4. Mentir, C'est Mal☑️

Une semaine a passé depuis la soirée catastrophique du nouvel an. Je ne suis presque pas sortie de ma chambre, hormis pour me nourrir, et encore. J'ai fait croire que j'étais malade, tout ça pour ne pas croiser Tyler. Les seules fois où j'ai rejoins la famille Joseph, c'est parce que Zack me disait qu'il n'était pas là.

Je ne remercierai jamais assez mon ami d'avoir tout essayé pour me consoler. La chaleur de ses bras n'a pas réussi à recoller quelques morceaux de mon cœur, mais il était là. Pour moi.

Et puis, j'ai passé énormément de temps au téléphone avec Jason, où il m'a fait rire jusqu'à ce que j'ai mal au ventre. On a parlé de tout et de rien, mais jamais sur le sujet délicat de Tyler. Hormis une fois. Ce fameux jour où je lui ai raconté ma soirée du nouvel an. Il avait réussi à retrouver l'homme dont je suis éprise, et n'avait rien trouvé de mieux que de lui casser le nez et de lui mettre un coup de pie bien placé ; il a eu du mal à marcher pendant quelques jours, il paraît.

Ça ne m'a pas soulagé, mais une petite part de moi était bien contente qu'il souffre. Bien évidemment, la douleur n'était pas la même, mais bon. Et puis, j'ai pu faire une visio avec ma maman, cela m'a fait beaucoup de bien, même si je n'ai pas réussi à lui dire pourquoi j'étais si triste.

Aujourd'hui, je n'ai pas d'autre choix que de sortir de mon cocon. Reprise des cours. J'espère sincèrement que Tyler sera déjà parti pour le studio d'enregistrement, vraiment pas envie de croiser son regard noisette.

Je soupire en préparant mon sac pour la journée. Ça me fera du bien de voir les gens du lycée, même si je n'ai pas vraiment d'amis là-bas, hormis Jason. Au moins, j'aurai quelque chose sur quoi me concentrer. Et serai soulagée de ne pas risquer de voir Tyler.

Glissant ma besace sur l'épaule, je récupère ma veste, châle et bonnet et quitte mon antre.

Pour mon plus grand bonheur, seule Kelly est présente.

- Comment tu te sens ce matin ? De l'inquiétude se lit sur son visage, tu es encore bien pâle. Assieds-toi.

Je m'exécute de mauvaise grâce, mais lui souris tout de même. Devant moi, elle dépose une assiette de toasts et un grand verre de jus d'orange. Mon estomac se réveille. Je commence à manger, mais, sentant le regard de la blonde sur moi, je relève la tête.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je m'inquiète ma puce. Tu n'es plus la même depuis le nouvel an. Qu'est-ce qu'il se passe ?

J'aimerai lui dire. Vraiment. Mais je ne peux pas. Je ne veux pas risquer qu'elle aussi se moque de moi, ou qu'elle soutienne son crétin de fils. Et puis, ça ne la regarde pas, même si elle sait que je suis folle de son aîné.

- Je suis juste triste de ne pas être avec maman, ce qui n'est pas totalement faux.

- Ça n'a rien à voir avec Tyler ?

Je me sens pâlir. Merde. Elle le sait ? Non, impossible, qui aurait pu lui raconter ? Mes amis ont promis de ne rien raconter à Chris et Kelly.

Tyler en serait-il capable ? J'en doute. Il n'aurait jamais oser avouer à ses parents qu'il s'est mal comporté avec moi.

- Pourquoi tu me demandes ça Kelly ?

Cette dernière soupire et pose sur la mienne sa main et me sourit tendrement avant de reprendre la parole.

- Melody... Tu crois que je n'ai rien remarqué ? Toi et Tyler êtes distant, tu n'es venue cette semaine avec nous, que lorsqu'il n'était pas là.

- Tu te trompes Kelly. C'était de simples coïncidences.

J'ai envie de rire. Enfin presque. Comment ai-je pu une seule seconde imaginer que la blonde face à moi ne verrait rien ?

- Vous vous êtes disputés ? Et, est-ce que tu sais qui a pu le frapper ? Il n'a rien voulu nous dire

Je suis soulagée d'entendre ces dernières phrases; il n'a rien dit.

- Non Kelly, je me lève et débarrasse mon petit déjeuner, mon appétit est coupé. Je vais être en retard.

- Je peux te déposer, on pourrait discuter toi et moi ?

- Jason va me rejoindre, pourvu qu'elle lâche l'affaire. À toute à l'heure.

Sous son regard suspicieux, je quitte la cuisine d'un pas pressé.

