- Disons que j'ai été inspiré... je souffle en me rapprochant encore un peu plus de lui.

Ses joues se colorent doucement, mais il ne bouge pas d'un iota.

Mon nez touche presque le sien et nos yeux ne se lâchent plus. Les battements de mon cœur sont affolés et un énième frisson me parcourt l'échine. Mon ventre remue dans tous les sens, c'est à la limite du supportable.

Je meurs d'envie de combler le peu d'espace qu'il y a entre nous, mais je n'ose pas. Je ne sais pas si c'est réellement ce qu'il veut. Je n'ai jamais embrassé un homme jusqu'ici et même si ça ne doit pas être bien différent d'une femme, ça me bloque un peu. Même les quelques verres que j'ai bus ne suffisent pas à me calmer. Je perds tous mes moyens face à son visage d'ange, à son regard brillant, à ses lèvres rosées qui m'appellent.

Mon manque de confiance prend le dessus. Je me pose trop de questions, dissipant la magie. Je ne veux pas le brusquer et risquer de perdre le début de lien qui existe entre nous. Même si ses réactions vis-à-vis de moi laissent peu de place aux doutes, il ne s'est jamais exprimé clairement sur ses préférences ou ses envies.

Peut-être que pour lui aussi c'est la première fois qu'un homme l'attire ?

Je me recule doucement et me concentre sur mon verre vide que je fais tourner entre mes mains nerveusement. J'entends Harry soupirer et repose brièvement mon regard sur lui juste à temps pour voir passer une lueur de déception dans ses yeux.

Je regrette mon choix instantanément, mais c'est trop tard. Autant lui poser les questions qui me viennent à l'esprit.

- Tu... tu as déjà... tu as déjà embrassé un homme ?

Il relève un sourcil amusé, un sourire en coin aux lèvres.

- Eh bien oui... je suis gay, Louis. À cent pour cent.

Je fronce les sourcils.

- Pourtant...

J'hésite à continuer, il me donne un léger coup d'épaule pour m'encourager.

- Il y a eu cette fille en boîte, puis la serveuse... c'était... tu avais l'air charmé...

Il secoue la tête, toujours souriant.

- J'ai fini dans les bras de qui ces deux fois ?

Je rougis à ces mots. Dans les miens. Je n'ose cependant pas prononcer ces mots.

- Alors... pourquoi ?

Il soupire en fermant les yeux quelques secondes.

- C'est parfois plus simple de jouer un rôle, de se cacher derrière une image...

- Je vois, je connais bien.

Il acquiesce sans répondre. C'est inutile, on est sur la même longueur d'onde.

- Je... je suis seul depuis un moment. En fait, je n'ai jamais été vraiment avec quelqu'un et ce n'est pas toujours facile de savoir ce que je veux vraiment. C'est compliqué là-dedans, remarque-t-il en tapotant son front.

Je sens mon cœur se contracter. Est-ce une manière polie de me dire qu'il ne veut rien de sérieux ou rien tout court ?

- Je me suis montré trop entreprenant ? je le questionne à voix basse, comme pour donner moins de portée à mes mots.

- Absolument pas... tu n'y es pour rien dans mes prises de tête inutiles. Je me suis montré bien plus audacieux que toi si tu veux mon avis. Je m'attendais à être recalé à chaque fois, mais tu ne l'as jamais fait. Je pense que ça m'a déstabilisé.

Je souris, fier de voir que j'ai pu avoir cet effet sur lui malgré mon insignifiance.

- Tu as donc réussi à passer à autre chose par rapport à ton ex ? s'enquiert-il en replaçant une de mes mèches qui tombaient sur mon front, me faisant frôler la crise cardiaque.

- Oui... je confirme tout en observant ses traits dont je ne me lasse pas. Depuis que je suis ici, je me sens mieux. J'ai trouvé la force qu'il me manquait pour y arriver... va savoir pourquoi ! Pour ne rien gâcher, je me découvre des attirances inédites, c'est assez fort d'ailleurs.

