Eaux profondes

Bonsoir, je vous retrouve pour un chapitre assez court, mais intense ! J'espère tout de même pouvoir réécrire ce chapitre un peu plus tard ! Trêve de bavardages, je vous laisse profiter de Dimitri qui s'imspire de La peau froide !

Dimitri rouvrit les yeux, réveillé par le soleil qui illuminait le ciel de la Russie. Il soupira de soulagement en constatant que sa blessure lancinait sa hanche, que deux Gremlins dormaient à poings fermés à ses côtés et qu'il était toujours allongé sur son lit d'hôpital. Il était vraiment tourmenté par tout ce qu'il avait vu. Il se demandait pourquoi il avait repensé à elle, ce jour-là. C'était stupide de se faire du mouron pour ça...Pourtant, cela n'était pas si illogique que ça. Il avait failli finir comme elle, il était donc normal qu'il s'en rappelât à ce moment-là. Il ne s'était pas intéressé à ce spectre de son passé depuis si longtemps. C'était comme si elle avait disparu dans un coin de sa mémoire, étouffée par tous les autres souvenirs que renfermait son cerveau tordu. Elle les avait quittés avant même que les jumeaux ne vinssent au monde. C'était la seule personne qui lui ressemblait un tant soit peu. Mais il fallait croire qu'elle lui faisait de l'ombre. Elle accaparait l'attention de tout le monde. Elle se faisait voir sans même le faire exprès et parfois malgré elle. Elle avait même déjà tenté plusieurs fois de se faire discrète pour se soustraire à tous ces gens qui la fixaient sans cesse. Mais même après son départ, il n'y en avait que pour elle. Tout le monde ne s'intéressait qu'à elle et cela aux dépens du jeune russe. Lorsque midi sonna, Dimitri était fin prêt à rentrer chez lui. Ayant refusé de se déplacer en fauteuil roulant, il n'avait pourtant pas échappé aux béquilles. C'est ainsi qu'il sortit de sa chambre vers quatorze heures. Les seuls qui l'accompagnaient à sa sortie étaient son père et sa grand-mère. Alors qu'ils s'avançaient doucement, mais sûrement vers la sortie de l'hôpital, Dimitri assista à une scène qui piqua sa curiosité. Il voyait deux parents en pleurs et il s'était directement arrêté en entendant les chuchotements des infirmières. Ni vu ni connu, il s'approcha de ces dames et entendit quelques bribes de conversations. Tout ce qu'il arriva à saisir fut les mots « enfants », « cambriolage », « mal tourné » et « mort ». Le choc emplit ses poumons et tordit ses boyaux. Néanmoins, il espérait avoir mal compris. Il possédait la crédule foi que ce qu'il entendait était faux. De son aplomb naturel, il s'approcha de ces dames qui discutaient et leur demanda à voix basse :

« Excusez-moi mesdames...

— Oui jeune homme, lui répondit une femme rousse.

— De qui parlez-vous je vous prie ?

— De l'enfant qui est mort lors du braquage de la banque...Oh, mais je crois que vous y étiez aussi non ?

— Oui...merci pour ces renseignements. ».

Il resta estomaqué. Il s'était pris une balle pour rien. Il avait lamentablement échoué à sauver la vie de cette créature innocente. Lorsque son géniteur l'appela pour rejoindre la voiture familiale, il le suivit. Sur le chemin du retour, il resta silencieux comme la mort et un voile vint s'abattre devant ses paupières. On lui demanda ce qui clochait, mais il ne répondit pas. Cela fit presque perdre patience à son père, mais il se rappela qu'il avait failli perdre son fils. Il accpeta donc son mutisme à l'origine inconnu et il aida simplement son rejeton à rejoindre sa chambre. Une fois que le jeune homme fut installé dans son lit, il le laissa se reposer.

Le blessé attendit juste que son géniteur descendît les escaliers pour pouvoir se relever. Toujours aidé de ses béquilles, il sortit dans le couloir et s'avança jusqu'à la porte de cette chambre qui lui avait provoqué tant d'émois dans la nuit. Nimbée par la lueur du soleil, cette porte semblait presque magique et cette aura happait Dimitri dans une sorte de transe. Son départ était injuste...Tout comme son abandon. Il n'entra pas dans la pièce. Cela n'était pas son but. Mais sans savoir pourquoi, il avait besoin de revenir devant cette porte boisée pour voir s'il s'évanouirait de nouveau. Mais le choc n'était pas aussi violent que celui qu'il avait éprouvé durant son sommeil. Il soupira et décida de s'asseoir dos à cette porte pleine de merveille. Il commença à se morfondre dans des pensées plus que mortelles. Il se demandait s'il existait une Justice en ce monde. Pourquoi l'enfant avait-il été achevé ? L'existence lui en voulait-elle tant que ça ? Qu'avait-il fait de si terrible pour que cela arrive ? La vie semblait le réprimander d'un péché qu'il ignorait avoir commis. Ce n'était pas normal...Lui n'était pas mort alors pourquoi cette créature innocente n'avait-elle pas survécu ? Il n'en n'avait pas la réponse. Il avait fini par retourner dans sa chambre. Il avait passé le reste de la journée dans une attitude étrangement amorphe. Cela ne lui ressemblait pas vraiment, mais vu son état, personne ne lui en avait tenu rigueur. Et cela lui allait à merveille car il n'avait nullement le cœur à débattre sur quelque sujet que ce fut. Il était épuisé et comme les médecins le lui avaient recommandé, il s'était reposé. Ce qui était sûrement un prétexte pour se plonger dans un deuil que seul lui éprouvait. C'était dans cette humeur plus que sordide qu'il s'était endormi, assommé par la fatigue de cette blessure fraîchement refermée.

