Chapitre 7: Le musée
Des mois plus tard, Holden fuma sa première cigarette de majeur tandis que le froid faisait rage. Il se demanda encore s'il manquait à Tayla et pourquoi toutes ces fois elle n'était pas venue au musée. Cette dernière refusa encore une fois un appel de son père, mais fit de son mieux avec son frère qu'elle revit et réapprenait à connaître. Malgré tout, parfois la tristesse la prenait quand elle repensait à ces jours avec Holden, car à chaque fois qu'elle risquait de se faire subir cela, Holden n'apparaissait pas non plus au musée. Lui se disait que peut-être que c'était elle qui s'était attachée à lui à cause de son état mental, qu'elle l'avait oublié, Tayla pensa à nouveau à abandonner. Pourtant comme à chaque fois elle décida d'espérer.
Tayla
Ça va faire des mois que presque chaque semaine je joue au loto d'Holden et l'air dégueu du ciel ne présage rien de bon. Je ne sais même pas pourquoi je suis là, avec cette stupide casquette sur la tête. Je vais devenir la nouvelle attraction de l'endroit à force. Je vais devoir abandonner de toutes les façons. Dans beaucoup de mois, mais dans des mois quand même il y aura l'université. Holden va peut-être finir dans une cotée. Sachant que ses parents l'ont fait commencer l'école un an plus tard à cause de quand il est né et ce que je connais de lui, il doit avoir de super notes. En plus, il est du côté des gagnants.
Mes notes sont bonnes, mais avec la concurrence de millions d'élèves aux dossiers sous stéroïdes, le mien avec mes créations ne sortira peut-être pas du lot. J'ai quand même postulé dans certaines de ces universités cotées pour une bourse. Je suis une rêveuse. C'est pour ça que j'attends le gars avec qui j'ai fui cinq jours, devant un musée, depuis des mois en me disant qu'il viendra. On dirait un mauvais conte de fées. Je soupire et mon cœur se brise encore face au vide alentour, son vide. Je ne m'y habitue pas, à chaque fois mes yeux s'humidifient. Une fois, j'ai carrément fait la folie de pleurer. C'est fou. Soudain, je sens quelqu'un derrière moi, me tourne et le pousse par réflexe.
Je me fige choquée devant le type qui rigole. Il a les mêmes yeux avec du marron noyé dans du bleu profond, ses sourcils noirs avec leur propre caractère. Il y a aussi la forme de vague séparant ses belles lèvres s'étirant maintenant. Holden. Il me serre rapidement dans ses bras. J'y reste un long moment en le tenant puis le lâche, les bras fatigués.
J'inspire pour ne pas pleurer et il me fixe comme hésitant puis demande:
-Je peux t'embrasser...ou tu? T'as quelqu'un...
Je ris et réponds:
-Je cache pas de copain, et toi?
-Rien.
-Ouais, ça aurait été chaud avec ton internat. Enfin, sauf si...
Il esquisse son beau sourire malicieux et me dit:
-Ça confond bi et demisexuel hein? Eh ben.
Je ris malgré moi et il ajoute:
-En plus, les filles de l'internat le plus proche viennent parfois nous voir donc on n'est pas délaissés.
-Oh.
-Te fais pas de films.
Je dis crâneuse:
-Je m'en fais pas. Je sais que tu m'as attendu parce que tu peux pas vivre sans moi.
Il rit en disant:
-Tu me tues.
Je lui souris et il ajoute:
-Tu m'as manqué ma petite.
-M'appelle pas comme ça juste parce que t'as 18 ans maintenant.
-Oh tu te souviens.
-Mémoire basique.
Il rigole et répond:
-Eh bien ma mémoire basique me dit que dans cinq mois je pourrais t'emmener voir un film bien gore, sans autorisation parentale. Vaut mieux dire ça qu'autre chose de moins approprié.
Je le pousse et il rit. Je dis:
-Faut toujours que tu ruines tout.
J'inspire doucement et il répond légèrement contrarié:
-Je t'ai attendu des mois. En sentant bien le côté froid des quatre saisons, je te le dis.
Énervée, je réplique:
-Tu mens, t'es jamais venu. Je t'ai attendu, je t'ai attendu et t'es jamais venu.
Ma voix s'est brisée en y repensant. Je baisse la tête, mais il la relève doucement. La retrouvaille avec ses lèvres fait que mes orteils se recroquevillent, avec la décharge électrique me parcourant. Le tout pendant que ses lèvres caressent les miennes doucement. Il frôle ma mâchoire et mon cou de ses doigts, pour y ajouter de la douceur.
