Chapitre 39 : Sur le toit


La question était maintenant : Comment trouver Sebastian Moran ? Si c'était bien lui le tireur, il me suivait à la trace sans aucun doute, depuis quand, ça je l'ignorais. J'étais étonnée qu'aucun souvenir de lui n'avaient refait surface. J'aurais préféré ça aux souvenirs de Charlene Moriarty me hurlant dessus. J'avais vraiment l'air d'apprécier ce Sebastian, j'aurais dû avoir de bons souvenirs de lui. Mais rien. A croire que mon cerveau jouait contre moi en me privant de ces extraits de mémoire, de même que du prénom de mon cousin. Mon cerveau me tapait sur les nerfs !

Je n'avais pas pris le temps de regarder les autres cassettes ensuite, je les regarderais plus tard, ou pas. L'enveloppe qui restait dans le fond de la valise attira mon attention. C'est ça que j'aurais dû lire depuis le départ, mais je ne l'avais pas fait pour la simple et bonne raison que j'avais peur de ce qu'elle pouvait contenir. Mais il le fallait, je ne pouvais pas rester dans le flou plus longtemps, j'en avais clairement par-dessus la tête. Je déchirai donc l'enveloppe avec soin et en tirai une longue lettre non datée, d'une écriture penchée presque illisible :

Ma Hela,

Tu as maintenant presque 13 ans et tu es si parfaite. Tant de beauté, d'intelligence, de malice en toi, on a du mal à croire que la jeune fille que tu es devenue existe réellement. Et cette noirceur que je sens en toi, qui ne demande qu'à sortir et à s'exprimer... La noirceur des Moriarty... Quand je pense que je ne serais pas là pour la voir fleurir... C'est peut-être le seul regret que j'aurais avant de quitter ce monde. Ma Hela, tu lis cette lettre car je ne suis plus là, mon plan de vengeance a eu raison de moi. Je n'avais pas réellement prévu d'aller si loin. J'avais tant de projets pour toi et moi. J'avais prévu de t'enlever à cette famille d'idiots, de t'emmener loin, pour t'apprendre à être une vraie Moriarty, pour t'enseigner l'art du crime et en devenir un maître, comme moi. Je suis un maître du crime, et toutes sortes d'individus désespérés, en colère, emplis de haine, viennent me consulter pour mettre à bien leurs plans. Je ne suis plus là Hela, mais je veille toujours sur toi. Je ne compte pas te laisser aux mains de cet idiot de Sherlock Holmes ! J'ai de meilleurs projets pour toi.

Tu ne te souviens de rien de ton enfance pour l'instant, tu ne te souviens de rien de cette période qui a été la meilleure de ma vie mais aussi la plus horrible. Tu es venue au monde, un ange, un prodige. Tu as grandis si vite, tu étais pleine de surprise. Mais ma sœur elle, cette petite fleur délicate, s'est fanée, s'est brisée comme du verre. Du verre tranchant. Elle t'a fait du mal, mais je ne pouvais rien faire. Et puis, vous avez disparu. Du jour au lendemain et j'ai mis des années à te retrouver, 8 ans. C'est énorme pour une enfant. Ma sœur, ma belle Charlie, je n'ai jamais pu la revoir avant de mourir. Peut-être en fait un deuxième regret.

Je suis mort Hela chérie, mais j'ai tout prévu. Tu vas retourner à Londres, c'est sûr et certain. Et là, Sebastian t'attendra. C'est mon plus fidèle homme de main, mon ami, un formidable tireur. Je l'ai chargé de ta protection. Son nom de code est Uniform, le tien est Charlie.

Tu n'auras pas besoin d'utiliser ces noms de code pour entrer en contact avec lui si la deuxième personne que j'ai chargé de veiller sur toi, celle qui détient le reste de tes affaires, se manifeste. Il est fort probable qu'il ne le fasse pas, il n'en est pas capable.

