je ne suis pas au courant !

- A ta tête, je vois que tu as oublié...

- Je suis désolée Adam, mais tu ne m'as rien dit.

Je trempe les lèvres dans ma tasse, alors que mon ami souffle.

- Mélody, je te l'ai rabâché plusieurs fois. Et de toute façon, tu n'as rien de prévu à ce que je sache, non ?

J'avale ma boisson de travers. D'où il se permet de me parler de cette manière, et sur ce ton ? Je n'ai aucun compte à lui rendre; je n'irai pas à ce repas, peu importe l'endroit. 

- Si, justement. J'ai des choses à faire.

Je me lève brusquement de ma chaise, et file dans la chambre pour récupérer mon manteau et mon sac, puis vérifie que j'ai mon portable.

Passant la lanière sur mon épaule, je traverse l'appartement sans un regard pour Adam.

- Où est-ce que tu vas ? J'entends dire alors que ma main se pose sur la poignée de porte.

- A quelque part.

- Tu n'es pas en état de sortir seule Mél, et on nous attend pour le repas.

Je me tourne, fixant l'homme devant moi.

J'ai envie de le remettre à sa place, mais me retiens. Ça lui ferait trop plaisir que l'on se prenne la tête, histoire de m'empêcher de sortir.

Je lui lance un regard noir, puis sors en claquant la porte derrière moi.

**
J'entends encore résonner ses mots à mes oreilles, tu n'es pas en état de sortir seule".

La blague ! J'ai l'impression d'être une petite fille qui se fait gronder par son père. Cette situation ne pourra pas durer éternellement. Je sais que je lui dois beau ; sans lui, je serais sans doute encore hospitalisée. Mais je ne suis plus une enfant. J'ai encore le droit de faire ce que je veux.

Arrivée à l'arrêt de bus, je sors mon portable et appelle Tyler, afin de la prévenir que je ne vais pas tarder.

Il décroche à la troisième sonnerie.

- Mélody, t'es déjà en route ?

- Oui, j'attends le bus. Tu as bien noté le trajet ?

- Ouai. Je suis en route aussi. J'ai pris la voiture. Quoi ? La voiture ? J'ai un blanc. Il ne devrait pas conduire. Pas dans son état. Et si il faisait un malaise, si...Mel, tu es toujours là ?

- Hum oui, pardon, je .. écoute on se rejoint à l'auberge.

Je coupe la communication et m'assoie sur le banc froid. Il n'aurait pas dû prendre sa caisse. Pas maintenant, c'est trop tôt. Et...

Stop. Je deviens comme Adam. Et je ne veux pas devenir comme lui.

Je soupire en tournant la tête vers la droite. J'ai l'impression d'être observée. Et je déteste ça. Je ne vois personne, et le sens soulagée. Je dois certainement être fatiguée. Oui, c'est sûrement ça.

Je me lève en voyant arriver le bus. Dans moins de 20 minutes, je verrai l'homme tatoué à jamais sur mon cœur.

**
Devant l'auberge, j'allume une clope et fais les cent pas en attendant Tyler. J'espère qu'il n'a pas eu de souci sur la route. Il aurait normalement dû arriver avant moi. Merde.

Tyler, où es-tu ?

Je tire une taff, puis une autre, angoissée comme ce n'est pas possible. Je pourrais l'appeler, mais j'ai trop peur. Je sais, c'est idiot, mais ... J'entends des pneus crisser. Ma tête se tourne et relâche la pression en voyant mon beau brun se garer.

J'écrase ma cigarette dans le cendrier et rejoins Tyler. Mon cœur rate plusieurs battement en m'approchant. Je suis tellement heureuse de la voir, surtout aujourd'hui.

Mais ma joie est de courte durée en voyant son visage fermé.

**
Elle est là, avançant rapidement vers moi. Merde. Comment dois-je l'accueillir ? Lui sauter dans les bras ? Juste lui sourire ? Je n'avais pas pensé à ça en acceptant ce rendez-vous.

Bien-sûr, je suis heureux de la voir, la considérant comme la seule personne capable de me venir en aide, comme je suis le seul à pouvoir la guérir.