Je l'observe intensément et je parviens à le faire rougir. Je ne pensais pas ça possible. Je souris, fier de moi, et pose ma tête contre son épaule. Il m'enlace et je ne bouge plus. Je me sens bien là, tout contre lui. Nous restons ainsi en silence quelques minutes supplémentaires.

Harry me serre un peu plus fort et se positionne dans mes bras, ses jambes entremêlées aux miennes. Il pose ses lèvres sur ma mâchoire et enfouit son nez dans mon cou. À son contact, mon pouls s'affole, je suis totalement sous son charme et j'ai envie de plus, qu'il prenne les choses en main et qu'il m'embrasse lui.

Après un court instant, il se remet à parler, d'une voix à peine audible m'obligeant à me concentrer pour comprendre. Son souffle vient s'échouer sur ma peau ce qui me fait frissonner.

- Je n'ai pas beaucoup d'expérience en amour. En réalité, je crois n'être jamais réellement tombé amoureux.

Il soupire. Je sens que ce n'est pas évident pour lui de s'exprimer. Je le laisse prendre son temps. Pour l'encourager, j'attrape sa main libre pour entremêler nos doigts.

- Je n'ai eu qu'un seul vrai coup de cœur et ça s'est très mal terminé. Au point que je n'ai plus jamais réussi à avoir assez confiance en quelqu'un pour me remettre en couple. J'ai eu quelques passades, évidemment, mais que des histoires sans lendemain dont je n'ai jamais parlé à personne, genre coup d'un soir.

Il dépose furtivement ses lèvres contre mon cou, comme pour effacer la douleur que pourrait m'évoquer cet aveu. Je n'ai pourtant pas à porter le moindre jugement sur sa vie, sachant qu'à une période de ma vie, j'ai fait la même chose.

Je lui caresse la main de mon pouce pour lui montrer que je suis toujours là.

- Les sentiments me font peur. J'ai peur du mal qu'on pourrait me faire, continue-t-il, la voix légèrement tremblante. Aimer, c'est se donner entièrement à l'autre, corps et âme, et quand je sais ce qu'on peut en faire, ça me paralyse.

Il souffle doucement pour évacuer son stress.

- En général, il me faut beaucoup de temps pour m'ouvrir aux autres. Je suis du genre à être replié sur moi-même. Seul Liam me connaît vraiment et heureusement qu'il est là, sinon je serais vraiment seul. Je ne me sens pas dans mon élément entouré de gens. En fait, je suis un solitaire qui souffre de sa solitude... c'est ridicule, hein ?

- Non, pas du tout, je souffle en déposant un baiser dans ses cheveux. Tu as sûrement dû beaucoup souffrir et tu veux maintenant te protéger... c'est tout sauf ridicule.

Il acquiesce en silence à mes mots. L'une de ses mains caresse ma hanche. Je sens son cœur battre fort contre moi, il embrasse une nouvelle fois ma peau.

- Ça ne te donne pas envie de fuir ? demande-t-il en continuant son câlin. Je suis... bizarre !

- Non, je murmure en riant doucement, tu es beaucoup de choses, mais pas bizarre. C'est humain de faire attention à ce qu'on ne nous fasse pas de mal, on est tous comme ça, après chacun a sa façon de l'exprimer.

- Tu me vois comment alors ?

Décontenancé par sa question, j'y réfléchis quelques secondes tout en passant ma main dans ses boucles douces.

- Hum... je dirais adorable. Adorable et torturé. C'est un mélange détonnant, je te l'accorde, mais au moins on ne s'ennuie pas avec toi !

Il rit contre moi, ce qui me fait sourire.

- Je ne trouve pas que tu sois si distant que ça, moi, j'objecte tout en continuant mes caresses dans ses mèches

- Je ne sais pas quel pouvoir tu as sur moi, Louis Tomlinson, mais effectivement, avec toi c'est différent. Ne me demande pas pourquoi, je n'en sais rien.

- On s'en moque en même temps... l'essentiel c'est que ça se passe bien, non ? je souligne avec un grand sourire qu'il ne peut voir.