Rencontre Sebastian, il se chargera de t'expliquer le destin grandiose que je te réserve.

Rend moi fier Hela, rend fier ton Tonton Jimmy,

Sois une Moriarty.

Le feuille glissa de mes doigts et, je fixai sa chute, j'avais l'impression que tout était au ralenti. J'étais trop confuse, impossible d'avoir une pensée cohérente, les idées claires, tout se mélangeait. Je m'allongeai sur mon lit et fixai le plafond. Mais rester ainsi ne m'aide pas, je me levai donc immédiatement prendre une douche pour me reconcentrer.

Après avoir enfilé un pyjashort en soie bleue marine, je vais me poster à la fenêtre, essayant de repérer le moindre mouvement suspect provenant de l'autre côté de la rue. Mais rien. Depuis quand cet homme me suivait-il ? Que Mycroft me surveille, cela ne m'étonnait plus, je l'acceptais, puisqu'en plus, il engageait des incapables. Mais qu'un proche de mon autre oncle, un tueur, m'observe depuis les auteurs de Londres sans que j'en ai connaissance, ça m'ennuyait. Euphémisme.

Je passai donc la nuit à tourner en rond dans ma chambre, il m'était impossible de trouver le sommeil. Devais-je entrer en contact avec ce Sebastian Moran ? Et si oui, comment ? Il avait une formation militaire, de tireur d'élite, il devait connaître le morse. J'utilisai donc ma nuit blanche à bon escient, en apprenant ce langage codé.

Ce ne fut pas compliqué, mais le soleil se levait déjà quand j'eus tout préparé. Mon plan était prêt, je n'avais plus qu'à espérer que ça marche. Et à ce que personne d'autre que le destinataire de mon message ne remarque quoi que ce soit, surtout pas Sherlock.

***

Le soleil brillait sur Regent's Park en cette belle après-midi d'été. Sur un banc, à l'ombre, étaient assis un grand brun en chemise blanche et pantalon de costume, malgré la chaleur ambiante et un petit aux cheveux grisonnants qui regardait s'éloigner une grande jeune fille auburn tenant par la main une petite fille blonde coiffée d'un chapeau fleuri de marguerites. L'adolescente habillée d'une robe d'été fluide s'assit dans l'herbe et la petite vint s'installer sur ses genoux. Elles jouaient ensembles, la plus grande amusant la plus petite. Le brun lançait lui aussi des regards aux deux enfants mais le soleil faisait souffrir ses yeux translucides, il souffrait de la chaleur, n'ayant pu que remonter les manches de sa chemises, au-dessus des coudes.

-Sherlock, tu ne sais toujours pas qu'il existe des vêtements adaptés pour ce genre de températures ?

-Au-delà de 25 degrés, je reste habituellement enfermé John, je n'ai pas besoin de vêtements adaptés.

-Oui, tu ne t'habilles pas, je sais, je m'en souviens bien.

-Pourquoi m'as-tu obligé à subir cette fournaise ? En plus, c'est endroit est plus qu'ennuyant.

-Voir le soleil ne peut pas te faire de mal ! Tu dois avoir une carence énorme en vitamines D !

-L'huile de foie de morue me suffit. Elle contient 250 microgrammes de vitamines D pour 100 grammes alors que l'apport journalier recommandé de vitamine D est de 15 microgrammes. En plus d'être extrêmement riche en vitamine D, l'huile de foie de morue est une excellente source de vitamine A, une vitamine liposoluble qui joue un rôle prépondérant dans le maintien d'une bonne vue et qui contribue à la croissance osseuse et à la bonne santé de la peau, et d'oméga-3 -24 grammes pour une portion de 100 grammes, soit 8 fois plus que le saumon-, un acide gras polyinsaturé qui protège le système cardiovasculaire et stimule la mémoire.

John resta un instant circonspect, la bouche entrouverte, à la manière d'une morue, ironiquement.

