73. L'espoir fait vivre ☑️
Mélody
- Mélody...
Je suis recroquevillée à même le sol de la cuisine. J'y ai passé la nuit à pleurer. C'est devenu une habitude maintenant.
Le jour, je reste assise sur un fauteuil, face à la fenêtre du salon, à contempler la rue sans vraiment la voir.
J'ai arrêté de compter les jours , les heures, les minutes sans lui à mes côtés.
La nuit, je m'endors, totalement épuisée d'avoir pleuré la journée. Toujours la même chose, je remonte la couette jusqu'à ma tête et ferme les yeux.
Et puis, mon cauchemar revient me hanter. Il m'appelle, me dit qu'il m'aime, qu'il est désolé de m'abandonner. Et puis...
Un hurlement, un horrible hurlement et je me réveille en pleurant. Je finis alors par me lever, j'attrape toujours mon paquet de clopes, ma bouteille d'alcool que je ne bois jamais, je file à la cuisine, pose la boisson sur la table, fume clope sur clope en tremblant, puis je m'effondre sur le sol froid, me recroqueville, et je reste là, à attendre que la mort vienne me chercher.
J'ai fini par me résigner; jamais plus il ne reviendra. Jamais plus je ne verrai son beau sourire. Jamais plus il ne m'appellera mon ange..
Jamais.
L'espoir fait vivre paraît-il. L'espoir... Ce mot, résonne comme une insulte à mes oreilles. L'espoir... Je me demande bien quel est l'imbécile qui a inventé ce concept !
- Mélody ? Tu ne peux pas continuer comme ça, murmure la voix de Nathan. Il s'agenouille devant moi, caresse mon visage doucement, me sourit tristement. Tu vas mourir de froid.
Je sais. C'est ce que je veux, mourir. Je ne veux plus souffrir. J'ai mal, trop mal. Mon cœur est brisé à tout jamais.
À tout jamais.
- Mélody ? Je vais te porter et te ramener dans ton lit. D'accord ma puce ?
Je ne dis mot, comme toujours. Je vis dans le mutisme depuis plus de d'un mois maintenant. Les gens s'inquiètent, mais ils ne devraient pas. Je sens la mort arriver chaque jour un peu plus.
Je ne sourirai que lorsqu'elle se présentera à moi, ne parlerai qu'à elle. Je la remercierai de venir enfin me chercher.
J'attraperai sa main, et la suivrai.
Je sens mon ami me soulever et, sans m'en rendre compte, je passe mes bras autour de son cou. Ce n'est pas la peur de tomber qui me fait réagir ainsi, mais avant de partir, je veux que Nathan sache que je l'aime. Il a toujours été un ami formidable, toujours prêt à m'épauler, à me faire rire aux larmes.
Il sera bien plus heureux sans moi, il n'aura plus à s'inquiéter. Sa vie n'est pas ici, à Columbus, à s'occuper de moi, mais à New-York.
Plus jamais.
Comme chaque matin, il me dépose sur le lit, remonte la couette sur moi, et reste à mes côtés en caressant mes cheveux.
Je rêve alors éveillée que Tyler, avec son beau sourire, passe la porte de la chambre, qu'il lâche ses valises et me saute dessus pour me câliner et me chuchoter des je t'aime à n'en plus finir. C'est ce seul moment où je m'autorise à sourire quelques instants.
Et puis, les larmes reviennent, parce que je sais que cela n'arrivera jamais. Jamais.
Je ferme alors les yeux, espérant voir la mort arriver, mais elle n'est toujours pas là.
**
- Elle ne tient même plus debout Zack. Je ne sais plus quoi faire. Son teint n'est même plus pâle, mais gris. Elle est plus légère qu'une plume.
Je surprend la conversation de mes amis, alors que je voulais boire un grand verre d'eau. Les yeux fermés, je colle mon dos à côté de la porte et écoute la discussion de Nathan avec Zack. Tous les deux ont peur pour moi, mais ils ne devraient pas.
