Chapitre 31 : L'ami fidèle.
-17.
John me montra l'écran de sa calculatrice.
-Je ne surveille pas mon poids sans arrêt John, je ne pouvais pas savoir.
-Manger aurait été suffisant Mathilde. Un IMC de 17 signifie que tu es en état de maigreur.
-Et ?Je sais tout ça.
-Et si tu continue comme ça, c'est l'anorexie.
-Je ne ressens pas le besoin de manger, je ne mange pas, c'est tout.
-Tu es sous pression. Certains mangent quand ils sont stressés, d'autres perdent l'appétit. C'est ton cas apparemment
Je ricanai amèrement.
-Je suis sous pression ? Je fais juste mon travail. Je me fait juste de l'argent de poche.
-Ton argent de poche ne vaut pas que tu te mettes en danger ! Pour l'instant, tu dois reprendre des forces.
Je me levai, j'avais brusquement reprit du poil de la bête.
-Reprendre des forces ? Tu veux que je laisse mon enquête en plein milieux pour me mettre au vert !? C'est hors de question je te préviens ! J'irais jusqu'au bout ! Aaaaah mais je comprends ! Sherlock m'a amené ici pour que tu me dises tout ça et j'abandonne pour me voler mon enquête et récolter toute la gloire ! J'aurais dû m'en douter !
-Mais non ! Sherlock ne m'a rien dit ! Il s'inquiète juste pour toi ! Tu es fatiguée Mathilde !
-Sherlock Holmes n'a aucune empathie pour qui que se soit. Je le sais, je suis pareille. Il effectue une tâche uniquement si elle est dans son intérêt. Ils rends services au gens uniquement pour l'adrénaline,pour flatter son ego de sociopathe. Les Holmes sont comme ça, sans états d'âmes, sans attache.
-C'est peut-être ton portrait que tu dresses là, mais pas celui de Sherlock. Il n'est pas comme ça, ou bien il ne l'est plus.
John s'était levé lui aussi. Sa carrure de militaire m'impressionnait bien peu au vu de sa taille. Je lui offrit un rictus.
-Peut-être bien que c'est le miens en effet. Alors je décide qu'il n'est pas dans mon intérêt d'être ici. Ce n'est qu'une perte de temps.
-Comme tu voudras. Je crois que tout est dit.
Je sortis mon téléphone et composai le numéro de mon chauffeur sans quitter des yeux le médecin.
-Allô Logan ? Bonjour, c'est moi, venez me chercher chez Mr Watson je vous prie.
-Bonjour boss, je suis un peu loin de ta position. Je ne serrais là que dans une demie heure ?
Je hurlai dans le combiné folle de colère.
-COMMENT ÇA UNE DEMIE-HEURE !?
Hors de question que je reste ici une minutes de plus.
-Ouh la, j'en connais une qui est de mauvaise humeur. Je suis là dans dix minutes.
-J'aime mieux ça. A tout de suite.
John n'avait pas bougé durant mon entretien téléphonique. Il sourit à son tour.
-Je suis peut-être le seul à penser que tu es plus Moriarty que Holmes.
-Et tu sais ce que ça implique. Donc mêle toi de ce qui te regarde.
Soudain Sherlock et une Rosy hilare firent leur apparition. Sherlock remarqua rapidement la tension et nous lança un regard interrogateur.
-Tout va bien ?
-Oui je vais beaucoup mieux. D'ailleurs, je m'en vais, on se retrouve à la maison.
Sans rien ajouter de plus et après avoir serré Rosy dans mes bras, je quittai l'appartement en claquant la porte. Logan arriva ensuite.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé encore ? Soupira-t-il quand j'entrai dans la berline.
-Rien. Juste que John Watson est un connard.
-Il me paraissait pourtant être un homme gentil. Et l'opinion public également.
-Oh oui, ça il n'y a pas de doute. Mais il se dresse en travers de mon chemin, et ça... c'est con et dangereux.
***
-John ? Qu'est-ce qu'elle a finalement ?
-Je penses que l'envoyer dans le Sussex serait une bonne idée. Elle a besoin de prendre de soleil et de vacances sans agitations. Et cela ferra des vacances à tout le monde.
***
Une odeur de solvant et d'acétone accueillit Sherlock quand il passa la porte du 221B. Mme Hudson était dans le couloir et son regard désapprobateur lui indiquait très clairement que l'adolescente de la maison avait encore fait des siennes. Il monta les marches quatre à quatre et tomba sur un carnage monumental : Mathilde, son casque sur les oreilles, dansait tout en s'appliquant du vernis à ongle rose. Un exploit d'ailleurs.
We will, we will rock you !
https://youtu.be/-tJYN-eG1zk
Elle ne sembla pas remarquer son père qui en profita pour placer son pied sur son chemin ce qui l'a fit s'étaler au sol avec fracas. Elle se releva et s'épousseta d'un air étrangement calme puis sourit.
-Salut ! Granny est partie à son hôtel, elle était fatiguée. Elle te fais un gros bisous.
-Hmm un gros bisous oui...
L'attitude de Mathilde parut bien étrange à Sherlock. Elle avait l'air trop...normale.
-Quelque chose s'est passé chez John ?
-Oh non, j'ai voulu partir avant toi pour te laisser avec ton meilleur ami ! Tu as de la chance d'avoir un ami comme lui. Il est dévoué jusqu'au bout, ça c'est sur !
-Pourquoi dis-tu cela soudainement ?
-Je l'ai remarqué, c'est tout. Bon je vais me coucher moi, j'ai une grosse journée qui m'attends demain !
