Terre mutilée
Bonjour, je suis heureuse de vous retrouver pour ce troisième chapitre qui portera sur le thème Terrain vague ! Mais gare à vous, ce chapitre traite explicitement du viol et du suicide. Ce sont deux sujets très sensibles donc si jamais ce sont des sujets qui vous choquent, rendez-vous demain pour le chapitre suivant ! Ce chapitre a été réécrit.
TW : Ce chapitre traite explicitement du viol et du suicide. Ce sont deux sujets très sensibles donc si jamais ce sont des sujets qui vous choquent, rendez-vous directement au chapitre suivant !
Le lendemain, il commença à préparer ses valises car il appréciait avoir de l'avance. Il ne voudrait pas devoir faire ses bagages la veille de son départ. Il était évidemment parti travailler, mais son supérieur lui avait ordonné de s'en aller plus tôt. Cela pourrait paraître étrange, mais le jeune bourreau de travail avait déjà comblé tous les jours d'absence qu'il avait prévus pour décembre. Son éclipse ne lui poserait aucun problème au niveau professionnel, mais il aimait se mettre à l'ouvrage et cela lui permettait de s'occuper l'esprit et de ne pas penser à ses troubles nocturnes. Mais le Destin en avait décidé autrement. Il se retrouva donc seul à deux heures de l'après-midi, à choisir les tenues qu'il emporterait pour rejoindre sa terre natale. Au lieu de l'apaiser, cela agita une tornade de tourments car il devrait affronter sa famille et il serait contraint de survivre à un nouveau repas de famille solennel et morne. Il se demandait même pourquoi il s'ennuyait à s'y rendre. Après tout s'il avait déménagé à Paris, c'était pour leur échapper. À la réflexion, il pensa qu'il aurait dû s'installer de l'autre côté du Pacifique. Mais cela n'aurait sûrement pas arrêté ses parents. Ils l'avaient recherché comme s'ils étaient Interpol et qu'il avait commis un crime passible de peine de mort. Il leur avait pourtant spécifié ne plus jamais vouloir les revoir. Il avait fait en sorte de devenir financièrement autonome et de rompre tout contact avec eux. Mais ça n'avait pas été suffisant.
Il ne pouvait pas leur échapper. Malgré le fait qu'il fût à l'autre bout du continent, il demeurait soumis aux exigences patriarcales. Sa famille semblait avoir du mal à accepter la solitude qu'il avait gagnée. Pourtant, elle lui était si salvatrice. Ils devraient se réjouir que leur fils aîné eût réussi sa vie professionnelle, mais ce n'était pas le cas. Ses géniteurs ne faisaient que ronchonner sur ses airs acariâtres et son manque de compagne. Des sempiternels sujets qui le mettaient de mauvais poil. Dimitri voulait tant esquiver cette énième réunion familiale. Hélas, il devait rejoindre sa terre natale sous peine qu'on ne vînt le chercher jusqu'à cette capitale. Connaissant ceux qui l'avaient engendré, ils seraient prêts à débarquer sans prévenir pour l'accabler de tous les maux du monde. Il perdrait son unique refuge. Il l'ignorait, mais c'était la seule contrepartie de son exil : revenir une fois par an. Ce jeune russe possédait donc onze mois de répit pour un mois de calvaire. Une trentaine de jours dont il se passerait bien.
