Chapitre 21 : Chien empaillé et garce mal réveillée

La semaine qui s'écoula fut beaucoup plus calme pour nos deux protagonistes qui avait décidé d'éviter tout sujet de conversation houleux. Ce vendredi matin, il était venu l'heure des consultations pour le détective et il se tenait dans son fauteuil tendis que sa fille restait à l'écart sur le canapé, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur. Une femme d'une cinquantaine d'année en habit du dimanche était elle assise sur la chaise du client. Elle avait avec elle, un petit chien empaillé très charmant, une grimace figée sur son museau. Sherlock se pinça l'arrête du nez et soupira :

-Alors madame, qu'elle est donc l'objet de votre venue aujourd'hui.

La femme sembla soudain se réveiller.

-Ah, Mlle Preston, je viens au sujet de mon chien, Kiki.

-Je n'aurais jamais deviné.

-Kiki ? Vraiment ? Questionna Mathilde, sarcastique.

-Je suis désolée madame mais je ne m'occupe pas des affaires canines. Demandez à Scotland Yard, les fins limiers qui travaillent là bas pourront peut-être vous aider.

-Je vous en supplie Mr Holmes, vous êtes mon dernier espoir, le dernier espoir de découvrir l'assassin de Kiki.

-Cette affaire deviens de plus en plus intéressante, je me joins à vous. Dit la jeune fille en s'affalant sur le siège à côté de Sherlock avec grande classe.

-Madame je le répète, je ne travailles pas sur ce genre d'affaire.

-Je vous donnerais tout ce que j'ai s'il le faut ! Tenez, voici uneavance.

Elle tendis une liasse de billets de 50£ d'une main tremblante.

-Waouh ! Sherlock, si tu prends pas cette enquête, je m'en charge !

Mathilde s'apprêta à prendre l'argent mais Sherlock la repoussa violemment.

-Puisque mon assistante veut s'en charger, je vais la devancer. Je vais vous dire qui a tué votre... hum... Kiki.

-Mais, c'est pas juste !

-Oh merci Mr Holmes ! Que voulez vous savoir ?

-Je n'ai besoin de rien de plus Madame. C'est...

Mathilde le devança.

-C'est vous Mlle Preston, tout simplement. Vous pensez que la mort de votre chien est due à un empoisonnement de la part de vos voisins et vous avez a moitié raison. Vous y teniez énormément et c'est cela qui l'a tué. Vous empestez la croquette malgré qu'il soit mort depuis,je dirais 2 mois environ, cela veut dire que soit vous donnez encore à manger à cette horreur, soit vous lui en donniez tellement de son vivant qu'il en est mort. Je penche pour les deux options. Et franchement, pour votre prochain chien changez de taxidermistes, même un enfant de 6 ans pourrait faire mieux.

Mlle Preston se mit à sangloter puis fondit en larmes sous les regards glaciaux du détectives et de son assistante.

-Ils sont toujours obligés de réagir comme ça ? Souffla Mathilde à Sherlock.

-John m'a déjà dit de parler avec diplomatie mais je ne comprends pas le sens de ce mot.

-Mais il faut leur dire la vérité en face ! A quoi cela sert-il de prendre des détours pour arriver à la même conclusion !

-C'est ce que je lui réponds.

Sherlock se leva brusquement.

-Mlle Preston, nous n'allons pas vous retenir plus longtemps vous et Kiki. Vous pourrez nous envoyer les reste de l'argent par la poste si vous le désirez. Je vous souhaite une bonne journée.

Les pleurs redoublèrent et elle sortit de l'appartement.

-Attendez mademoiselle, vous oubliez Kiki ! S'exclama Mathilde.

Mais il était déjà trop tard. Ils virent la femme s'éloigner et prendre un taxi depuis la fenêtre. Mathilde prit l'animal dans ses bras, le tenant à distance de son visage.

-Bon, bienvenue dans la famille Holmes Kiki !

***

Vendredi,14h00, 221B, salon.