Elle me sourit de toutes ses dents ; elle est magnifique. J'aimerais que mon cœur se mette à battre, que ma gorge se serre, que ma peau frissonne, mais... Non, rien de tout ça. Juste heureux de voir un visage radieux.

Mais cela ne dure pas. Son visage se ferme alors qu'elle s'arrête devant moi.

On se regarde sans dire un mot. Aucun de nous ne sait quoi faire, ou quoi dire.

C'est drôle, mais je me sens moins con. Moins seul.

Le silence entre nous est étrange, mais je ne le trouve pas pesant. C'est juste, bizarre.

- Tu es en retard, elle finit par me dire.

- Je me suis perdu, désolé si ma mémoire me fait défaut, je rétorque, vexé.

Son visage pâli. Tant pis.

- Je plaisantais Tyler, dit-elle, c'était pour briser la glace entre nous.

Ok. Elle plaisantait. Et je me sens con. J'ai l'intention de m'excuser, mais elle ne m'en laisse pas le temps.

- On va se mettre au chaud, vient.

Elle attrape ma main fermement. J'ai bien envie de l'enlever, car je ne supporte pas cette impression de brûlure sur ma peau. Je serre les dents, et la suis gentiment.

**
On s'installe au fond de la salle, après que Mel ait commandé deux cafés.

Assis l'un en face de l'autre, j'en profite pour observer la femme installée devant moi. J'ai beau fixer chaque partie de son visage, chaque petit détail, rien ne revient dans ma mémoire. Est-ce que j'embrassais le coin de ses lèvres, là où se dessine des fossettes adorables ? Est-ce que je caressais du dos de la main ses paumettes ? Embrassais son front ? Argh putain, ça m'énerve de ne pas savoir !

- Tout va bien Tyler ? Me demande t-elle. Tu fais une drôle de tête.

- Oui, je lui souris gentiment. J'étais perdu dans mes pensées. Ne t'inquiète pas.

Elle répond à mon sourire avant de tremper ses lèvres dans la tasse.

J'ai des tonnes de questions à lui poser, mais je ne sais guère par où commencer, et puis, en toute honnêteté, j'ai peur de parler, peur de dire quelque chose qui la blesserait, ou qui pourrait la mettre mal à l'aise.

Le silence est trop pesant pour moi, mais le rompre, est-ce une bonne idée ?

- Alors, comment s'est passé ton réveillon ? Je ne te l'ai pas demandé tout à l'heure.

Je me cale contre le dossier de la chaise, et joue avec ma cuillère. Horrible, sadique, sans commentaire ! Voilà ce que je devrait lui dire.

- Étrange je dirai.

- J'imagine oui.

Je lui lance un regard; Mel a le nez plongé dans sa tasse.

- Se retrouver avec de parfaits inconnus pour moi... J'ai essayé de m'intégrer aux discussions, mais tu penses bien que j'ai eu du mal.

La jolie brune m'observe du coin de l'œil ; je paierai cher pour savoir ce qu'elle pense.

- Et puis, je me suis pris la tête avec Jay.

- Ça ne m'étonne pas. Jay a un sacré caractère. On était amis avant.

- Était ?

Elle soupire avant de mettre ses coudes sur la table et poser sa jolie tête sur ses mains.

- Ouais. On s'est disputé, et puis il n'était pas vraiment d'accord avec mes choix. Mais bon, ce n'est pas bien grave. Comment ça s'est passé avec tes parents ?

J'aimerais savoir ce qu'il y a eu entre eux, mais je crois que ça n'est pas le moment de la faire parler, alors je n'insiste pas. Chaque chose en son temps.

- Avec mon père, on va dire que ça va. Par contre, je ne sais pour quelle raison, avec ma mère, quelque chose me gène.

- C'est à dire ?

- Je ne sais pas comment expliquer. Déjà, pas évident de la serrer dans mes bras, alors qu'elle m'a littéralement sautée dessus, et puis, trop tactile à table.

- Kelly a toujours été comme ça avec tout le monde, me rassure t-elle. Mais il est vrai que parfois, c'est dur à supporter.

