5

Louis

Assis entre Harry et Eleanor, j'observe la route par le parebrise devant moi.

Personne ne parle dans la voiture. Le silence qui règne n'est ni lourd ni gêné, seulement agréable et reposant après plusieurs heures passées au soleil en compagnie de personnes qui ne savent pas parler sans crier. J'apprécie le moment, car pour une fois, aucune pensée négative ne me pollue l'esprit. Je sens que j'avance. Je n'ai pas encore fait tout à fait mon deuil de cette relation, la morsure du manque est encore là, les mots aussi, mais je sors peu à peu la tête hors de l'eau.

Malgré la douleur qu'a provoquée le départ de Danielle, je sais que cette rupture était nécessaire. Ça m'a fait grandir, évoluer. Je sais désormais ce que je veux vraiment et ce que je ne veux plus. Je suis plus posé, moins sur les nerfs. Je profite des moments que je vis ici et des personnes qui m'entourent et ce constat me met du baume au cœur.

Étonnamment, l'ambiance entre Harry et Eleanor n'est pas tendue pour une fois. Ils s'ignorent, certes, mais au moins ils supportent la présence de l'autre sans avoir envie de sauter de la voiture en marche. Leur relation est étrange. Même si je ne veux pas m'en mêler, j'avoue que ça titille ma curiosité. Peut-être que l'un d'eux m'expliquera un jour.

Une douleur me vrille le dos à cause de la position que j'ai dans la voiture. Je bouge afin de me replacer et me retrouve collé à Harry. À mon contact, il se tend légèrement. Mal à l'aise, je me relève un peu pour ne pas empiéter sur son espace personnel, mais la voiture bouge et je me retrouve de nouveau contre lui.

Son odeur m'enivre et mon cœur s'emballe légèrement. Ça m'arrive de plus en plus fréquemment à son contact. J'apprécie sa présence calme, il m'apaise. Je ne sais pas si c'est à cause de sa beauté, de l'aura mystérieuse qu'il dégage ou que mon cerveau ne réagit plus normalement depuis quelque temps, mais je me surprends à le chercher du regard quand il n'est pas à côté de moi.

Je reviens à moi et tente de me redresser de nouveau, mais c'est lui qui bouge et je me retrouve tout contre lui. Sans plus de cérémonie, il relève le bras et le pose sur le dossier de la banquette arrière. Il ne faudrait pas grand-chose pour que je me retrouve vraiment dans ses bras et cette idée ne me déplaît pas. En fait, son contact me plaît même un peu trop.

Quand nous étions dans l'eau, tout à l'heure, je me suis senti troublé de m'être retrouvé tout contre lui, à moitié nu. Troublé dans le bon sens du terme. J'étais bien et j'ai regretté que ça ne dure pas plus longtemps. C'est étrange, je n'ai jamais ressenti ça pour un autre mec. J'aurais bien aimé savoir ce que lui en a pensé, mais je n'ai pas pu à cause de ses lunettes de soleil. Frustrant !

On arrive enfin à destination et c'est à contrecœur que je m'extirpe de l'habitacle, loin de la chaleur d'Harry. Dehors, une petite bise marine m'enveloppe et je hume l'air avec délice. J'adore cette odeur d'iode qu'il y a en permanence ici. Les mouettes crient en se disputant des poissons et le bruit des bateaux amarrés emplit l'atmosphère. Je crois que je pourrais vivre ici, c'est tellement agréable. La mer, le soleil... le paradis en somme !

Alors que nous marchons en direction du glacier que nous avons repéré la veille, je vois Harry se rapprocher de Zayn. Ils s'entendent bien tous les deux. D'après ce que j'ai compris, c'était très important pour Liam qu'Harry accepte son petit ami et un soulagement que ça se passe si bien. Il faut dire que le bouclé n'est pas très sociable, même avec des personnes qu'il connaît depuis longtemps comme Tyler ou Ryan.

Je n'arrive pas à détacher mon regard de la silhouette d'Harry, c'est plus fort que moi. J'essaie de me concentrer sur les bateaux, sur les commerces, mais irrémédiablement, mon regard est attiré par lui. Mes yeux détaillent sa silhouette, les muscles de son dos qui déforment son débardeur, sa peau parsemée de nombreux tatouages, ses jambes halées, ses fesses moulées dans son short et...

... et je crois que je m'égare !

