29. Non, Reste ☑️
Mélody
- Bonjour maman. Je t'apporte des madeleines aujourd'hui. Celles que tu préfères.
Depuis que Tyler est parti, je passe le plus clair de mon temps dans cette chambre d'hôpital, à discuter avec ma mère. Enfin, discuter est un grand mot. Je parle dans le vide, mais j'aime à penser qu'elle m'écoute et comprend tout ce que je lui raconte. Je dois d'ailleurs certainement la soûler, mais j'ai envie de dire, tant mieux.
Je m'installe dans le fauteuil fasse à elle, lui sourit alors qu'elle m'observe bizarrement et lui raconte ma soirée d'hier soir.
- J'ai fini par céder maman. J'ai accepté l'invitation de ce charmant Zayn, et contre toute attente, j'ai passé une bonne soirée ! On a été manger dans une petite auberge en dehors de la ville. Après ça, on a été se balader dans les rues autour du Capitol.
Je lui explique ce que j'ai appris de mon ami, et j'ai bien peur que ça l'ennuie. Mais ce n'est pas bien grave.
Depuis que Tyler m'a quitté, enfin, pour quitter quelqu'un, encore faut-il sortir avec, je n'ai plus de nouvelles. Je lui ai envoyé plusieurs messages, mais à ce jour, ils sont restés sans réponse. Ça me fait beaucoup de peine, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je l'ai bien cherché. Si je pouvais revenir en arrière, je ferais les choses différemment. Enfin, je suppose.
Je ne lui dirais pas que je l'aime, mais qu'il est très important dans ma vie. Je lui dirais que, oui, je lui faisais payer tout. Qu'il avait raison sur toute la ligne. J'ajouterais que je n'étais qu'une sale égoïste.
Si je pouvais...
- Que dirais-tu, si demain je venais en même temps que Luc ?
**
Je quitte la clinique sous une pluie battante, aussi je me dépêche de rejoindre mon arrêt de bus. Zayn avait proposé de venir me chercher, mais je n'ai pas voulu le déranger. Il a énormément de travail, et puis, il n'est pas mon chauffeur.
Sous l'abri bus, j'allume une clope et me colle dans le coin pour éviter la pluie. Purée, qu'est-ce qu'il fait froid ! Il faudrait vraiment que je me décide à passer mon permis un de ces quatre !
Je sautille sur place, espérant me réchauffer un peu, lorsqu'un SUV noir s'arrête à ma hauteur. La vitre côté passager et je souris en voyant Zayn.
- Grimpe ! Tu vas geler sur place !
- Qu'est-ce que tu fais là ? Je demande en ouvrant la portière.
- Je reviens de chez un client. Je me suis dis que tu aurais peut-être besoin d'un chauffeur.
Il me fait un clin d'œil puis démarre.
- Merci Zayn.
- Je t'en prie, ça me fait plaisir. Alors, comment va ta maman aujourd'hui ?
- Toujours la même chose. J'ai pu discuter avec son médecin en arrivant. Hormis sa maladie, tout va bien, même si elle a décidé de ne plus manger, je lance un œil du côté du beau brun. J'ai pensé à un truc horrible cette nuit.
- Tu veux m'en parler ?
J'hésite quelques instants. Il sait la gravité de la maladie de maman, mais est-ce raisonnable de lui faire part de mes sombres pensées ? Va-t-il me juger ?
De toute façon, j'en ai déjà trop dit, ou pas assez.
- Je ne trouvais pas le sommeil, parce que je cogitais de trop à maman. Et je... Tu vas me trouver ignoble Zayn, je dis en fermant les yeux.
Il ne dit mot, et quitte la route pour se garer sur le parking du Walmart. Coupant le moteur, il se tourne vers moi et attrape mes mains.
- Je suis sûr que non. Et si ça peut te rassurer, je crois savoir ce que tu as pensé, dit-il doucement.
Je relève la tête vers Zayn, les yeux écarquillés. Comment peut-il se douter de ce j'aimerai ?
- Et qu'est-ce que je crois ?
Tyler
- Tu n'es qu'un idiot Tyler ! Me sermonne Josh en passant la porte du studio.
- Salut à toi aussi. Il roule des yeux avant d'enlever sa veste. Pourquoi suis-je un idiot ?
- Y a pas de raison particulière. Tu es un idiot. Point barre.
À mon tour de lever les yeux. Je pose ma guitare sur son socle et vais m'installer au piano. J'ai pas envie de me prendre la tête avec Josh, ce n'est pas le moment. Je sens son regard sur moi, et ça m'énerve, mais je fais comme si je n'avais rien remarqué.
Je fais quelques notes, et me plante dans la gamme. Merde.
- Quoi ? Je lance un œil mauvais vers mon ami.
- Pourquoi tu ne reponds pas aux messages de Mel ?
- J'ai pas le temps.
- Tu n'as pas le temps ? La bonne blague, il se met derrière sa batterie et me regarde à nouveau. Tu es en train de la perdre là !