-Je suis médecin Sherlock, pas besoin de me faire un cours...

Ce dernier haussa les épaules et ils retournèrent à leur observation des deux filles.

-Et puis cela ne peut qu'être bénéfique à Mathilde, de prendre le soleil, jouer avec Rosie... Ça peut l'aider à penser à autre chose que cette étrange fusillade... Reprit John.

Sherlock laissa échapper un soupir, semblant se remémorer.

-Tu as sans doute raison.

Un silence s'installa. Les oiseaux chantait, on entendait les cris des enfants qui jouaient, dont ceux de la petite blonde que la plus grande chatouillait sans pitié.

-Ce sont vos filles ? Demanda soudain une voix féminine à la gauche des deux hommes.

Leurs têtes pivotèrent pour regarder la femme qui venait de s'asseoir sur le banc voisin, avec à côté d'elle, sa poussette landau. Elle leur souriait avec bienveillance et douceur en montrant du regard les deux filles.

-Oui, répondit machinalement John en lui rendant son sourire.

L'homme à côté de lui ne prit pas cette peine, il se contentait d'observer la nouvelle venue, comme une intruse.

-Elles sont vraiment très mignonnes. Comment s'appellent-elles ?

-Mathilde pour la grande et Rosamund pour la petite.

-J'adore, c'est original ! Elles doivent-être sages...

John plissa le nez en entendant ce mot et rit légèrement.

-Elles ont chacune un sacré caractère disons, à leur manière. Ce n'est pas évident à supporter tous les jours mais...

La femme l'interrompit, dans la discussion, visiblement, elle avait besoin de parler.

-Oh ça oui ! Je viens d'accoucher de mon troisième garçon et je me demande parfois ce qui m'a pris ! J'aimerais trouver leur bouton pause.

-Moi aussi... Murmura Sherlock en fixant toujours les deux enfants.

-Mais bien sûr, il y a plus de bons moments que de mauvais, et alors je me rappelle que ce sont les plus belles choses qui me sont arrivées, poursuivit la femme.

-Oui, c'est vrai, approuva John.

Sherlock ne dit rien, perdu dans ses pensées.

-Vous avez vraiment une famille adorable en tout cas !

John fronça les sourcils, détectant un quiproquo.

-Famille... ?

-Oui, vous, votre mari et vos deux adorables filles !

-Ah ! Je crois qu'il y a un malentendu ! Rit-il nerveusement. Mathilde est la fille de Sherlock, Rosamund la mienne, mais nous ne sommes pas mariés ! Nous ne sommes pas ensembles du tout d'ailleurs ! Nous sommes juste des amis.

Sherlock lui, ne montra pas l'ombre d'une surprise à l'entente de cette méprise. Il mit sa main en visière au-dessus de ses yeux alors que les rayons du soleil l'agressaient.

-Oh je suis vraiment désolée messieurs ! S'exclama la femme, cramoisie de gêne.

-Non non, il n'y a pas de mal, il n'y a rien d'offensant.

La jeune mère ne savait maintenant plus où se mettre. Elle se décala à l'opposé du banc et regarda au loin ses fils se courir après dans l'herbe. John haussa les épaules, étonné d'une telle réaction disproportionnée puis il tourna son regard vers sa fille et celle de son ami.

Le soleil tapait de plus en plus et elles continuaient de jouer.

-Mathilde !! Tu as mis de la crème solaire ? Cria soudainement John à l'intention de l'adolescente à la peau si blanche qu'elle réfléchissait le soleil.

Cette dernière l'ignora royalement, continuant de jouer avec la petite Rosamund.

-Elle n'en a pas mis, affirma Sherlock.

-Mathilde !! Reviens ici mettre de la crème et tu n'as rien sur la tête en plus !