En respirant à nouveau, je passe mes bras autour de son cou et le tire pour reprendre notre baiser. Tout en serrant ma taille, il me transporte avec ses douces lèvres.
Quand on s'arrête enfin, il rigole et je l'imite. En voyant quelque chose, je me détache de lui en tentant d'être normale. Malgré tout, il fronce les sourcils et demande:
-Qu'est-ce qu'il y a?
-Les vieux là-bas nous fixaient.
-On leur offre un replay de leur jeunesse.
Je me retiens de rire et il reprend sa casquette de sur ma tête, en disant:
-Elle m'a manqué aussi. Mais je savais que je la retrouverais. Comme je te retrouverais.
Je m'arrête de sourire pour demander:
-Maintenant, dis-moi. Pourquoi t'étais pas là? Ton internat est si loin? C'est ce que je me disais...
-Non même pas c'est à l'Hudson Valley. Ashford Hall, le royaume des snobs. Enfin presque, mais en majorité quand même. Mais je te jure que chaque samedi où je pouvais et c'est arrivé souvent, je me levais à 5h et j'attendais ici.
C'est pas possible. Ça doit être une mauvaise blague. Je fronce les sourcils et dis:
-Je venais que les après-midi et les soirs en me disant que tu te ferais pas chier à venir le matin...
Son sourire devient un rire et il dit:
-C'est juste stupide tout ça.
Je souris et il continue:
-Si je m'étais pas décidé à tenter de changer d'heures, on se serait sûrement pas retrouvés.
L'idée me donne des frissons et je demande:
-T'aurais abandonné?
-Non, tu l'aurais fait.
Je secoue la tête en soupirant las puis on se sourit. Je lui dis:
-Tu vois tes parents t'ont pas tué.
-Ta mère non plus.
-J'ai vraiment cru qu'elle allait le faire.
Il répond amusé:
-Tu dois me raconter ça.
-Toi aussi.
Mon sourire meurt soudain et il me dit:
-Quoi?
-Tout ça, c'est temporaire, une échappatoire comme quand on a fui. Tu vas aller à je sais pas quelle université. Et moi dans une autre et tu vas m'oublier.
-Non. Qu'est-ce qui te dit que j'irais en plus?
Je lui ordonne presque:
-Si tu vas y aller et t'as intérêt à faire un truc pour sauver des enfants.
Il soupire avec un sourire et me dit:
-Et toi j'ai intérêt à voir les trucs que t'auras designé partout.
-Comment tu sais que...
-J'avais des oreilles à la clinique aussi, souviens-toi. Surtout avec Carson et sa bouche trop grande pour quelqu'un qui a fait vœu de confidentialité.
Je ris et il m'assure:
-Tu vas y arriver Tayla, tu peux le faire.
-Ouais, on va voir ça
Il me demande:
-T'as postulé non?
-Oui, j'ai essayé des endroits. Mais on peut stresser là-dessus après?
Il a un air amusé puis répond:
-Oui, on a le temps, avec toi j'ai toujours le temps.
Il caresse ma mâchoire avec son pouce puis dépose ses lèvres sur les miennes.
***
Ça fait bientôt deux ans que j'ai fini l'université et maintenant je visite déjà une autre des chambres de ce duplex de rêve, déjà meublé. Malgré ça, je me demande pourquoi parce qu'il a l'air de valoir une fortune. La chambre est décorée de gris et blanc. Il y a même une cheminée couleur ardoise et une table en marbre blanc.
Elle fait partie du mur dans lequel la fenêtre est intégrée. Je me regarde dans un des miroirs ronds du mur quand Holden m'attrape doucement par-derrière. Je souris, me tourne et l'embrasse d'abord doucement puis ça escalade jusqu'à ce qu'il me couche sur le lit. Pendant que ses douces lèvres parcourent mon cou, j'halète doucement. Je me retiens de gémir pour ne pas tout empirer et lui dis:
-On ne peut pas faire ça ici.
Il rit contre ma peau et me lâche, à la déception d'une partie folle de moi. Avec son sourire espiègle faisant briller le bleu de ses yeux, il répond:
-Qu'est-ce qui te dit que j'allais faire ça ici? Tu penses que je suis aussi fou?
-Non, je le sais c'est tout. Et j'en avais envie, alors je sais que c'est sûr que c'est ton cas.
On rit et je vais m'asseoir dans le fauteuil avant de dire:
-On peut pas se payer cet endroit Holden, alors qu'est-ce qu'on fait là? On s'amuse? Tu voulais vraiment aller jusqu'au bout et réaliser un nouveau fantasme?