Réalisant la direction que prennent mes pensées, je tourne vivement la tête pour regarder ailleurs et tombe sur Eleanor qui marche à mes côtés. Je ne l'avais pas remarquée, trop absorbé par Harry. Lorsque mes yeux rencontrent les siens, elle me sourit et, d'un geste naturel, elle entoure mon bras du sien. Je me sens mal à l'aise à son contact. Je suis pourtant tactile, mais là, je ne m'y attendais pas et je ne souhaitais pas non plus qu'elle me touche. Je devrais pourtant me sentir flatté, c'est une très belle fille, intéressante et intelligente, je n'apprécie pas sa proximité. Je suis cependant trop poli pour me dégager d'elle.

Alors, tu en penses quoi de ce début de vacances ? Plutôt sympa non ? s'enquiert-elle avec un sourire éblouissant.

Moi qui n'avais pas envie de venir, je ne regrette pas, j'avoue en respirant de nouveau l'air ambiant pour m'imprégner un peu plus des lieux.

Tu n'avais pas envie de venir ? Vraiment ? s'étonne-t-elle sincèrement.

Ouais...

Je peux te demander pourquoi ?

Disons que c'est compliqué...

D'accord, je n'insiste pas, désolée si je me suis montrée trop curieuse, je ne voulais pas te gêner.

Il n'y a aucun problème, tu ne pouvais pas savoir.

On marche en silence pendant quelques minutes, puis elle reprend la conversation.

Et Liam alors ? Tu en penses quoi ? Tu valides le choix de ton meilleur ami ?

J'apprécie beaucoup Liam. Je n'ai pas à valider quoique ce soit, mais je pense que Zayn est tombé sur une perle. Ils sont faits l'un pour l'autre tous les deux, je réponds en observant le métis rire de bon cœur à ce que lui dit le bouclé.

C'est vrai... et lui, il valide tes conquêtes ou bien il te laisse te débrouiller ? demande-t-elle malicieusement.

Étonné par sa question, je l'observe un instant et à l'éclat qui brille dans ses yeux, je comprends qu'elle me drague. Je n'aurais jamais pensé plaire à une fille comme elle. Elle a beaucoup de qualités, autant morales que physiques, mais je n'arrive pas à m'imaginer avec elle, dans ses bras, mes lèvres contre les siennes, sa peau glissant contre la mienne. Ce n'est pas contre elle, mais je n'attends rien d'autre d'elle que son amitié. Il va falloir que je trouve un moyen de le lui faire comprendre, mais pour l'instant, je ne vois pas comment.

Je suis un grand garçon aussi... même si niveau taille ce n'est pas si évident, je plaisante pour détourner un peu la conversation.

Elle éclate de rire. Un rire cristallin qui envahit l'espace et qui fait se retourner Harry. Une fois de plus, ses lunettes de soleil m'empêchent de voir son expression et, donc, ce qu'il pense.

Tu as de l'humour sur toi, c'est rare ! remarque-t-elle en replaçant une mèche derrière son oreille.

J'essaie, je réponds en haussant les épaules.

La discussion continue tranquillement jusqu'au glacier. Je me sens de plus en plus à l'aise en sa compagnie. Elle est agréable et a beaucoup d'esprit. Je me sens mieux en sa compagnie parce qu'elle a arrêté de faire ses petites allusions sur le fait que je lui plais. Je pense qu'elle a compris que ça me mettait mal à l'aise. Je lui souhaite de trouver la personne qui saura l'apprécier à sa juste valeur, car c'est un amour, mais je ne suis pas attiré par elle.

Devant le glacier, il y a beaucoup de monde qui patiente. Les vitrines proposent de nombreux parfums de crèmes glacées comme de sorbets. Certains goûts sont inattendus comme fraise-basilic, vanille-poivre rose ou riz au lait. Nous prenons place dans la file d'attente tout en observant la carte. Eleanor me lâche et me fait signe qu'elle rejoint Tyler.

À côté d'eux, Zayn et Liam se tiennent par la main et se parlent à l'oreille tout en montrant les bacs du doigt. Je les trouve mignons tous les deux. C'est la première fois que je vois mon meilleur ami aussi épanoui et assumer son couple en public. D'habitude, il n'aime pas s'afficher de la sorte, parce qu'avec ses origines pakistanaises, il sait qu'il s'expose à d'éventuelles agressions ou insultes. S'il prend le risque pour Liam, c'est qu'il tient réellement à lui.

