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/!\ Certains propos peuvent heurter la sensiblité de certaines personnes, je préfère vous prévenir. Les sujets abordés dans ce chapitre sont difficiles et peuvent faire remonter de vieux démons. Prenez soin de vous ! /!\
Louis
Harry se replace dans mes bras. Je le serre fort, le cœur encore lourd de son histoire.
J'en connaissais déjà une partie avec ma discussion avec Eleanor, mais j'étais loin d'imaginer la violence dans laquelle il a vécu. À son lycée, chez lui... même avant que son coming-out forcé leur soit fait d'ailleurs, mais leur réaction après... ça fait froid dans le dos de se dire que des parents peuvent à ce point être fermés d'esprit au point de renier leur propre enfant pour quelque chose qu'il ne contrôle pas. Notre cœur va où il en a envie, personne ne peut lutter contre. Je ne sais pas comment je survivrai à un tel rejet de ma mère ou de Mark.
Je comprends mieux ses craintes et son besoin de se protéger. Je voudrais effacer sa douleur, mais c'est impossible. Je voudrais le rassurer quant à mes intentions, mais ça l'est tout autant. Seul le temps lui prouvera que je suis sincère, mais encore faut-il qu'il me le laisse. Sa peur le paralyse et l'empêche de se projeter dans l'avenir ce qui, par ricochet, m'empêche de me lâcher complètement de mon côté.
Je lâche un soupir qui lui fait relever la tête vers moi.
— Ça ne va pas ? chuchote-t-il en plongeant son regard dans le mien.
Je lui souris en replaçant les boucles qui lui tombent sur le front.
— Si, ça va... je réfléchis, c'est tout.
— À ce que je t'ai dit ?
Je hausse les épaules.
— Entre autres...
— Dis-moi, Louis...
Je relève un sourcil, ce qui le fait rire et ajouter,
— S'il te plaît, Louis !
Je souris en levant les yeux au ciel puis me lance.
— Tu n'arrêtes pas de parler de ta peur de ne pas être à la hauteur pour moi, mais je me pose les mêmes questions de mon côté...
— Sur le fait que je ne sois pas la bonne personne ?
Cette fois, je lui mets une petite tape derrière la tête ce qui le fait grogner.
— Mais non ! Sur moi, sur le fait que moi je ne serai peut-être pas la bonne personne pour toi.
— Louis ! râle-t-il, mais je secoue la tête pour l'arrêter.
— Laisse-moi finir, s'il te plaît. Tu m'as raconté ce que tu as vécu, mais tu ne sais pas ce qu'il m'est arrivé à moi. Ce n'est pas comparable, évidemment, mais ça m'a laissé de vilaines traces quand même. Si tu penses que j'ai besoin de quelqu'un de suffisamment fort pour m'aider, je pense que l'inverse est vrai aussi et je ne sais pas si j'ai cette force en moi.
Il m'observe en silence et je vois bien qu'il n'est pas d'accord avec moi, cependant il ne l'exprime pas.
— Raconte-moi, s'il te plaît... raconte-moi ton histoire...
Il me prend de court. Je me mordille la lèvre en rougissant.
— Ce n'est pas très intéressant... c'est même ridicule par rapport à toi...
— Ce n'est pas un concours, me coupe-t-il. Aucune expérience de vie n'est comparable, ça ne veut pas dire que ta douleur est moins légitime que la mienne. La souffrance se mesure aux dégâts qu'elle provoque chez ceux qui la subisse, donc si ton passé est douloureux pour toi, c'est qu'il est, c'est tout. Personne n'a le droit de remettre ça en question.
Mon cœur s'emballe à ses mots. Comment peut-il douter de ne pas être la bonne personne pour moi ? Je me penche pour cueillir ses lèvres puis me replace correctement pour débuter mon récit.
— J'ai rencontré Danielle alors qu'on était à l'université. Au début, on était amis, voire meilleurs amis. On se comprenait et on avait les mêmes goûts sur beaucoup de choses, les mêmes centres d'intérêt, le même humour... parfois j'avais l'impression de me voir en elle, mais en femme, ce qui était assez amusant.
