Valentin & Juliette : part 1
Le gymnase remplit d'élèves, la directrice sur l'estrade, un sourire fier collé au visage. La doyenne observait le visage attentif de chaque élève présent, et se délectait de la future incompréhension qui viendra s'ajouter à la fête. Une fois qu'elle était certaine d'être le centre de toutes les attentions, elle prit la parole.
<< Très chers élèves et professeurs. Comme vous le savez, notre école est purement consacrée à développer le talent et le potentiel de ses étudiants dans une large panoplie de domaines unissant le sport et l'art. Nombreux d'entre vous récolteront des contrats de sponsors avec de grandes industries dans vos domaines de prédilection, mais vous savez tous que vous devrez être capables d'improviser durant votre parcours. C'est pourquoi nous exigeons de vous que vous soyez aptes à jouer sur scène alors que la veille vous participiez à une compétition sportive. Tout ça pour en venir au point qui nous a rassemblé aujourd'hui : comme chaque année, les habitants de Tokyo ainsi que des villes à proximité viennent dans notre amphithéâtre afin d'assister à l'une de nos pièces de théâtre. Cette année, nous allons continuer la tradition avec la pièce « Roméo et Juliette » de William Shakespear. >>
Tsunade fut contrainte d'arrêter son annonce, puisque les élèves se regardaient, surexcités. Leur école avait déjà interprété cette pièce si particulière il y avait une dizaine d'année, mais ce classique faisait partie des plus grands rêves des comédiens. Cette annonce laissait indifférent les sportifs masculins, mais ils savaient parfaitement que les choisis seront obligés d'y participer.
Une fois le brouhaha dissipé, la pulpeuse blonde reprit la parole, jubilant à l'avance de la réaction des personnes de la salle.
<< Permettez-moi de distribuer dès à présent les rôles. Sachez avant tout que les rôles ont été attribués par mes soins, et que j'ai pris mes décisions suite à nombreuses observations.. Donc aucune plainte ne sera acceptée. Me suis-je bien faite comprendre ? >>
Voir certains déglutir la fit sourire. Elle repensa alors à ses profondes recherches, un fin sourire étirant ses lèvres colorées.
L'établissement privé de l'académie de Konoguken possède les degrés allant de l'école primaire à l'université, ce qui fait que ce n'était pas rare de voir certains élèves depuis leur plus tendre enfance sur le campus. Étant investis depuis l'enfance, il n'est pas rare de constater que les élèves suivent la voie choisie par leurs parents, certains préférant arrêter puisqu'ils ne pouvaient pas tenir le rythme. Malgré tout, le seul critère présent au début de l'enfance, c'était un budget conséquent de la part du corps parental. Néanmoins, au fil des années, la direction ainsi que le comité de chaque sections exigeait de plus en plus de critères, rendant ainsi les choses plus compliquées. La notion d'argent était facile à espacer avec les nombreuses bourses que proposait l'établissement, mais les attentes envers les nouveaux arrivants étaient de plus en plus grandes, effaçant ainsi les moins motivés, ne gardant que les meilleurs nouveaux arrivants.
La directrice avait alors pris sur son temps de repos pour longer les nombreux couloirs, les nombreuses cours de son académie. Elle observait ainsi chaque élève, et s'interrogeait sur ceux qui captaient son attention. Elle essayait de regrouper des élèves qui avaient en commun l'âge, mais ce n'était pas pour autant une chose facile.
Durant ses recherches, son regard fut attiré par un élément surprenant. Elle avait vu à plusieurs reprises des couleurs de cheveux pour le moins particulières au sein de son établissement, mais jamais encore elle n'avait vu un tel rose. Elle décida alors de prêter un peu plus attention à cette classe et remarqua une autre jeune fille, blonde cette fois-ci, avec laquelle la fille aux yeux vert pomme ne pouvait s'empêcher de s'envoyer des pics agressives. Elle observa avec attention et sourit en constatant que certains sortaient définitivement du lot, oubliant les coupes particulières de certains. Il n'y avait rien à dire, malgré le fait qu'elle ne comprenait en rien aux nouvelles modes, la directrice devait affirmer que la jeune rose était talentueuse. Elle s'informa discrètement, sans déranger le cours, et prit les identités de ceux qui avaient attiré son attention, avant de tourner les talons vers un autre cours.