- Je ne peux pas la perdre. Comment veux-tu que je perdes quelqu'un que je n'ai jamais eu ? Je me passe une main lasse sur le visage avant de souffler.
- Tu t'entends parler ? Elle a toujours été à toi Tyler. Seulement tu es trop borné, trop préoccupé pour t'en rendre compte !
- Arrête de dire n'importe quoi ! Elle ne m'aime pas, et ne veut pas de moi.
- Qu'est-ce que tu en sais ? Tu ne crois pas qu'en ce moment, elle a autre chose en tête que de savoir si tu es l'homme de sa vie ? Tu lui as mis la pression sans prendre en compte ce qu'elle pensait !
Je sais qu'il y a une part de vérité dans ce qu'il dit, mais je pense qu'elle est assez mâture pour savoir si elle m'aime ou non.
- Tu me déçois, reprend-il. Tu avais juré de tout faire pour la récupérer, et au premier point noir, tu as lâché l'affaire.
- C'est mon problème, pas le tien. Et puis, mes sentiments vont disparaître.
Ça, j'en doute.
- T'es sûr de toi ? Tes sentiments vont partir, comme ça ? Il fait claquer ses doigts. Je hausse les épaules et recommence ma gamme. Très bien. Donc, la savoir très proche de son pote Zayn, ne te dérangera pas ?
Je suspends mon geste et relève la tête vers Josh.
- Quoi ? Ma voix a grimpé d'un octave.
- Tu as bien entendu !
- Comment tu le sais ? Tu ne parles pas avec elle à ce que je sache ?
Au lieu de me répondre, il se lève et fouine dans son sac. Il me tend alors un magazine. Je fronce les sourcils et regarde la première page du Washington Avenue. Mon cœur cesse de battre.
" Zayn, l'un des hommes les plus influents de Washington, aurait-il trouvé sa perle rare ?"
La photo qui accompagne cette une, me fait l'effet d'une gifle. Mélody, ma Mélody, dans les bras de ce connard qu'elle me jurait n'être que son ami ! Comment peut-elle me faire ça ? Comment peut-elle sortir avec lui, alors ça ne fait que trois semaines que je suis parti ?
En même temps, il est vrai que nous ne formions pas un couple, mais toutefois, elle aurait pu... Aurait pu quoi ?
Rien. Je ne suis personne pour elle.
Mélody
J'ai invité Zayn à la maison ce soir, c'est la moindre des choses, après tout ce qu'il fait pour moi. Je ne vais pas me casser la tête, un repas simple et rapide. Pâtes carbo, et de la glace en dessert.
Je m'affaire dans la cuisine, en jetant un œil de temps en temps sur mon portable. Ça me mine de ne pas avoir de nouvelles de Tyler. Il me manque terriblement, et c'est à lui que j'aimerais me confier, pas à Zayn, même si, je le reconnais, il est d'une oreille attentive.
J'ai avoué tout à l'heure à mon ami, que le mieux pour ma mère, serait de s'endormir éternellement. Je m'en veux de penser ça, mais la voir dans cet état, me rend malade.
Elle ne mérite pas de vivre ainsi, murée dans ce silence, perdue je ne sais où. Elle ne parle plus, ne bouge presque plus. Depuis deux jours, elle est nourrit artificiellement, alors qu'elle respire toujours, qu'elle sait encore mâcher, boire. Seulement voilà, elle ne veut plus, gardant la bouche obstinément fermée.
Qui a envie de voir sa maman dépérir ainsi ?
Je suppose qu'on peut dire de moi, que je suis égoïste, que lui souhaiter de partir est horrible, que je suis une mauvaise fille.
Ce n'est pas à moi que je pense, mais à elle. Si elle a un tant soit peu de conscience, je n'ose imaginer ce qu'elle doit penser. La connaissant, elle doit se dire qu'elle est un fardeau, alors que ce n'est pas le cas. Elle est tout, sauf ça.
Zayn a été très gentil et compréhensif et m'a assuré que, si il avait été à ma place, il aurait songé à la même chose que moi. Lui avoir avoué mes pensées, m'a soulagé, même si cette douleur ne quitte pas ma poitrine.
Je dispose les assiettes sur la table en essayant de me vider la tête.
Mon téléphone se met à sonner et je décroche sans prendre la peine de regarder qui m'appelle.
- Allo ?
- Salut mon ange !
- Nathan ! Ça me fait plaisir de t'endendre ! Comment tu vas ?
- Très bien, mais tu me manques ! Tu reviens quand ? Tout le monde demande après toi !
Quand vais-je rentrer ?
**
- Tu sembles loin Mélody ?
Je sursaute en entendant la voix de mon ami s'élever, alors que nous sommes installés sur les marches devant la maison, pour fumer notre cigarette. Il est vrai que ce soir, je n'ai pas été très réceptive et j'ai dû être une très mauvaise maîtresse de maison.
- Désolée Zayn. J'ai reçu un appel tout à l'heure.