Bientôt j'irai retrouver Tyler, j'irai mieux.
- Elle se laisse mourir Nathan, dit mon beau-frère d'une voix lasse.
- Dis pas de conneries !
- Désolé Nathan, mais c'est la vérité ! Elle se laisse aller, on arrive pas la faire réagir ! Même toi, son meilleur ami, tu n'y arrives pas ! On la perd !
Non, vous ne me perdez pas. Vous me sauvez au contraire. Vous ne me laissez pas seule avant que je ne quitte ce monde. Vous êtes là.
- Je...putain Zack.
Mon meilleur ami, mon confident de toujours éclate en sanglots. Je devrais aller le consoler, lui dire que je vais bien, qu'il ne doit pas s'inquiéter.
Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Je n'en ai guère la force, ni le courage. Tout ce que je veux, c'est m'endormir.
Je rebrousse chemin, je n'ai pas envie d'entendre la suite, et encore moins écouter Nathan pleurer.
J'avance doucement jusqu'au salon, et me laisse tomber sur le fauteuil, et prends mon poste devant la fenêtre.
Regarder le vide. Et attendre.
Je relève les jambes sur l'assise, les entoure de mes bras et pose ma tête sur mes genoux.
Il pleut aujourd'hui, et le brouillard n'a pas daigné se lever. Le brouillard, le vent, les ombres...
Hometown.
- J'ai écrit cette chanson quand tu as quitté Columbus Mélody.
Je sourie. Tyler, si loin, il me parle. Enfin.
- Tu me manques mon ange. Rejoins-moi.
Toi aussi tu me manques Tyler. Tu ne peux pas imaginer à quel point. Je vais venir, je te le jure, je te le promets, je...
La voix de Tyler s'éloigne alors que ça sonne à la porte. J'ai envie de hurler à cette personne venue oser nous déranger Tyler et moi, mais je ne le ferai pas. Hors de question que quelqu'un sache que je suis là.
Je reprends mon observation, espérant à nouveau entendre cette voix que j'aime tant. En vain.
Alors je pleurs, comme chaque jour.
Zack a ouvert la porte.
Malgré moi, j'entends cette voix clair et hautement perchée. Qu'est-ce qu'elle fait chez nous ?
- Comment va-t-elle aujourd'hui ?
Hypocrite. Tu t'inquiètes maintenant.
- Toujours pareil malheureusement. Entre Jenna.
Ma tristesse est remplacée par ma colère. Celle par qui le malheur est arrivée. Celle qui a brisé ma vie adolescente. Sans elle, jamais je n'aurai quitté cette foutue ville !
- Merci. Tu crois que je peux aller la voir ?
Si tu as envie de crever, viens me voir espèce de garce !
- Je ne pense pas que cela soit une très bonne idée.
La blonde soupire. Très grande actrice.
- Je sais, mais je m'inquiète beaucoup.
Hypocrite. Tu n'attends que ça, que je crève.
- Je sais. Mais vu son état... Viens dans la cuisine si tu veux.
C'est ça. Bois un coup et étouffe toi. Sois là première à t'en aller.
Je m'enferme dans ma bulle une nouvelle fois. Je n'entends plus rien de toute façon.
La pluie continue à tomber, encore et encore, de plus en plus forte, et l'orage se met à gronder. Je devrais peut-être sortir, je tomberai malade et partirai beaucoup plus vite pour mon dernier voyage. La mort ne pourra plus attendre.
Je quitte mon observation pour regarder autour de moi et m'arrête sur le grand cadre au-dessus de la télévision. Une photo de Tyler et moi, tout sourire, lors de notre balade sur Mulberry Street. La dernière photo, celle que je garderai à jamais graver dans ma mémoire. Cette journée là, jamais je ne pourrai l'oublier.
Jamais.
