Chapitre 28 : Toute la pluie tombe sur moi...


Dehors, il pleuvait averse et je n'avais rien sur moi : ni parapluie, ni clef, ni portable juste un billet de cent livres et le pire, c'est que je n'avais même plus faim !

-Taxi ! Taxi !

Cela faisait près de dix minutes que je marchais en essayant d'appeler un taxi, sans succès. Le sort s'acharnait sur moi. Je continuai donc ma recherche sous cette averse de juillet et j'en profitais pour réfléchir à mon affaire. Il fallait que je me rende sur place pour récupérer le dossier de l'enquête. Le seul problème, c'était que je n'allais pas arriver comme une fleur, de bon matin en disant « Bonjour ! Pourrais-je récupérer les dossiers d'une affaire classée il y a une bonne dizaine d'année qui n'a laissé aucun indices, ni témoins ? Je suis détective privée stagiaire ! » Et je ne pouvais interroger personne car le dernier individu à avoir vu la disparue était à présent si pieds sous terre à se faire bouffer les orteils par des asticots !

-Mathilde ? Qu'est-ce que tu fais sous la pluie à parler toute seule ? Tu vas attraper froid !

Une BMW s'était arrêtée à côté de moi pendant que je monologuais et il me fallut un peu de temps avant de reconnaître son propriétaire.

-Ah Lestrade, vous tombez à pic ! J'ai justement besoin de vous !

***


-Tiens, Tarée junior le retour ! Qu'est-ce qu'elle fait ici Greg ?

Donovan, Donovan, Donovan... Elle avait choisi le mauvais jour celle-là.

-Tarée junior comme vous dites, à été dotée d'un nom et d'un prénom et aimerais que vous en fassiez l'usage... Non, oubliez ça, pour vous ce sera Mademoiselle Holmes, sergent Donovan.

Nous restâmes un moment à nous regarder d'un air menaçant mais Lestrade, très mal à l'aise intervint.

-Bon Mathilde, tu es trempée, Sally va t'amener dans mon bureau pour que tu te réchauffes, je vais te chercher un café au distributeur. Tu me diras ce que tu veux ensuite. Sergent ?

-Comme vous voudrez Chef. Céda Donovan.

Elle me mena donc au bureau du Directeur Inspecteur en marmonnant dans ses dents et repartis aussitôt sans rien ajouter. Je m'assis sur un siège et attendis. Longtemps. Les murs étaient recouverts de coupures de presse encadrée parlant d'anciennes affaires couronnées de succès, certainement grâce à un certain détective consultant. Lestrade fit enfin son apparition au bout de deux minutes.

-Désolé pour l'attente, la machine refusais de fonctionner. J'ai pris des donuts aussi, tu en veux ?

-Oh non merci, je n'ai pas faim.

Il me tendis le gobelet de café brûlant puis alla s'asseoir sur son fauteuil. Je bus une gorgée de la boisson.

-Pouah !

-Il est pas terrible hein ?

-Non effectivement. Dis-je en posant le gobelet sur le bureau. Donc Graham...

Il me coupa avant que je puise finir ma phrase.

-Non.

Je n'avais encore rien dit !

-Pardon ?

-Non je ne m'appelle pas Graham.

-Ah ? Alors... Gautier ?

-Non.

-Gwynplaine ?

-D'où sort-tu ce nom !?

-Victor Hugo. Peut-être Georges alors ?

-Non toujours pas !

-Gwendal ?

-Non.

Il passa la main dans ses cheveux poivres et sel, montrant son exaspération.

-Alfred ?

-Encore moins.

-G...Girafe ?

-Mathilde bon sang !

-Mathilde ? C'est pas un nom de fille ça ?

-C'est le tiens enfin !

-Je ne sais pas. J'abandonne !

-Gregory, Mathilde, Gregory ! Mon nom est GREGORY ! G-R-E-G-O-R-Y !

-Merci, je sais comment ça s'écrit... Bref, je n'étais pas venu pour ça. J'ai besoin de vous pour consulter les dossier d'une affaire classée il y a une dizaine d'année...

Avec lui ça allait marcher non ? C'était un ami de Sherlock après tout ! Visiblement oui car la curiosité remplaça l'agacement sur le visage du représentant de l'ordre.

-Une dizaine d'année ? C'est pour Sherlock ?

Je grimaçais.