- Ta mère ? S'inquiète t'il.
Je rassure puis lui explique qu'on m'a demandé quand j'allais rentrer à New-York. Je lui fais savoir que, pour le moment, je ne sais pas quoi faire.
- Je comprends. Tu n'as pas pensé à trouver un centre pour Aurora à New-York ?
- Si bien sûr, mais c'est hors de prix. Même en travaillant sept jours sur sept, ça restera toujours bien trop onéreux, je rétorque d'une voix lasse. Et puis, il y a Luc, je ne peux pas lui imposer des aller-retour jusqu'à New York.
- Je peux t'aider tu sais, me dit-il en passant sa main dans mes cheveux. J'ai de l'argent et je...
- Non Zayn. C'est très gentil de ta part, mais je ne veux pas. Je vais en discuter avec mon beau-père.
- N'hésite pas si tu as besoin de mon aide. Son sourire est à tomber. Tu veux rentrer ?
- Non, je vais fumer une dernière clope. T'en veux une ?
**
On est restés jusqu'à très tard devant la télévision, et j'ai fini par m'endormir, la tête sur ses genoux. Je me suis réveillée courbaturée, et encore plus fatiguée que la veille, mais c'est un plaisir de voir Zayn, endormi. Il est tellement mignon, le visage détendu, loin des problèmes qu'ils' rencontre, du moins, si il en a.
Je profite pour l'observer attentivement. Comment est-ce possible que je n'ai jamais remarqué à quel point il est beau ? Ce que je préfère sur son visage, ce sont ses yeux légèrement en amande, ourlet de longs cils.
- Tu regardes souvent les gens dormir ?
- Euh.. Je...mes joues doivent être aussi rouge que les murs de la cuisine. Pardon, je... Enfin non, je n'ai l'occasion de regarder quelqu'un dormir. Je veux dire...
Son rire s'élève avant de me décocher un de ces sourires, que je pourrais fondre sur place.
- Je te taquine Mel. Tu as bien dormi ?
Il se lève et s'étire, laissant à ma vu le triangle parfait de...
- Je vais vraiment croire que tu me trouves à ton goût !
Morte de honte, je pose mes mains sur mon visage. Il faudrait que je sorte du salon, ou que je sois avalée par le sol, ou mieux, que je fasse retour, disons, cinq minutes en arrière.
- Allez Mel ! C'est pas grave. Moi aussi je t'ai reluqué quand tu dormais.
Tyler
Je déteste l'avion. J'ai l'impression que nous faisons du surplace depuis plus d'une heure, soit depuis le décollage. Je bouge dans tous les sens sur mon siège, énervant les passagers derrière moi, mais je m'en fiche. J'aurai dû m'écouter et prendre ma voiture au lieu de se tas de ferraille qui n'avance pas !
J'envoie un message à ma mère pour lui annoncer que ce soir, je vais manquer le repas, et je suis certain qu'elle va encore râler ! Je n'ai pas précisé la raison pour laquelle je ne serai pas là, elle n'a pas besoin de le savoir. Et puis, si je lui dis que je suis sur le point de rejoindre Mélody, elle en ferait tout un foin. Il faut dire qu'elle lui en veut d'être partie sur la pointe des pieds, sans prévenir personne. Elle s'était inquiètée, craignant le pire. Maman a très mal pris mon voyage jusqu'à New-York, puis Washington.
Volontairement, je lui ai caché l'état de santé de Aurora ; elle aurait été capable de s'envoler pour Washington et d'en tenir responsable Mélody. Maman est comme ça. Elle s'emporte sans essayer de comprendre le pourquoi du comment. Comme moi.
Je soupire en rangeant mon téléphone et colle ma tête contre le hublot. Encore une bonne heure de vol. Si seulement il pouvait accélérer.
**
Je foule enfin le sol de Washington, et me dépêche de trouver un taxi. Je grimpe à l'intérieur, donne l'adresse, et prie pour que la jolie brune soit chez elle. J'ai préféré ne pas la prévenir de mon arrivée, souhaitant lui faire la surprise, quelle soit bonne ou mauvaise.
Arrivée devant la maison, je paye le chauffeur, sort mon sac et grimpe les marches deux par deux.
Sans sonner, je pousse la porte, pose mon sac dans le vestibule et rejoins la cuisine.
Je me fige dans l'encadrement de porte, voyant Mélody assise sur les genoux de Zayn.
Mélody
- Je suis désolée Zayn, j'ai trébuché !
Décidément, ça n'est pas ma journée. Après m'être mise la honte toute seule, voilà que je trébuche sur le tapis et me retrouve les fesses sur les jambes à Zayn.
- C'est rien. Non, reste, dit-il alors que je tente de me lever.
Est-ce que j'ai envie de rester sur ses genoux ? Non, je n'ai rien à faire là. Je me sens mal à l'aise, et puis j'ai cette horrible impression qu'on me regarde.
Je relève alors la tête, et tombe nez à nez avec Tyler.
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