Chapitre 3: La casquette
Tayla
Depuis ce matin, on n'est pas sortis et on n'a pas allumé la télé, même si Holden me l'a proposé. On a passé tout notre temps à parler, et avec nos personnalités quand on est à l'aise pour partager nos pensées à rallonge, ça va vite. Couchée sur le lit à côté d'Holden, je brise notre barrière invisible pour lui voler sa casquette. Il essaie de la reprendre, mais je tends le bras plus loin. Il soupire en souriant avec la belle forme de vague entre ses lèvres. Je lui demande:
-Tu l'as eu où?
-Je l'avais acheté au marché de la ville de mon internat, il est un peu en dehors de New York.
-Internat hein?
Il prend un air boudeur, plissant son regard en contraste et épaississant légèrement ses lèvres. Il me dit:
-Me juge pas, je suis pas un fils de bourge.
-J'ai pas dit "eat the rich" hein. En plus, je t'ai dit pour mon frère, même si on est loin d'être riches maintenant.
-Moi mes parents sont bien, mais on n'est pas riches.
-Ouais, je connais. Bref, il y a quoi près de ton internat?
-En fait, c'est plus un village qu'une ville. C'est très anglais au niveau de la vibe. Pour la casquette, Allie m'aurait sûrement descendu en me disant que je suis bizarre, avant de me dire que je suis bizarre de façon cool.
Je ris et en dirigeant son regard clair et sombre vers le plafond il dit:
-Des fois, je veux tellement qu'il soit là putain.
-Oui, c'est pareil pour mon père depuis des années. Enfin pas pareil, mais tu vois. Mais bon.
-Ça va aller avec le temps.
-Le Docteur Ross a dit ça hein?
Il rit et répond:
-Ouais.
On rigole et il me dit:
-Tu sais à l'internat il y avait ce gars qui avait une valise dans un état pas possible et j'ai pensé à lui en acheter une autre, mais je voulais pas le rendre mal. Surtout que c'était un gars du genre à faire le fier et frimer.
Il grimace comme contrarié et continue:
-Mais il avait cette valise pourrie pour le hanter dans l'armoire. J'y repensais souvent et ça me flinguait le moral et je savais pas quoi faire. Heureusement, il a fini par changer de chambre, pour aller avec son pote dont le coloc s'est barré après une sorte de burn-out.
Il soupire et continue:
-Elle me donnait envie de crever cette valise. J'aime trop dire que les choses me tuent surtout quand je peux. J'avais pas envie de risquer d'aligner une seule phrase comme ça dans notre boîte à bombes sur pattes, pour empirer mon cas.
Il est pas possible. Je dis joueuse:
-Oh? Oh? Qu'as-tu dit Holden? J'ai entendu "tuer"? D'accord, laisse-moi prendre des notes. Alors..."état pas encore stable, prolonger le séjour".
Il émet son rire grave et me répond:
-J'ai pas pris le risque de le tester, mais je pense pas que le Docteur Ross soit aussi paumé.
-Ah je sais pas moi, j'étais toujours coincée là-bas aux dernières nouvelles. Alors que j'étais stable selon moi.
-Oui moi aussi, on peut pas être sûrs, je suppose.
Je lui mets la casquette sur le visage et il rit.
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