Mel

Quand j'étais petite, je rêvais d'être enfermée dans un immense entrepôt rempli de friandises en tout genre. Je me voyais, les yeux illuminés, vivre au milieu de tous ces bonbons et autres cochonneries en tout genre. Vivre un rêve éveillée.

C'est ainsi que Tyler vit en cet instant. Je me vois moi, à travers ses yeux, dans mon hangar alors que les siens brillent en observant ce qui l'entour. Des centaines d'anciens instruments de musique nous encerclent, et Tyler ne sait plus où donner de la tête.

Il avance vers les immenses vitrines et observe d'un vif intérêt un Kithara, l'ancêtre de la guitare. Ébahi devant cet objet du passé, il se tourne vers moi, un magnifique sourire, regard joyeux.

- T'as vu ça Mélody !

Je ne peux m'empêcher de lui rendre son sourire, tant il fait plaisir à voir. Pour être honnête, j'avais l'intention de le laisser planté là, et de quitter le MET, pour vaquer à autre chose. Mais je ne peux m'y résoudre. J'ai besoin de graver dans ma mémoire ce moment magique, car je suis consciente que, ce moment de paix, ne sera jamais éternel.

- C'est tellement... J'ai même pas de mots Mélody !

Il sort son téléphone pour prendre en photos tous ces instruments d'un temps passé.

- Tu as vu ce cornu ? Me dit-il en approchant de l'objet. Je n'en ai vu que dans des livres ! Je ne savais même pas qu'il en existait encore en vrai ! Regarde moi ce travail !

Je m'approche de la vitrine; il est vrai que ce Cornu est assez bien entretenu, sachant qu'il date de la période Romaine. Un peu plus loin, je tombe sous le charme d'une Lyre. D'après les informations, cette dernière daterait de l'antiquité. J'ai toujours trouvé cet instrument de musique magnifique.

- Elle est jolie, me dit Tyler en me rejoignant. J'ai toujours rêvé d'en avoir une.

Moi aussi. Je n'ai jamais compris pourquoi les Lyres m'attiraient. Elles n'ont rien de particulier hormis leur forme.

- Savais-tu que, la première Lyre date de l'antiquité ? Et que....

- OH ne gâche pas ce moment avec l'histoire !

Vexée, je m'éloigne vers la sortie mais je suis vite rattrapé par Tyler. Ne relevant pas la tête, je fixe mes bottes.

- Je plaisantais Mélody. Regarde moi, dit-il doucement. Je ne bouge pas, alors il relève mon menton de son pouce et son index. Je voulais juste t'embêter. J'adore t'écouter parler.

- Pourtant, ce n'est pas la première fois que tu me demandes de taire.

J'enlève sa main de mon visage.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Je croise les bras et me dirige vers les mandolines.

- Rappelle-toi, à Nouvel an. J'ai voulu te raconter l'histoire de la cravate, et tu m'avais dit, un truc dans le genre pas de leçon d'histoire.

Il me sourit l'enfoiré, ce qui me vexe encore plus.

- Ta proximité me mettait mal à l'aise Mélody, il chuchote en en repoussant une mèche derrière mon oreille, fallait bien que je trouve une excuse.

Suspendant son geste, il fixe mes lèvres ; difficilement, j'avale ma salive. J'ai envie qu'il m'embrasse, depuis que je l'ai vu me regarder au Key's. Mais je ne peux pas. Il y a bien trop de colère en moi.

Son visage se rapproche du mien, et, je détourne la tête. Il laisse tomber sa main et termine par la passer dans ses cheveux.

- Mel...

- On a encore plein de choses à voir.

J'ai envie de pleurer.

Tyler

J'ai préféré me taire. Je ne voulais pas la blesser, loin de là, seulement plaisanter. Je pourrais l'écouter parler  durant des heures, même si c'est pour m'expliquer qui est arrivé en premier; l'œuf ou la poule ?

Nous sommes restés dans l'allée réservée au instruments anciens pendant plus de deux heures. J'ai pris des photos de tout, y compris celles des énormes encyclopédies racontant l'histoire de la musique depuis la nuit des temps. J'aurais aimé pouvoir les importer avec moi.

Je ne remercierai jamais assez Mélody de m'y emmener, même si je la soupçonne d'avoir voulu me laisser seul. Si tel est le cas, je me demande bien pourquoi elle a changé d'avis ?
Ça m'a fait plaisir en tout cas.

A présent, nous sommes à la cafétéria du Musée, où nous attendons nos commande. La jolie brune ne décroche pas un mot depuis que nous sommes installés, et ce silence commence sérieusement à me peser.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Je finis par lui demander.