- Extrêmement dur oui, mon père est intervenu plusieurs fois pour qu'elle me laisse un peu tranquille.

Mel a un sourire compréhensif.

- Elle m'a énormément questionné, et je ne savais pas quoi lui répondre. Je n'avais déjà pas envie d'être là...

Je vide ma tasse d'un trait, avant de la reposer bien trop fort sur la table, faisant sursauter Mélody.

- Tu sais quoi Mel ? Elle secoue la tête.

Mélody

J'écoute avec attention les propos de Tyler, et je suis partagée entre l'envie de pleurer et d'hurler ma rage. Je ne peux pas croire ce que j'entends !

Il ne peut pas dire ça !

Il ne peut pas !

- Ne me regarde pas comme ça Mélody ! Il crie.

Je devrais rétorquer. Je devrais, mais ne le ferai pas. Pas ici, pas maintenant, pas devant les quelques personnes se trouvant dans la salle.

- Ne me regarde pas comme ça, il répète un peu plus calme.

Malgré moi, je baisse la tête, alors que je sais très bien que ce n'est pas la chose à faire. Je fuis son regard, encore. Il me l'a souvent reproché, à raison d'ailleurs, mais aujourd'hui...

- Pourquoi tu ne dis rien ? Tu es sensée être ma fiancée, la femme de ma vie, et tu ne dis rien ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Il tape du poing sur la table, et c'est là que je décide de me lever et de quitter le café.

Fuire. Encore fuire. C'est toujours mieux que de rester devant lui, à lutter entre laisser exploser ma peine, ou ma colère.

Je laisse claquer la porte derrière moi et file à toute allure vers le chemin menant à l'arrêt de bus.

J'aurais dû écouter Adam et l'accompagner à ce stupide repas ! Je boue intérieurement ; qu'elle idiote !

- Mélody ! J'entends derrière moi. Mélody ne t'en va pas ! Mel !

Je presse le pas, mais je ne sais que trop bien, qu'il est plus rapide que moi et qu'il va finir par me rattraper.

Tant pis, ce peu d'espace entre nous, me soulage quelque peu. Je ne veux pas qu'il puisse voir la tristesse et la colère se mélanger dans mon regard.

Je n'ai pas le temps d'aller sur ma droite, que sa main attrape mon bras, m'obligeant à lui faire face.

- Tu me fais mal Tyler, je lui dis en essayant de me défaire de sa pression.

- Je te lâche que si tu me promets de ne pas partir.

Promettre ? C'est une blague ?

- Je te promets à ma façon, ou à la tienne Tyler ?

- Quoi ?

- Rien. Lâche-moi s'il te plaît.

- Explique toi d'abord.

Je rêve, ou son ton exige quelque chose de moi ? Je ne vais pas m'étendre là dessus. Tyler Joseph, le vrai, celui qui m'a aimé, est le champion des promesses non tenues.

- Rien du tout. Je veux rentrer.

Le brun soupir avant de défaire légèrement la pression sur mon bras.

- Pourquoi tu es partie ?

Non mais je rêve !

- C'est une plaisanterie Tyler ? Tu as sérieusement le culot de me demander pourquoi ?

Son regard me fixe d'une telle intensité, que j'en suis mal à l'aise. Il attend vraiment une réponse, et il n'est pas prêt à me laisser tranquille tant qu'il ne saura pas.

- Tu veux savoir ? Alors ouvre grand tes oreilles ! J'ai pas envie d'entendre mon fiancé, l'homme que j'aime, celui que j'ai cru avoir perdu, se demander pourquoi il n'est pas mort sur cette île, pourquoi essayer de retrouver la mémoire alors qu'il sait très bien quelle ne reviendra jamais ? Tu crois vraiment que j'ai pas mal d'entendre ça ? Tu crois que ça ne me touche pas ? Je reprends mon souffle tandis que Tyler continue à m'observer sans ciller. Tu viens de me dire que tu rêves de t'endormir et ne plus te réveiller ! Tu veux mourir, tu veux me laisser Tyler ! J'ai tellement souffert quand je t'ai cru parti pour un autre monde Tyler ! Et maintenant, tu... Tu...