Il hoche la tête tout en me serrant un peu plus fort contre lui.

- Même si j'ai joué au con avec cette serveuse ? Ou bien que je fuis dès qu'on est plus tous les deux ?

Je soupire, mais décide d'être honnête.

- Je te mentirais si je te disais que ça ne m'a rien fait, je chuchote. Mais je ne peux pas t'en vouloir après ce que tu m'as dit. Ça arrive d'avoir peur. J'ai peur tout le temps. Il te faut peut-être du temps... ou bien une autre personne...

Il secoue la tête résolument.

- Personne jusqu'ici n'a jamais réussi à me perturber autant que toi, alors imaginer qu'une autre personne puisse y parvenir un jour, ce n'est pas pensable. C'est juste que je ne suis pas très doué, je te l'ai dit et ouais, ça me fait peur.

- Je te fais peur ? je plaisante un peu, pour dédramatiser la situation.

- Eh bien... pour être honnête, un peu.

Je me redresse, ce qui l'oblige à se relever également. Je le regarde droit dans les yeux, les sourcils froncés, vexé par son aveu.

- Je... très franchement, je ne sais pas comment le prendre...

Il me sourit en me caressant la joue du dos de la main.

- Ce que je veux dire, c'est que ce que tu me fais ressentir qui me fait peur.

Il m'invite à reprendre ma position initiale. J'hésite un instant, mais je sais que notre câlin l'aide à s'ouvrir à moi, à se confier et ça me pousse à céder. Il se repositionne aussitôt dans mes bras et embrasse mon cou.

- Désolé, je ne voulais pas te blesser.

- Explique-moi ce que tu as voulu dire, ça va m'aider à mieux comprendre...

Il hoche la tête, ses boucles me chatouillent le visage, ce qui me fait sourire.

- Ce que je veux dire c'est que jusqu'ici, tu as toujours eu que des femmes dans ta vie. Je pense que tu ne sais pas très bien où tu en es en ce moment parce que tu sors d'une relation difficile qui s'est mal terminée. Tu t'en remets peu à peu et je ne voudrais pas profiter de ce moment d'incertitude et que tu finisses par m'en vouloir pour ça.

Je prends le temps de réfléchir avant de répondre. Il a raison, ma relation avec Danielle a laissé des traces, comme des ecchymoses invisibles qui m'ont abîmé l'âme et le cœur, mais je vais mieux. Ses mots me font toujours autant de mal et me hantent encore et encore, mais j'ai fait le deuil de ma relation avec elle. J'ai ouvert les yeux et je n'ai plus aucune envie de la revoir.

Ma rencontre avec Harry a certes beaucoup joué dans mes ressentis. Même si on ne se connaît pas depuis longtemps, il a réussi à me redonner envie d'avancer et de reprendre ma vie en main.

Est-ce que je suis incertain pour autant ?

Est-ce que ce que je ressens quand je suis en sa présence vient du fait que je ne sache plus ce que je j'attends de la vie ?

La réponse est non.

Ce n'est pas le cas, j'en suis certain. Si ça l'avait été, je ne serais pas aussi stressé à l'idée de l'embrasser ou de me retrouver un jour dans le même lit que lui. Je ne me poserais pas dix mille questions le concernant, sur ce qu'il peut penser ou ressentir vis-à-vis de moi et de la vie en général.

Il m'intéresse vraiment. Lui tout entier. Sa façon de penser, d'être, sa beauté, son intelligence. Ce n'est pas un simple coup de cœur en l'air, c'est une révélation. C'est d'ailleurs ce qui me fait peur... ma vie prend une tournure que je n'attendais pas et ça me donne le vertige. Je comprends ses doutes, j'ai les mêmes en permanence me concernant. Il faut que j'arrive à le rassurer.

Je prends une grande inspiration pour me donner du courage et je me lance.