Mathilde s'apprêtait à quitter la pièce quand Sherlock lui saisit le bras.
-Hep hep hep ! Il est 19h00, et tu n'as toujours pas mangé ! Sortons, on pourra remanger des sushis !
-Pas faim. Bonne nuit.
Elle retira la main de Sherlock et le laissa en plan pour rejoindre sa chambre sans dire un mot de plus.
***
-Ça va aller ?
-Oui, je vais passer dire bonjour à Eurus avant d'aller la voir. J'ai pris mon violon.
-C'est une bonne idée.
-Oui.
La discussion était tendue ce matin là durant le trajet qui me menait à l'île de Sherrinford. J'allais Lui parler. Après 12 ans d'absence,j'allais avoir ma mère en face de moi. Mais elle n'avait de mère que le nom. Seulement, aujourd'hui, je la verrai en temps que suspecte, Charlene Moriarty, la tueuse en série. Pas en tant que mère. Elle ne l'a jamais été d'ailleurs, mère. Enfin si, mais pas comme il aurait fallu qu'elle le soit. Ce n'était vraiment pas le moment pour m'embrouiller dans des pensées tumultueuses. Je n'avais même pas prévenu Sherlock de ma visite. Je lui avais juste indiqué que je sortais pour la journée dans le cadre de mon enquête. Il avait du travail lui aussi, Lestrade l'avait appelé tôt ce matin.
-Nous sommes arrivés. Me signala Mycroft.
-Je vois cela.
Une fois descendus de l'hélicoptère, je suivis le même chemin que lors de ma dernière visite et atteignit la cellule de ma tante sans grande difficulté. Après la fouille protocolaire, je pus entrer dans la pièce, et j'aperçus Eurus assise sur le petit lit de sa cellule derrière la grande vitre.
-Bonjour. Saluai-je timidement.
-Bonjour Mathilde, je vois que tu es seule aujourd'hui.
-Oui,Sherlock a du travail, et Mycroft aussi. Et en fait, je suis venue pour le travail également. Je passais juste te dire bonjour.
-C'est gentil à toi mais je ne mérite pas une quelconque gentillesse. Je n'en ai pas besoin d'ailleurs.
-Ce n'est pas pour toi je suis venue te voir. C'est pour moi, pour me rassurer.
Eurus ricana.
-Les gens qui croisent ma route ne me trouve en rien quelque chose de rassurant en général. Surtout Sherlock. Mais si tu trouves ma compagnie rassurante, la personne que tu dois voir pour ton travail doit être effroyable.
-Je ne sais pas vraiment en réalité.
-Mais je sais que tu n'es pas venue me voir pour parler de cette personne.
-Non, j'ai besoin de penser à autre chose. J'aimerais que tu me racontes toute l'histoire sur ce que tes frères surnomment « L'affaire Eurus ». J'en connais les grandes lignes grâce à des bribes de conversations mais bien sûr, ils ne m'ont racontés que les détails en leur avantage.
Nous passâmes alors quelques heures ensemble où elle me restitua dans les moindres détails l'histoire de notre famille, Barberousse, l'asile, l'incendie, Sherrinford, son évasion... Nous jouâmes également du violon sur des notes improvisées, parfois joyeuses, parfois tristes, mélancolique. J'en aurais presque oublié la vitre qui nous séparait, moi libre, elle prisonnière. Soudain, la porte de la cellule s'ouvrit, laissant entrer Mycroft.
-Tout est prêt pour l'interrogatoire Mathilde. Je dois te donner quelques instructions avant que tu puisses te mettre au travail.
-Bonjour cher frère, comment vont mes belles-sœurs ? S'exclama Eurus.
-Tes belles-sœurs ? C'est quoi cette histoire ? La première peut-être Charlene, mais l'autre...
-Heu, c'est à dire que... Bafouilla Mycroft soudain rouge comme une tomate.
-Décidément,on lui cache bien des choses à cette petite. Bon, je crois que tu dois partir Mathilde.
-Oui j'y vais. A bientôt Eurus.
-A bientôt.
Je sortis de la pièce suivie de Mycroft, laissant Eurus avec elle-même. Nous changeâmes de département et j'aperçus les mots « Tueurs en série », « Femme » et «Dangerosité : Niveau 5 » sur les panneaux qui étaient placés à chaque intersections.
-C'est sur une échelle de combien la dangerosité ? Demandai-je.
-5.
-Oh.
Nous arrivâmes dans un couloir longé de portes blindées gardées chacune par deux gardes et qui cachaient certainement d'autres portes blindées pour enlever aux prisonnières tout espoir infime d'évasion. Il devait n'y avoir que 10 cellules en tout et nous arrivâmes à la dernière rapidement. Le silence pesant qui régnait dans toute la forteresse s'amplifia soudain. Les gardes s'étaient redressés en la présence de leur supérieur.
-Alors ces instructions ? Avant que je ne tombe dans la gueule du loup ?
-Cette femme est instable, ne la brusque pas.
-Pff...Ne t'inquiète pas, ce n'est pas mon genre... Hum...
-Tu tiens vraiment à y aller seule ?
-C'est important pour moi.
-Essaye de te comporter le plus professionnellement possible et tout ira bien.
-Oui, c'est cela, professionnellement.
Le silence devint plus bruyant que jamais. Je soufflai pour tenter de ne pas montrer mon angoisse.
-Bon, j'y vais.
Les gardes m'ouvrirent la porte et je m'enfonçai dans le corridor qui me menait à la cellule de Charlene Moriarty, criminelle, tueuse en série, instable, violente, et surtout ma mère.
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