En manque de sommeil réparateur, il les maudit de s'acharner à faire partie de sa vie, il leur en voulut également pour cette volonté de fer de le revoir chaque année à la même époque. Pourtant, il leur avait clairement dit qu'il ne désirait plus les voir et qu'il ne souhaitait plus jamais revenir en Russie. Ce même jour, il sut qu'on ne pouvait pas se débarrasser de sa famille qui le contaminait telle une gangrène. Pour eux, c'était un instant de joie, mais pour lui, ce n'était qu'un moment de pure souffrance. Il endurait chaque hiver le même manège. Il adressait mille politesses à des êtres qu'il exécrait, à quelques exceptions près. Ces réunions qu'étaient Noël et le Nouvel An n'étaient pour lui que des moments de douleur. Un cauchemar vivant bien pire que ceux qu'il supportait ces derniers temps. C'était une affreuse spirale mentale à laquelle il n'entrevoyait aucune échappatoire. Il était coincé et il ne pourrait jamais sans défaire. Son existence demeurerait pour toujours liée à la leur qu'il le requit ou non. Et cette évidence l'anéantissait. Il secoua la tête, il ne voulait pas perdre sa journée à maugréer sur le passé et sur ce lien qui l'empêchait de les larguer comme de la morue. Il ne possédait ni le temps ni l'énergie pour s'appesantir sur cela. Dimitri sortit donc de chez lui, il alla déambuler dans les rues pour prendre l'air et penser à autre chose. Durant sa promenade, il prit garde à ne pas croiser trop d'humains. Ce fut périlleux, mais ce n'était pas une tâche impossible. Au bout d'un moment de marche, il se retrouva devant la cathédrale Notre-Dame. Il hésita à y entrer pour y prier, mais il se dit que des superstitions ne l'aideraient guère à se purifier de ces chimères nocturnes maléfiques.
Il passa son chemin et continua sa promenade diurne. Une fois qu'il n'eut plus d'endroit où se réfugier, il se cloîtra chez lui pour tenter d'écrire. Cela lui avait été bénéfique quand il était jeune et il espérait que cela le fut de nouveau en ce jour. Il se sentit prisonnier pareil à un lion en cage. Il exécuta les cent pas de nombreuses fois, ignorant ce qu'il devait faire pour apaiser toute cette rage et cette rancœur qui habitaient son esprit. D'un coup, sans prévenir, il se mit à saccager son appartement. Egal à un cyclone, il commença à envoyer valser son canapé dans un coin, il renversa sa table et tout ce qu'elle contenait, il déchira une partie du papier peint et il finit par asséner un violent coup de poing à un de ses murs. Cela le calma car ses phalanges faillirent se briser sous le choc. Comme étourdi par cet impact, il tomba par terre et il se replia sur lui-même. Un tel état de rage ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Il n'avait pas entamé une telle colère depuis ses quinze ans lorsqu'on l'avait forcé à oublier un de ses meilleurs amis. Il était conscient que cette situation ne pouvait plus durer. Il devait trouver une solution avant de rejoindre ce cocon familial aussi toxique que le venin d'un serpent à sonnette. Il ne pouvait pas se permettre de se montrer si vulnérable face à eux. Ils ne devraient pas soupçonner la moindre faille de son esprit. Il faudrait également qu'il se montrât irréprochable.
Face à ses pairs, il ne pouvait pas démontrer sa faiblesse. Ils pourraient s'en servir pour le persuader de revenir habiter sa terre natale. Option qui était séduisante s'il ne les haïssait pas tant. En plus de les mépriser, il ne leur faisait pas confiance. S'il se dévoilait, l'éphèbe ne pouvait prédire la manière dont ses congénères l'utiliseraient. Il avait beau leur vouer un profond dédain, il était conscient qu'il ne fallait pas les sous-estimer. Les rares fois où il avait commis cette erreur, cela lui avait coûté cher. Dimitri devait donc se préparer. À jouer le fils modèle, celui dont tout le monde rêverait. Évidemment, cette figure se situait à mille lieues de sa véritable identité, mais ce n'était qu'un détail. Il avait tellement l'habitude d'enfiler ce rôle lorsqu'il était face à ses aînés qu'il commençait à le connaître sur le bout des doigts. Ce qui lui apparaissait le plus difficile n'était pas de l'interpréter, mais de le tenir. En toute circonstance, Dimitri allait devoir la jouer finement. Il devrait être des plus polis, calme et respectueux. Le blondinet n'était pas dupe, son talent serait mis à rude épreuve, mais il n'y avait aucune raison pour qu'il échouât. Il faisait cela depuis si longtemps...