- Je ne t'en voudrais de rien, Harry, parce que j'ai cherché aussi à ce que la situation change entre nous. Je ne suis plus un gamin et je sais ce que je fais. Même si je me demande tous les jours ce que tu me trouves et pourquoi tu apprécies ma présence, les faits sont là et j'aime tout autant quand tu es près de moi. Ça n'a rien à voir avec Danielle ou ma rupture. C'est... c'est là, c'est tout, ça existe et j'adore ce lien entre nous.

- Tu te demandes vraiment ce que je te trouve ? s'étonne-t-il en tentant de se redresser, mais je l'en empêche.

C'est plus facile pour moi aussi qu'il reste dans cette position. Je me mordille la lèvre, hésitant dans ce que je dois lui révéler ou non. Je n'ai pas envie de remuer certaines choses, mais je peux expliquer un peu... si je veux qu'il soit honnête, je dois l'être aussi.

- Danielle m'a fait beaucoup de mal, elle m'a traité comme un moins que rien et j'ai du mal à ne pas croire tout ce qu'elle m'a dit pendant toutes ces années. Elle a brisé la confiance que j'avais en moi et aujourd'hui, j'ai du mal à croire que je puisse plaire à quelqu'un ou même être à la hauteur dans une relation. Alors qu'un homme tel que toi puisse ne serait-ce que poser ses yeux sur moi, je ne comprends pas pourquoi. Je n'ai rien pour moi, rien à offrir...

Cette fois, il se relève et pose un doigt sur ma bouche. Son regard est dur, sa mâchoire serrée et je me ratatine sur moi-même, persuadé d'avoir tout gâché.

- Je ne sais pas ce que cette fille t'a rabâché pour que tu aies si peu d'estime de toi, mais crois-moi, tu as plus à offrir que n'importe qui. Tu es un bel homme, gentil et à l'écoute, tu es intéressant et intelligent, drôle aussi... je pourrais continuer des heures comme ça...

Il caresse ma joue et passe une main dans mes mèches, ses yeux s'ancrant aux miens.

- Je n'ai rien d'exceptionnel, hein. Je ne sais pas d'où ça te vient, mais moi aussi je suis cabossé et mes cicatrices m'ont beaucoup changé. Je n'ai pas beaucoup confiance en moi non plus, pourtant je suis là ce soir, près de toi et je n'ai envie d'être nulle part ailleurs malgré mes doutes et mes peurs. Donc, s'il te plaît, ne me dis plus jamais ça, que tu ne me mérites pas, c'est tout le contraire, OK ?

Je rougis fortement à ce qu'il me dit et baisse la tête un instant. Je mords ma lèvre puis acquiesce. Je ne suis pas certain de le croire complètement, mais ça me fait du bien de l'entendre. Je ne suis pas vaniteux, mais les compliments, ça réchauffe le cœur.

- OK... désolé... je... toi aussi, je crois que tu ne te vois pas tel que tu es... on partage un nouveau point commun.

Il rit doucement en secouant la tête et se repositionne dans mes bras. Je récupère quelques mèches et commence à les tresser pour me détendre. Je cherche comment formuler ce que je veux lui dire. Ce n'est pas facile.

- Tu m'attires, Harry... alors oui, je sais, j'ai un peu bu. Assez en tout cas pour trouver le courage de te le dire en face, mais pas suffisamment pour ne pas savoir ce que je raconte.

Je le sens se tendre dans mes bras. Je me tais pour lui laisser le temps d'assimiler et peu à peu, je le sens se calmer. Il soupire et pose ses lèvres dans mon cou. Je comprends qu'il m'encourage à continuer, alors je le fais.

- Tu as raison, je suis un peu paumé dans ma vie en ce moment, parce que j'ai passé plus de temps à vivre pour une personne qui n'en avait rien à faire de moi que pour moi. Je me suis oublié dans cette histoire et aujourd'hui je dois me reprendre en main pour avancer dans le sens que je veux. Comme toi, j'ai peur. Peur d'avoir de nouveau mal, de me tromper, de faire du mal aussi... mais si on n'ose jamais, il n'arrive rien, tu ne crois pas ?