-Non, ce n'est pas pour... Sherlock. C'est pour moi. Cette affaire était trop inintéressante aux yeux de Môsieur le Détective !

Macolère contre mon géniteur refit surface en même temps que jeparlais ce qui n'échappa guère à mon interlocuteur.

Le policier marqua un temps de réflexion.

-Vous vous êtes encore pris le bec !? Je n'ai pas de meurtre sous le bras pour vous réconcilier cette fois-ci ! Mais qui a eu l'idée de mettre deux tête de mules pareilles dans la même maison aussi !? Bon peu importe, parle moi de cette affaire classée.

-Il s'agit de la disparition de Jade McGowan, signalée le 22 mai 2004 dans le Kent.

-En ce temps là, il y a eu des dizaines de disparitions inexpliquées.Je n'étais qu'un simple officier de police, je venais juste de commencer dans le commissariat de ma ville natale et....

Je voyais Lestrade repartir dans ses souvenirs et tentait de le faire revenir sur Terre.

-Hum...Inspecteur ?

-Oui excuse moi ! Je disais qu'à cette époque, tout les commissariats du pays étaient assaillit par des familles qui ne trouvait plus aucune trace d'un enfant, d'un mari, d'un oncle, d'une grand-mère. Entre 2002 et 2005, ce n'est pas moins d'une centaine de personnes qui disparurent sans laisser de traces. Et puis tout cela à cessé comme ça avait commencé sans que les disparus refassent surface. Ils avaient été enlevés j'en suis certains, ils ne pouvait pas s'agir d'une fuite collective ou je ne sais quoi. Nous essayions de ne pas alerter la populace mais tendis que la liste des victimes s'allongeait, nous n'attrapions aucun des auteurs de ces enlèvements. A conditions qu'ils aient été plusieurs. Cette Jade McGowan n'est qu'un nom parmi des centaines de dossiers qui prennent la poussières aux archives. Je crois l'avoir vu passer mais comme je te l'ai déjà dit, il y en a eu énormément !

La théorie qui me vint alors à l'esprit me parut bien trop évidente mais je ne pus me résoudre à en tenir compte. La coïncidence aurait été trop belle pour être vraie... Il était impossible que ce soit elle qui...

-J'aimerais maintenant consulter le dossier de l'affaire, il doit se trouver au commissariat local. Vous imaginez bien qu'il ne vont pas me laisser consulter les archives aussi facilement alors que je ne suis n'ai ni badge, ni diplômes, ni l'âge de boire une Guiness au pub du coins !

-Ne te fais pas de soucis avec ça je vais passer quelques coups de fils dans le Kent et tu pourras circuler à ta guise dans tout le comté ! Pour la Guiness par contre, je sais que c'est dur mais tu vas devoir attendre encore un peu.

-Oh je ne me fais pas de soucis. Dis-je en faisant un clin d'œil. A plus Gauvin !

***

-Eh ! Ne dis pas merci surtout !

Trop tard, la jeune fille avait passé la porte du bureau. Lestrade posa les yeux sur le tas de dossier posé sur son bureau et soupira. Il avait maintenant deux Sherlock sur les bras ! Il méritait une prime rien que pour ça !

***

Bon, qu'allais-je faire à présent ? Je n'avais pas envie de revoir Sherlock avant un bon moment. Je ne pouvais me résoudre à appeler Mycroft à l'aide encore une fois donc je n'avais nulle part où aller. J''étais trempée alors je décidai tout d'abord de me rendre dans une boutique de vêtement pour acheter des habits secs. J'avais du me contenter d'une boutique bon marché où tout était en dessous de 10 livres sterling, le billet de 100 me paraissait bien peu à présent pour subsister. J'y avais trouvé un tee-shirt blanc, un short bleu marine, des bottes en caoutchouc kakis et un imper jaune. J'avais aussi prit un sac à dos et des sous-vêtements de rechange ce qui me revenais en tout à environ 50£. Je ne ressemblais à rien. Je gambadais ainsi vêtue sur le bord de la Tamise. Naturellement, j'étais seule, personne ne sort par un temps pareil ! Un coup de Tonnerre se fit entendre et je commençai à paniquer. Où allai-je passer la nuit ?

-Eh ! Eh ! Par ici !

J'entendais une voix qui appelais au loin mais je ne me retournai pas.

-Pst ! Viens j'te dis ! Je peux t'aider !