Après plusieurs heures plongées dans une violente transe, il reprit le contrôle de son corps et de son esprit. Il se leva mollement comme dépourvu de toute réelle vitalité. Il se mit à ranger ce qu'il s'était évertué à réduire en lambeaux. Plus que de retrouver son calme, il était surtout devenu vide, privé d'énergie et de puissance mentale. Il continua d'agir en automate le reste de sa journée. Lorsqu'il dut se coucher, il n'eut pas la force de s'inquiéter de la nature de son repos. Malgré ce qui l'attendait, il ne se débattit pas pour se laisser submerger par ce sommeil redoutable. Contrairement aux nuits passées, il ne retardait pas ce moment fatidique. Cette nuit, il était éreinté et espérait pouvoir se détendre un minimum. Une fois presque décontracté, il ferma les yeux avant de tomber dans des limbes sans pareil.
Le gouffre dans lequel il fut plongé dura plusieurs minutes. C'étaient des abysses salvateurs qui étaient dépourvus d'images ou de pensées. Hélas, cela ne pouvait durer. Lorsqu'il reprit conscience, il fut comme projeté dans une sorte de vision étrange. Pour une fois, il ne se sentit qu'à moitié connecté avec la personne avec qui il partageait le corps. Il fut comme une espèce de fantôme, un spectre attaché à cette humaine qu'il suivait de près car il ne pouvait s'en éloigner. Il pouvait donc penser et réagir aux évènements, mais personne n'allait l'entendre. Celle qu'il suivit docilement était une femme qui devait avoir environ trente ans. Assez petite, elle avait des formes généreuses sans avoir particulièrement de l'embonpoint. Elle avait les cheveux presque blancs comme de la cendre et des yeux pareils aux couleurs de l'automne. Chaussée de bottines à hauts talons, elle avançait d'un pas plus ou moins assuré, vêtue d'un tailleur et d'un jean long. Elle pourrait presque passer inaperçue. Malheureusement pour elle, ce ne fut pas le cas. Depuis plusieurs semaines, un homme la suivait, rêvant de faire d'elle sa chose. Il avait repéré un terrain vague, abandonné, où personne ne passait et où personne ne viendrait courir à son secours si elle criait. C'était l'endroit idéal pour assouvir ses sombres pulsions. Personne ne viendrait l'arrêter. Il avait tout prévu, il ne manquait plus que la belle pour parfaire son plan diabolique. Ses yeux plein de vices n'attendaient que ce jour où il pourrait la dominer sur cette terre poisseuse. Jusqu'à ce jour, il n'avait pu la suivre décemment sans se faire remarquer parce qu'elle rentrait toujours accompagnée par un ou une collègue. Il prenait son mal en patience car elle était devenue son obsession.
Le soir de la fin du mois de novembre fut différent. Ce fut le moment qui jouerait en faveur du pervers qui suivait la nymphe innocente. Alors que le ciel prenait une teinte nocturne, elle sortit enfin de son travail. Comme elle avait achevé son labeur plus tard que d'ordinaire, elle fut seule. Ses collègues qui l'accompagnaient avaient déjà déserté. Les seules âmes qui erraient encore dans les locaux de sa boîte ne semblaient pas pressées de partir car elles ne dépendaient pas des transports en commun. Ce n'était pas son cas. Seule, elle marcha à toute allure pour ne pas rater le bus qui lui assurerait de retrouver son logis. Même s'il ne la déposait pas au pied de son immeuble, ce bus lui permettait de n'être abandonnée au froid mordant du soir qu'une dizaine de minutes. Sa solitude offrit à l'homme dérangé tout le loisir de la suivre sans se faire remarquer. À l'intérieur de l'autobus, elle ne le remarqua pas. Ce fut sûrement la faute de la présence d'autres passagers. Se retrouver au milieu d'une dizaine de personnes la rassurait puisqu'elle pouvait se fondre dans la masse. La foule dissipait toute angoisse car en cas de danger, elle serait secourue. Absorbée par la musique qui explosait dans ses oreilles, elle ne se préoccupa pas de cette personne qui la fixait. Elle demeura avachie contre la fenêtre du véhicule et se laissa aller à diverses pensées. À mille lieues de se douter qu'on la guettait, elle songeait au bon bain chaud qu'elle prendrait quand elle serait rentrée. Elle avait aussi hâte de retrouver son compagnon et de passer une énième soirée en amoureux. Des réflexions banales pour une femme ordinaire. C'était décidément une personne sans histoire, mais cela allait changer. Juste parce qu'un détraqué l'avait prise pour cible.