Elle venait d'observer toute la section universitaire en ayant constater que certains qui étaient censés être au mieux de leur forme ne parvenaient à rien de bien concluant. Et c'était alarmant pour elle, puisque pour certains la fin de leur cursus était déterminant pour leur carrière. Or s'ils ne se reprenaient pas immédiatement en main, ils devront se réorienter vers de nouveaux domaines, choses qui devient difficile s'ils ne montrent aucun intérêt. Elle se promit d'étudier cette problématique fâcheuse, pour l'heure, l'organisation était pour la pièce qui pourrait aider certains de signer un contrat intéressant dans les meilleurs films et groupes de théâtre connus à ce jour.
La voilà se baladant près des terrains consacrés à la course à pied, et elle observa un groupe restreint qui s'entraînait pour les Jeux Olympiques. Son regard fut plus particulièrement attiré par un jeune ténébreux à la coupe pour le moins étrange, comme si c'était une perruche, qui était sur la ligne de départ avec un autre garçon. Elle s'arrêta voulant voir les progrès des élèves et fut agréablement surprise de voir que ces lycéens étaient capables d'aller aussi, le devenant encore plus en comprenant que le jeune ténébreux était le plus assidu de tous ses camarades. Elle apprit même assez facilement le nom de cet élève, puisque des groupies l'encourageaient en hurlant à qui veut l'entendre leur amour. Elle secoua la tête, navrée, puis s'éloigna après avoir récolté les informations nécessaires.
Après deux longues journées de recherches, Tsunade se sentait fatiguée. Elle avait, selon elle, fait le tour des élèves et avait déjà réalisé une certaine sélection. Pourtant, elle se sentit particulièrement déçue de ne pas avoir trouvé la perle rare. Elle était persuadée qu'au milieu de cette ribambelle d'élèves se cachait un talent rare, mais aucun ne remplissait ce critère. Elle se dirigeait jusqu'au bâtiment étant destiné aux différents conseils des élèves, possédant également les salles des professeurs ainsi que son bureau, voisinant le secrétariat, quand elle se figea. Tout était étrangement calme.
Juste à côté du bâtiment administratif se trouvait une sorte de petite cabane agrandie, puis aménagée en garderie, avec un jardin d'enfants et des caméras afin d'assurer une sécurité complète. Cette garderie était là pour que les enfants du corps enseignant soient pris en charge durant leur travail, leur permettant ainsi de souffler. Et ils avaient tendance à être particulièrement bruyants habituellement. Pourtant, cette fois, ce fut un silence plein. Elle avait pensé que c'était le moment de la sieste, mais cette théorie fut balayée quand elle entendit des exclamations puis des rires d'enfants. Intriguée, elle entra dans ce petit habitacle et salua l'adulte responsable de tout ce petit monde.
<< Bonjour Kurenai. >>
<< Oh Tsunade ! Comment vas-tu ? >>
<< Bien et toi ? >>
<< Bien ! Qu'est-ce qui t'amène ici ? C'est rare de te voir venir vers ces enfants que tu qualifies habituellement d'insupportables à cause du bruit qu'ils causent ! >>
<< Justement Kurenai.. N'est-ce pas un peu trop calme ? >>
<< Oh ça.. Tu te rappelles, tu as proposé d'instaurer une sorte de club qui permettrait à des élèves d'aider la garderie ? >>
<< Oui.. et alors ? >>
<< Eh bien ce calme est l'œuvre d'une élève, très chère ! >>
<< Comment ? >>
<< Va voir par toi-même ! >>
Elle avait accompagné ses paroles d'un clin d'œil complice, intriguant sa supérieure et amie. Elle s'approcha alors de la petite scène aménagée et resta figée face à ce qu'elle voyait.
Une jeune fille, dont ses cheveux bleu nuit ont été attachés en un chignon vite fait, était en train de raconter une histoire aux enfants, jouant les personnages en s'aidant de nombreux jouets. Cette manière de raconter peut sembler anodine, simpliste et même enfantine, mais la blonde voyait comme une aura briller autour d'elle. Il faut une certaine sensibilité pour être capable de raconter une histoire.
À la fin du conte, une petite fille au regard ébène s'agrippa à la jambe de la lycéenne.