Il pouvait voir de sa place Mathilde lever les yeux au ciel. Elle leva la petite puis se redressa, avant de se diriger vers les deux hommes. John sortit de son sac à langer, que les parents d'enfants en bas âge devait toujours avoir sur soi, une bouteille de crème solaire très haute protection indice 50+ et la tendit à la jeune fille.

-Merci maman, lâcha-t-elle avec un rictus sarcastique, ce qui n'échappa à la voisine de banc qui la regarda d'un drôle d'air. L'adolescente la remarqua et lui lança un regard glacial, qui la fit frissonner de tout son long malgré les 30°c ambiants.

L'adolescente s'appliqua une énorme couche de crème solaire partout où sa peau était exposée, ce qui la rendait encore plus blanche et plus éblouissante. Rosamund jeta un regard à Sherlock et ce dernier la souleva pour la poser entre John et lui.

-Et pour ta tête ? Tu n'as rien à mettre dessus ?

Elle fit non de la tête et c'est alors que son père lui tendit sa veste de costume noir.

-Tu rêves Sherlock ! Je vais mourir en portant ça sur la tête !

La femme d'à côté sursauta une nouvelle fois en entendant la jeune fille parler ainsi à son père, en l'appelant par son prénom qui plus est.

-Je vais m'acheter un truc à mettre sur la tête, j'ai compris... Sherlock, de la thune ?

Elle tendit la main vers son père après avoir rendu la crème solaire à John.

-Tu peux partir toute seule dans Londres après l'incident ? Lui demanda ce dernier.

Elle haussa les épaules.

-C'était un fou isolé John.

Sherlock lui sortit un billet de 20 de son portefeuille et lui posa dans la main.

-Allez, bye !

Elle s'éloigna presque en courant et John n'eut pas le temps de lui dire qu'elle ne s'était pas appliqué de crème solaire dans le dos. Elle semblait vraiment pressée d'aller acheter ce chapeau.

***

Enfin, j'avais réussi à les semer. Après avoir tout de même obéi à John en achetant un chapeau de paille à large bord dans la première boutique venue, je n'avais tout de même pas envie d'attraper une insolation alors que j'avais une mission. J'en profitai également pour faire l'acquisition de grandes lunettes de soleil, la luminosité faisant atrocement souffrir mes yeux. Les yeux bleus, c'était parfait pour Londres en temps normal, mais là, nous étions presque en canicule, il n'y avait pas un nuage à l'horizon, hormis celui de pollution évidemment.

Mais le soleil allait m'aider aujourd'hui, j'avais, dans un sac en bandoulière en cuir camel, un petit miroir, qui m'aiderait à composer mon message. Je n'avais cessé d'observer discrètement les alentours depuis que nous étions sortis, mais impossible de détecter le sniper en faction, cela en devenait rageant. Je marchais lentement pour détecter le moindre mouvement suspect, dérangeant les gens pressés. Je pouvais comprendre, il m'arrivait souvent de m'énerver contre les escargots sur les trottoirs qu'il était impossible de doubler. Mais aujourd'hui, j'étais en chasse.

Je m'arrêtai subitement, réalisant mon erreur. Je ne devais pas lui courir après, c'était lui qui devait venir à moi. Je m'étais stoppée en face de Madame Tussauds, le musée de statue de cire autrement dit, un des endroit les plus effrayant de Londres. Le musée Grévin m'avait assez effrayé. Je m'assis donc sur un banc en face du musée et observai pendant un moment les touristes s'énervant dans la queue, réclamant l'air climatisé, au pied du dôme de cuivre, jetant régulièrement un regard sur les hauteurs du musée. 

Si il ne se pressait pas, j'allais devoir rentrer, mon téléphone ne cessait pas de vibrer et vois déjà d'ici les centaines de messages de Sherlock et John me demandant si j'étais allé chercher mon chapeau à Panama. Heureusement, ce fut ce moment où je commençais à perdre patience que choisit l'homme de main de Moriarty pour apparaître sur le toit du musée, juste à côté du dôme qui devait être brûlant à cette heure.