Elle descendit à un arrêt qui n'était qu'à quelques rues de cette place où elle perdrait son innocence. La méfiance lui aurait peut-être sauvé la mise, mais rien ne justifiait un tel état. Comme à son habitude, elle s'arrêta à cet arrêt qui lui permettrait de rentrer chez elle. Elle ignorait vraiment ce qui l'attendait, elle se contentait de marcher pour regagner au plus vite sa demeure. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était qu'un homme décida de la poursuivre. À l'instant où ils avaient quitté les passagers, sa chasse s'était ouverte. À une heure pareille, le quartier était désert. Seules les maisons émettaient une quelconque source de vie. S'il l'amenait à ce fameux terrain vague, il savait qu'elle serait sienne puisque personne n'y viendrait. Comme un prédateur, il commença donc à traquer sa proie, de manière de plus en plus ostentatoire. Si bien qu'elle finit par sentir sa présence. Comme pour se détendre, elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, mais cela fut loin de la rassurer. Cette œillade la figea car elle certifia ses doutes. Elle n'était plus seule. Cependant, elle ne voulut pas succomber tout de suite à la panique. Elle préféra penser que ce n'était rien de plus qu'une coïncidence. Pourtant, elle accéléra le pas comme pour vérifier ses soupçons.
Quand l'inconnu suivit son pas, la demoiselle céda à la terreur. Elle était désormais persuadée qu'il la suivait. Le doute n'était plus possible. Il fallait qu'elle lui échappât pour rentrer saine et sauve. Si elle continuait à accélérer la cadence, elle ignorait quel chemin prendre pour ne pas tomber dans les griffes de ce désaxé. Elle se contentait de courir quitte à en perdre haleine pour s'évader de son emprise. Ce qu'elle ne savait pas, c'était que son entreprise était vaine. Au lieu de s'éloigner du péril, elle s'en approchait car son agresseur savait précisément où il désirait aller. Et il profitait de l'émotion de sa proie pour l'amener exactement là où il le souhaitait. En plus d'être un pervers, il s'avérait être un dangereux manipulateur. Cela, la pauvre créature féminine l'ignorait. Tout ce que cette dernière souhaiter, c'était retrouver son foyer. Elle ne comptait pas devenir la victime d'une personne mal intentionnée. Elle cherchait juste à regagner son doux amour et profiter d'un moment de tendresse. Sans le savoir, elle courrait à sa perte. Sans le vouloir, elle atterrit dans le sein de cette terre maudite que ce fou avait consacré pour elle. Elle trébucha et il en profita pour se jeter sur elle. L'occasion était trop belle car elle n'était plus sur ses gardes. La violence de l'impact la surprit et la fit tomber par terre, ce qui excita son assaillant. Dès que son frêle corps entra en contact avec le sol, elle poussa un hurlement de douleur. Celui qui se trouvait sur elle s'en moqua totalement. Peu lui importait ses états d'âme car il désirait juste la dompter. Il voulait l'utiliser pour assouvir ses sombres désirs. Et pour ce faire, il devait l'immobiliser. Instinctivement, elle se débattit violemment, n'accordant aucune confiance à celui qui cherchait à abuser d'elle. La nymphe ne voulait pas se laisser faire, consciente qu'il ne lui voulait pas que du bien. Elle essaya de se défaire de son emprise, mais il se trouvait sur elle et lui asséna de nombreux coups. Il n'usait pas de délicatesse avec elle et ce fut un miracle qu'elle ne s'évanouit pas sur le coup. Elle tenait bon car sombrer dans l'inconscience lui ferait perdre tout contrôle. Si elle tombait dans les pommes, il aurait gagné.