On s'est mis ensemble après plusieurs mois à se côtoyer et c'était à mes yeux une évidence. Pendant deux ans, j'étais parfaitement heureux. Il y avait des disputes bien sûr, aucune relation n'est un long fleuve tranquille n'est-ce pas ? Je me sentais bien et j'imaginais qu'elle aussi puisqu'elle ne se plaignait pas. Les seules fois où elle se montrait désagréable, c'est quand elle me comparait à ses potes de facs... elle était en droit et ils étaient tous issus de familles riches, alors forcément, moi et mon cursus d'art, on ne faisait pas le poids à côté.
Je m'arrête pour reprendre ma respiration. Harry m'observe toujours, la tête posée sur mon épaule. Je me sens gêné par son regard, j'ai un peu honte. Il doit le sentir, car il se cale de manière que je ne le vois plus ce qui m'aide à continuer.
— Je me disais que ce n'était pas si grave. Après tout, elle me connaissait, elle savait de quel milieu j'étais issu, si ça l'avait vraiment dérangée, elle ne serait pas mise avec moi. C'est ce que je me répétais quand elle devenait odieuse et qu'elle me reprochait mes études ou mon manque d'ambition. Je me voilais la face, mais à ce moment-là, c'était plus facile que de me dire qu'elle me méprisait vraiment. J'étais amoureux d'elle, je ne pouvais pas imaginer à quel point je la dégoûtais juste parce que je n'avais pas un niveau de vie aisé.
Pourtant, plus on avançait, plus son attitude a empiré. Ce qui n'était que des petites remarques est devenu peu à peu des reproches. Elle a appris à me détester pour tout ce que j'étais, représentais et qui faisais de moi qui je suis. De la fille qui me ressemblait et dans qui je me retrouvais, elle s'est muée en parfaite étrangère. Elle était d'une telle exigence ! Elle voulait le meilleur pour elle. Elle s'achetait des fringues de marque alors que moi, je me traînais mes vieux vêtements que j'avais depuis des années parce que financièrement je n'arrivais pas à suivre.
Ses parents lui donnaient de l'argent, beaucoup d'argent alors que moi, je devais bosser à côté de mes études pour réussir à payer le loyer et nous acheter de quoi manger. Il a bientôt fallu que je cumule deux jobs, car elle dépensait sans compter. Téléphone dernier cri, bijoux, meubles, tout était hors de prix, sans compter ses sorties. Au début, j'ai tenté de la suivre, mais je me sentais de trop, pas du même monde que ses amis qui me regardaient de haut.
Cette condescendance dans leur regard qui a bientôt habité le sien lorsqu'elle le posait sur moi. Plusieurs fois, je lui ai demandé pourquoi elle restait avec moi, elle n'a jamais su me dire. Peut-être par pitié ? Je ne sais pas. J'étais très amoureux donc très aveugle et j'ai commencé à faire n'importe quoi. Quand j'ai commencé à travailler, j'ai contracté plusieurs crédits à la consommation et je devais cumuler des petits jobs à côté pour réussir à tout payer. Elle gagnait mieux que moi dans son cabinet d'avocat, parce que l'art, ça ne paye pas tellement, mais ce n'était jamais suffisant et les reproches ont commencé à pleuvoir.
Je sens les larmes me monter aux yeux et l'angoisse m'étreindre. Je n'aime pas parler de ces moments, parce que je me sens tellement stupide de n'avoir rien vu, d'avoir laissé faire... je m'en veux plus qu'à elle d'avoir été si faible. J'inspire un grand coup puis reprends d'une voix plus tremblante.
— Les mots, ses mots, sont devenus une torture quotidienne. Elle ne m'adressait la parole que pour me rabaisser, me rappeler mon incompétence, ma nullité, mon inutilité... si au début je me révoltais, je me disputais avec elle, bien vite elle a su me faire du chantage. Elle me menaçait de partir, de tout me prendre. Elle tapait dans les murs, cassait de la vaisselle. Puis elle se montrait sympa, gentille, elle redevenait la fille dont j'étais tombé amoureux jusqu'à ce qu'elle recommence à m'insulter.