Je n'arrive plus à parler, les mots restent coincés dans ma gorge. J'ai tellement de choses à lui dire, tellement de colère en moi, de rage, mais surtout, de peine, mais je capitule. Je me tais. A quoi bon lui dire ? Son visage est impassible, son regard ne cille même pas une nano seconde, rien de ce que je lui dis, ne semble le toucher, rien qu'un peu.

- Tu veux me laisser Tyler, m'abandonner encore ! Ça, c'est un trait de caractère qui n'a pas changé chez toi. Comme tes putains de promesses en l'air ! Tu ne respectes jamais tes engagements Tyler Joseph ! Jamais !

Un voile dans ses yeux, tellement léger, que je crois l'avoir rêvé. Il attrape à nouveau mon bras; malgré les touches de tissus, ma peau brûle. Les larmes envahissent mes joues, mais je m'en fous. J'ai tellement mal au cœur.

- Mélody, je suis désolé si tu as de la peine. Désolé que tu le prennes mal. Mais... Il soupire. Tu n'es pas le centre du monde Mel. Cesse d'être égoïste, et pense à moi aussi. Tu n'imagines pas le combat que je vis en ce moment !

J'éclate de rire. Non pas que je trouve ces phrases marrantes, mais entendre ce mot résonner à mes oreilles...

- Moi, égoïste ? Je suis égoïste ?

- Oui Mélody ! Tu ne penses qu'à ton propre bien, mais pas au mien ! Prends ma place, rien qu'une journée, et on en reparle !

Son regard noir me foudroie, mais je ne cille pas. Hors de question. Il a tort. Raconte n'importe quoi.

- Mais je ne demande que ça Tyler ! Je donnerai tout, pour être toi ! Je veux retrouver le Tyler d'avant ! Celui qui me fait rire, qui me rend heureuse, qui m'oblige à repousser les limites, qui...

- Tu vois, tu veux celui que tu as toujours connu Mélody. Pour toi. Pas pour moi.

- Mais non. Je...

Et c'est là, que je comprends ce qu'il essaie de me faire entendre. Je ne pense qu'à mon bien être finalement. Je veux juste qu'il me revienne, parce que j'ai mal.

- J'ai pas envie de te perdre Tyler. Je t'aime trop et...et c'est vrai que depuis ton retour, je ne pense qu'à une chose, que tu redeviennes comme avant, sans jamais vraiment penser que tu vives mal cette situation. Mais tu sais, je veux que tu ailles bien, que tu retrouves un semblant de vie. Mais j'ai tellement peur que je n'en fasse plus partie.

Je baisse la tête et pleur pour de bon cette fois-ci.

**
-

Tu es quand même venue !

Je me force à sourire à Adam, et accepte sa bise.

- Tout va bien ?

Non. Tout ne va pas bien. Mon cœur souffre, mon cerveau se retourne, et ma conscience m'insulte.

- Ça va.

Il me sourit, mais je sais bien que cet homme n'est pas dupe. Il passe un bras sur mes épaules, et chuchote à mon oreille.

- Pardon pour ce matin. Je n'aurai pas dû m'énerver.

- Tu avais raison de le faire. Je m'en veux de ne pas t'avoir écouté.

Il me serre contre lui.

- Ça va aller.

Non, ça n'ira plus jamais.

Je hoche la tête et suit mon ami au milieu des patients et les salue de la main. Je n'avais pas envie de venir, mais après ma discussion avec Tyler, j'avais besoin de changer d'air, mais surtout de ne pas être seule.

Être seule, c'est réfléchir, broyer du noir, se faire des films, et pleurer jusqu'à s'endormir. Et ça, je ne le veux plus.

Ma dépression est encore bien ancrée, et je veux aller mieux. Vraiment. Me morfondre dans mon coin, n'est pas une bonne idée.

J'essaie de participer aux conversations, même si le cœur n'y est pas, et tente de garder mon sourire de façade.

Il m'arrive de rire, sans me forcer, et cela m'est bénéfique. Par moment, je sens les regards d'Adam; il s'inquiète, pas besoin d'être Einstein pour le remarquer.