Tandis qu'il la malmenait, il tenta de lui attacher brusquement ses vêtements. Pourtant, elle ne se laissa pas faire et se débattit. Elle lui donna de nombreux assauts, ce qui obligea l'offenseur à se reculer. Il perdit presque l'ascendant quand la tête de sa proie heurtât brusquement le sol. Prise de vertiges, ses membres refusèrent de lui obéir même si c'était dans le but de la défendre. Au même titre que le rêveur, elle était reléguée au rang de spectatrice, observant la lente déchéance et le supplice qui l'attendaient. Elle ne pouvait rien faire hormis se préparer mentalement au calvaire que promettait de lui faire endurer son obsédé. Ce dernier était bien arrangé de la voir abandonner toute lutte. Il pouvait désormais la posséder sans subir de quelconque désagrément. Voyant que sa captive avait cessé de gigoter, il lui ôta sa veste puis déboutonna sa chemise. Lorsque sa poitrine fut découverte, il laissa ses doigts obscènes glisser le long du tissu de son soutien-gorge comme pour prolonger ce moment de puissance qui le stimulait tant. Il défit habilement le soutien-gorge de son objet de désir, dégageant le sous-vêtement et dénudant les seins de son souffre-douleur. Il passa ses phalanges malsaines dessus et il les malaxa avidement se procurant plus de jouissance qu'il n'en procurait à sa partenaire amorphe. Il sentit d'ailleurs son entrejambe gonfler, ce qui le fit gémir de plaisir tandis qu'il s'appropriait ce corps inerte.
Une fois qu'il fut satisfait par le buste de sa compagne d'infortune, il laissa ses armes criminelles défaire les boutons de son jean et le baisser jusqu'au niveau de ses bottines. Puis il arracha presque sa culotte et caressa ses cuisses et son intimité qui étaient dévoilées au grand jour. Il prenait un malin plaisir et ne s'en cachait nullement. Après tout, personne n'était là pour le prendre sur le fait. Quand il eut fini de se délecter des parties sensibles de son butin, il se laissa un moment pour l'observer. Il la détailla du regard comme pour s'imprégner de l'instant. Son air dément qu'aucune borne ne semblait arrêter prit le temps de s'arrêter sur chacune des courbes de cette sublime femme. La surplombant de toute sa hauteur, il se sentait fier de la dépouiller de son humanité. Son geste faisait gonfler son orgueil car il était parvenu à la conquérir. Même si elle n'était pas consentante, il allait la faire sienne. Il avait réussi sa mission sans douter une seule seconde du bien-fondé de son acte. Aucune crainte ne vint envahir l'être du coupable. Au contraire, il savourait son chef-d'œuvre. Il profitait de la vue imprenable qu'il possédait sur cette belle femme si impuissante. Celle qu'il ne considérait ni plus ni moins que comme une fille de joie. Pour lui, elle n'avait aucune dignité et n'existait que pour assouvir ses besoins de mâle dominant.