Il acquiesce en soufflant un « oui » qui me fait sourire. J'attaque une deuxième tresse.

- Tu as raison, j'ai eu jusqu'ici des relations qu'avec des filles et je ne pensais pas qu'un jour ça puisse changer. Pas parce que je suis contre l'idée, mais parce que j'imaginais que je m'en serais rendu compte avant. Il est clair que non. J'ai toujours pensé qu'on tombe amoureux d'une personnalité et pas d'un genre... donc finalement, ça va dans ce sens. Je suis attiré par toi, pas par le fait que tu sois un mec, tu vois ?

- Je comprends, oui.

Je hoche la tête dans le vide, puisqu'il ne peut pas me voir et continue mes tresses en silence un petit moment, le laissant digérer mes mots et rassemblant mes propres idées pour les formuler au mieux. On est au milieu de la nuit, je suis fatigué, ce n'est pas facile d'avoir une discussion aussi sérieuse dans ces conditions.

- Là où tu as tort, par contre, c'est qu'en ce moment, je sais exactement ce que je veux et celui que je veux, c'est toi. Tu pourrais être mon exception, si ça te dit.

Harry se redresse et me regarde avec un mélange d'étonnement et d'envie. Je n'ai jamais été aussi sincère et j'espère vraiment qu'il le ressent. Il semble hésiter, mais au bout de quelques secondes, il se penche vers moi et dépose délicatement ses lèvres sur les miennes, me donnant ainsi son accord silencieux.

Le baiser est doux, en surface, mais mon cœur semble exploser à son contact. Une vague de bien-être me submerge. Ma peau frissonne, mon pouls s'emballe et mes mains tremblent légèrement sous l'émotion qui me secoue. Une de mes mains glisse de sa joue à sa nuque pour le rapprocher un peu plus de moi pendant que nos lèvres bougent ensemble dans un ballet parfaitement synchronisé. C'est comme si elles n'avaient attendu que ça, se retrouver. Comme si elles avaient été moulées pour être ensemble et ainsi, les unes contre les autres, devenir un ensemble parfait.

Harry se recule doucement me laissant une impression de vide là où sa peau touchait la mienne il y a quelques secondes. Il pose son front contre le mien, les yeux fermés, le souffle court. Je suis encore sous le choc, ma poitrine se soulevant rapidement et des papillons voletant partout dans mon estomac. C'était mille fois mieux que tout ce que j'ai connu jusqu'ici. Mieux que ce que j'avais imaginé dans mes rêves.

- Tu ne regrettes pas ? chuchote-t-il.

- Absolument pas... et toi ? je réponds sur le même ton.

- Non, répond-il en se reculant pour me regarder.

Un large sourire illumine son visage, mais rapidement une ombre prend place sur ses traits angéliques me faisant froncer les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande en me préparant mentalement à me faire remballer.

Il secoue la tête, hésite, puis m'explique sa réaction.

- C'est juste... c'est... ça me fait peur, Louis, avoue-t-il finalement. Pour toutes les raisons qu'on a déjà évoquées... je... je ne veux pas encore une fois me tromper et avoir mal. Je suis désolé d'être... comme ça ?

Je secoue la tête.

- Je comprends parce que je ressens la même chose. La peur est là, elle le sera toujours... mais j'ai envie d'essayer, pas toi ?

Il hésite encore une fois, puis acquiesce en me regardant avec une telle intensité qu'un frisson me remonte le long de l'échine.

- Écoute, si je te promets que ça n'arrivera pas, tu ne vas pas me croire et c'est normal, parce que rien ne vaut les actes. Alors, laisse-moi la chance de te le prouver.

Harry m'écoute avec attention, un masque de profonde tristesse imprégnant ses traits. Il semble hésiter, son souffle s'échouant sur mon visage. Je dépose rapidement mes lèvres sur les siennes.

- Je... je ne suis pas parfait, mais je sais une chose, je ne suis pas méchant ou cruel. J'ai vécu l'humiliation et le rabaissement, on a joué avec mes émotions et mes sentiments... je suis incapable de faire la même chose. Je sais trop quel mal ça fait... donc... essayons... on verra ce qui se passera...

