Chapitre 33 : Un bout de tissu rose et un ornithorynque
-On va creuser encore longtemps !?
-Cessez de râler Logan vous n'y arriverez pas mieux !
La nuit était tombée depuis bien longtemps et la jeune fille et son chauffeur creusaient à la lueur des phares de la Jaguar.
-J'ai pas signé pour ça dans mon contrat ! Hé, j'ai quelque chose !
-Cela fait la troisième fois que vous avez quelque chose Logan. Il faut se rendre à l'évidence, cette femme m'a menti.
-Je te jure ! Il y a un bout de tissu rose qui dépasse de la terre !
Mathilde sortit de son trou, son tee shirt couverts de terre pour s'avancer vers celui de Logan, dans le même état qu'elle.
-Faites voir ! Je vais chercher mon portable dans la voiture !
-Tu avais une lampe torche depuis le début ?! Elle nous aurait évité d'user la batterie de la bagnole inutilement ! A quoi t'as pensé, toi qui est sensé être un génie ?
Je me renfrognai en croisant les bras.
-Je ne voulais pas user la batterie.
-Eh bien ça nous fait une belle jambe !
-Continuez à creuser pendant ce temps.
Elle revint à peine quelques minutes plus tard, la lampe torche de son téléphone portable allumée. Elle sauta à côté de Logan et se baissa pour regarder le morceau de tissu rose qui dépassait.
-Sa sœur m'a dit qu'elle avait un tee-shirt rose ce jour là. On l'a trouvé Logan ! C'est génial !
-JE l'ai trouvé et JE suis génial plutôt.
Elle le regarda en haussant un sourcil.
-Je vais continuer à creuser, allez vous reposer.
-Pff...
Logan obtempéra cependant et remonta, laissant Mathilde seule. Elle se remit au travail. Les coupures de ses mains s'étaient rapidement rouvertes et laissaient des marques rouges sur le manche de la pelle. Au fur et à mesure qu'elle creusait, une odeur de putréfaction fit surface, de plus en plus forte. Dans quel état trouverais-t-elle Jade McGowan ? Celui de squelette sans aucun doute. La jeune fille pensa qu'elle aurait mieux fait de se renseigner sur le processus de décomposition d'un cadavre avant de venir ici mais le manque de temps en avait décidé autrement. Elle eut sa réponse quelques minutes après.
-Allô ? Mathilde ? Pourquoi m'appelez-vous à cette heure-ci ?
-Allô Ruby, j'ai retrouvé votre sœur !
-C'est vrai ? Comment vas-t-elle ? Je peux lui parler ?
La jeune fille ne put retenir un rire ironique.
-Ah euh...C'est à dire qu'elle ne peut pas vous parler dans l'état où elle est.
-Que lui est-il arrivé ? Elle est dans le coma c'est ça ?
L'optimisme de cette femme fascina Mathilde.
-Si vous voulez, sauf qu'elle ne se réveilleras plus jamais. Elle est morte.
Elle entendis un sanglot à l'autre bout du fil. Pourquoi fallait-il que tout ces clients finissent en larmes ?
-Savez vous... qui... a.. a tu.. qui a fait ça à ma sœur ?
Personne ne vit le visage de l'enquêtrice s'assombrir.
-Oui je le sais mais malheureusement, je ne peux pas vous révéler de qui il s'agit. Cela mettrai votre vie en danger et personne ne souhaite que vous finissiez comme votre sœur !
Les pleurs redoublèrent sous l'incompréhension de la pauvre sociopathe.
-Ne me remerciez pas. Pour ce qui est du règlement... Vous pourriez l'envoyer chez Mr Holmes par la poste ?
-Oui...certainement... A quel ordre dois-je l'adresser ? Je.. je ne connais même pas votre nom de famille !
-C'est Holmes. Mathilde Holmes. Au revoir Caillo... Euh je veux dire Ruby !
***
-Suis rentrée !
Dans le salon, Sherlock avait les yeux rivés sur la console de jeux. Il s'activait à détruire le boss final.
-Ah bravo ! Tu réussi à finir le jeux avant moi alors qu'à l'origine, c'est le mien !
-Où étais-tu ?
-Je l'ai dit à Granny non ? Mycroft m'a emmené faire un tour du Kent ! C'était très beau !
Il se tourna vers moi et vit mes vêtements couverts de terre.
-N'importe qui pourrait deviner que tu mens.
Je lui souris innocemment.
-Tu n'es pas n'importe qui non ? J'ai pensé que j'avais mes chances.
-Où est Mycroft dans ce cas ?
-Il peaufine quelques détails à propos de mon affaire, que j'ai résolu.
-Et alors qui est le coupable ?
-Je pensais que tu avais deviné avant moi.
-Non,j'avais autre chose à faire.
Je me renfrognais.
-Jene peux pas te le dire. Et je n'en ai pas envie d'ailleurs. C'est pascomme si tu avais été très sympa avec moi ces derniers temps.
-Tu vas accompagner ma mère dans le Sussex.
-QUOI ?
-John m'a dit que tu avais besoin de vacances.
A l'évocation de ce nom, mon sang de fit qu'un tour.
-Il a fait ça !? Oh le con ! Oh putain le con ! Je vais lui...
Sherlock ricana.
-C'est bien que ce que pensais.
-Ça te fais rire ?
-Vous êtes en froid.
Il commença à rire de plus en plus fort.
-Mais t'es défoncé ma parole !
-Mais pourquoi ?
-Il...m'a énervé... Je suis peut-être partie au quart de tour...
Son hilarité redoubla ainsi que mon incompréhension.
-Je n'ai pas fait de tourisme bien sûr. J'ai vu mon psy... rendu visite à Eurus... et à Charlene Moriarty.
Son fou rire s'arrêta instantanément.