C'est ce déclique dont j'avais besoin.
Je quitte mon fauteuil, enlève mon gilet ainsi que mon pantalon de jogging pour ne rester qu'en t-shirt et culotte.
Doucement, pour ne pas me faire remarquer, je rejoins l'entrée; devant la porte, j'entends quelques bribes de conversion, et en profite pour ouvrir la porte et quitte la maison en courant sous la pluie battante et orage puissant.
Je n'ai sans doute jamais couru aussi vite de toute ma vie, mais je n'ai guère le choix, même si mes pieds nus me brûlent, même si je claque des dents, je dois échapper aux voix que j'entends derrière moi.
Zack. Nathan. Jenna.
Ils hurlent mon prénom, mais je m'en fiche complètement, je cours encore et encore, jusqu'à ce que je n'entendent plus rien.
En plein milieu de la forêt, je fonce vers Cupidon, là où personne ne pourra me retrouver. Je souris devant l'ange et son arc. Je suis trempée jusqu'aux os, j'ai froid, mais je m'en fiche. Je vais mourir là.
Là où Tyler m'a demandé en mariage. Là où notre avenir avait commencé à s'écrire.
L'orage continue à gronder, comme si... Comme si...
- Mélody !
Jenna. Qu'est-ce qu'elle fout là ?
Je ferme les yeux et prie tous les saints que la mort vienne me chercher.
Tyler... Bientôt.
Je me sens mal, très mal. Mes jambes ne vont plus me tenir longtemps. Je me sens faible, très faible. Tant mieux, c'est un signe. On vient me chercher.
Tout mon corps se met à trembler, ma tête tourne, encore et encore, comme si j'avais bu jusqu'à plus soif.
Ça y est, je pars. Enfin. Je le sais. Je le sens, là, dans mon cœur. Je cesse de respirer.
- Mélody !
Au moment où je vacille, au moment où je sens que je vais enfin rejoindre Tyler, où les battements de mon cœur ralentisse, on m'attrape par les bras, juste avant que je ne sombre.
- NOOOON !
Je hurle, me débat dans tous les sens. Je griffe, tente de mordre, tire les cheveux, mais Jenna ne me lâche pas.
- Mélody ! Calme toi! Calme toi !
- Jenna ? Mélody ?
- On est là ! Crie Jenna alors que j'essaie toujours de me défaire de sa prise. Cupidon !
- Lâche-moi ! Lâche-moi !
- Mélody...aïe.. arrête ! Arrête !
Je la mords jusqu'au sang, continue à la griffer, mais la sale pute ne relâche pas la pression.
- Laisse-moi mourrir Jenna! Laisse-moi... Laisse moi crever ! Je veux crever !
- Je ne te laisserai pas mourir Mel, chuchote t'elle à mon oreille. Jamais. Tyler ne voudrait pas te savoir aussi mal, il ne voudrait...
Je réussi à lui donner un coup de coude dans le ventre et me libère en tombant à genoux.
- Ta gueule Jenna ! Ne prononce jamais son prénom ! Je te hais, je te déteste ! C'est de ta faute !
- Vas-y, hurle moi dessus, insulte moi si ça te chante ! Tue-moi si tu veux , mais Tyler je le connais assez pour te dire que jamais il ne voudrait ça ! Jamais ! Il aurait voulu que tu vives ! Je hoche la tête avec véhémence. Si Mélody ! Je ne le sais mieux que personne !
Elle se tait et sourit tristement.
- J'ai toujours su qu'il t'aimait Mélody. Toujours. J'ai menti pour le garder, je t'ai menti aussi parce que...parce que je l'aimais Mel. Mais lui... Lui il t'aimait toi. Il n'est sorti avec moi que pour essayer de t'oublier.
Je suis incapable de prononcer un mot, et incapable de croire ce qu'elle me dit.