Harry, quant à lui, reste en retrait, les yeux perdus vers l'horizon. J'hésite à aller le rejoindre, mais je n'ose pas. On a déjà passé beaucoup de temps ensemble aujourd'hui et je sais qu'il aime ses moments de tranquillité. Je ne veux pas m'imposer.

La file n'avance pas beaucoup. Je souffle en regardant mon téléphone pour connaître l'heure. On n'est pas pressé, on est en vacances après tout, mais je n'aime pas attendre. Pour faire passer le temps, j'observe un peu les gens autour de moi. J'ai toujours aimé faire ça. J'essaie d'imaginer leur histoire, ce qu'ils pensent, leurs liens... ça m'amuse. Posé autour d'une table, non loin, je vois un jeune couple très proche et très amoureux. La fille est brune et a les cheveux mi-longs, le garçon est châtain avec les cheveux en bataille.

Ils me font penser à Danielle et à moi lorsque nous étions encore amoureux, avant que nous n'entrions dans notre mauvaise période. C'était il y a un moment maintenant, mais ça me manque parfois. Aimer et être aimé, compter pour quelqu'un, partager. Le jeune couple rit et s'embrasse de temps à autre, dans leur bulle, comme si rien n'existait autour d'eux et ils sont beaux. Leur complicité est évidente.

Je sens la peine m'envahir. Luttant contre les souvenirs qui menacent de remonter, je tente de penser à autre chose, de me concentrer sur une mamie avec sa petite fille qui observent une mouette crier, posée sur le sable. Ce n'est pas très efficace. Une boule gonfle dans ma gorge, mes yeux picotent. Je me sens enchaîné à un passé qui me pèse et me fait du mal. Parce que les mots que j'ai subis sont toujours là, ma confiance qui s'est effritée au point de disparaître aussi.

Je voudrais rebondir, m'émanciper de ce mal qu'on m'a fait, arrêter de regretter ce temps où Danielle et moi étions heureux et m'y accrocher comme un naufragé à sa bouée de sauvetage, car c'est stupide. Deux années de bonheur contre trois autres d'humiliation, ça ne pèse pas lourd dans la balance... mais je n'y arrive pas. Sans doute parce que je suis persuadé que personne ne voudra jamais de moi. Je ne suis pas celui qu'on convoite, qu'on désire. Les mots reviennent.

« Tu n'es pas à la hauteur »

« Tu dois grandir »

« Tu dois devenir un homme »

« Tu ne seras jamais capable de rendre heureux qui que ce soit »

« Tu es mou, sans consistance »

« Tu n'es pas "assez" »

Je pensais aller mieux, mais ces moments de blues intense reviennent parfois si violemment, qu'ils me laissent à bout de force, laminé, KO. Quand ça arrive, je me sens tellement seul et tellement mal que ça me donne envie de hurler, de m'enfuir loin et de disparaître. Ne plus penser. Ne plus exister.

La file avance enfin et je me retrouve devant la vitrine, face à une vendeuse au sourire aussi faux que ses ongles de trois centimètres rouges pétants. Je me force à être agréable et me concentre sur les bacs de crèmes glacées de toutes les couleurs qui s'étalent sous mes yeux, mais l'envie n'y est plus. Je commande tout de même une boule caramel pour ne pas passer pour un chieur. C'est moi qui ai entraîné les autres ici pour manger une glace, si je n'en prends pas ils vont se demander ce qui m'arrive.

Je paye et je sors de la queue pour m'asseoir sur un banc face à la mer. J'ai le cœur tellement lourd que s'il tombait au sol, il y ferait un trou jusqu'au centre de la terre. Je goûte à la glace qui est vraiment très bonne. J'observe les bateaux qui naviguent au loin, les oiseaux qui plongent pour pécher, les enfants qui courent en riant sur la plage. Je commence à me détendre doucement.

Après quelques minutes, Zayn s'assoit à mes côtés. Les autres sont encore dans la file d'attente.

Ça ne va pas ? me demande-t-il en fronçant les sourcils.

Je hausse les épaules. Tenter de lui mentir ne servirait à rien, il me connaît trop bien pour se laisser berner.

Pas trop... je reconnais en mangeant un peu.

C'est encore Danielle... devine-t-il en soupirant.