« Finalement, je suis passée à St Barth voir Logan -MH »

J'envoyai un message mensonger à Sherlock pour qu'il me lâche les baskets quelques heures encore. Il ne me croirait certainement pas mais réfléchir à ce que je faisais l'occuperait un moment. Puis je sortis mon miroir et je dirigeai les rayons du soleil vers l'homme qui s'était de nouveau caché, car il était encore là, c'était certain. Je fis quelques tests pour attirer son attention et pour réussir à faire des signaux lumineux court et long. Puis je me lançai.

Court, court, long, stop pendant sept courts, puis long, long, court, long, stop pendant trois courts, court, long, court, stop trois courts, court, court, long, stop trois court, court, court, long, long, court, court.

. . _ / _ _ . _ . _ . . . _ . . _ _ . .

U Q R V ?

(Uniform, êtes-vous prêt?)

J'attendis de longues secondes en croisant les doigts. Il était peut-être parti finalement, ou bien c'était une erreur. Puis un faisceau de lumière provenant du toit donna tort à mes angoisses.

Long, court, long, court, pour le nom de code Charlie. Ils l'avaient très mal choisi en passant, j'aurais encore préféré Tango ou Whisky. Il répéta le code Q, me signifiant qu'il confirmait, que je pouvais le rejoindre.

_ . _ . / _ _ . _ . _ . . . _

C Q R V

(Charlie, je suis prêt)

Je me levai immédiatement de mon banc à l'ombre et traversai la rue au premier passage piéton en rangeant mon miroir, au pas de course. Mon rythme cardiaque s'intensifia, s'affola même. Je fouillai dans mon sac à l'aveuglette en continuant d'avancer vers l'entrée du musée de Madame Tussauds. Je trouvai finalement l'objet qui me permettrait d'entrer sans accrocs.

-Police !!!

En brandissant la carte volée du Sergent Donovan, tout le monde s'écarta sur mon passage. Je me dirigeai vers un employé du musée, l'expression d'un agent de police désagréable pressé que j'avais également volé à Donovan, sur le visage.

-Vite ! Par où accède-t-on au toit !?

L'homme ne se questionna pas sur le pourquoi une policière en robe d'été, chapeau de paille et lunettes de soleil lui demandait l'accès au toit, mais il accéda à sa requête étrange, lui ouvrant la porte qu'on ouvrait jamais pour accéder à l'escalier qu'on ne gravissait jamais pour arriver au toit où personne n'allait jamais. Sauf les sniper d'élite. Et les filles de détectives consultant. 

Quand j'arrivai sur ce toit après avoir spécifié que personne ne devait entrer après moi à l'employé idiot, j'étais hors d'haleine. Je reprit mon souffle tandis que j'avançai vers l'homme qui se tenait au bord du toit, observant la rue en bas d'un œil de lynx. Il était habillé d'un tee-shirt moulant sa carrure de militaire et d'un pantalon cargo, tous les deux gris. A côté de lui, une longue valise noire ne laissait aucun doute quant à son contenu. Il ne se retournait pas, me laissant avancer. Mais je m'arrêtai avant d'être arrivée à sa hauteur, restant sur mes gardes. Dire que je n'avais même pas de quoi me défendre face à un assassin professionnel. Je rangeai mes lunettes de soleil et enlevai mon chapeau pour le garder dans une main.

-Tu ne me rejoins pas ? Me demanda-t-il d'une voix rauque qui indiquait une consommation accrue de cigarettes sans filtres.

-Non, vous êtes... un peu trop près du bord à mon goût.

Il émit un petit rire, qui me sembla soudain très familier.

-Tu as le vertige, ça, ça n'a pas changé. Tu ne supportais pas que je te porte sur mes épaules.

Oui, j'avais une peur bleue et irrationnelle du vide. C'était en réalité la principale raison pour laquelle je n'approchais pas plus.