Cette fois-ci je ne pus m'empêcher de regarder qui criait comme ça dans la rue déserte. Je vit la silhouette d'un homme en anorak s'approcher dangereusement de ma position. C'était moi qu'il appelait visiblement. Je m'arrêtai pour entendre ce qu'il avait à me dire. Je sais, c'était complètement stupide et dangereux.

-Qu'est-ce que vous voulez ? Dis-je quand il fut arrivé à ma hauteur. Sa capuche cachait son visage.

-Je te veux pas de mal t'inquiète, je veux juste t'aider. T'as nulle part où aller je me trompe ?

Ses vêtements sales et en mauvais état suggérait qu'il s'agissait d'un SDF, et junkie de surcroît car ses mains tremblaient sans raison apparente. Je ne lui répondis pas, continuant de l'observer.

-N'est-ce pas Miss Holmes ?

-Tu connais mon nom, intéressant. Ne serais-tu pas un membre du réseau SDF ne ce très cher Sherlock Holmes ?

Je vis un sourire s'esquisser sous sa capuche.

-Tout à fait. J'en suis même un membre important ! J'ai même été son coloc pendant un certain temps ! Suis moi, allons nous mettre à l'abri qu'on puisse discuter.

Il attrapa mon bras mais je ne bougeai pas.

-Je veux bien te suivre à une seule condition.

-Laquelle ? J'ai pas toute la journée moi.

-Je viens si tu ne préviens pas mon père.

Il réfléchit un instant.

-Pourquoi je te ferais ce plaisir ? Y me donnerais un tas de blé si j'lui rendais sa fille saine et sauve...

La pluie continua de s'intensifier et je vis les éclairs se rapprocher dangereusement du centre de Londres.

-S'il te plaît. J'ai 50£ si tu veux, je t'invite au resto.

Il faudrait que j'arrête d'inviter les gens au restaurant sans arrêt. Surtout un toxico.

-...Bon ok ça marche. Ça fait longtemps que j'ai pas mangé à McDo. Dit-il avec un sourire nostalgique.

Pourquoi de tout les restaurant de Londres il fallait qu'il choisisse une chaîne de fast food américaine dégueulasse ?

-Au fait, moi c'est Bill Wiggins. Ajouta-t-il en me tendant la main.

Je la serrai.

-Mathilde Holmes.

***

-J'aurais jamais cru que Sherlock puisse avoir un gosse ! Mais quand je t'ai vue avec lui marcher dans la rue, j'ai tout de suite tilté. Je gardé ça pour moi bien sûr, faudrais pas que cette info tombe dans la mauvaise oreille.

Il croqua dans son hamburger, son troisième. Regarder quelqu'un manger était pour moi une horrible torture, et l'entendre encore plus. Surtout si cette personne mangeait la bouche ouverte, ce qui était le cas de Bill.

-Tu manges pas le tiens ?

-Non, j'ai pas vraiment faim...

-Je peux ?

-Bien sûr !

Il saisit mon cheeseburger et continua à manger.

-C'est vraiment dommage que Sherlock m'aie foutu dehors... On aurai pu être coloc tout les deux en quelque sorte.

-Si Sherlock t'avait gardé chez lui, je doute que mon oncle serais venu me chercher.

-Oh...

-Mais tu dois être spécial pour qu'il t'accepte sous son toit.

Une lueur passa dans les yeux abîmés par la drogue de Wiggins.

-Effectivement.Je peux deviner que la tenue que tu porte n'est pas habituelle, que tu l'as achetée dans une chaîne pas trop chère alors que tu préfère les vêtements plus chics ou les tee-shirt geek. Tu as toujours vécu confortablement.

-Je vois... Quoi d'autre ?

-Tu n'as pas grandi en Angleterre car malgré ton absence d'accent, tu as des manières différentes. Française je dirais. Les Français n'ont pas l'habitude de laisser des pourboires dans le cafés et les restaurants.

Depuis combien de temps m'espionnait-il ?

-Tu joues souvent aux jeux vidéos et tu as commencé le violon il y a peu de temps. Tes doigts son abîmés par les cordes et par l'utilisation d'un joystick. Tu es plutôt radine, économe plutôt...non avare. J'ai vu ta tête au moment de payer la commande.

En même temps 4 menus, ça fait cher.

-Tu déteste ta mère. Oh non tu la hais.

Je me figeai à l'entente du mot « mère ».