- J'ai... J'ai été la pire des amies Mélody. Une vraie salope, je le sais. Pour garder Tyler, il fallait te faire du mal, alors...alors j'ai pas hésité. Et je le regrette, si tu savais comme je regrette !
- Pourquoi Jenna ? Pourquoi me dire tout ça maintenant ? Et pourquoi tu parles de Tyler au présent ? Tu sais bien qu'il est mort ! Ça t'amuse de me torturer ?
- Parce que Tyler t'aime trop pour t'abandonner ! Peu importe où il est, je suis sûre qu'il est vivant ! Il t'aime beaucoup trop pour... Putain Mélody ! Tu ne peux pas mourir ! Tu ne peux pas! Le Tyler que je connais, que tu connais, ne voudrait jamais ça ! Réveilles-toi et bats - toi pour le retrouver !
Non, il ne sera plus jamais là, plus jamais.
- Je... J'ai peur Jenna.
Et je craque, complètement. Je sens des bras m'entourer et me relever légèrement. Je m'accroche à ce corps, et pleur encore et encore.
- Chut, chut Mel, murmure Jenna en me caressant les cheveux. Je suis là, on est tous là...ça va aller.
Non, ça n'ira jamais. Je ne peux pas vivre sans Tyler à mes côtés, c'est tout bonnement impossible.
Et si je vis... Si... Si je l'oublie, si je...
- Je ne veux pas Jenna, je ne peux pas....ma vie sans lui...
- On va le retrouver, je te le promets.
**
Je ne sais combien de temps je suis restée dans les bras de cette blonde que je déteste par dessus tout. Elle m'a bercé comme un bébé, en me murmurant des mots qu'elle espérait certainement réconfortant.
Mais c'était tout le contraire, j'étais encore plus désespérée. Bien plus.
Nathan était catastrophait de me voir dans cet état, et Zack en a pleuré. On a tous fini par pleurer en rentrant à la maison.
Jenna m'a fait couler un bain brûlant, à la limite du supportable. Mais je n'ai fait aucune remarque, j'en été incapable. Je voulais profiter de ce moment pour me laisser glisser sous l'eau, afin de le noyer, mais la blonde ne m'a pas lâché. Elle est restée à côté.
- Non Mel, n'y pense même pas.
C'est mon regard noir qui lui a répondu. Elle m'a sourit, sans rajouter un commentaire.
Une fois sortie de la baignoire, elle s'est occupée de moi sans jamais me parler, juste elle me souriait.
Même si je la déteste plus que tout au monde, je ne la remercierai jamais assez de s'être tue.
Elle m'a accompagné dans ma chambre, dans celle de Tyler et moi, où m'attentait un bol de soupe, du jus de fruit, et un énorme cookie.
Inutile de dire que je n'ai strictement rien avalé, hormis la boisson, j'avais juste soif. Jenna a soupiré, mais n'a rien dit. Elle s'est installée dans le fauteuil juste à côté du lit, devant la fenêtre. Je l'ai regardé, et me suis demandée ce qu'elle avait derrière la tête.
Au bout de vingt minutes, ne tenant plus, je lui ai demandé, méfiante, pourquoi elle restait là.
- Parce que je m'inquiète pour toi Mélody.
J'ai répondu par un ricanement. C'est ça ouais, tu t'inquiètes par intérêt, ai-je pensé.
- Crois le ou non Mel, mais c'est la vérité.
Je n'ai pas relevé et me suis couchée dos à elle. Yeux grands ouverts, j'ai observé la porte fermée, espérant un fois de plus voir débarquer Tyler.
Bien évidemment, j'ai attendu des heures sans le voir apparaître.
**
Papa est venu me voir aujourd'hui. Il m'a longuement parlé. Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas écouté ce qu'il me disait. J'en avais strictement rien à foutre . Je voulais juste qu'il me laisse tranquille.
Que tous me foute la paix !
