Mon esprit s'embruma, je crus entendre les sirènes des ambulances malgré le sifflement incessant dans mes oreilles. Je crus qu'on me parlait, qu'on me prenait par les épaules et que l'on me recouvrait d'une couverture de survie. On m'assied sur le bord d'une camionnette.

-Mademoiselle ?Vous m'entendez ?

Je relevai la tête, c'est une agent de police.

-Vous vous sentez bien ?

-J'ai la tête qui tourne...

-Vous rappelez vous votre nom ?

-221B Baker Street... Articulai-je, même si je ne savais pas vraiment si j'avais dit cela à voix haute.

-Votre nom mademoiselle, répéta m'agent avec insistance.

Je secouai la tête pour me remettre les idées en place. Tout était confus...

-Holmes. H-O-L-M-E-S. Mathilde Helen Zephyr Holmes. J'habite au 221B Baker Street.

-Comment s'appelle l'homme qui était avec vous ?

-Logan. Logan Logan, répétai-je tel un disque rayé.

-Logan oui. Est-ce son prénom ou son nom de famille ?

-Son prénom. Il s'appelle Logan. Où est-il ? Il est tombé parterre...

-Connaissez-vous son nom de famille ?

Je niai de la tête avec un air absent, trop occupée à chercher Logan du regard. Je ne le vis nulle part jusqu'à ce que je l'aperçoive, allongé sur un brancard et emmené dans une autre ambulance qui démarra aussitôt en déclenchant la sirène et le gyrophare. Ma tête me tournait de plus en plus et j'avais de plus en plus de mal à respirer. Un ambulancier s'approcha et mesura mon pouls sur mon poignet. Je me mis à claquer des dents. Ce que j'avais froid... En plein été...

-Elle est en état de choc, vous devez remettre cet interrogatoire à plus tard.

L'homme me releva et me fit monter dans l'ambulance. Il me fit allonger et me posa un masque à oxygène. Je me calmai légèrement.

-Voilà,tout va bien. On va aller à l'hôpital. Tu as quelqu'un à appeler pour le prévenir de ce qui est arrivé ?

-Sherlock Holmes, fis-je sans réfléchir.

Je récite son numéro de téléphone automatiquement et je regarde l'ambulancier le noter. Je ne me sens même pas sombrer dans l'inconscient.

***

-Bienvenue parmi nous Mlle Holmes.

Me dit une voix de femme tendis que j'entrouvrais les yeux, le cerveau toujours embrumé. Le BIP de l'électrocardiogramme me donna immédiatement mal à la tête.

-Dans quel hôpital sommes-nous... ?

J'ouvrai totalement les yeux et tombai nez à nez avec le badge de l'infirmière : « Christina Green ». Je levai ensuite les yeux vers sa propriétaire qui me souriait avec douceur.

-Oh bonjour Chris...

-Bonjour Mathilde. Ton père va bientôt arriver et tu pourras partir. Tu as juste fait un petit malaise.

J'essayai de me rappeler la raison de ce malaise mais...rien. C'était le trou noir.

-Pourquoi aurais-je donc fait un malaise ? Je vais très bien, je fais des efforts pour manger correctement et...

L'infirmière n'eut pas le temps de répondre qu'une tornade aux cheveux bruns et bouclés entra dans la pièce.

-Bon sang Mathilde ! Si je tenais l'imbécile qui t'a tiré dessus !S'exclama Sherlock en effectuant déjà les cent pas dans la petite chambre sous l'air médusé de Chris. Je me redressai en fronçant les sourcils.

-Tiré dessus... ? Attends... Quoi !? De quoi tu parles, je n'ai aucune blessure par balle !?

Mon père s'arrêta face au lit et me regarda droit dans les yeux, les mains jointes devant son visage.

-Ton chauffeur a reçu la balle. Dans l'épaule.

Les souvenirs me revinrent brusquement, comme une claque.

-Logan ! Logan, il va bien !?

-Il est au bloc pour l'instant. La balle n'a pas traversé alors ils doivent l'enlever. Mais il va s'en sortir.

Je soupirai de soulagement sous le regard quelque peu surpris de Sherlock. Je m'étonnai moi même de l'inquiétude que j'avais ressentie.

-Bon Mathilde... Nous devons aller à Scotland Yard pour mettre au mettre au clair cette histoire.

-Très bien...