Cela aurait été trop simple s'il avait pu se reposer décemment. Il se retrouva dans un climat qu'il connaissait par cœur : une journée à la plage. Soudain, il se souvint que la mer était de mauvais augure dans ses songes. Il se demandait alors quelle serait la prochaine catastrophe qu'il subirait. Il attendait la tuile qui viendrait encore lui tomber sur la face. Pour l'instant, tout était calme. Il était entouré dans une bulle de chaleur et de bonheur sans faille. Il se rappelait presque son enfance quand ils partaient en vacances avec sa famille. Et au moment où ilregarda autour de lui, il vit qu'il ne s'était pas vraiment trompé. Il revit cette plage d'Australie où il avait séjourné alors qu'il n'avait que huit ans.

Déjà calme à cette époque, il s'appliquait à construire des châteaux de sable. Quand il eut fini sa structure, la fierté gonfla son cœur, mais ce chef-d'œuvre fut détruit en quelques secondes par une fillette blonde aux pupilles bleu-gris. Étant la seule à posséder cette couleur d'yeux dans la famille, Dimitri reconnut immédiatement sa sœur jumelle. Pourtant, cette portée gémellaire n'était pas comme les autres car elle se détestait et l'un faisait tout pour pourrir l'autre. Ils ne pouvaient pas passer plus de deux secondes sans tenter de s'écharper. Et ce schéma se reproduit une fois encore. Il se leva, se jeta sur sa sœur et la roua de coups. À cet âge-là, il se moquait bien que ce fut une fille. Il la roua de coups de poings et de pieds jusqu'à ce qu'on séparât ces deux teignes. Il fut évidemment puni et on lui interdit d'aller se baigner. Il avait donc dû rester avec ce grand-père qu'il chérissait tant. Mais cet homme se faisait vieux et alors que le soleil était haut dans le ciel, le gosse en profita pour s'évader de cette prison de sable.

Pour ne pas se faire repérer, il s'éloigna de l'endroit où toute sa famille se baignait et il s'engouffra dans des eaux chaudes et agréables. Cependant, cette zone comportait plein de courant. Il ne s'en était pas préoccupé car son plaisir de goûter à la magie de cette eau salée comptait davantage que la peur du danger. Il s'aventura jusqu'à ce que l'eau lui arrivât au menton. Là, il s'arrêta et ferma les yeux. Il profita de la chaleur du soleil qui s'abattait sur sa tête, du silence et du léger remous des vagues. Rapidement, ces légers remous se transformèrent en de courants plus intenses et emmenèrent le garçon à la dérive. Il ne s'en inquiéta pas. Au contraire, il se laissa bercer par le courant, luttant pour garder sa tête hors de la surface.

Sa quiétude s'envola peu à peu lorsque l'intensité des courants s'accrut sans cesse. Il peinait de plus en plus à rester hors de la surface. Dans cette étendue bleue où régnait la solitude, rien ne pouvait l'aider. Et sachant que personne n'était au courant qu'il était parti, personne ne viendrait le sauver. Il était voué à lui-même. Il devait se contenter de ses faibles forces pour échapper à un destin funeste. Mais la puissance marine semblait surpasser de loin la sienne. Quand il s'en rendit compte, la détresse saisit son cœur et il commença à prier que quelqu'un lui vint en aide. N'importe qui. Mais il était seul. Personne ne viendrait à son secours. Il devait se débrouiller seul, mais comment faire pour un être si vulnérable ? Il ne pouvait pas lutter indéfiniment et lorsqu'il s'en rendit compte, il se fit happer par les profondeurs sous-marines et perdit conscience.

Il se réveilla quelques instants plus tard, allongé sur le sable ardent. Sa gorge le brûlait, il avait mal partout, il arrivait à peine à distinguer le brouhaha ambiant qui l'entourait, mais il vivait. Rapidement, on constata qu'il tremblait et sa peau était bleuie par la mort qui avait failli l'enserrer dans ses bras pour toujours. À huit ans, le jeune russe avait failli mourir et il devait sa vie à un étranger.

Il se réveilla, un malaise étreignant ses tripes sans qu'il n'en sût la cause. Il plaqua ses cheveux en arrière se disant que ce n'était qu'un simple souvenir et que cela ne pouvait plus arriver maintenant. Néanmoins, cela le tourmentait toujours comme s'il pensait ne pas mériter cette seconde chance. On lui avait redonné vie, par deux fois déjà, mais il n'en profitait pas pour s'améliorer. Au contraire, son âme s'empirait comme si chaque bref séjour dans les bras de Thanatos faisait ressortir tous ces éclats de morceaux si fragiles qui le composaient. Ce qu'on lui avait offert, il l'avait gâché. Ce n'était pas à cause d'un égo surdimensionné, c'était juste qu'il ne savait pas comment vivre. Et cela lui pesait plus qu'il en voulait bien l'admettre. 

Bonne soirée et à demain pour la suite !

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