Quand il fut satisfait de sa contemplation, il commença à se dévêtir. Lentement, mais sûrement, il ôta son propre pantalon. Debout, il surveilla que sa belle ne vint pas à se réveiller, cela serait fâcheux. Comme cela n'était pas le cas, il prit son temps pour retirer son caleçon qui devenait trop serré. Face à cette beauté naturelle, il profita de leurs nudités respectives pour se masturber afin d'augmenter son émulation. Ses râles de jouissance ressemblaient plus à ceux d'une bête qu'à ceux d'un être humain. Après tout, cet homme semblait être plus un monstre qu'autre chose. Son acte horrible le prouvait bien. Si Dimitri avait eu une existence réelle, il serait en train de vomir l'intégralité de ses tripes. Lui qui était peu sensible était vraiment dégoûté par les agissements de ce type. S'il l'avait vu faire et qu'il avait pu agir, le russe aurait frappé cet individu jusqu'à ce que mort s'en suivit. Il trouvait cette situation profondément injuste car la suppliciée n'avait rien fait pour mériter ce triste sort. Pourtant, c'étaient souvent à des personnes sans histoires qu'il arrivait le plus de malheur. Dans son quotidien, l'éphèbe russe n'était pas assez attentif pour s'en rendre compte. Quand il était éveillé, cela lui paraissait dénué d'intérêt. Alors que dans son sommeil, il était touché de plein fouet. Pour une seule et bonne raison : dans son cauchemar, il ne pouvait rien faire. Ni appeler à l'aide ni protéger cette personne affalée sur le sol. Comme elle, il était totalement démuni. Il ne pouvait que regarder cette scène morbide vu qu'il était rattaché à l'être qui gisait sur le sol. Détourner les yeux serait cautionner cet acte abominable. Il était pris au piège tout comme son alter ego féminin et c'était ça qui le chamboulait le plus.
Lorsque celle qui reposait sur le sol commença à reprendre connaissance, l'homme la laissa faire pour qu'elle fût consciente quand il achèverait de la détruire. Plus elle souffrirait, plus il exulterait de plaisir. Il ne craignait plus qu'elle lui échappât vu qu'il tenait fermement ses hanches, prêt à s'unir à elle. Il attendait juste le moment idéal pour agir. Une fois revenue à elle, elle cria de terreur dès qu'elle remarquât qu'il lui manquât ses vêtements. Cela fut sa première erreur. Sa deuxième erreur résida dans son réflexe d'essayer de s'enfuir. Une tentative désespérée qui indiqua à son geôlier qu'il n'avait plus à attendre. Qu'elle était prête pour qu'il pût enfin la posséder sans restriction. Il ne la laissa pas s'évader. Au contraire, il la rapprocha de lui et la pénétra sans faire preuve de la moindre délicatesse. Alors qu'il poussait un énième aboi d'extase, elle ne cessa de crier de douleur et de frayeur. Elle pleurait à chaudes larmes, mais son malheur fut ignoré par celui qui la tenait sous sa coupe. Il la faisait bouger, ondulant contre son bassin et donnant de violents coups de reins à chaque fois que les deux corps nus s'entrechoquaient. Elle pleurait et gémissait sa souffrance tandis qu'il clamait la luxure dont il faisait preuve. Il lui fallut plusieurs minutes pour satisfaire son caprice et que son âme damnée fût comblée par ce méfait.
Il éjacula en elle en rugissant tout son saoul à qui voulût bien l'entendre. Aussi brutalement qu'il avait commencé, il se retira d'elle. Il se releva prestement, haletant encore de son exploit sexuel. Dans ce mouvement dénué de délicatesse, quelques gouttes de sa liqueur séminale tombèrent sur la misérable. Maintenant qu'il était rassasié, il se rhabilla en silence. Il n'accorda pas le moindre regard à celle qu'il avait humiliée. À ses yeux, elle ne méritait pas la moindre considération. Une fois qu'il finit de se revêtir, il s'éloigna d'un pas nonchalant comme si rien ne s'était passé. Il avait la conscience tranquille. Il ne pensait pas avoir mal agi car il avait simplement joui de ce que lui avait offert la nature. Celle qu'il avait mutilée n'était pas du même avis. Elle était soulagée qu'il partît rapidement car elle ne voulait pas passer une minute de plus en compagnie de cette abomination. Heureusement pour elle, elle ne lui était plus utile, il la remplacerait par une autre. Paralysée par le choc, l'infortunée resta prostrée par terre, allongée sur une terre poisseuse et légèrement boueuse. Immobile, elle eut seulement la force de continuer de pleurer son désarroi. Ces perles salées défilèrent abondamment le long de ses joues, elle qui fût incapable de les retenir.