-Tu sais que ton père a sauté d'encore plus haut que ça ? Me dit-il en montrant du doigt le vide.

-Je sais. Après que James Moriarty se soit tiré une balle dans la tête.

-Je n'étais pas loin quand ça a eu lieu, j'étais en faction prêt à tirer sur son acolyte au cas où ton cher Sherlock ne décide de ne pas faire le saut de l'ange. Il a réussi à s'en sortir, Jim le savait. Mais il s'est quand même donné la mort.

L'homme sortit une boîte de cigarettes d'une poche de son pantalon et l'alluma à l'aide d'une allumette, qu'il jeta ensuite au sol. Il tira une bouffée et se retourna, me dévoilant enfin son visage. Sebastian Moran me souriait, en soufflant la fumée par les narines. Puis en quelques enjambées, il se retrouva face à moi et me regarda.

-Salut Hela.

Je serrai les poings. Mes émotions partaient encore une fois dans tous les sens. Colère, tristesse, amertume, joie.

-C'est Math...

-Je m'en branle complètement. C'est Hela que je vais t'appeler et un point c'est tout. C'est comme ça que tu t'appelais quand j'ai juré de veiller sur toi, quand t'étais qu'un truc qui pleure sans arrêt, qui chie dans un couche, qui peut encore roter et péter sans qu'on l'engueule. Mathilde là, ton prénom à la con, je l'enfonce bien profond dans le cul de celui qui l'a choisi.

Je restai tout simplement sans voix face à la vulgarité dont faisait preuve cet homme.

-Je m'appelle Mathilde Holmes, que ça ne vous plaise ou non. Il n'y a plus de Hela Moriarty, finis-je par dire d'un ton qui se voulait glacial, mais qui finalement, laissait paraître un soupçon d'amusement.

L'homme qui souriait encore, arrêta sur le champ, prenant une expression froide, l'expression d'un tueur. J'avais déjà vu celle d'un tueur impulsif, au sang chaud, de bien trop près. Mais lui était un tueur de sang-froid, c'était très différent.

Son expression changea du tout au tout puisqu'il éclata de rire.

-Oh Helie. T'es pas crédible, désolé.

Je levai les yeux au ciel en laissant échapper un sourire bien malgré moi.

-Helie, c'est mieux. Pas de Hela s'il vous plaît.

-Comme tu voudras...

Il me fixait en continuant de fumer. C'était assez dérangeant.

-On va devoir parler de ce que Jim a prévu pour toi, me dit-il après une éternité.

-Pas aujourd'hui. Je ne suis pas venue pour ça. Je voulais juste vous remercier.

Il haussa un sourcil en écrasant son mégot avec le bout de sa ranger.

-Ah ouais ? Pourquoi ?

-Pour avoir tiré l'autre jour sur l'homme qui voulait me tuer.

Il reprit sa boîte de cigarettes en métal et en sortit une nouvelle pour la pincer entre ses lèvres

-On me remercie rarement d'avoir refroidi un mec. T'en veut une ? Me demanda-t-il le plus naturellement du monde en me montrant sa cigarette du regard.

J'étais censé détester l'odeur du tabac... Mais avec tout ce qui étais arrivé...

-Ouais.

Il me tendis la boîte et je portai une cigarette à mes lèvres. Il craqua une allumette et approcha la flamme pour l'allumer puis réussit à faire de même avec la sienne avant que l'allumette ne se consume totalement.

-Fais gaffe à pas tirer trop de fumée d'un coup les premières fois, tu risques de t'étouffer, me prévint-il au moment où je fus prise d'une quinte de toux.

-C'est dégueulasse... Parvins-je à dire après avoir repris mon souffle.

-C'est vrai qu'elles sont vraiment à chier ces clopes. Mais qu'est-ce que tu veux, on peut pas travailler et surveiller sa filleule en même temps alors le coffre à la banque se remplit pas tout seul.