Ces mots se sont gravés en moi. Je me suis persuadé qu'elle avait raison, parce que lorsque je me comparais à ses amis, j'étais un minable. J'ai perdu peu à peu confiance en moi, je me suis effondré et j'ai subi. Je ne saurais même pas t'expliquer pourquoi ni comment, mais j'ai fini par banaliser des situations, des paroles qui n'auraient jamais dû l'être. Je n'avais plus la force de lutter, j'étais épuisé. Épuisé par le travail, par ses crises... je voulais seulement qu'on me laisse tranquille, alors je me suis effacé, je suis devenu une ombre jusqu'à ce qu'elle parte, qu'elle me quitte et Zayn a raison. Même si ç'a été douloureux, elle nous a rendu service à tous les deux en le faisant.
Quelques larmes échappent à ma vigilance. Je les essuie avec colère. Je m'en veux tellement d'être devenu ce paillasson, ce pantin. J'ai perdu toute ma combativité, tout ce qui faisait de moi qui je suis. Je me suis oublié, perdu et tout ça pourquoi ? Pour satisfaire l'ego surdimensionné d'une fille qui n'en avait rien à faire de moi. Ce constat, ce n'est pas la première fois que je le fais, mais il est toujours aussi douloureux.
Ce sont les bras d'Harry qui m'entourent et sa bouche sur mon front puis dans mon cou qui me font revenir à moi. Mes joues sont trempées de larmes. Il s'est relevé sans que je le sente et il me serre contre lui avec une telle force que je me sens tout à coup de nouveau vivant.
— Tu n'aurais jamais dû supporter tout ça, Louis. Je suis tellement désolé que ça te soit arrivé...
— Tu n'y es pour rien, je remarque dans un souffle. Tu n'as rien fait de mal.
— Toi non plus, Lou, toi non plus...
Notre câlin dure un moment. Je me sens bien dans ses bras, protégé de ce passé encore trop lourd à porter, qui me poursuit à travers les mots qui me hantent toujours.
Lorsqu'il s'écarte de moi et qu'il passe ses mains sur mes joues pour effacer mes larmes, je peux lire dans son regard que quelque chose à changer.
— Tu es déçu, c'est ça ? Tu es déçu de moi ? je le questionne en l'observant.
Il secoue la tête en fronçant les sourcils.
— Non, bien sûr que non...
— Je n'ai pas été la bonne personne pour elle, malgré tous mes efforts... je ne sais pas si je le serai cette fois pour toi. Tu ne parles que de ce que tu pourrais ou pas m'apporter, mais on en parle de ce que moi je pourrais t'offrir ? J'ai prouvé pendant trois ans à quel point j'étais faible, je ne suis pas certain d'être différent aujourd'hui. Je...
Il me coupe la parole en m'embrassant. Ça devient une habitude !
— Arrête de raconter n'importe quoi. C'est elle qui n'était pas à la hauteur, c'est elle qui voulait quelque chose que tu ne pouvais pas lui offrir et qui plutôt que de partir le chercher ailleurs, te l'a fait payer. Rien, tu m'entends, rien n'excuse la maltraitance conjugale.
J'écarquille les yeux, choqué par les termes qu'il vient d'employer.
— Quoi ?! Non ! Ce n'est pas ça !
— Bien sûr que si !
— Elle n'a jamais levé la main sur moi !
— Et alors ? Te répéter en boucle des insultes et te rabaisser en permanence tu penses que c'est quoi ? Les coups ne sont pas les seules façons de maltraiter une personne. Les mots le peuvent aussi et crois-moi, ils font souvent plus mal, car ils restent. Cette relation était toxique et le mal qu'elle t'a fait n'est pas excusable.
Je ne réponds rien. Je suis perdu. Pourrait-il avoir raison ? Je n'en sais rien, mais ça fait mal. Je suis donc si insignifiant que ça qu'on puisse se permettre de me traiter de cette façon ? Les larmes reviennent, ma gorge se serre et je commence à trembler. Ma respiration se fait douloureuse et erratique, je n'arrive pas à la contrôler. Harry pose ses mains sur mes épaules et me parle, mais avec le bourdonnement de mes oreilles, je ne l'entends pas. J'ai l'impression d'étouffer, ma poitrine me fait mal, ma gorge est oppressée...