-QUOI ?
-C'est elle qui a tué Jade McGowan. Avouai-je alors. Ma visite était purement professionnelle. Mais je croyais que tu l'avais deviné ça aussi.
-Pourquoi ne m'as-tu pas prévenu ? Demanda-t-il avec une légère lueur de déception dans le regard.
Je me pinçai l'arrête du nez en soupirant.
-Écoute Sherlock, tout les signes étaient là,devant ton nez ! Le stress intense qui entraînait une irritabilité élevée et une coupure du l'appétit, la peur de la vérité alors que ce n'est qu'une affaire de pacotille et j'en passe ! Tu n'étais pas censé être le pro des déductions !? Et puis dans tout les cas, cela entrait dans le secret professionnel.
-On est associés non ?
-Je suis ton esclave plutôt ! Dis-je en ricanant pour détendre l'atmosphère.
-Je penses que te promouvoir assistante suffira pour l'instant.
-Tout à fait.
Lesilence se fit. Pesant.
-Bon je déterrerais pas un cadavre tout les jours moi ! Dis-je en m'étirant au bout d'un moment. Je vais me décrasser ! Bonne nuit.
-Oui c'est ça bonne nuit. N'oublie pas de préparer ta valise surtout. Le train est à 13H00 demain.
-Grr...
***
Étalée sur le canapé, je parcourrai Youtube à la recherche de vidéos intéressantes, si rares de nos jours. Sherlock était partit quelques minutes plus tôt après que je l'ai convaincu d'aller faire des courses pour me racheter les paquet de bonbon que Wiggins m'avait volé. Il fait partie de ton réseau de SDF, tu en paie les conséquences ! Il déboula soudain dans le salon, fou de rage, la respiration haletante, un journal à la main qu'il me le lança à la figure. Je lis le titre en une :
LA FILLE DE SHERLOCK HOLMES A RETROUVE MA SOEUR.
-Qui est Mathilde Holmes ? Notre enquête p.3-
Un photomontage très mauvais montrait un bébé portant la casquette de chasse au cerf que j'avais déjà vu dans les journaux sur la tête de Sherlock.
-Qu'est-ce que c'est que ce torchon ? Marmonnai-je surprise.
-Tu lui a dis qui tu étais ?
-Non...Je ne lui ai... Oh....
-C'est pas vrai ! Tu lui as dit quoi Mathilde !?
-Je lui ai juste donné mon nom de famille pour nommer le chèque...
Il soupira excédé.
-Lis le.
« La fille de Sherlock Holmes à retrouvé ma sœur. C'est ce que nous a déclaré Ruby McGowan quand elle est venu sonner à la porte du Captive Platypus aux aurores ce matin. Cette jeune fille se nommerais Mathilde Holmes et serait le rejeton du grand détective à la casquette, Sherlock Holmes. Les Holmes courent les rues nous diriez-vous. Seulement, ce n'est pas le seul témoignage que nous avons recueillis concernant cette affaire mystérieuse. Plusieurs témoins l'ont aperçu au cours de ces derniers mois en compagnie du détective consultant. Sa nouvelle assistante alors ? La remplaçante de John Watson qui ne semble plus prendre part aux enquêtes ? C'est ce pourquoi elle se fait passer. Ces témoins nous ont soulignés la ressemblance frappante entre les deux Holmes : mêmes yeux, mêmes cheveux frisés, même air supérieur, cela ne trompe pas. Mais d'où sort-elle ? Qui est sa mère ? Tant de questions que nous tenterons d'éclairer dans un prochain article. Si vous trouvez une quelconque information concernant cette affaire, la porte du Captive Platypus sera toujours ouverte. Pour conclure, voici quelques témoignages anonyme :
« Elle est venue plusieurs fois à l'hôpital pour accompagner Sherlock Holmes dans ses enquêtes. La première fois, je lui ai demandé son nom et sans lui laisser le temps de répondre, Mr Holmes a déclaré qu'il s'agissait de sa stagiaire. Or, nous étions un dimanche, qui fait travailler ses stagiaires le dimanche ? Je n'étais pas dupe. Quelques jours plus tard, j'ai réussi à lui faire dire son nom et avec un peu d'hésitation, elle m'a répondu qu'elle s'appelait Mathilde Holmes. »
La dame de l'accueil à St Barth me paraissait pourtant si gentille.
« Sherlock Holmes est mon idole et j'en ai pas cru mes yeux quand je l'ai vu accompagné d'une gamine en train de faire les courses au supermarché ! C'était dans le rayon des légumes frais il me semble. Elle le traînais par le bras. J'ai sauté sur l'occasion pour lui demander un selfie et bien sûr, il a refusé, ce n'est pas le genre d'homme à aimer selles selfies. Ils se ont éloignés et j'en ai profité pour prendre une photo, mais je vais pas vous la donner. En tout cas, pas gratuitement. »
En dessous de ce paragraphe trônait la photo en question, complètement floue. Je me souvenais d'elle aussi, j'avais vu le flash de son portable.
Vinrent ensuite d'autres témoignage sans intérêts. Je rendis le journal à Sherlock de la même façon qu'il me l'avais donné.
-Pff, c'est ridicule. Et puis de toute façon, personne de lit le « Captive Platypus ». Dis-je en mimant les guillemets avec les doigts.
-Ah oui ?
Il m'indiqua la fenêtre et je constatait qu'une dizaine de journalistes de chaînes locales arrivais vers la porte d'entrée. On frappa à la porte et j'entendis Mme Hudson l'ouvrir.
-Sherlock, Mathilde, je crois que c'est pour vous !
Sherlock et moi échangeâmes un regard.
-Surtout, ne les laissez pas entrer Mme Hudson ! Nous criâmes d'une même voix.
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