En déversant ces gouttes, elle se délesta d'une part infime de haine, de rancœur, d'incompréhension, de choc, de surprise, mais surtout de la honte qui habillait sa chétive enveloppe charnelle. Durant plusieurs heures, elle fut incapable d'effectuer le moindre mouvement. Cette créature dévastée resta insensible au vent qui s'abattait sur elle. Tout comme elle ne s'inquiéta pas de la crasse physique qui parsemait sa peau. Ce n'était rien face à celle qui encrassait son âme. Alors elle demeura sur le dos à fixer le ciel, le regard aussi vide que son cœur. À l'instant où l'aurore pointait le bout de son nez, elle sortit de sa torpeur ne voulant pas qu'une autre personne ne la découvrît en tenue d'Eve. Un abus suffisait, elle ne désirait pas en subir un autre. Ce fut la seule motivation qui la poussa à se relever et à enfiler les habits qui lui avaient été odieusement arrachés. La tête baissée, elle commença à marcher telle une morte-vivante regagnant sa tanière. À défaut d'y trouver la sécurité, elle y trouverait un certain calme. De toute façon, elle avait besoin de regagner son domicile pour se laver de toute saleté.
Le spectre qui la suivit comprenait le désespoir qui emplissait le cœur de la pauvre femme. Il aurait aimé lui parler même s'il ignorait ce qu'il aurait bien pu lui dire. Réconforter n'était pas dans ses habitudes surtout lorsqu'il s'agissait d'une inconnue. Il aurait peut-être pu lui promettre que cela ne se reproduirait jamais, mais cela aurait pu être un mensonge. Le blondin avait beau posséder une morale atypique, il ne mentait que par omission. S'il s'arrangeait pour éviter la partie gênante de la vérité, il ne la modifiait jamais sciemment. Il aurait réalisé une gaffe s'il avait pu communiquer avec celle qui avait subi un énorme traumatisme. Au lieu de parler, il aurait mieux valu qu'il pût agir pour empêcher cela. C'était là sa plus grande frustration : n'avoir rien fait. Il pensait que seuls les lâches abusaient de la faiblesse de leurs congénères. Quand il le pouvait, il faisait donc en sorte d'intervenir en faveur des opprimés. Il faisait cela rarement car il n'avait pas que cela à faire. Chacun possédait ses problèmes. Sauf que là, il avait été témoin de l'affreuse scène de torture et n'avait pas bougé le petit doigt. S'il avait pu agir, il serait certainement intervenu, mais rien n'en était moins sûr. Et cela fit frissonner Dimitri car même s'il avait été libre de ses mouvements, il aurait pu simplement passer son chemin. Faire comme s'il n'avait rien vu, c'était une de ses spécialités. Finalement, être spectateur lui convenait. Dimitri n'avait pas eu à choisir d'intervenir ou de fuir. Il n'aurait pas ressenti la culpabilité d'abandonner cette frêle créature à son triste sort. Encore fallut-il qu'il s'en souciât. En vain, le russe tentait de se convaincre qu'il n'avait rien à voir avec le pervers qui avait abusé de cette femme. Sauf que se persuader de cela serait un pur mensonge. S'il n'avait guère abusé d'elle, il aurait sans problème passé son chemin. Il aurait fermé les yeux sur ce crime odieux. Quelque part, il s'avérait aussi monstrueux que celui qu'il critiquait.