Chris détacha toutes les électrodes de mes bras et je me levai, ayant gardé mes vêtements. Je lui offrit un léger sourire poli et subitement, elle vient me serrer dans ses bras.

-Prend soins de toi chérie. Que je ne te revois plus dans cet hôpital autrement qu'en visiteuse, compris ?

Je retins un mouvement de recul et me laissai finalement étreindre en gardant tout de même les sourcils froncés. Quelle était donc cette manie de me serrer sans arrêt dans ses bras ? Quoique à la réflexion, cette étreinte était différente des précédentes.Plus maternelle.

-J'y veillerais ne vous inquiétez pas, glissa Sherlock.

L'infirmière me lâcha alors et un petit éclair sembla passer dans ses yeux quand elle se tourna vers mon géniteur. Elle lui sourit malgré tout le plus aimablement du monde. Nous sortîmes alors tout les deux de la chambre, marchant côte à côte.

-Cette femme me déteste, cru bon de signaler Sherlock.

-J'ai remarqué. Je me demande bien pourquoi, tu es si adorable... Tu ne lui aurait pas mal parlé un beau jour en la croisant dans l'hôpital ?

-C'est sans doute cela... Même si je n'ai pas le moindre souvenir de l'avoir croisé.

-Tu n'avais aucune raison d'aller en pédiatrie jusqu'à maintenant.

***

-Raconte-nous ta version des faits Mathilde, me pria Lestrade dans son bureau entouré de Donovan et de mon père.

-Eh bien... Mon chauffeur et moi sommes allés manger au Starbuck puisque nous avions tout les deux une fringale...

-Mais qui dit encore fringale de nos jours !? Me coupa Donovan avec de grands gestes de bras exagérés.

-On s'en fiche Sally ! S'exclama Lestrade. Laissez la parler, elle vient de vivre un traumatisme !

Je n'avais guère l'air traumatisé en réalité puisque je fusillais du regard le Sergent de police pour m'avoir interrompue.

-Oui...Désolée... Me lança-t-elle.

Je lui offrit le sourire le plus hypocrite de mon répertoire.

-Ce n'est rien Dony, vous réfléchissez si peu que vous avez besoin de le montrer quand ça arrive... Je comprends...

Le visage de la femme au teint mat se crispa et elle semblait prête à m'étrangler. Mon sourire redoubla sous le regard amusé de Sherlock qui se reprit avec un air sérieux.

-Mathilde,continue, c'est important.

Je hochai la tête.

-Nous sommes sortis une fois rassasiés et nous marchions côte à côte quand un homme est arrivé et a dit que Sherlock devait souffrir comme il l'avait fait souffrir... Puis il a tiré. Après ça, c'est assez confus...

Sherlock serrait la mâchoire en m'écoutant.

-John et moi avions fait arrêter ce voyou l'année dernière... Pour un stupide cambriolage.  Il n'était déjà bon à rien et complètement idiot, ce n'est pas de notre faute si sa mère a coupé les ponts avec lui...

Mycroft entra alors dans la pièce, furieux.

-Nous n'avons rien trouvé. Pas une trace, dit-il à Sherlock.

-L'homme qui nous a attaqué ? Il s'est sauvé ?

-Non. Nous cherchons son assassin. Le tireur est mort.

Je fronce les sourcils.

-Quoi... ?

Je me rappelai soudain avoir vu l'homme s'écrouler, un impact de balle au milieu du front. Un impact propre et sans bavure.

-C'est sans aucun doute le chauffeur, intervint Donovan.

Je secouai la tête.

-L'impact de la balle était bien trop précis. Et je n'ai entendu aucune détonation hormis celle qui provenait de son revolver.

Je me remémorai précisément la scène, la position de l'homme et l'endroit d'où provenait la balle.

-Ce doit être un sniper, ça ne fait aucun doute, conclus-je.

-J'en étais arrivé à la même conclusion, Mycroft de même j'imagine,approuva Sherlock en regardant son aîné avec un petit air de défi.

-Bien plus rapidement que tu ne le penses petit frère. Sûrement avant toi.

-C'est cela oui...

J'observai mon oncle et mon père se lancer des éclairs avec un sourcil relevé.

-Êtes-vous sérieusement en train de jouer à qui est le plus futé ? De votre fratrie, c'est indéniablement Eurus. Et de la famille, c'est moi.