Je serre les dents. Je sais que je dois le décevoir et lui prendre la tête avec mes angoisses stupides et mon mal être permanent. Je suis un ami en bois.

Je sais ce que tu vas me dire. Je sais que je devrais passer à autre chose et la plupart du temps, j'arrive à le faire. Et parfois, ça revient sans prévenir. C'est plus fort que moi. C'est compliqué de balayer cinq ans de ma vie, tu sais... je suis désolé d'être si chiant. Tu vas en avoir marre de moi.

Il secoue la tête en passant un bras autour de mes épaules.

Jamais, tu entends ? Jamais je n'en aurais marre de toi. Je t'aime trop pour ça.

Je rougis en souriant sincèrement et le remercie. Il embrasse ma tempe et me relâche.

Je ne te reproche rien, Lou, je te le promets. Je voudrais juste voir mon meilleur ami rire et sourire comme avant, profiter de la vie et de ses vacances pour se créer de nouveaux souvenirs plutôt que de vivre toujours dans le passé.

Il plonge son regard dans le mien avant d'ajouter.

Ça me fait mal de te voir mal. C'est ce que ressentent les frères, non ?

Je me racle la gorge en hochant la tête, touché par ses mots. Oui, c'est ce que ressentent les frères, puisque c'est exactement ce que je ressens en ce moment pour lui. J'ai de la peine de lui faire de la peine.

Je suis désolé... vraiment, je souffle en posant mon pot de glace sur le banc et en appuyant mon front contre son épaule.

Arrête de t'excuser, souffle-t-il en posant son menton sur ma tête. Arrête de penser que je te juge ou que je ne comprends pas, c'est faux. Je comprends, je peux te l'assurer.

Je sais, mais je te gâche la vie avec mes états d'âme. Tu es heureux avec ton homme et tu dois te traîner ton boulet de meilleur ami qui n'arrive pas à remonter la pente... tu mérites mieux que ça.

Non, c'est toi qui mérites mieux que ça ! lâche-t-il en s'écartant de moi pour m'obliger à redresser la tête et le regarder droit dans les yeux.

Il se mordille la lèvre en m'observant.

Je ne sais pas si je peux te donner le fond de ma pensée, si tu es prêt à l'entendre... ajoute-t-il avec hésitation.

Si tu as quelque chose à me dire, dis-le-moi, je réplique en fronçant les sourcils. Tu es mon meilleur ami, tu n'as pas à hésiter. Peut-être que j'ai besoin de ça, d'entendre mes quatre vérités.

Je n'ai rien à te reprocher, arrête de penser que je t'en veux de quoi que ce soit, s'il te plaît. Ce n'est pas le cas. On n'est pas tous Danielle.

Mon cœur se serre et je baisse la tête. Les mots tentent de revenir, mais je les chasse. Zayn me relève la tête d'un geste doux.

Je voudrais te donner mon sentiment sur cette histoire, explique-t-il avec sérieux. Je ne l'ai jamais fait avant, parce que j'ai toujours estimé que ça ne me regardait pas et parce que tu ne m'as jamais demandé mon avis. Maintenant, ça fait six mois qu'elle est partie et ça fait six mois que je te vois souffrir et t'enfoncer dans la dépression, alors j'estime que ça me donne le droit de vider mon sac.

Je sens que ce qu'il va me dire va me bouleverser. Zayn est d'une nature franche et parfois, il peut être blessant. Je sais que ce n'est pas son but, mais je ne sais pas si je suis prêt à entendre ce qu'il a à me dire. Comprenant mes doutes, il me sourit gentiment et me rassure en me promettant que ça va aller. Je le crois. Il me connaît mieux que personne, je ne peux que lui faire confiance. S'il me dit que ça va aller, c'est que ça va être le cas.

D'accord.

Il acquiesce et se lance.

Je crois que Danielle n'était pas une fille pour toi, reprend-il d'une voix douce. Pas parce qu'elle était mieux que toi. Pas parce que tu es trop nul pour elle ou pour qui que ce soit d'autre d'ailleurs. Pas parce qu'elle était trop belle, trop parfaite. Pas parce que tu n'étais pas « assez ». Je sais que c'est ce que tu penses, que c'est ce qu'elle t'a dit en partant, mais c'est faux. Elle t'a démoli pour faciliter son départ, mais ce qu'elle t'a reproché n'était pas la réalité.