<< Qu'est-ce qu'il y a, Sarada-chan ? >>
<< Tu peux nous jouer « Le Petit Chaperon Rouge », Onee-chan ? >>
<< Hum.. seulement si tes camarades veulent aussi que.. >>
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que tous les enfants crièrent de joie et se réinstallèrent, tous attentifs. Un petit rire échappa à cette jeune fille, et elle s'actionna, avec certains petits, à préparer ce qui lui servira à jouer cette histoire. Une fois le kamishibai* prêt, elle accrocha sur ses épaules une cape à capuche rouge, et avait à la main une marionnette d'un loup, ainsi qu'un panier en osier, recouvert par un linge. Elle commença ainsi rapidement à prendre une voix posée, narrant l'histoire de cette petite fille courageuse. Elle racontait l'histoire, faisant bouger en rythme la marionnette ce qui récolta certains rires, mais accaparait l'entièreté de l'attention de son auditoire. Tsunade faisait un petit sourire, ravie de voir une élève autant investie, quand elle se figea en remarquant qu'elle ne lisait pas l'histoire. Elle fut encore plus soufflée quand la jolie élève, pour faire parler le Petit Chaperon Rouge, entrait momentanément dans le personnage pour en sortir facilement. Elle alternait entre ce rôle passager et celui de la narratrice, d'une manière complètement fluide.
La jolie professeure aux côtés de la doyenne sourit devant l'air ahuri de sa supérieure.
<< Impressionnante, n'est-ce pas ? J'étais dans le même état quand au bout de la deuxième fois elle était entrée ainsi dans l'histoire. >>
<< La deuxième fois ? Que veux-tu dire ? >>
<< Le premier jour qu'elle était venue, elle venait d'entrer au collège, avec une bourse. C'était d'ailleurs la dernière personne qui obtint une bourse sans les exigences supplémentaires que t'as ajoutées par la suite. Elle m'avait alors avoué ne pas avoir un talent spécial, mais qu'elle voulait faire honneur à sa mère qui aimait le kabuki** en parvenant d'être diplômée de cette école. Pourtant, ça se voyait qu'elle était plus à l'aise avec les plus petits qu'avec les autres tranches d'âge, puisqu'elle ne m'avait jamais regardée dans les yeux ce jour-là.. Je lui avais alors proposé de lire une histoire aux enfants, afin de la mettre à l'aise.. >>
A peine expliquait-elle les faits qu'elle revoyait ce souvenir, comme si c'était la veille. Elle la revoyait arborant son air timide, tenant son livre entre ses mains, et commençait à lire l'histoire. Hors, elle fut coupée par un petit garçon qui disait en se plaignant.
<< On connaît déjà cette histoire.. C'est ennuyant. On nous l'a raconté des tonnes de fois : Boucles d'or arrive dans une maison inconnue, essaie et casse les affaires du bébé ours, mange les soupes, et sort de cette maison, effrayée par les trois ours. >>
<< C'est vrai que c'est assez connu.. >>
<< Ouais. Donc tu peux partir, vieille fille. >>
<< Konohamaru ! Un peu de tenue, petit insolent ! Excuse-le, Hyuga-chan.. Il est.. autant borné qu'énervant. >>
<< Oh ce n'est rien madame.. Hum.. alors comme ça tu t'appelles Konohamaru ? >>
<< Ouais.. Ca dérange, vieille fille ? >>
La jolie bleue ignora le ton arrogant du petit et lui adressa un sourire délicat et apaisant, ce qui le surpris. Elle ignora superbement la question en s'adressant personnellement au petit.
<< Que dirais-tu si j'arrivais à vous faire revoir cette histoire d'une autre manière ? >>
<< Comment ? >>
<< Oh tu verras.. Retiens juste un mot.. La magie ! >> avait-elle déclaré avec un clin d'œil sublime.
*
<< Elle est revenue le lendemain et a remis à sa sauce cette histoire, avec des rubans dans ses cheveux, s'étant coiffée autrement, une perruque sur la tête. Elle s'était amusée à faire vivre aux enfants l'histoire de cette jeune blonde, avec la plus belle des magies : le sourire émerveillé des enfants. >>
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Kamishibai : Théâtre portatif japonais.
Kabuki : Forme épique du théâtre japonais traditionnel.
Publié le 14 février 2019.
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