Ma phrase mit un blanc pendant lequel tous me dévisageaient.

-Tu es surtout la plus modeste ma chère nièce, ricana Mycroft ironiquement.

Tout le monde émit un petit rire entendu et je fus piqué au vif. Je le regardai avec un rictus.

- Sans aucun doute.

Puis je me tournai vers le reste du groupe.

-Donc pour résumer, un homme fou à lier avait dans l'optique de me tuer...

Je vit le regard de Mycroft ciller pendant quelques microsecondes.

-Mais mon chauffeur Logan a pris la balle à ma place. Notre assaillants'est alors vu décoré d'un bel impact de balle mortel au milieu du front, balle tirée à partir d'un fusil sniper dissimulé dans les immeubles alentours. Mais aucune trace du tireur. Un mystère à résoudre, j'adore ça ! M'exclamai-je avec des petits claquements de mains et un grand sourire.

Donovan me fixait comme le plus grand taré qu'elle n'avait jamais rencontré. Elle n'avait peut-être pas tort...

-Je vais élucider l'homicide de celui qui désirait m'homicider !Mais avant, je vais prendre des nouvelles de celui qui a bien faillit perdre la vie à ma place ! Mycroft, je t'emprunte ton chauffeur en attendant.

Je sortis de la salle de réunion de Scotland Yard sans laisser le temps à quiconque de dire quoi que ce soit.

-Homicider !? Mais dans quel monde vit donc cette gamine pour utiliser le verbe homicider !?

Entendis-je s'exclamer la très charmante Sally Donovan une fois la porte fermée.Je souris en coin et passai dans l'open space de la station de police londonienne sous les regards parfois curieux, parfois agacés,parfois blasés ou tout simplement épuisés des officiers. A la sortie, je me dirigeai immédiatement vers la berline noire de Mycroft et ouvrai la portière arrière de gauche.

-Amenez moi à l'hôpital St Bartholomew s'il vous plaît.

L'homme allait protester mais quand il regarda dans le rétroviseur, il me reconnut. Il ne pouvait rien refuser à la nièce de son patron.

-Très bien Mlle Holmes.

Il démarra.

La circulation était exécrable, on avait décidé de me contrarier !Je me retint plusieurs fois de pester contre des automobilistes inconscients... Comme l'aurait fait Logan. Le chauffeur de mon oncle lui, était silencieux comme une pierre. S'en était presque angoissant. La berline se gara finalement devant l'hôpital et j'en sortit en remerciant l'homme que j'allais à présent appeler Pierre.J'entrai dans le bâtiment et le blanc aseptisé de l'intérieur me sauta au yeux d'avantage que d'habitude. A l'accueil, la même femme qui avait témoigné dans le torchon du Captive Platypus était tranquillement en train de discuter avec une collègue. Je serai la mâchoire et les poings et m'avançait.

-Excusez moi, dis-je après m'être raclé la gorge pour qu'elle me remarque.Je viens rendre visite à Logan...

Merde.Je ne connaissait pas son nom de famille. La secrétaire d'une cinquantaine d'année me regarda d'un air mauvais qui s'accentua quand elle me reconnut.

-Logan... ? C'est un peu vague jeune fille. Il y a des centaines de patients dans cet hôpital.

-Oui bah... Un homme ayant reçu une balle dans l'épaule, vous en avez admis beaucoup aujourd'hui ?

-Trois,me répondit-elle avec son air de bulldog inexpressif.

-Trois ? C'est une plaisanterie ?

-Il a des jours comme ça où tout les tarés du quartiers sont décidés à faire des siennes...

Elle me fixa avec insistance, me signifiant que je faisais bien partie des tarés en question. J'allais l'étrangler. Je me retint cependant. 

Pas devant tout le monde. 

Je lui offrit à la place mon fameux sourire destiné aux individus que je ne portais guère en estime.Enfin, ce que je portais encore moins en estime que les autres.

-Des Logan ayant reçu une balle dans l'épaule, vous en avez beaucoup ?

Elle fit mine de chercher sur son écran d'ordinateur puis se mit à la recherche de ses lunettes pour soit disant y voir plus clair.

-Il n'y en a qu'un seul, en effet. Logan Fawkes.

-Ah enfin ! C'est sans doute celui que je cherche. Je peux aller le voir ?

-Seule les visites de la familles sont autorisées.