- Rien pourquoi ? Elle ne relève pas son nez de son téléphone.

- Tu n'as pas décrocher la mâchoire depuis que nous avons quitté le premier étage.

- Peut-être que je n'ai rien à dire !

Je soupire et bois une gorgée de mon jus d'orange que le serveur vient de m'apporter.

La sonnerie de mon smartphone se met à sonner ; sans regarder qui m'importune, je décroche. Ma tension grimpe d'un ton en entendant la voix de Jenna.

- On s'est tout dit ! Je veux que tu arrêtes de m'appeler.

- Je voulais juste t'inviter à dîner Tyler.

- Mais qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Je ne veux plus entendre parler de toi !

- Mais tu m'as dit que tu me pardonnais !

Je serre mon téléphone à me faire mal à la main. Je vais péter un câble.

- Ce n'est pas parce que j'ai dit ça que tu dois me harceler Jenna.

Je lance un regard vers Mel; cette, dernière est toute blanche, et une grimace de douleur déforme son visage. Je dois absolument couper court à cette conversation.

Je raccroche et glisse mon portable dans mon manteau.

- Qu'est ce qu'elle voulait ?

Mel

Jenna... Cette garce qui n'a pas hésité à me foutre son bonheur sous le nez...
"oh Mel, je suis si heureuse ! Un bébé, un mariage ! Oh ma pauvre Mélody, j'avais oublié combien tu es accro à Tyler, oh merde ma chérie..." connasse. Elle arrive encore polluer mon atmosphère même à New-York !

J'aimerais bien savoir ce qu'elle lui voulait. Je ne lui demanderai pas, parce qu'il va s'imaginer que je m'intéresse à lui.

- Qu'est-ce qu'elle voulait ?

Mais ce n'est pas possible ! Pourquoi faut-il à chaque fois que j'ouvre ma putain de bouche ? Bien évidemment, je sens mes joues se colorer.

- M'inviter à manger.

Ah je vois... Une pointe de jalousie me transpercé le cœur ; c'est bête, je le conçois, mais c'est plus fort que moi. Je suis presque sûre que, si il avait été à Columbus, il aurait accepté.

- Ah...

C'est tout ce que je trouve à lui répondre. Pourtant, j'ai tant de question à lui poser sur Jenna et lui, mais je n'ose pas.

- Ça t'intéresse ?

- Non, c'était pour combler le vide entre nous.

Ce n'est évidemment pas vrai, mais je ne vais certainement pas lui dire la vérité, oui, ça m'intéresse.

- Tu n'as jamais su mentir Mélody.

J'entends beaucoup trop cette phrase ces derniers temps. Roulant des yeux pour ne pas qu'il puisse voir ma gêne, je recule ma chaise, me lève et prends la direction de la sortie. J'ai absolument besoin de nicotine.

La pluie a redoublé durant notre visite, aussi je me mets à l'abri sous le porche d'entrée. Clope en main, j'entends quelqu'un me héler. Un peu plus loin, je vois arriver Adam, courant sous le déluge.

À ma hauteur, il reprend son souffle en se baissant et mettant les mains sur ses genoux.

- Je suis mort, je me mets à rire. Comment tu vas Mélody ?

-  Ça va Adam. Et toi ? Tu n'es pas censé être à Las Vegas? Je demande après avoir tiré sur ma clope.

- Reporté à la semaine prochaine.

On discute quelques minutes du report de son concert, de sa fille, qu'il a eu à l'âge de 16 ans et dont il a à présent la garde exclusive. Il m'apprend qu'elle est chez sa sœur toute la journée.

- Ça te dit de venir à la maison demain soir ?

Tyler

Ne voyant pas Mélody revenir, je vais régler nos commandes et quitte la cafétéria; j'espère qu'elle ne s'est pas barrée. J'avance rapidement, tentant de me frayer un chemin à travers les visiteurs, mais suis interpellé par une adolescente.

- Oh mon Dieu, tu es Tyler Joseph. Oh mon Dieu Oh mon Dieu !

Par pitié, qu'elle se taise ! Je n'ai pas envie que d'autres me remarque, ce n'est vraiment pas le moment !

- On peut faire une photo ?

Généralement, j'adore être pris en photo avec mes fans, je me prends volontiers au jeu de la célèbrité, mais pas aujourd'hui, et surtout, pas maintenant. Néanmoins, j'accepte de prendre la pause pour un cliché et me dépêche de rejoindre l'extérieur.

Je me stoppe net en voyant Mélody en train de rire. Avec un mec. Pas avec moi. Une tête de con. Un sourire de con. Des yeux que je vais crever si il l'enlève pas ses sales pattes des bras de ma femme Mélody.