Il rit puis réponds:
-On peut se le payer, juste comme j'ai pu avoir la belle bague que t'as depuis des mois. Elle te va bien.
Je souris et rétorque:
-Tu dis toujours ça, juste parce que ça veut dire que je suis à toi.
-T'es dure. Je pensais plus à "ça veut dire que tu m'aimes", mais j'avoue que le "t'es à moi" fait du bien, d'une autre façon.
-Pff. Mais je suis toujours sûre que t'as emprunté à tes parents pour ça. Je ne sais pas pourquoi tu veux me le cacher. Je veux dire, tu bosses vraiment que depuis deux ans et un jour, pendant que j'achetais un collier, un bijoutier a fini par me faire estimer la bague par curiosité. Et quand j'ai entendu le prix, j'ai cru que j'allais acheter un coffre-fort portable, pour me sentir en sécurité avec ça en ma possession.
Il rit et j'ajoute:
-Du coup, je ne te crois pas quand tu dis que t'as rien emprunté.
Son sourire en coin relève sa pommettes et il répond:
-Je t'ai juré que je ne te mentirais pas il y a des années, je l'ai déjà fait depuis? Sauf pour mes surprises débiles?
-Hmmm...non.
-Donc quand je te dis que j'ai rien emprunté c'est que je l'ai pas fait. Je suis un grand garçon, j'ai pas besoin de mes parents tout le temps. Et je ne vends pas de drogue non plus. Tu sais que je suis pas taillé pour.
-T'as du potentiel.
On rit et il avoue:
-Je t'ai pas répondu sur comment je l'ai payée pour ne pas te mentir, mais...ok. J'ai agis comme un idiot, mais j'étais pas en rechute ni rien, juste idiot. Mais ça a payé. J'ai pris une partie de mes économies pour investir dans des business, mais ça a marché.
-Oh là, là...
Il rit et me dit:
-Mais avant de faire ces investissements, j'ai gardé la majorité pour la bague. Je voulais te faire ma demande quoi qu'il arrive. Avec ta propre bague, pas une vieille bague venant d'une de mes grand-mères.
-Ça aurait été mignon quand même.
-Oui, mais Mamie Jane est morte et Ginnie ne m'a pas proposé de me donner sa bague, même quand j'ai parlé de ma demande à un repas. Elle me l'aurait donné si j'avais demandé, mais pas avec le cœur.
Je dis tristement:
-Oui.
Il m'appelle doucement:
-Hey.
Je le regarde puis reflète son sourire et il m'assure:
-Ça ira mieux, crois-moi.
Je hoche la tête et réponds:
-Sinon dis-moi ce qu'il s'est passé avec tes économies.
-Eh bien je te reraconterais tout ça avec les documents, mais en court beaucoup des investissements ont coulé. Mais ceux sur la technologie surtout ont marché. Très très bien, marché.
Je demande amusée:
-T'es milliardaire?
Il étire la vague entre ses lèvres et répond:
-Non, non pas encore...mais en tout cas ici ça pourrait être chez nous
Je souris et lui dis désolée:
-Je ne pourrais pas payer la moitié honey.
-C'est un cadeau ma chérie, accepte-le juste...s'il te plaît?
Je soupire et abdique:
-D'accord, merci.
Il sourit et je le rejoins puis l'embrasse sur le lit, je me retrouve sur lui puis il détache ses lèvres des miennes pour me dire doucement:
-Maintenant, c'est à ton tour de refroidir.
Le son de sa voix grave et son odeur enivrante familière n'aident pas. Malgré tout, je m'assieds pile quand on toque à la porte.
***
Seulement des semaines après la visite on a plein de cartons à déballer, mais au moins on est là. Je rejoins Holden dans la piscine du balcon et lui dis:
-Cet endroit est juste fou.
Dans l'eau, il m'approche et me répond:
-Pas aussi fou que ton corps.
Je ris et lui dis:
-Merci Mister Caulfield.
-De rien Misses Caulfield, et oui je me projette. Je ne peux pas attendre.
-Que trois mois.
Il corrige:
-Deux mois et vingt-cinq jours steuplé.
Je rigole et réplique:
-Excuse-nous.
Il sourit et j'observe ses cheveux blancs brillant étrangement à cause de l'eau et des lumières de la piscine. En plissant ses yeux presque bleu transparent et sombres sous cette lumière, il me demande:
-Alors c'est mieux que la cabane en Suisse?
Je lui assure:
-Oh on aura cette cabane en Suisse.
-J'aime beaucoup ta façon de penser Caulfield.
On rit puis ses lèvres me donnent un baiser dont la passion est née il y a longtemps, dans le chaos de notre rapprochement.
FIN
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