Je sens que ma main touche du tissu. Ce tissu bouge à un rythme lent et répétitif. Je cale ma respiration à ce rythme et bientôt je parviens à me calmer. Je me rends alors compte que je touche le torse d'Harry qui a exagéré ses respirations pour m'aider à m'apaiser.
— Ça va ? s'enquiert-il, inquiet. Je suis désolé, j'ai été trop franc, trop dur, c'est à cause de moi.
Je secoue la tête.
— Non, ce... ce n'est pas toi... c'est... c'est juste difficile.
Il me serre de nouveau contre lui en s'excusant encore et encore.
— Quand je te dis que je ne fais pas ce qu'il faut, souffle-t-il.
— Arrête, s'il te plaît. Je n'ai pas la force de recommencer cette discussion.
— Désolé...
Je l'embrasse pour le faire taire. S'il sait le faire, moi aussi. Je n'ai plus envie de parler, j'ai seulement besoin de tendresse, de câlins, d'oublier ce qui fait mal.
— Je ne te quitterai pas, si c'est ce que tu espères, je murmure contre ses lèvres. Si tu veux que ça s'arrête, tu n'as qu'à le faire toi, mais pour de bonnes raisons.
— Quand je te dis « c'est le mieux pour toi », c'en est une à mon sens...
— Pas pour moi. Et si tu te demandais ce qui est le mieux pour toi plutôt ?
— J'ai déjà la réponse et c'est toi, Louis.
— Alors, arrête de penser.
Je dépose mes lèvres contre les siennes. C'est à la fois doux et tendre. C'est parfait et je frissonne de bien-être.
— Tu me rends fou...
— Si tu savais à quel point moi aussi... je murmure avant d'approfondir le baiser qui s'enflamme doucement.
Je m'enhardis, je le fais basculer sur le dos et lui monte dessus. Ses bras m'entourent, ses mains passent sous mon tee-shirt et parcourent la peau de mon dos qui se grêle de frissons. Nos langues jouent ensemble tandis qu'il nous fait rouler de manière à me surplomber. Je me sens bien dans ses bras, à ma place. À la fois petit et protégé, j'aime ce sentiment.
Je veux lui faire comprendre que même si son histoire m'a ému, que même si la mienne m'a laissé des traces, je ne fuirai pas. J'ai l'intime conviction que nous deux ça peut nous amener à quelque chose de bien, de génial, au bonheur qu'on recherche tant.
Je me recule doucement de lui et plonge mon regard dans le sien. Ses joues sont légèrement colorées, il semble troublé. Je lui caresse doucement le nez avec le mien.
Il est beau !
Je l'embrasse avec plus de passion et nos gestes se font plus fiévreux. Nos corps s'enflamment. Je ne suis pas prêt à me donner à lui, mais j'ai besoin de le sentir contre moi, d'apprendre à le découvrir autrement. Je colle mon corps contre le sien et lui retire son haut pour mieux profiter de sa chaleur de ses muscles qui se contractent par moment.
Il est magnétique !
Il tire son mon tee-shirt à son tour et nos lèvres s'aimantent de nouveau tandis que nos mains se caressent, apprenant à se connaître, faisant frissonner nos peaux. Ses baisers descendent dans mon cou, il en mordille la peau sensible sans pour autant laisser de traces, puis descend jusqu'à ma clavicule. Je me mords les lèvres sous le coup des sensations qu'il me procure.
Il se redresse pour me regarder en touchant l'élastique de mon boxer. Il me demande l'autorisation et je sens mon cœur explosé dans ma poitrine.
— Je... je ne suis pas prêt... je lui avoue, les joues cramoisies.
— D'accord... murmure-t-il en caressant mon nez du sien. Je m'en doutais un peu.
— Je suis désolé...
— Tu n'as pas à l'être. C'est normal, tu n'as jamais eu d'expérience avec un homme et on ne se connaît pas depuis longtemps. On n'est obligé de rien. J'ai juste envie de te découvrir, de te donner du plaisir, mais on peut très bien le faire sans franchir certaines étapes... je ne ferai rien sans ton accord. Tu me crois ?
J'acquiesce en silence, soulagé par sa réaction.
— Tu veux qu'on arrête tout ? s'enquiert-il, tout en retraçant la ligne de ma mâchoire avec des baisers légers comme des caresses. Ça ne me dérange pas.