Mon cœur bat fort. Les mots sont là, pas loin, mais pour une fois, j'arrive à les tenir à distance. Je ne veux pas qu'ils viennent gâcher ce moment. Je dois croire que j'ai une chance, même si ça me paraît fou qu'Harry ait eu envie de m'embrasser, de me tenir contre lui... je veux vivre l'instant.

Le sourire du bouclé revient et il acquiesce.

- On verra ce qu'il se passera, répète-t-il en prenant en coupe mon visage. Je veux bien essayer... parce que contrairement à ce que tu crois, tu es parfait... pour moi et c'est ce qui compte, non ?

Je n'ai pas l'opportunité de répondre, car il s'est approché et son nez caresse le mien, me faisant perdre le fil de mes pensées. Il dépose lentement ses lèvres sur les miennes, comme pour réaliser ce qu'il se passe, profiter de chaque seconde avant que le baiser ne prenne de l'ampleur.

Tout un flot d'émotions me traverse, mon ventre est en feu, ma peau frissonne alors qu'elle est bouillante, tous mes sens sont sens dessus dessous et pourtant je n'ai jamais été aussi certain d'être à ma place qu'à cet instant volé au monde.

Le baiser se fait un peu plus passionné, nos langues se retrouvent pour la première fois et je ne peux réprimer le léger gémissement qui m'échappe. Elles jouent ensemble, se caressent, se découvrent avec une douceur inattendue. Je pensais qu'entre hommes ce serait plus viril, moins tendre, plus combatif... que des idées reçues ! C'est tout le contraire. Affectueux et intense à la fois et moi, je décolle.

Il passe ses mains dans mes mèches, joue avec elles, tire légèrement dessus en veillant à ne pas faire mal. Je ne sais plus qui je suis tant il m'emporte dans un autre monde. Je m'accroche à son t-shirt, je fonds contre lui, nos bustes se collant et je sens nos cœurs battre la même chamade. Je m'enivre de sa chaleur, de son parfum, de sa peau qui enflamme la mienne.

Lorsqu'on s'écarte l'un de l'autre, on est à bout de souffle et un même sourire flamboyant illumine nos visages. Il se penche vers moi et dépose des petits baisers tout le long de ma mâchoire. Il plonge ensuite son visage dans mon cou et me respire. Je sens de nouveau ses lèvres sur ma peau. Je penche la tête pour lui laisser un peu de place et ferme les yeux pour encore mieux apprécier ce qu'il me fait ressentir.

Il retrouve rapidement mes lèvres et me donne un nouveau baiser tout aussi fou et tout aussi rempli d'émotion. Je sens le désir poindre, mais c'est trop tôt. Beaucoup trop tôt. Je ne suis pas encore prêt à aller jusque-là, encore moins après avoir consommé de l'alcool et sans savoir de quoi demain sera fait. J'ai besoin d'avoir confiance en lui comme en moi, j'ai besoin de temps et d'être sûr de ce que je fais.

Il doit ressentir la même chose, car il radoucit le baiser avant de se reculer, un doux sourire aux lèvres. Il se cale contre moi et cache sa tête dans mon cou. C'est visiblement son nouvel endroit préféré et cette pensée me réchauffe le cœur. Nous restons ainsi un long moment, en silence, profitant juste l'un de l'autre et de notre contact.

Lorsque je sens qu'il commence à s'endormir et que moi-même j'ai de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts, je le secoue gentiment en lui murmurant à l'oreille qu'il est temps d'aller se coucher. Il grogne, mais s'écarte de moi pour essayer de se relever. Entre la fatigue et l'alcool qu'il n'a pas tout à fait évacué, il perd l'équilibre et tombe sur les fesses.

Il relève des yeux surpris et on étouffe un rire pour ne pas réveiller toute la maison. Je me mets sur mes pieds et l'aide à se redresser. Il vacille légèrement et se raccroche à moi en riant doucement.