Combien de temps est-il resté ? Je n'en ai aucune idée. J'ai passé mon temps perdu dans mes pensées, à revoir les merveilleux moments passés à côté de Tyler, la première fois que j'ai croisé son regard, son premier sourire.
Tout ces moments m'appartiennent jusqu'à mon dernier souffle.
Mon dernier souffle.
Je suis toujours de ce monde pour mon plus grand malheur, mais je n'ai pas dit mon dernier mot. La mort arrivera tôt ou tard.
D'ailleurs, je vais choisir la date et l'heure où je vais quitter ce monde. Personne ne m'en empêchera. Personne.
Je regard par la fenêtre alors que j'entends une portière claquer.
Jenna. Encore elle. Depuis la disparition de mon fiancé, elle vient souvent, beaucoup trop souvent à mon goût. J'imagine qu'elle prend son pied de me voir dans un sale état. Petite Garce. Elle me jure par tous les saints que Tyler est vivant. Mais c'est faux. Je le sais.
Elle est accompagnée aujourd'hui, comme hier d'ailleurs. Kelly, ma chère teigne de belle-mère. Celle là aussi, payera un jour tout le mal qu'elle m'a fait. Qu'elle nous a fait.
Je soupire en entendant les voix résonner dans l'entrée. Je m'enferme alors dans ma bulle, ne voulant rien savoir de ce qu'il se dit. Pas besoin d'être devin pour connaître l'objet de leur discussion. Moi.
Je me laisse glisser sous la couette que je remonte jusqu'au menton, et ferme les yeux.
Quel jour sommes nous déjà ? Et quel mois ? Merde. J'ai vraiment perdu toute notion du temps. Novembre ? Décembre ?
On toque à ma porte, alors qu'elle est grande ouverte.
- Mélody ? Kelly, avec sa voix rocailleuse, teinté de crainte... Mélody, c'est Kelly. Ah tiens, je ne l'aurai jamais deviné ! Est-ce que je peux entrer ?
Non. Retourne dans ta fichue baraque et fous moi la paix !
Je l'entends s'approcher de mon lit en soupirant. Le fauteuil grince, elle s'y est assise.
Je m'attends à ce qu'elle me parle, mais rien ne vient. Pas un mot, pas un son.
Combien de temps va t-elle rester présente dans mon cocon ? Toute la journée ? J'ai envie de soupirer, et de crier, mais je ne veux pas qu'elle sache que je suis réveillée.
Je m'imagine à New-York, sur Mulberry Street, tenant la main de Tyler dans la mienne. On divague sur l'avenue, on s'arrête devant des bijouteries, on choisit nos alliances, puis on...
- Moi aussi il me manque Mélody. Tu as perdu ton grand amour, tu es brisée. Et moi j'ai perdu mon fils. Une mère ne devrait jamais perdre son enfant. Jamais. Je souffre tous les jours, chaque seconde, chaque minute... Le plus difficile, c'est qu'il est parti sans que je lui dise au-revoir, sans que je ne lui dise je t'aime une dernière fois.
Elle sanglote autant que moi maintenant. Je ne me suis jamais mise à sa place. Ce que j'endure est terrible, mais pour elle, celà doit être horrible.
Même si je la déteste, elle ne méritait pas de perdre Tyler. Comment se remettre de la disparition de son enfant ?
- J'ai parlé avec la maman de Josh ce matin.
Josh... Je l'ai oublié. Mon grand ami, je l'ai tout bonnement effacé de ma mémoire. Tu parles d'une amie.
- Elle m'a remonté le moral. Enfin, c'est une façon de parler. Elle renifle. Tu sais, elle garde espoir, parce que, après tout, aucun corps n'a été retrouvé et...
Je n'entends pas la fin de sa phrase.
Aucun corps. Espoir.
Je serre la couette de toutes mes forces. Ne pas parler. Ne pas hurler.
Espérer quoi ? Retrouver Tyler et Josh à moitié dévorer par une orde de requins ? Des morceaux d'os ?