— Non... je souffle en passant ma main dans ses boucles emmêlées.
— Tu veux qu'on aille jusqu'où dans ce cas ?
— Je ne sais pas... je... je te dirai si ça va trop loin ?
— Tu promets ?
J'ouvre les yeux pour le regarder.
— Je promets, je lâche en rejetant la tête sur le côté pour offrir mon cou à sa bouche.
Il ne se fait pas prier pour y plonger, ses mains retrouvant le chemin de mon corps. Cette fois, je me détends complètement et le laisse faire. Il mordille mes tétons, lèche mes tatouages, mordille mon ventre. Il ne va pas plus bas, il respecte ma demande, ce qui me prouve que je ne me trompe pas en le choisissant lui. Nous passons un long moment à nous découvrir de la sorte, à explorer nos points sensibles, à parcourir nos peaux. C'est doux, c'est bon, meilleur que tout ce que j'ai pu faire jusqu'ici, jusqu'à lui.
Il s'installe entre mes jambes, nos boxers comme seule barrière et approche son bassin du mien. Nos sexes se retrouvent en contact et le plaisir irradie dans tout mon être.
— Ça va ? chuchote-t-il, je peux comme ça ?
J'acquiesce et fais balancer mes hanches vers lui pour appuyer ma réponse. Il se mord la lèvre avant de m'embrasser avec force tout en commençant à bouger contre moi. Je m'accroche à lui de toutes mes forces, jetant ma tête en arrière à chaque mouvement. Je l'accompagne tout en caressant son dos, ses épaules, je me gorge de son plaisir, de sa chaleur.
Nos gémissements se mêlent, ma peau devient moite, tout comme la sienne. Le plaisir m'emporte en son sein. Mes reins sont en feu, je tremble, c'est tellement bon. Ses gestes se font de plus en plus vifs et notre libération intervient presque en même temps, nos cris étouffés par nos lèvres respectives.
Nous restons un long moment ainsi, à nous étreindre, sans un mot, laissant nos cœurs et nos souffles reprendre un rythme un peu plus régulier. On s'embrasse sans se parler, on se câline, je me sens détendu comme je le suis rarement.
— Attends, souffle-t-il en s'écartant de moi.
Il se dirige vers la salle de bain. J'entends de l'eau couler et lorsqu'il revient, il s'est changé. Il a un boxer propre dans les mains, ainsi qu'un gant, qu'il me tend. Je me nettoie rapidement et me change puis je pose les affaires sales par terre. Je me blottis dans ses bras qu'il serre autour de moi. Il plonge son nez dans mes cheveux pour me respirer.
— On dort ? propose-t-il en étouffant un bâillement.
— On dort, je confirme, les yeux déjà lourds de sommeil.
Un dernier baiser et on ne bouge plus. J'entends peu à peu sa respiration devenir plus régulière et à mon tour, je me laisse glisser dans le monde des rêves, enivré dans son odeur et dans sa chaleur. Je me sens définitivement bien là, auprès de lui.
Je pourrais facilement en prendre l'habitude.
*
Le lendemain matin, c'est seul que je me réveille.
Je suis un peu déçu, mais pour être honnête, je m'y attendais. Harry s'est particulièrement lâché hier soir. Entre ses confidences et notre instant câlin, je savais qu'il aurait besoin d'un peu d'espace pour respirer et se remettre les idées en place. J'aurais aimé le retrouver tout contre moi, mais je sais aussi qu'il faut qu'on y aille doucement, pas à pas. On est deux cœurs brisés et déçus, son histoire est particulièrement dure. C'est normal qu'il manque de confiance et qu'il ait besoin de se recentrer un peu.
Je souffle et me relève doucement avant de retourner discrètement dans ma chambre pour me doucher et me changer. J'ai une drôle d'impression qui ne veut pas me lâcher. Comme un mauvais pressentiment qui m'oppresse. J'essaie de relativiser, mais je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi.
Je descends et trouve tous mes amis en bas. Enfin... presque tous. Harry n'est pas là. Je me sers un thé et rejoins Zayn et Liam sur la terrasse. Ce dernier semble contrarié. Je m'installe et lui demande si ça va, et là, en quelques mots, mon monde s'effondre.