Je serre les dents et rejoint la jolie brune et l'horrible blondinet.

- Je suis là ma douce, je lui dit en posant ma main sur ses reins, excuse moi du retard.

Surprise, Mel ne dit mot, mais je la sens se crisper.

- Tyler, hum euh Adam, je te présente...

- Tyler Joseph, je prends les devants, inutile qu'elle ne parle plus que de raison, je... Aie !

Elle vient de me donner un coup de pied dans la cheville. Sourire ravie, elle se tourne vers moi.

- Ça ne va pas Tyler ? Saleté va ! Adam, Tyler un... Ami.

Le blond nous regarde bizarrement, mais fini par me tendre la main. Je l'attrape et serre plus qu'il ne le faut. Ce cher Adam grimace; bien fait.

- Bon et bien, je vais y aller.

Mel

Je vais le tuer. Non, le torturer, ou peut-être les deux ? D'où il se permet de poser une main sur moi, comme si j'étais son titre de propriété ? Il faut fuire un de mes amis en plus ! Il va me le payer.

- Oh déjà? Tu ne veux pas rester avec nous ?

Je sens le regard noir de Tyler sur moi; j'ai bien envie de lui redonner un coup !

- Non désolé Mel, j'ai un rendez-vous. Mais on se voit mardi ?

- Ça marche Adam ! Je t'enverrai un texto pour te confirmer !

- Mardi on a déjà quelque chose de prévu Mel !

- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes Tyler ? À mardi Adam !

Il m'offre un dernier sourire crispé puis reprend son chemin.

- Mais qu'est-ce qu'il t'a pris putain ? Pour qui tu te prends ? Et enlève ta main !

Il s'écarte, puis passe une main dans ses cheveux, avant de planter ses iris dans les miens.

- Pourquoi tu veux sortir avec ce guignol ?

Yeux écarquillés, j'ai presque envie de rire en voyant son visage sérieux. Ce guignol ?

- Ce guignol, comme tu dis, est mon binôme en travaux pratiques en physique ! Et accessoirement, un violoniste qui me donne des leçons de solfège !

- Il peut même être le Président, je m'en fiche Mel ! Ça ne change rien au fait qu'il te draguait !

Alors là, c'est la goutte d'eau, je serre les poings et inspire un grand coup et souffle en fermant les yeux, pour éviter de hurler.

- Et alors Tyler ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire si il me drague ?

**
- Arrête de faire la tête Mel !

- Laisse-moi tranquille Tyler !

Bras croisés, je marche le plus vite possible pour rejoindre la station de métro.

- Je suis désolé, d'accord ?

Je ne m'arrête pas et continue mon trajet. Ses excuses, il peut se les mettre où je pense ! Il a été impoli, non seulement avec Adam, mais en prime avec moi !

- Melody putain!

Je m'arrête net, et ce crétin me percute ; résultat des courses, je me retrouve les fesses sur le macadam gelé.

- Merde Mel ! Il tente de me relever, mais je le repousse. N'agis pas comme une gamine bon sang !

Il se permet en prime de hausser le ton ? De me traiter de gamine, encore ? Je me relève, épouste mon arrière train, puis pointe du doigt le brun en lui jetant un regard assassin.

- Écoute-moi bien, Tyler, tu vas me foutre la paix maintenant. Je ne sais pas ce que tu cherches à me suivre partout comme un petit chien, ni pourquoi, un beau matin tu t'es levé en te disant, tiens, je vais aller voir cette idiote de Mélody et lui faire de pauvres excuses ! Quelques curieux nous observent, mais je m'en fiche ! Mais maintenant, je veux que tu dégages, que tu retournes à Columbus, ou sur la lune, mais je ne veux plus jamais te voir ! Suis-je clair ?

Sur ces mots, je le laisse en plan.

Mon cœur bat à cent à l'heure, mes yeux se brouillent, non pas parce que j'ai dit tout ça à Tyler, mais parce que la tristesse que j'ai lu sur son visage, m'a fait horriblement mal.

Je me sens coupable, ce qui est tout bonnement stupide, parce que je le pense. Enfin, pas vraiment.

Je descends les escaliers pour me rendre à la station 12, et m'allume une clope. C'est interdit, mais je m'en moque. Je m'installe sur un banc, et patiente.

- Tu m'as demandé ce que je veux Mélody, je relève la tête. Il m'a donc suivit. Mais tu ne m'as pas laissé te répondre.

Je n'attendais aucune réponse de sa part ; juste qu'il s'en aille.

- C'est toi. Je fronce les sourcils, quoi moi ? C'est toi, que je veux.