Du mythe à la réalité
Bonsoir, suite à la balle que Dimitri a reçu à la place de l'enfant, notre héros va-t-il survivre ??? Ce chapitre s'inspire du thème : Douce rêverie ! Bonne lecture !
Sans qu'il ne comprît rien à ce qui lui arrivait, Dimitri se trouva dans une plaine. Il avait enfin quitté des limbes indiscernables et il se retrouvait dans un décor plein d'herbes folles qu'il ne connaissait pas. Son regard se promena sur ce qui l'entourait, mais tout ce qu'il vit fut des corps empilés les uns sur les autres, dénués de toute trace de vie. Les charognes ne se dérangeaient pas pour déguster ces chairs qui s'offraient à elle et des litres de sang imbibaient les terres comme pour témoigner du carnage qui avait été proféré. Il contempla tous ces macchabées avec stupéfaction comme s'il était étranger à ce qui s'était passé en ces lieux. Ses prunelles demeurèrent figées sur ce macabre spectacle qui se déroulait devant ses yeux.
Seul un son de cor l'arracha à sa stupeur, il se défit de ces tas de corps mortifères et il grimpa sur le dos de sa monture qui le mena à une cité inconnue. Après plusieurs heures de chevauchée, il regagna ses terres natales. Aux portes de la ville, le soleil brillait sur sa chevelure rousse, manquait d'aveugler ses orbites noires. Vêtu d'une armure chevaleresque, le poids de sa musculature et de son armure commencèrent à épuiser son destrier qui continuait tout de même à avancer. Il pénétra ainsi sa ville où tout le monde l'acclama et scanda son nom. Ni Dimitri ni ce valeureux guerrier ne comprit ces effusions d'admirations et ce qui mettait la foule en délire. Après tout, il n'avait rien fait d'extraordinaire.
Menant son étalon au pas, il gagna le palais royal. Une fois à la hauteur des escaliers de l'entrais de ce bâtiment somptueux, il mit pied à terre, il grimpa quelques marches et lorsqu'il fut à quelques centimètres du roi, il s'agenouilla respectueusement. Cette figure royale régnait sur la ville depuis déjà vingt ans et le poids du pouvoir semblait creuser les rides qui émaciaient son visage. Afin de faire taire la masse de citoyens surexcités, il leva les bras et le calme s'abattit immédiatement sur la cité. Profitant de cette paisible atmosphère, il s'écria :
« Oh fidèle chevalier qui a sauvé notre nation et qui a participé à la fin d'une guerre entamée par un ennemi fou à lier, quel est ton nom ?
— Je possède le nom que Votre Altesse désirera me donner.
— Je souhaite connaître ton nom de naissance que tes parents t'ont assigné.
— Dans ce cas, votre Majesté, je me nomme Agélas Vasilis.
— Et bien, Agélas Vasilis, je te fais seigneur, des terres et un château te seront confiés. Je paierais ton poids en or et je ferais de ton fils aîné l'un de mes conseillers lorsqu'il aura atteint la majorité.
— C'est trop d'honneur, mon Sire, que je ne puis accepter pour un devoir que j'ai commis sans aucune arrière-pensée.
— Eh bien je décode de te récompenser d'avoir accompli ton devoir avec dignité.
— Sauf votre respect, votre Grâce, je ne le mérite pas et je ne pense pas pouvoir recevoir tant de reconnaissance.
— Pourtant, nous te sommes reconnaissants. Toi comme tes frères d'armes avez mis fin à une horrible guerre. Vous nous avez aussi évité le meurtre, le viol, le pillage et la désolation. Mais je ne puis récompenser des âmes qui ont quitté notre monde que par de pieuses prières. Au nom de tous ceux qui ne sont pas revenus, je t'honore au nom de tous ceux qui ont péri. Et si tout cela te gêne, accepte de venir l'épée du roi et sers notre peuple lorsqu'un nouveau danger l'assaillira.
— Dans ce cas, j'accepte votre reconnaissance avec honneur, mon roi.