Je ne suis pas vraiment sympa avec lui ces derniers temps, il faudrait que je m'en excuse. Et surtout, je dois l'écouter lorsqu'il me dit quelque chose ; après tout, il est psy et sait pertinemment ce qui est bien ou mal dans mon comportement et mes réflexions.

Barry, qui essaie de sortir de son addiction à l'alcool, s'amuse à me faire des grimaces, alors que Coco, la droguée repentie, tente vainement de se faire remarquer par Barry. Elle lui courre derrière depuis plusieurs semaines ; la pauvre.

- Qui veut du dessert ?

Je refuse poliment, je n'ai vraiment plus faim. Je m'excuse auprès de tout le monde et sors fumer.

Installée sous le auvent, j'allume ma clope et observe le ciel chargé de neige.

- Tu veux m'en parler ?

Je sursaute en entendant la voix de mon psy et ami.

- Tu m'as fait peur.

Il rit puis vient à côté de moi. Il ne dit rien et je suppose qu'il attend que je parle.

Après quelques taff, je me tourne vers lui et lâche un soupire.

- Tyler a dit que j'étais égoïste et que je ne pensais qu'à moi, et pas à lui.

- Je vois. Et tu en penses quoi ?

J'hausse les épaules avant d'écraser ma clope.

- Qu'est-ce que j'en pense ? Ça me fait mal de l'avouer, mais il a raison.

Adam croise les bras et me fixe de sas grands yeux. Je déteste lorsqu'il fait ça.

- Tu n'es pas égoïste. Mais amoureuse, inquiète et perdue. C'est tout Mel. .

J'ai un rire amer.

- Tu parles Adam. Je veux juste retrouver le Tyler d'avant. Le reste, je m'en fiche pas mal. Et c'est être égoïste.

- Si aimer quelqu'un est égoïste, alors là quasi totalité de la Terre l'est. Sache que de toute façon, nous avons tous une part d'égoïsme. Nous sommes ainsi.

Je le regarde quelques instants avant de prendre une nouvelle cigarette. Faut vraiment que j'arrête cette merde, mais pas maintenant. J'en ai encore besoin.

- Tyler m'a dit qu'il aurait aimé ne jamais être retrouvé et qu'il aurait voulu mourrir. Je ne peux pas le supporter Adam. J'ai cru l'avoir perdu, j'ai voulu le rejoindre la haut, joignant le geste à la parole, je lève le doigt au ciel. Et maintenant qu'il est là... Comment peut-il me faire ça ? Pourquoi me dire tout ça ?

Adam glisse ses mains dans les poches et observe les quelques flocons tomber. Quant à moi, je lutte pour ne pas pleurer.

- Mélody. Tyler ne sait pas qui il est. Actuellement, il découvre à travers les gens, sa vie. Ce n'est pas évident pour ton fiancé. Il doit presque tout réapprendre. Il est dans une période de doute. Il va lui falloir du temps. Et ton rôle, est de lui le laisser. Et de l'accompagner aussi.

- Je sais tout ça ! Je le sais putain !

Je ne devrais pas m'énerver, mais c'est plus fort que moi.

- Je suis paumée Adam. Il veut mourir.

- Non, il aurait aimé mourir Mélody, ce n'est pas la même chose.

Si, c'est pareil. Peut-être qu'il finira par se laisser aller, me laissant seule pour de bon.

Pourquoi tu me fais ça Tyler ?

Je souffre Mélody. Je souffre !

- Je souffre aussi, je murmure.

- Je sais que tu souffres. Mais chaque jour, tu avances un petit peu, lui aussi. Je ne peux pas te jurer que sa mémoire lui reviendra, mais je peux te promettre, qu'il ira mieux. Et c'est tout ce qui compte. Que vous alliez mieux.

Je n'ai pas envie d'argumenter. Il aura raison, et comme toujours, j'aurai tort.

J'écrase ma clope et retourne à l'intérieur, laissant Adam en plan. Plutôt que de me mélanger aux autres, je file récupérer mes affaires et quitte la clinique.

J'ai besoin d'être seule.

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