Je me passai les mains sur le visage pour ne pas entrer en furie. Mais c'était trop tard ; mon poing vint frapper le comptoir de l'accueil et fit sursauter tout le monde autour de moi.

-Cet homme c'est pris cette foutue balle à ma place !

-Vous êtes de sa famille ? Je ne crois pas Mlle Holmes.

-C'est mon chauffeur ! De plus, il n'a pas de famille, elle l'a abandonné ! Alors donnez moi le numéro de sa fichue chambre !

La femme fit non de la tête et je m'apprêtai à passer au dessus du comptoir pour lui casser la figure quand Molly Hooper, arriva comme un ange gardien venu me délivrer du démon face à moi.

-Salut Mathilde, j'ai appris pour l'attaque, tu vas bien ?

-Oh Molly bon sang ! Oui je vais bien mais plus pour longtemps si cette vielle peau de vache ne me laisse pas voir Logan !

La vielle peau de vache en question afficha un air outré à cette insulte. Elle était pourtant bien trouvée.

-Mathilde, ne parle pas si fort et reste calme... Pourquoi ne la laissez-vous pas voir son ami Ursula ?

Ursula ? Elle portait très bien son nom, elle ressemblait réellement à la méchante femme-pieuvre de la Petite Sirène de Disney.

-C'est bien ça le problème Molly, cette jeune fille n'est pas un membre de la famille du patient.

-Je vous en prie... Mathilde a vécu une expérience traumatisante aujourd'hui, elle l'a vu se faire tirer dessus à sa place...Comprenez qu'elle a besoin de voir si il va bien...

Je ne pensais pas Molly aussi manipulatrice. Elle m'étonnerait donc sans cesse, cette petite femme adepte de gilets moches. Son manège eut l'air de fonctionner sur la vielle sorcière dont le visage de décrispa légèrement. Elle soupira d'un air las.

-Bon très bien... Chambre 346.

-Merci...Ursula, c'est fort aimable à vous. Bonne journée, fis-je en bonne petite fille hypocrite que je me devais d'être.

Je me tournai vers Molly et lui fit un clin d'œil.

-T'es la meilleure ! Merci, murmurai-je avant de filer.

Je pris les escaliers pour me rendre au troisième étage et me précipitai à la chambre 346. Je frappai vivement à la porte et la voix de mon chauffeur m'autorisa à entrer. Je pris une grande inspiration. Je ne devais pas laisser les émotions me déborder, je l'avais déjà trop fait au cours de la journée. Puis j'ouvris la porte, plus calme.

-Logan.

-Ah salut gamine ! Je suis content de voir que tu vas bien.

-Moi ? C'est plutôt pour vous que vous devriez vous inquiéter Logan. Vous vous êtes fait tirer dessus je vous rappelle, lui dis-je avec un léger sourire je ne pus réprimer.

Lui, rit. Comme si il n'était pas allongé dans un lit d'hôpital, le bras en écharpe.

-Il en faut plus pour m'abattre, je suis solide !

-Oui c'est vrai, si vous arrivez à me supportez, vous pouvez être à l'épreuve des balles.

-Waouh, je n'ai même plus besoin de parler, tu te clashes toute seule !

Notre discussion se prolongea un long moment jusqu'à ce qu'une infirmière me mette dehors.

-Remettez vous vite Logan, je ne sais pas si je supporterais Pierre très longtemps !

Logan fronça les sourcils, ne comprenant pas à qui je faisait référence.

-Bon peu importe, guérissez rapidement !

Je quittai la chambre et m'engageai à nouveau dans les couloirs. Une silhouette familière se profila et je m'approchai, de bonne humeur.

-Hey,salut Shawn !

Ce dernier qui était certainement parti pour rejoindre sa mère en pédiatrie se retourna mais contre toute attente, son visage se décomposa. Je perdit immédiatement mon sourire quand je le vit se tourner à nouveau et poursuivre sa route d'un pas plus rapide avant de disparaître dans l'ascenseur. J'avais bien vu de la peur dans son regard.

================

Hey hey, vous ne vous attendiez pas à me voir si tôt hein ? XD 

Désolée pour l'attente encore une fois, j'espère que ce chapitre vous a plus quand même ^^'

N'hésitez pas comme d'habitude à me donner votre avis qu'il soit positif ou négatif,

Sirius Holmes