**

J'ai décidé de rejoindre le lycée à pieds, malgré le froid glaciale. Le vent fouettant mon visage, je dois ressembler à une tomate. Mes yeux brûlent tellement ça caille, mais ces douleurs ne sont rien face au calvaire que je suis en train de vivre, là, maintenant. Tyler et Jenna, tendrement enlacés devant le Starbucks.

J'ai envie de pleurer.
J'ai envie de hurler.

J'envie cette belle blonde.
J'envie ce couple.

Pourquoi est-il aussi gentil avec elle ? Qu'est-ce qu'elle de plus que moi ?

Tout. Elle a absolument tout de plus que moi.

Je suis tout le contraire de cette fille serrée dans les bras de Tyler. Elle, blonde, de magnifiques grands yeux bleus, un visage parfait, un corps que je devine parfait...quant à moi, je suis brune aux yeux bruns, trop de kilos, et je... Je suis tout simplement laide.

Voilà, c'est le meilleur qualificatif. Laide.

Je dois arrêter de regarder ce couple, ce mec qui ne sera jamais à moi; cette blonde, que je ne serai jamais. Obligeant mes pieds à repartir, j'ose un dernier regard vers Tyler. Je n'aurais pas dû. Comme par enchantement, ou pas, c'est à ce moment qui lâche enfin sa fiancée.

Son regard s'accroche au mien, mais de là où je suis, il m'est impossible de définir ce qu'il signifie... Soupirant et me détournant rapidement, je reprends le chemin du lycée.

**
La matinée est une véritable torture. Mes pensées ne sont pas là où elles devraient être. Ma concentration a décidé de me jouer de vilains tours. Je n'ai pas compris un seul traître mot de ce que mon professeur d'histoire a raconté. Pire, je n'ai pas pris une seule note. Tant pis, je demanderai celles à James.

Sortant de la classe, mon ami passe un bras protecteur autour mes épaules.

- Tu vas bien ?

- Pas vraiment, dis-je en soupirant. J'ai vu Tyler.

- Comment va son nez ? Me demande-t-il en éclatant de rire. Et ses petites cacahuètes ?

Roulant des yeux, je lui réponds que je n'en sais rien, mais rigole malgré tout. Tout à l'heure, il avait juste un espèce de pansement.

- Il était avec Jenna, continué-je. Ça m'a fait mal.

Il ressert son étreinte avant de claquer ses lèvres sur le sommet de mon crâne.

- Tyler est un connard. Tu devrais passer à autre chose.

Je devrais lui en vouloir de l'insulter, mais pour une fois, je suis d'accord avec lui.

Même si je l'aime, Tyler est un connard.

- Tu n'as pas tort Jason, mais on oublie pas un mec comme lui !

Il soupire à côté de moi.

- Franchement Mel, qu'est-ce que tu lui trouves ? Il est, je trouve... Fade.

Je me tourne précipitamment vers Jason en faisant de gros yeux.

- Fade ? Non mais tu l'as bien regardé ?

- Oui, et franchement, je le trouve quelconque !

Je roule des yeux avant de le pousser.

- Tu veux aller faire un tour ? Manger un morceau ailleurs que dans cette cantine infecte ?

- Pourquoi pas ?

***
La pizzeria est presque vide pour mon plus grand bonheur. Je supporte déjà difficilement le monde au sein du lycée. J'enlève mon blouson et le pose négligemment sur le dossier de ma chaise. Face à moi, Jason est déjà en train de regarder les menus. Je n'ai même pas faim, mais je sais d'avance que mon meilleur pote va me gaver comme une oie si je refuse de manger.

Je me saisie à mon tour de la carte, et choisi un plat de gnocchis à la tomate. Jason hausse un sourcil.

- Donc toi, dans une pizzeria, tu commandes une assiette de gnocchis ? Me dit-il en roulant des yeux.

- Et alors ? C'est ça, ou je ne mange rien Jason.

Il soupire, mais ne me rétorque rien. Heureusement d'ailleurs; je ne voudrais pas que l'on se dispute pour des âneries.

- Et comme boisson, je prendrai un coca.

- Très bien Mel, j'appelle le serveur.

**
- Alors dis-moi, qu'est-ce que tu vas faire pour ton anniversaire ?

Bonne question. A vrai dire, je n'y ai même pas pensé ! Il faut dire que depuis le nouvel an, je n'ai pas vraiment eu le temps de cogiter à ça. Et en toute honnêteté, je m'en fiche d'avoir 17 ans.

- Rien de spécial. Pourquoi ?

Je baisse la tête sur mon assiette. Ces gnocchis ne me font même pas envie, pourtant j'adore ça !

- Parce que je ne pourrai pas être là, dit-il d'une petite voix. Je suis désolé ma puce.

Il attrape ma main laissée sur la table et la caresse tendrement. Puis il croise ne doigts.