Je ne fais suffisamment pas de cauchemars encore ?
- Sors de ma chambre, je murmure.
- Mel ! Je suis contente de...
- Je t'ai dit de sortir de ma chambre ! Mon hurlement la fait sursauter ; elle se lève et quitte ma piaule.
Je repousse alors ma couette, me mets debout et claque la porte à en faire trembler tous les murs.
**
Ce matin, je me suis levée, douchée et habillée. Mes vêtements sont trop larges maont, mais ce n'est pas bien grave. Je me suis maquillée aussi. Oh pas grand chose, mais j'ai tenté de masquer mon teint pâle et les cernes sous mes yeux.
J'ai changé mes draps et refait le lit, aéré la chambre et tour remis en ordre.
Je suis allée dans la cuisine, sous le regard ébahi de Nathan, avant qu'il ne me sourit de toutes ses dents. Il n'a pas dit un mot, mais m'a serré dans ses bras.
J'ai tiré une chaise, me suis servi un jus de fruits, mangé une tartine et une pomme, bu deux grandes tasses de café, sous le regard ravi de mon meilleur ami puis je suis sortie fumer. Il fait froid ce matin, et il a neigé. Je me suis assise sur une marche et allumé ma cigarette.
Nath m'a rejoint quelques minutes plus tard, a passé un bras autour de mon épaule, et m'a murmuré, tu m'as manqué.
Je me suis tournée vers lui, en souriant.
- Nous sommes le premier décembre, c'est bien ça ?
Il écarquille ses beaux yeux, avant de hocher la tête.
- C'est l'anniversaire à Tyler. Tu pourrais m'emmener en ville ?
Je tire sur ma clope en fixant le jardin recouvert d'une fine couche de neige.
- Bien sûr mon cœur. Un endroit en particulier ?
- A Walmart. J'ai des courses à faire.
- Sans problème. Tu le laisses le temps de me préparer, et je suis à toi.
Je le regarde disparaître dans la maison, et termine ma clope en regardant le ciel.
**
Durant le trajet jusqu'au centre commercial, j'ai ri avec Nathan, comme si de rien était.
C'est ce que j'aime avec ce mec; pas de questions, pas d'interrogatoire.
Il est juste lui-même. Le Nathan que j'ai toujours connu.
- Tu veux que je t'accompagne ? Il me demande alors qu'il se gare.
- Non ça ira. Je vais faire deux trois courses. Je rentrerai en bus.
Ça n'a pas l'air de lui plaire, mais il ne fait aucun commentaire. Je dépose mes lèvres sur sa joue, attrape mon sac à main et sors de la voiture.
Une fois dans le magasin, je me dirige vers le rayon vêtements, et fouille jusqu'à ce que je trouve ce que je cherche. En souriant, j'attrape le morceau de tissus, puis je vais chercher ce qu'il me manque.
Avec mes achats, je file à la caisse, paye et prends la direction du Starbucks. Je m'asseois dans un coin tranquille avec mon latte à la vanille et sors mon portable.
J'écris un message à Tyler. Je sais très bien que je n'aurai jamais de réponse, mais je m'en fiche. C'est son anniversaire.
Moi
Mon amour, je te souhaite un joyeux anniversaire. Tu me manques mon cœur. Je t'aime plus que tout. Je t'aime. Je t'aime.
J'envoie mon message et vide ma boisson, puis quitte la cafétéria. Une fois sortie, je vais me chercher des clopes, et m'installe sous un porche pour fumer. Il neige à gros flocons dorénavant et les gens se pressent pour entrer dans les boutiques, ou pour rejoindre leur véhicule.
Quant à moi, je fume ma clope tranquillement à l'abri. Avant de rentrer à la maison, j'ai encore une petite chose à faire.
Je vais m'acheter un tacos que je mangerai une fois rentrée.
**
- Nathan ? Je suis rentrée !