Il embrasse mes cheveux pour adoucir ses mots. Je déglutis difficilement, touché par ce qu'il me dit.

C'est faux, répète-t-il sans lâcher mes yeux des siens pour appuyer son discours. Si elle n'était pas une fille pour toi, c'est uniquement parce qu'elle était trop différente de toi et de ton monde. Vous vous êtes accrochés l'un à l'autre, mais ce n'était bon ni pour toi ni pour elle.

Il soupire en se concentrant sur sa glace qui commence à fondre. Il en mange quelques cuillères pour s'aider à rassembler ses idées.

Si tu savais comme ça m'énerve de te voir penser que tu es un pauvre type alors que tu es tout l'inverse ! Si elle est partie, ce n'est pas parce que tu ne la méritais pas. Elle voulait autre chose que tu ne pouvais pas lui offrir. Si elle avait été honnête, elle ne serait pas restée avec toi et ne t'aurait pas fait autant de mal. Tu n'aurais jamais réussi à la combler, parce que ce n'est pas toi qu'elle voulait. Tu n'étais pas celui qu'elle attendait. Ça n'a rien à voir avec toi et ta valeur profonde ni avec la personne que tu es. Vous n'étiez pas compatibles tout simplement. Elle ne l'aurait pas été avec moi non plus, tu sais.

Il passe son bras autour de mes épaules et me serre contre lui dans une étreinte réconfortante.

Je crois qu'elle vous a rendu service en partant. Tu n'étais pas heureux et elle non plus. Elle a mis fin à une relation qui ne menait à rien.

J'acquiesce face à l'évidence. Encouragé, Zayn continue sur sa lancée.

Je pense qu'elle a fini par se rendre compte de tous les sacrifices que tu faisais pour elle, or ce n'est pas ce qu'elle voulait. Elle voulait que ça coule de source, que la vie qu'elle rêvait d'avoir soit un quotidien et non une exception. Elle s'est donc mise avec quelqu'un qui pourrait réaliser tous ses désirs sans se mettre dans le rouge tous les mois et qui ne soit pas obligé de cumuler plusieurs jobs pour y arriver.

Tu penses qu'elle a fait ça pour mon bien ? je m'étonne en m'essuyant les yeux.

Pour toi, mais surtout pour elle, rectifie-t-il. Pas de manière consciente, car elle est bien trop égoïste pour ça, mais ça revient au même. Je suis désolé d'être aussi franc, mais il est évident qu'elle est passée à autre chose. Il est temps que tu le fasses aussi.

Je sais, mais ce n'est pas si simple.

Arrête s'il te plaît ! me coupe mon ami en se redressant, l'intonation de sa voix se faisant un peu plus dure. Elle est partie depuis six mois et tu as à peine terminé de régler tes dettes ! Pour y parvenir, à part pour ta nourriture et ton loyer, tu n'as plus rien dépensé du tout, tout en travaillant comme un acharné. Tu te niais dans cette histoire et maintenant il est temps que tu ouvres les yeux et que tu passes à autre chose !

Je sens mon cœur se serrer. Bien sûr qu'il a raison, mais au-delà de l'argent et de notre couple voué à l'échec, il y a trois années d'humiliation, de mots crus assénés sans ménagement, de jugement quotidien qui m'ont laminé. J'en suis venu à penser qu'à part elle, personne ne me voudrait sans sa vie. Je n'ai rien à apporter, je ne suis pas grand-chose, je n'ai que des défauts...

En me quittant, elle m'a condamné à la solitude. C'est ce qui ne cesse de tourner en boucle dans ma tête. Bien sûr qu'on peut vivre seul et qu'être en couple n'est pas un but en soi ou un critère de réussite, mais je ne me vois pas finir ma vie seul.

Je ne peux pas expliquer ça à Zayn. D'abord parce que j'ai honte, mais aussi parce qu'il le prendrait mal en me traitant d'idiot. Il passerait ensuite les prochaines minutes à me trouver un millier d'arguments pour me convaincre du contraire. Or, je ne suis pas prêt à l'écouter et à le croire. J'en suis incapable, même si je le voulais.

Comme je ne réponds pas, il reprend d'un ton apaisant.

Louis, fais-moi plaisir, profite de ces vacances pour te ressourcer, pour réfléchir, mais aussi pour t'amuser, m'enjoigne-t-il en posant une main sur ma nuque. Tu as déjà avancé depuis qu'on est là, c'est une très bonne chose.