- Désolé... je suis crevé et les cocktails mélangés à toutes les émotions que tu m'as fait ressentir ont eu raison de moi. J'ai des vertiges...

Je ris en secouant la tête et il me vole un baiser. J'adore la sensation que ça me procure. Il va avoir ma peau si ça continue ! On rejoint l'escalier, un Harry détendu et heureux accroché à moi. L'ascension des marches se fait laborieusement. On s'arrête tous les deux pas pour s'embrasser. J'ai l'impression d'avoir de nouveau quinze ans. Je suis léger, je me sens bien et plus rien d'autre ne compte, n'existe que nous.

Une fois devant la porte de nos chambres, nous nous regardons un instant, semblant hésiter sur ce qu'on doit faire.

- Bonne nuit, Harry, je souffle en lui caressant la joue. J'espère que tu as apprécié cette soirée et que tu ne m'en voudras pas demain pour tout ça...

- Il n'y a aucune chance, murmure-t-il en penchant sa tête pour amplifier le contact avec ma paume. C'est plutôt moi qui devrait te dire ça...

Son sourire se fane doucement et une lueur d'inquiétude traverse son regard. Je l'attrape par la taille pour le rapprocher de moi et dépose doucement mes lèvres sur les siennes.

- Tout va bien, d'accord ? je lui assure en posant une main sur sa nuque.

- Tu vas regretter... répond-il en soupirant. Tu vas te rendre compte que tu as fait une connerie.

Je secoue la tête.

- La seule connerie que j'aurais pu regretter c'est de ne pas avoir tenté, de ne pas t'avoir embrassé... je te promets que demain, je penserai la même chose. Je n'ai quasiment pas bu.

La souffrance et l'incertitude qui habitent son regard me serrent le cœur. Je dois lui prouver qu'il se trompe. Je sais bien que je pourrais lui dire ce que je veux, il n'en démordra pas, mais demain je serai encore là. Je serai là tant qu'il voudra de moi. Pour l'heure, je n'ai qu'une promesse à lui donner, alors même si ça ne sert à pas grand-chose, je la lui fais.

- Je te le jure.

Avant qu'il ne dise quoi que ce soit d'autre, je l'embrasse avec passion, serrant son corps contre le mien, l'obligeant à se pencher pour être à ma hauteur. Il passe ses mains dans mon dos et me plaque contre le mur. Ce baiser est à la fois désespéré, envieux et passionné. Je ne peux m'empêcher de gémir lorsque son corps se presse contre le mien. Il se calme aussitôt et détache ses lèvres des miennes pour me regarder dans les yeux. Il m'embrasse encore. Un baiser en surface, calme et posé, un baiser qui me fait frissonner à cause de toutes les significations qu'il peut avoir.

J'aimerais dire qu'il a un goût d'éternité, mais je sais que ce n'est pas le cas. Pas encore. J'espère sincèrement que ça viendra, qu'Harry me fasse assez confiance un jour pour me l'accorder cette éternité, mais ce n'est pas encore le moment. Il faudra du temps, autant pour lui que pour moi.

Il picore ma peau, l'air de ne pas avoir envie qu'on se sépare. Je ne le veux pas non plus. Je lui proposerais bien de venir dormir avec moi, mais je crains trop le réveil gêné demain matin. Je ne suis pas certain qu'on soit déjà prêt à vivre une telle situation. Après un dernier baiser chaste, on regagne chacun notre lit.

Lorsque je me retrouve seul dans les draps frais,je ne peux m'empêcher de repenser à ce que je viens de vivre et un sourireniais étire mes lèvres légèrement gonflées par nos baisers. Rapidement, pourtant,une certaine inquiétude m'étreint de ce que sera demain

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Youhouuuu ! LE PREMIER BAISER ! ENFIN ! 😍

J'ai envie de qualifier ce chapitre d'intense... vous en pensez quoi ? 🤔

Un Harry bouleversant, un Louis touchant, des personnages attachants... ça me donne envie de les câliner, pas vous ?🤗

Hâte de vous poster la suite !

💙💚