Harry est parti.
J'ai du mal à l'assimiler.
Pas après ce qu'on a vécu tous les deux ! Il n'a pas pu me faire ça...
Liam m'explique que ce matin, à l'aube, il l'a juste réveillé pour le prévenir qu'il rentrait chez lui, sans aucune autre explication. Juste une phrase qu'il lui a glissée et que personne ne peut comprendre à part moi. Une phrase qui brise mes dernières illusions.
« J'ai besoin de rester seul. Je ne veux que personne ne me contacte à part toi. J'ai fait une erreur, il faut que je la répare en partant. »
Ces quelques mots, qui me sont indirectement adressés, finissent de m'achever. Je suis donc une erreur à ses yeux ? Ce qu'on a vécu hier soir n'a donc pas compté ? Ses confidences, les miennes, la découverte de nos corps... il ne veut pas de moi et il a fui.
Je suis lâche, Louis.
Il me l'a dit, mais je n'ai pas voulu le croire. J'ai l'impression qu'il vient de creuser le même trou que le sien au niveau de ma poitrine. Je n'ai plus qu'une envie, rentrer chez moi et m'enterrer sous ma couette pour dormir et tout oublier.
C'est précisément ce que j'ai fait dès le lendemain, lorsqu'on a quitté notre lieu de vacances.
Zayn n'a pas compris mon changement d'humeur. Il a d'abord pensé que c'était à cause de Danielle, mais je lui ai tout de suite dit que non. Il m'a posé tout un tas de questions et j'ai fini par craquer. Je lui ai avoué ma relation cachée avec Harry et sa fuite. Il a tellement été choqué qu'il n'a pas su quoi me dire pendant un moment avant de me serrer contre lui. J'ai lâché plusieurs larmes dans le creux de ses bras avec le sentiment d'être stupide d'y avoir cru.
Harry m'avait pourtant prévenu qu'il n'était pas l'homme de la situation, j'ai pensé qu'il manquait de confiance en lui, mais il a seulement dit la vérité. Il ne voulait pas s'engager, je lui ai dit de partir s'il ne voulait pas continuer et il l'a fait. Il m'a abandonné en emportant avec lui mes dernières illusions et les vestiges du peu de confiance que j'avais réussi à reconstruire.
« Tu n'es pas à la hauteur »
« Tu dois grandir »
« Tu dois devenir un homme »
« Tu ne seras jamais capable de rendre heureux qui que ce soit »
« Tu es mou, sans consistance »
« Tu n'es pas "assez" »
Elle aussi avait raison.
Je n'ai jamais été une raison suffisante pour le retenir. Pour retenir qui que ce soit.
Je me sens si mal. Je me sens si con.
Je le déteste, putain, qu'est-ce que je le déteste !
Mais le pire, c'est que je me déteste encore plus.
À suivre...
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Ne me tuez pas siouplez et n'oubliez pas que sans moi vous n'aurez pas la suite 😊
De nouvelles révélations, cette fois, de la part de Louis. Ils se ressemblent bien plus qu'ils ne le penses ces deux-là, ils gèrent juste différemment.
Cette partie de Louis est très importante, car la maltraitance psychologique est très mal connue. Si vous vous sentez mal dans votre couple et que votre personne vous rabaisse, vous insulte et fait pression sur vous, vous êtes peut-être dans ce cas de figure. Attention, on ne parle pas de simples disputes, mais de mots répétés, assénés comme des vérités que vous finissez par accepter tant vous avez l'habitude de les entendre.
Si c'est le cas, un numéro d'urgence existe. N'hésitez pas à appeler pour vous faire conseiller : 3919
Vous pouvez également composer le 17, le 112 et le 114 par sms si vous ne pouvez pas parler librement ou pour les personnes ne pouvant le faire tout court.
N'hésitez pas, même si c'est difficile et n'oubliez pas, vous n'êtes jamais le problème même si la culpabilisation est souvent une arme utilisée dans ce genre de cas.
Ce chapitre clôture la partie 3 et donc ce qui sera le premier tome de cette saga.
Un petit bilan de la réécriture sur la partie qui suit !
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