-On est passé devant une publicité tout à l'heure qui montrais un enfant se faire enguirlander par sa mère parce qu'il avait mangé je sais plus trop quoi et...

-Tais-toi. J'en ai assez entendu. Tu es doué, j'ai compris. A mon tour maintenant.

Il posa le burger et me fixa droit dans les yeux.

-Vas-y, lis en moi.

-Tu l'auras voulu, Bill Wiggins. Tu es toxico, mais ça, ça saute aux yeux. Enfance heureuse, oui, très heureuse, des parents aimants et aisés, des frères et sœurs, une bonne école,mais un drame vint tout gâcher... Hum... Tu en avais marre de tout ça... La crise d'ado quoi. Tu as commencé à voir les mauvaises personnes et ça à mal tourné, BOUM ! Tu as du faire quelque chose de vrAIment pas bien... Ouhlà là le vilaiiin ! Et tes parents t'ont foutu dehors. DEGAGE CHAROGNE !! T'ont-il dit. Et tu as sombré dans la débauche. Les quat était devenu ta seconde maison. Tu n'étais plus que l'ombre de toi même, constamment dans un état second. Un jour que tu montais la garde dans un immeuble miteux, un petit homme est venu te péter le bras et ta vie a changé. Tu as découvert qu'un mec du squat était en réalité UN PUTAIN DE DETECTIVE que t'avais vu sur la couverture d'un journaux et il t'as prit sous son aile. Depuis, ta condition ne s'est pas forcément améliorée, mais tu travailles pour Sherlock Holmes. Et ça, ÇA VAUT TOUT L'OR DU MONDE !!! Une histoire assez commune en soit.

Je vis en face de moi son visage se décomposer tendis que je décortiquais sa vie.

-Mais t'es complètement tarée !

-Ouais, je sais. Bon t'as fini ? Je suis crevée moi ! On va dans ton squat ?

***

Je suivis Wiggins dans des rues sombres que nul londoniens n'osaient visiter. Le soleil avait disparu derrière les buildings et la pluie s'était tut. Nous entrâmes dans un immeuble désaffecté où je pus voir la débauche dont j'avais parlé à Wiggins quelques minutes plus tôt. Je détournais les yeux rapidement devant cet horrible spectacle. C'était à ça que Sherlock ressemblait avant ?

-Reste pas là rassure toi, tu vas pas dormir ici, en haut y'a personne. Monte avant je vais essayer de trouver un matelas vide. Prends ça.

Il me tendis une bougie et je la saisis violemment.

-Ne t'inquiète pas pour moi, je ne comptais pas m'attarder.

Je montai sur un vieil escalier de bois que menaçait de s'écrouler à chaque marche que je franchisais. Arrivée en haut, je parcourus un long couloir et entrai dans la dernière pièce à droite. Elle était petite, le papier peint fleuri des années 70 était décollé et un champignon avait élu domicile sur le plafond.

-Mathilde ? T'es où ?

-Je suis là !

Wiggins arriva avec son matelas et le posa à mes pieds.

-J'ai trouvé que ça. On l'a récupéré hier à la décharge, y devrais pas être trop sale.

-Ok, ça suffira. Je compte pas m'éterniser ici de toute façon.

Un silence extrêmement gênant s'installa.

-Bon bonne nuit alors. Finis-je par dire à Bill qui semblait perdu dans ses pensés.

-Oui c'est ça, bonne nuit.

Il quitta la pièce et je fermai la porte brutalement, me servant d'une planche qui traînait pour bloquer la porte, mesure de précaution. Je posai mon sac à dos à terre et m'allongeai sur le matelas froid sans même enlever mon imperméable et ne pus m'endormir qu'une fois la bougie consumée entièrement.

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Salut tous le monde ! Je suis désolée de cette absence de deux semaines mais là rentrée ne m'a pas donné l'occasion d'écrire et de publier XD. Le rythme risque d'être chamboulé pendant un petit moment le temps de m'habituer aux changements de cette nouvelle année scolaire puis tout reprendra normalement (enfin, j'espère...). Le dessin de Mathilde sous la pluie est de moi, je sais qu'il est pas terrible mais je voulais illustrer cette situation plus que cocasse. Je suis désolée si vous avez ressenti du dégoût ou un malaise en le voyant XD !

Sur ce, je vous laisse, bonne rentrée à tous,

Sirius Holmes.

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