- Ce n'est pas grave Jason. C'est pas important de toute façon.

- J'ai l'impression de t'abandonner.

- Mais non voyons, je lui souris. Pour moi, c'est un jour comme les autres. T'en fais pas, d'accord ?

Il me sourit tristement, avant de me proposer de passer la nuit de ce soir chez lui, après un ciné et un hamburger. J'ai refusé poliment. Chris ne m'autorise pas à découcher un soir de semaine lorsqu'il y a cour le lendemain.

**
Après notre repas, nous avons décidés d'aller nous promener et de sécher les cours de l'après midi. Une petite balade le long du bac, m'a fait le plus grand bien, même si j'avais froid. Jason a réussi à me faire rire. On a mangé une gaufre, et nous avons fini par aller faire un tour à la patinoire. Je suis tombée, mes fesses souffrent encore d'ailleurs, mais je me suis vraiment bien amusée !

Je passe la porte de la maison Joseph et mon cœur cesse de battre en tombant nez à nez avec Tyler. Merde. Qu'est-ce que je fais ? J'ai terriblement peur de passer devant lui, peur qu'il recommence à me cracher des méchancetés à la figure. Et puis, ses yeux me lancent des éclairs, je n'ai pourtant rien à me reprocher !

Il faut que je rejoigne ma chambre, mais la disposition de la maison m'oblige à passer devant lui. Merde.
J'y vais, j'y vais pas ? Allez, j'en suis capable, je peux le faire et l'ignorer. J'inspire un grand coup et m'avance jusqu'aux escaliers, tête baissée. Je sais bien que je devrais la garder haute, lui montrer que je suis fière de qui je suis, mais là, c'est totalement impossible.

- C'est toi la responsable, il dit entre ses dents. Regarde l'état de mon nez !

Ne te retourne pas et avance ! Je me dis silencieusement, mais c'est plus fort que moi; je m'arrête et lève la tête. Ses yeux sont presque noirs, son visage est rouge de colère.

- De quoi tu parles ? Je réponds d'une voix tremblante.

- Ne fais pas l'innocente la gamine. Ça, c'est de ta faute. Il me montre son nez encore enflé.

Indirectement, oui. Si je n'avais pas parlé à Jason, il n'aurait pas eu le nez pété.

- Je n'y suis pour rien Tyler.

Le peu d'espace qu'il y a entre nous, il le comble par trois pas. Je ne suis franchement pas tranquille;il serre les poings, comme si il voulait me frapper. Je sais bien qu'il ne lèverait jamais la main sur moi, mais...

Instinctivement, je recule en essayant de ne pas louper la première marche, puis la deuxième. Le brun me suit, à pas lent, comme si j'étais sa proie. J'ai peur. Très peur.

- Tu vas me le payer Mélody.

- Mais je n'y suis pour rien !

- Tu as envoyé ton connard débile me casser la gueule !

- Mais je te dis que je n'y suis pour rien putain ! J'ose m'énerver, ce qui n'a pas l'air de plaire à Tyler.

Il se colle à moi, de manière à ce que nos deux corps se touchent. Je sens celui du brun se crisper, tandis que le mien est prit de frissons, malgré moi. Je voudrai ne plus ressentir cela, j'aimerai ne pas perdre tous mes moyens fassent à lui, mais bien plus facile à dire qu'à faire. Ses yeux remplis de colère, plongent à nouveau dans les miens. Je me sens toute petite et regrette d'avoir haussé le ton.

- Excuses-toi Mel, me dit-il de sa voix menaçante.

Je suis incapable de parler, incapable de lui dire d'aller au Diable. Incapable de le remettre à sa place une fois pour toute. Mais le pire de tout, il m'est impossible de détourner le regard ; malgré tout, je ne peux m'empêcher de le dévisager. Pourquoi ?

- J'attends.

Je suis à deux doigts de céder, mais ses paroles du nouvel an me reviennent tel un boomerang. Non. Je ne m'excuserai pas. Hors de question.

- Certainement pas Tyler.

- Pardon ?

- Tu as bien entendu. Je ne m'excuserai pour quelque chose dont je ne suis pas responsable. C'est de ta faute Tyler ! Pas la mienne !

Sur ces mots, je me retourne et grimpe les escaliers deux par deux pour rejoindre ma chambre. Je claque la porte derrière moi, la verrouille et me colle dos à elle, et relâche enfin la respiration que je tenais jusque là. Un sourire se dessine sur mes lèvres, en revoyant les yeux, exorbités du brun, lorsque je lui ai répondu et laissé en plan.

Joie de courte durée. De violents coups sont donnés à la porte, tandis de sa voix hurle mon prénom.

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