-Vous surveillez votre filleule en lui apprenant à fumer...? Ironisai-je en prenant une nouvelle bouffée de fumée en veillant à suivre son conseil. Et puis d'abord, les coffres dans les banques, c'est de moins en moins utilisé depuis l'apparition de la monnaie scripturale.

L'homme ricana.

-Je peux te dire qu'un coffre plein de monnaie pas scriptuchépaquoi, il y en a un qui t'attend. Ton héritage familial.

Je soupirai. J'avais la maison de Charlene et maintenant une grosse somme d'argent ?

-Je n'en veux pas.

-Ouais, on verra.

Je commençais déjà à ressentir les effets de la nicotine, ce qui me détendit largement. En fait, je me sentais bien, j'arrivais à réguler mon flot de pensée pour avoir les idées plus claires. Nous restâmes un moment silencieux, fumant côte à côte.

-Et mon cousin ? Pourquoi ne s'est-il pas encore manifesté ?

Sebastian soupira.

-Il ne veut pas. Il a peur, je ne sais pas vraiment pourquoi.

Je soufflai un gros nuage de fumée en encaissant cette information.

-Il lui faut encore un peu de temps pour accepter ton retour. Et puis il n'est pas vraiment pour que tu reprennes les affaires de ton oncle. Il trouve qu'elles devraient rester dans la tombe avec lui.

-Je ne veux pas tomber dans les affaires louches d'Oncle Jimmy, Sebastian.

-Eh ! Tu n'as pas le droit de dire ça, tu sais pas de quoi tu parles ! C'est pas des affaires louches ! Enfin... c'est pas que ça !

Sebastian venait de hausser la voix sans prévenir, me faisant sursauter. Il me fixait avec colère , je le défiai alors du regard.

-Qu'est-ce que c'est alors... ? Je t'en prie, éclaire moi... Seby.

L'atmosphère était devenue plus lourde qu'elle ne l'était déjà à cause de la chaleur.

-Tu as de la chance d'être ma filleule toi... D'autres sont mort...

-Pour t'avoir appelé comme ça, je sais.

Nous échangeâmes un sourire fugace, Sebastian reprenant immédiatement un air sérieux.

-Tu sais au moins en quoi consistaient ces affaires avant de te permettre de juger ?

-Je n'avais pas vraiment envie de ternir l'image que j'avais de mon oncle. Mais la lettre qu'il m'a écrite ne m'a pas laissé le choix : il était criminel consultant. Il aidait des criminels ou des personnes désespérée à commettre des crimes parfaits. Cela devait aller du week-end d'un homme d'affaire et de sa maîtresse à des assassinats.

Un sourire en coin remplaça la mine sévère du tireur d'élite.

-Ouais. C'était un vrai business, ça marchait du feu de Dieu. Le seul criminel consultant du monde, ça claque non ?

-Il restera le dernier, désolée. Moi je suis apprentie détective consultante. Détective consultant, tu connais ? C'est mon père qui a inventé ce métier. Ca claque non ?

Je jetai mon mégot sur le sol après une dernière bouffée. Mes cheveux s'étaient maintenant imprégnés de l'odeur de cigarette, ce qui étais franchement désagréable.

-Ton vieux, je veux pas en entendre parler, c'est clair... ? J'aurais dû le descendre quand j'en avais l'occasion, quand t'étais pas encore en ville. Bordel, c'est à cause de lui que Jim est mort ! C'est peut-être ton géniteur mais il a jamais rien fait pour toi, à part tuer un homme qui t'aimais plus que tout !

La discussion reprenait un ton tendu. C'était de véritables montagnes russes. Mon cœur se serrait franchement dans ma poitrine, tout comme ma gorge.