Cette révélation le mit dans une position inconfortable. Le rêveur tenta donc de se réveiller, mais c'était peine perdue. Son songe n'avait pas encore touché à sa fin. Même s'il ne le souhaitait pas, il allait devoir observer les conséquences de son inactivité. Voir ce qu'aurait provoqué son absence d'empathie dans la vie réelle. Malgré tous les efforts fournis, il ne pouvait pas échapper à cette condition étrange qui l'empêchait de pouvoir faire ce qu'il voulait dans ses propres rêves. Dimitri se voyait donc forcé de regarder ce qu'engendrerait son manque cruel d'intérêt pour ses pairs. La suite des évènements fut encore plus déplaisante. Il ne pouvait se soustraire à ce qui allait advenir de ce cadavre ambulant. Elle avait encaissé la situation en silence pendant une durée que le rêveur ne pouvait estimer. Peut-être un mois, peut-être plus. Cette âme mortifiée n'avait divulgué son secret à personne. Elle s'emmura dans le calme, mais son changement d'attitude n'échappa à aucun de ses collègues. Sans savoir ce qu'elle traversait, ils lui témoignaient des regards emplis de compassion. Elle ressentit plutôt une vague de pitié l'ensevelir, ce qui lui donnait aussi l'impression qu'on la scrutait aux rayons X. Que tous pouvaient voir la honte et l'angoisse qui lui collaient à la peau. Même si cette réalité était modifiée par l'être traumatisé, ces élans de fausse sympathie ne firent que la désagréger davantage.
Ses proches tentèrent de la faire parler pour connaître la nature de sa douleur, mais c'était peine perdue. Cette jeune femme ne saisissait aucune opportunité qui aurait pu la sauver. Le soutien ne manquait pas, mais cela ne pouvait effacer ce qu'elle avait vécu. Cette blessure psychique ne pouvait cicatriser. Elle pensait du matin au soir au comportement des gens qui la savaient ébranlée sans en connaître les détails. Cela la préoccupait plus que le cauchemar éveillé qu'elle avait vécu comme si elle faisait une sorte de transfert. Cela, elle voulait l'oublier à jamais, mais une évidence lui apparut : elle ne pourrait pas vivre comme cela toute sa vie. Alors que la neige tombait à flots, elle prit une décision radicale. Aussi destructeur que cela pût être, cette solution serait définitive. Grâce à cela, elle cesserait de souffrir. Elle attendit que son amant partît car elle ne voulait pas lui infliger la moindre souffrance. Il ne devait pas pâtir de sa faiblesse. Quand elle se retrouva seule, elle sortit de sa demeure qui la consumait tant. Enfin libre, elle marcha jusqu'au pont le plus proche puis monta sur la rambarde. Elle admira le vide qui lui offrirait la fin salvatrice qu'elle méritait. Personne n'allait l'arrêter. Dimitri ne s'efforça pas de la raisonner, conscient qu'elle ne l'entendait pas. De toute manière, même s'ils pouvaient communiquer, elle l'ignorerait sûrement. Plus rien ne pouvait la retenir. La jeune femme avait tenté de renaître de ses cendres, mais elle avait échoué. Alors, elle pensait que sa seule option était de mettre un terme à tout cela. C'était mieux que faire semblant de survivre et d'attendre que la Mort vînt la cueillir. Pour une fois depuis longtemps, elle se sentait sereine. Sûre d'elle, elle avança donc lentement, esquissant un pas après l'autre. Lentement, elle s'approcha du bord du précipice. Après une dernière pensée, elle se laissa choir dans le vide et tomba comme la neige qui recouvrait le sol de cet hiver glacial.
Dimitri se réveilla en hurlant. Pour lui, le saut avait été largement plus désagréable et éphémère. Il se pressa d'aller aux toilettes afin de dégobiller, dégoûté par les chimères qu'il avait vues. Une fois son estomac évidé, il se releva et se rinça la bouche. Il soupira un instant. Pour la première fois depuis longtemps, une pointe de remords naquit en son sein. Même si cela était le produit de son imagination, il culpabilisait de n'avoir rien fait. Si cela s'était vraiment déroulé, il ne serait pas intervenu et cela aurait brisé une vie. Pourtant, il ne voulut pas s'appesantir sur cet élan de conscience. Au contraire, il désira faire taire son cerveau qui cogitait beaucoup trop à son goût. Il se dirigea donc vers sa cuisine et empoigna une bouteille de scotch. Il but un verre sur place. Puis, bouteille et verre en main, il regagna sa chambre. Il siffla un second verre avant de se laisser choir sur le matelas de son lit. Il vida volontiers la moitié de la bouteille avant de se rendormir, assommé par la puissance alcoolique de cette boisson enivrante.
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