— C'est vrai. C'est juste de temps en temps que ça revient, quand je vois un couple qui me fait penser à nous, ce genre de choses, tu vois ? Ça me rend mélancolique.

Je me mordille la lèvre pour trouver les bons mots en faisant signe à Zayn de patienter.

Je... je ne voudrais pas retourner avec elle, même si demain elle décidait de revenir dans ma vie. J'ai conscience aujourd'hui que cette relation était toxique. Ce n'est pas ça... c'est compliqué. Je crois que certaines cicatrices sont encore trop à vif et j'ai du mal à passer au-dessus.

Te dire que je comprends serait mentir parce que je n'ai jamais vécu ça et puis, je pense que je ne sais pas tout, je me trompe ?

Il cherche mon regard et attend une réaction. Je me contente de hocher la tête.

C'est bien ce que je pensais... tu sais que si tu as besoin, je suis là ?

Nouveau hochement de tête de ma part.

Donc, je ne comprends pas tout à fait, mais je respecte tes ressentis et je ne te demanderai jamais de les taire ou de ne pas les prendre en compte. C'est important de s'écouter parfois. En revanche, tu peux te servir de ce séjour ici pour mettre un peu en pause toute cette histoire. Tu en profites pour rire, boire, baiser si tu en as envie et quand tu reviendras à la réalité, tu verras peut-être les choses sous un autre angle. Ce recul t'aidera à tourner la page, relativiser ou bien agir pour te sentir mieux en prenant certaines décisions.

Je prends le temps de réfléchir puis acquiesce.

Tu as raison, je pense que ça me fera du bien.

Promesse ? me demande-t-il en me présentant son petit doigt.

Je lâche un rire et le lui attrape.

Promesse ! je confirme.

Je me retourne et capte le regard d'Harry qui nous observe de loin, donnant encore plus de résonance à ma réponse. Il me sourit timidement ce qui me réchauffe la poitrine. Je lui souris en retour et tourne la tête quand je sens mes joues chauffer.

Je reporte mon attention sur mon meilleur ami et le serre contre moi.

Merci mon frère ! Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, je murmure à son oreille avant de me détacher de lui.

Tu serais très certainement en train de rouiller sous ta couette plutôt que de profiter du soleil, de la plage, des potes et surtout des jolis sourires qu'Eleanor te fait ! plaisante-t-il en jouant avec ses sourcils de façon suggestive.

Je secoue la tête en lui poussant gentiment l'épaule.

Ouh là ! Ne t'emballe pas s'il te plaît ! je l'arrête aussitôt. J'aime bien Eleanor, c'est une fille en or, mais je ne pense pas que ça ira plus loin.

Elle est incroyablement belle pourtant !

Certes, mais... non.

Bon, comme tu veux ! Ce qui compte c'est que tu ailles bien, le reste on s'en fout ! s'exclame-t-il en riant.

Il se lève du banc et en mange sa glace qui ne ressemble plus à une soupe qu'à autre chose. Pour ma part, je jette mon pot à la poubelle. On rejoint les autres, l'air de rien et bien vite la bonne humeur ambiante nous gagne.

Harry se rapproche de moi et me propose de sa glace. Je refuse poliment et face à sa moue, je craque et accepte une cuillère. Il a pris goût cerise, c'est spécial. Content de lui, il me demande si je vais bien et nous entamons une discussion légère et agréable.

Zayn a raison. Il faut que je profite de chaque instant ici et que je laisse mes problèmes au placard. Et lorsque j'observe les yeux verts et les fossettes d'Harry, je me dis que ça ne va pas être si difficile finalement.

---

Voici le dernier chapitre de cette première partie.

Comme la citation le dit dans la partie dédiée, il faut accepter son passé pour mieux avancer. Louis laisse tomber peu à peu le fardeau qu'était son ex pour mieux aller de l'avant... 👍 Il va y arriver, on y croit tous ! ^^

Discussion à coeurs ouverts entre Louis et Zayn... 😊 même si ça fait mal, certains mots doivent être dits pour avancer... 🤗 

Louis et Harry se cherchent un peu, c'est encore hésitant, mais ça avance doucement mais sûrement! 😉

Comme toujours, j'attends vos réactions. J'espère que ça vous a plu !😊

💙💚

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top