J'avais décidé de faire les quelques devoirs que j'avais dans l'après-midi et il était temps. Je me saisis de mon sac de cours et me mit à travailler sur la table du salon. Sherlock lui, geekait encore sur Zelda. Qui aurait cru qu'il devienne acro à ce jeux ? J'écrivais une dissertation d'Anglais quand je sentis qu'il passait sa tête au dessus de mon épaule.

-Quoi !? Demandai-je, agacée.

-La moitié des crayons de ta trousse sont cassés en deux.

-Oui et ?

-Non pour rien. Dit-il en se reculant avec un sourire.

Il était vrai que casser mes crayons était un moyens pour moi de faire passer ma colère. Au vu des idiots que je croisais chaque jours au lycée, prof et élèves, je devais changer très régulièrement le contenu de ma trousse.

-Tu as parfois des élans de violence que tu arrives le plus souvent à contrôler mais il est de plus en plus difficile pour toi de le faire. Comme la dernière fois à St Barth.

-Bon c'est fini ta psychanalyse ? Tu me laisses travailler ?

-Cela a commencé à dégénérer quand tu as eu ces flashback.

-Tu arrives très bien à réfléchir silencieusement d'habitude, et si tu le faisais ?

-La violence que tu as subit pendant les trois premières années de ta vie refait surface et tu dois à tout prix l'évacuer par un quelconque moyen.

-Sherlock, si tu continue ainsi, ma violence, je vais l'évacuer sur ta tronche.

-Et tout ceci nous ramène au point de départ : Charlene Moriarty.

Excédée par son comportement, je pris mes affaires et montai m'enfermer dans ma chambre. Je savais qu'il faisait pour que j'apprenne à contrôler ma colère, mais j'avais réussi non ? Je continuai mon travail quand j'entendis Mme Hudson crier.

-Seigneur, quelle est cette atrocité !

-C'est une chien empaillé Mme Hudson.

-Mais qui a mis ça sur la cheminé ?? Ajouta-t-elle scandalisée.

Ce fut le mot de trop et je fus prise d'une crise de rire incontrôlable.

***

Le lendemain, je me sauvais de la cuisine de Mme Hudson qui m'avait encore obligé à prendre le thé avec elle quand j'entendis la sonnerie de la porte retentir. J'ouvrai et tombai sur Molly, un Tupperware à la main. Je ne l'avais pas revu depuis que j'étais sortie de l'hôpital et je ne m'étais pas encore excusée.

-Oh euh... Salut Molly. Vas-y entre.

Dans le salon Sherlock était entrain de tester différent nœuds coulants, pendu au plafond.

-Oh Sherlock ! Que faites vous ? S'écria Molly.

-Oh bonjour Molly, il ne me manquais plus que cela pour poursuivre mon expérience ! S'exclama Sherlock qui malgré le fait qu'il n'ai aucun contact avec le sol, ne paraissait pas étouffer. Mathilde,veux-tu bien me détacher ?

-Mais avec plaisir mon cher.

Je saisis la corde et la lâchai brutalement ce qui eut pour conséquence de le faire s'écraser au sol avec fracas.

-Outch !Merci beaucoup.

Il épousseta sa chemise et fit un grand sourire. Molly sursauta.

-Sherlock, vous ne vous êtes pas fait mal ?

-Ne vous inquiétez pas Molly, cela fait trois fois qu'elle me descend comme ça.

-Forcément, quand tu te pends au plafond quinze fois dans la journée, il y a un moment où la personne qui doit te décrocher en a par dessus la tête. Rétorquai-je.

La pauvre femme ne savait encore une fois plus où se mettre face aux deux sociopathe que nous étions.

-Hey Molly, si tu permets, je pourrais te parler ?

-Mais vas-y Mathilde, nous t'écoutons. Me pria Sherlock.

-En PRIVÉ ?

-Euh...Bien sûr.

Je l'emmenai dans ma chambre pour être sûr que Sherlock ne nous suivait pas et l'invitai à s'asseoir sur mon lit.

-C'est très joli la déco. C'est récent ?

-Bon écoute Molly, je ne t'ai pas emmené ici pour parler de déco et je n'ai pas l'habitude de m'excuser mais au vue des conditions extrême,je me devais de le faire. Voilà, je suis désolée de ce qu'il s'est passé l'autre jour et de t'avoir blessée. Je ne répondait plus de moi même à ce moment là et je m'en veux énormément. Et...pardon.