-C'est faux. Sherlock est innocent dans tout ça, la faute revient uniquement à Charlene ! C'est elle qui nous a tous détruit. Pourquoi n'est-elle jamais allé le voir pour lui dire qu'elle était tombée enceinte !? Elle ne l'a jamais fait et a préféré tout lui mettre sur le dos ! Elle a préféré devenir complètement folle et pourrir tous ceux qui s'approchaient d'elle ! Si elle était allée le retrouver, aujourd'hui Oncle Jim serait encore vivant.

Sebastian ne dit rien, serrant la mâchoire à s'en exploser les dents. Je me calmai.

-Mais je comprends que tu sois en colère Seby. Tu voulais prendre sa place, prendre la place de Sherlock. Être le père qui me manquait. Et je crois aussi que tu voulais être un plus grand soutien pour Charlene, être là pour elle, d'un côté sentimental sans doute. Mais tu n'en a pas eu le temps. Maintenant Charlene a été arrêtée et j'ai retrouvé mon géniteur. Et tu es tout seul. Ne crois pas ça, maintenant que j'ai retrouvé mon parrain, je ne le lâcherai pas non plus.

Le sniper resta silencieux, écrasant presque avec brutalité son mégot du bout de sa ranger. Il fixa quelques secondes ce qui en restait, imaginant sans doute la tête de mon père à la place. Puis il émit un petit rire de nez en penchant la tête en arrière, se laissant éblouir par le soleil.

-T'es trop maligne Helie. Et t'as pas la langue dans ta poche, tu dis ce que tu penses sans filtre et ça, je le respecte.

-Ca me cause quelques ennuis parfois. Et des regards très désapprobateurs. Mais je ne compte pas m'arrêter là pour autant. Merci. Il y a moyen de te recontacter ?

-Ouais, j'ai un téléphone, comme tout le monde.

Il sortit d'une poche de son pantalon un téléphone portable renforcé, une véritable brique. Un téléphone militaire incassable et étanche. Sebastian vivait encore comme un militaire même des années après avoir quitté l'armée. Nous échangeâmes nos numéros, il serait « Uniform » dans mes contacts pour éviter tout désagrément avec ce cher Mycroft qui espionnait certainement mon téléphone régulièrement. J'allais devoir penser à crypter mon téléphone, même si cela le mettrait sans aucun doute en colère.

-Je vais devoir te laisser Sebastian, Sherlock va se douter de quelque chose. Je vais retrouver le chauffeur à qui tu as sauvé la vie.

J'enfilai de nouveau mes lunettes et mon chapeau.

-C'est mon seul ami ici accessoirement.

Le dire à voix haute me fit une drôle de sensation et m'arracha un sourire.

-Je suis content que tu te sois rappelé de moi Helie, appelle moi quand tu veux, je serais jamais bien loin.

Je lui offrit un sourire puis pris la direction de l'escalier.

-Et Helie...

Je m'arrêtai et me retournai. Mon parrain avait un semblant de sourire moqueur au coin des lèvres.

-T'as un putain de coup de soleil dans le dos.

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Hey la compagnie ! Comment allez-vous en ces temps de forte chaleur ? ^^ Vous allez vous dire, "Mais que ce passe-t-il !? Sirius publie un nouveau chapitre seulement 1 mois et demi après le dernier !?". Eh oui, vous ne rêvez pas ! Quand je vois tout vos votes et que je lis vos commentaires, je ne peux que avoir envie de vous faire plaisir ! Merci beaucoup ! <3

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Du personnage de Sebastian ? (Excusez son language de charretier XD)

ATTENTION : Sebastian propose une cigarette à Mathilde comme s'il fut s'agit d'un bonbon, évidemment, cela n'en est pas un, le tabac tue ok ? Si vous ne fumez pas, ne commencez pas ! Ce ne sont que des êtres de fictions, en aucun cas des exemples à suivre. (Mathilde et tout sauf un exemple à suivre d'ailleurs, vous l'aurez peut-être remarqué XD) Petit message de prévention chiant mais que je pense nécessaire. 

A bientôt,

Sirius Holmes

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