- Dans la cuisine !
Je ferme la porte derrière moi, enlève mes bottes et mon manteau puis glisse dans mes savates. Avec mes achats je rejoins mon ami et me laisse tomber sur une chaise après avoir posé mes achats sur la table.
- Épuisée ?
- Ouais, mais ça m'a fait du bien de sortir un peu !
Nathan me fait un clin d'œil puis, sans que je ne lui demande, pose une tasse de café fumante devant moi.
- Merci. J'ai ramené des tacos pour ce soir.
- Des tacos ? Dans piment dans le mien hein ?
- Si, triple dose !
- Sorcière va !
On se met à rire, puis il s'installe devant moi avec une tisane, comme les petits vieux.
- Y a quoi dans ses sacs ?
- Ah ça... C'est un secret ! Tu es bien curieux !
- Moi ? Tu abuses Mel.
Je roule des yeux avant de tremper les lèvres dans la tasse. Il saura tôt ou tard ce qu'il y a dans mes sachets de toutes façon. Mais pour le moment, il n'a pas besoin de le savoir.
- J'abuse ? C'est la meilleure ! Si tu veux tout savoir, ce qu'il y a la dedans, ne te regarde pas.
Faussement vexé, il me lève son majeur puis nous discutons de tout et de rien. Pas une fois, il ne m'a parlé de Tyler, ni de Jenna, et des autres qui s'inquiète de mon état.
D'ailleurs, a t'il parlé à ces personnes que j'étais sortie aujourd'hui ? Le connaissant, il l'a gardé pour lui. Il n'est pas du genre à ameuter tout le monde.
Après notre conversation, Nathan a débarrassé nos tasses, quant à moi, j'ai rejoint ma chambre et posé mes affaires sur le lit.
Maintenant, je me regarde dans le grand miroir de la salle de bain. Même maquillée, je fais peur à voir. J'ai essayé de me rendre jolie tout à l'heure, mais mes fars n'ont pas tenus. Je fais une petite retouche et rejoins l'extérieur de la maison.
Cette fois-ci, je suis devant la bâtisse, et observe la neige tomber avec ma clope. Le vent s'est levé, ça sent la tempête. Tant mieux, j'en ai besoin.
Je fume rapidement ma clope, et je rentre pour retrouver Nathan, qui met la table.
Je m'installe et me sers un vers d'eau avant de reporter mon attention sur mon meilleur ami. Il s'active à réchauffer nos tacos et pose sur la table 2 bières. Je déteste la bière.
- Tu me connais si mal ? Je finis par lui demander alors qu'il dépose mon repas devant moi.
- Quoi ? Il fronce les sourcils, pourquoi tu me demandes ça ? Du doigt, je lui montre la canette. Ah non ma belle, les deux sont pour moi. Toi, tu as de l'eau.
Je sourie avant de mordre dans mon tacos. Trop bon.
- Tu as décidé de te souler ?
- Peut-être.
Drôle d'intonnation; ça n'est pas son genre de boire, mais je ne fais aucun commentaire.
Ce soir, je ne veux pas me prendre la tête avec lui, encore moins pour une histoire d'alcool. Il fait ce qu'il veut de sa vie, comme moi de la mienne.
On dine dans un silence de plomb, et ça me met étrangement mal à l'aise. Quelque chose ne tourne pas rond. Je n'aime pas ça.
Ne tenant plus, à la fin du repas je lui pose la question qui me brûle les lèvres.
- Qu'est-ce qui ne va pas Nathan ?
Il attrape sa bière, la porte à ses lèvres avant de se caler sur le dossier de la chaise. Il souffle, puis relève la tête vers moi, en me fixant droit dans les yeux.
J'avale difficilement ma salive ; lorsqu'il a ce regard là, je sais que ce qu'il va me dire, ne va pas me plaire.
- Je sais ce que tu t'apprêtes à faire Mélody.
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