Je n'osais même pas la regarder dans les yeux et me contentais d'admirer mes pieds nus.

-Oh Mathilde je... ce n'est rien. Je ne t'en veux pas tu sais. Ça arrive à tout le monde d'être en colère. Surtout contre Sherlock, il est très dur avec toi. Nous en avons encore eu la preuve il y a quelques minutes.

Je souris et regardais son visage souriant. Elle était tellement gentille.

-Merci Molly. C'est très gentil, et même trop pour quelqu'un comme moi.

-Bon allez, oublions ça ! Amie ?

Je rêve ou elle veut faire un pacte d'amitié ? On est pas dans une série américaine bon sang ! Si elle veut devenir ma belle mère un jour, elle ne peut pas être mon amie !

-Amie.

Il eut soudain un blanc et je prit un ton enjoué pour le combler.

-Maintenant qu'on est amie, je vais mettre en pratique ce que j'ai observé depuis mon entrée au collège sur les spécimen « de meilleures copine forever ». Je vais essayer de te caser avec l'homme de ta vie en te donnant des conseils mode parce que... hum et je vais t'aider à te forger un caractère. Avec ça, tu vas tous les faire tomber comme des mouches, même Sherlock.

-Sherlock ?Non ! Mais qu'est-ce qu'il a mon look ?

-Oh rien... Disons que c'est le look d'une gamine de 11 ans.

-Ah. Tu es du genre directe.

-Oui. Je prends des détours quand c'est nécessaire, toi, tu as besoin qu'on te mette des claques.

Elle se protégea les joues.

-Quoi ? Mais pourquoi ? Tu ne vas pas me frapper tout de même ?

Je lui lançai un regard qui lui fit comprendre aussitôt que sa remarque était idiote.

-Ah, ah... Désolée. Et puisque maintenant nous sommes amie, j'aimerais te demander quelque chose.

Je craignais le pire au vu de son regard étrange.

-Oui ?

-C'est à propos de tes cheveux...

-Non.

-Mais je n'ai même pas dit ce que je voulais faire !

-C'est non, tu ne me lisseras pas les cheveux ! Tu ne toucheras pas à mes magnifiques anglaises ! Si tu veux lisser des boucles, demande à Sherlock.

***

Dimanche 10h, 221B, cuisine.

-Bonjour Irène.

Celle-ci avait la tête dans une tasse de café noir et malgré la couche de 1cm de maquillage qu'elle avait sur le visage, je voyais tout de même son air fatigué.

-Mathilde.

Je m'assis en face d'elle pour prendre mon petit déjeuner en silence ce qui fut très rapide car je n'avais mangé qu'une tartine de pain de mie dégueu. Après cela, je me levais calmement, un sourire en coin.Je revins deux minutes plus tard, toujours l'air de rien et mis en place mon piège. Ah, ah, tu vas morfler ma vielle ! Musique maestro !

Tonight I'm gonna have myself a real good time

I feel alive and the world I'll turn it inside out - yeahAnd floating around in ecstasySo don't stop me now don't stop me'Cause I'm having a good time having a good time

I'm a shooting star leaping through the sky

Like a tiger defying the laws of gravityI'm a racing car passing by like Lady GodivaI'm gonna go go goThere's no stopping me

I'm burnin' through the sky yeah

Two hundred degreesThat's why they call me Mister FahrenheitI'm trav'ling at the speed oflightI wanna make a supersonic man out of you

...

La musique résonnait dans tout l'appartement faisant trembler les murs. J'entendis la mégère sursauter et jurer. Je m'approchai discrètement de la cuisine où elle essayait d'éponger son tailleur tâché de café. Soudain la musique s'arrêta et je me retournai. Sherlock torse nu venait de courir l'éteindre et il était visiblement furieux.

-Salut Papounet ! Bien dormi ? Ah non, la nuit a du être courte j'imagine. Ne vous inquiétez pas Irène, je m'en vais ce soir. D'ailleurs je vais préparer ma valise. Je vous laisse.

***

Dimanche,15h30, 221B, salon.

-Ah Irène, vous n'êtes toujours pas partie ? Où est Sherlock ?

-Non, je t'attendais, je voulais m'entretenir avec toi.

Je croisai les bras.

-Et qui vous dit que j'ai envie de parler avec vous Mlle Adler ?

Elle s'approcha soudain de moi et me colla contre le mur ce qui ne m'impressionna par tellement car même avec ses talons de dix centimètres, elle était toujours plus petite que moi.

-Écoute moi bien ma petite, je viens à peine de récupérer Sherlock et je n'ai pas envie que tu te mettes en travers de ma route, c'est compris ?

Je la repoussai sans aucune difficulté.

-Vous vous servez de lui comme d'un vulgaire jouet et il ne mérite pas ça.Je refuses que vous lui fassiez du mal, sinon c'est moi qui vous en ferez c'est compris ?

Elle parut un instant étonnée mais récupéra rapidement son sourire de garce.

-C'est craquant, la fifille qui protège son papa adoré. J'en verserais presque une petite larme. C'est étrange comme tu me fais également penser à... Non c'est ridicule, ne fais pas attention.

-Ce n'est peut-être pas si ridicule que ça Adler, et vous savez ce qu'il était capable de faire. Si j'étais vous, je m'éloignerais encore pendant un petit moment. Ou à jamais. Maintenant, dégagez.

-Très bien. Mais sache que tu n'en a pas encore fini avec moi Holmes. Adieu.

Elle quitta la pièce et j'attendis que la porte d'entrée claque pour me détendre et m'asseyant dans le canapé.

-C'est ça va crever, pouffiasse.

***

Enfin d'après midi, je montai dans la berline noire qui me mènerait à la piste d'hélicoptère après un rapide salut à Sherlock qui était toujours de mauvaise humeur après son réveil brutal. Le voyage fut silencieux et je me retrouvai devant la porte d'entrée de la maison Rousseau, mes valises à la main, sans oser sonner. La porte s'ouvrit malgré tout car on pouvait discerner ma silhouette à travers la vitre opaque de la porte. Jean-Philippe, celui que j'avais considéré comme mon père pendant 12 ans et vite remplacé se tenait devant moi.

-Bonjour Mathilde, tu t'es bien amusé ? Entre et raconte nous tes vacances !

Je passai donc le seuil de la maison et vit qu'ils avait préparé une petite fête pour moi. Tout dans cette famille était bon pour faire la fête. Le début des vacances, la fin des vacances, un bon bulletin, une machine à laver réparée par « JP le bricoleur » ou tout simplement le retour de l'aînée de la famille qui ne l'était pas vraiment après deux semaines dans sa vraie famille. Léonie et Baptiste étaient en face de moi, souriants, se retenant de se jeter dans mes bras car ils savaient par expérience que c'était à leurs risques et périls. Séverine, car il n'y avait plus de « Maman » à présent, s'activait dans la cuisine pour que le dîner soit parfait. Je ne dis pas un mot devant tout cela. Mon visage resta fermé à tout signe d'expression faciale. Ce qui aurait du me réchauffer le cœur et me faire sourire, me donna presque la nausée. Ils le remarquèrent mais n'ajoutèrent rien de plus et nous nous assîmes autour de la table basse du salon pour déguster des petits four. Baptiste me raconta comment il avait réussi à couler Léonie à la piscine et celle-ci nia en bloc. Elle me raconta que sans moi pour l'aider à faire ses devoirs, elle avait du demander à « Papa » et qu'elle était sûre que son devoir de maths était complètement faux à cause de ça. Mes « parents » eux, étaient si heureux de revoir leur « Grande » comme ils m'appelaient. Je prétextait un mal de tête à cause du voyage et couru m'enfermer dans ma chambre, le seul endroit où je me sentais bien. Cela me faisait presque de la peine de le quitter à la fin de l'année scolaire. C'était mon cocon, ma bulle, là où j'avais intimé l'espoir que ma vraie famille vienne un jour me chercher. Et mon rêve c'était réalisé.

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