— Que tes honneurs soient reçus. Maintenant, relève-toi et regagne ton foyer. ».
Il se releva avec grâce et obéissant à son régent, il retourna chez lui afin de revoir sa famille. Il ne put jouir pleinement de ses retrouvailles car un noble l'avait accompagné et le héros de guerre, sa femme et leur descendance quittèrent leur vieille chaumière pour rejoindre la forteresse princière qui leur fut assignée. Une fois que tous furent installés comme il convenait, celui qui s'en était assuré repartit. Cela permit à l'homme d'embrasser sa femme ainsi que son jeune fils qu'il avait laissé avant de partir au combat. Lorsqu'il l'avait abandonné, son aîné avait cinq ans, désormais, il en avait dix. Il découvrit une fillette de cinq ans qui était née quelques semaines après son départ. Il espérait qu'il réussirait à rattraper ces années qu'il n'avait pas passé à ses côtés.
En voyant ses deux enfants, il se rendit compte de la seconde chance qui lui avait été offerte. S'il avait péri comme tous ceux qui l'étaient, il aurait abandonné une épouse fidèle et un garçon en deuil. Ainsi qu'une orpheline qui pleurerait un inconnu. Mais il était revenu et il souhaitait revivre. Cela ne fut pas simple car les horreurs qu'il avait commises le poursuivaient de jour comme de vie. Il se réfugiait dans l'alcool, la nuit, lorsque sa progéniture et sa compagne dormaient, pour que personne ne souffrît de son instabilité. Mais les cris de joie de ses enfants et l'amour de son épouse l'aidèrent à reprendre vie sans qu'il n'ait plus besoin de boire le soir.
Au bout de quatre ans, son amour pour sa compagne était encore vif et il donna naissance à un troisième nourrisson de leur sang. Au moment où il fut assez âgé pour sourire, la demi-lune qui striait ses lèvres avait achevé de ressusciter le père. Même si le soldat persistait à ressasser quelques cauchemars lorsqu'il était abandonné aux supplices de la lune, tous ses jours étaient illuminés par ses trois rejetons dont l'éducation lui donna du fil à retordre. Son unique descendante rompit même sa garde face à tant d'amour et de bienveillance paternels. Il demeurait fragile, mais le monstre de bataille était redevenu un homme.
Treize ans de bonheur passèrent.
Avant que son aîné ne fût nommé conseiller royal, il lui avait appris tout ce qu'il connaissait en termes d'escrime et de combat au corps à corps. Il avait refusé qu'un maître d'armes s'occupât de la formation de sa jeune progéniture quand bien même il était devenu noble. Et l'entrainement qu'il lui avait prodigué serait sûrement plus utile que toute autre formation qu'il pourrait recevoir. Le jour de sa nomination, son cœur se gonfla d'orgueil car il était heureux de voir que son premier né aurait une vie facile et ne connaîtrait jamais les horreurs de la guerre. Cependant, il n'était pas plus fier de lui qu'il l'était de ses deux autres bambins.
Son héritière était devenue une belle jeune femme que de nombreux jouvenceaux convoitaient. Alors qu'elle n'avait que quinze printemps, de multiples prétendants avaient osé déranger le repos du seigneur pour leur demander sa main. En bon patriarche qu'il fut, il refusa toutes les demandes de ces inconnus qui frappaient à sa porte. À ses yeux, son enfant était trop jeune et jusqu'alors, aucun jeune homme ne méritait de lui ravir sa princesse. Il avait veillé à demander à sa conjointe, que s'il lui arrivait malheur, elle ne marierait pas sa fille avant ses vingt ans et à aucun homme que leur fille répugnerait d'avoir en époux. Face à cette promesse pleine de sagesse, la mère ne put qu'accepter de tenir parole.
Leur jeune héritière, bien que femme, avait reçu une éducation complète. Elle savait lire, écrire, réfléchir et ses parents l'avaient toujours trouvé plus lucide que ses frères. Du haut de son jeune âge, elle rêvait de révolutionner le monde et de faire évoluer la cause féminine. Elle voulait faire en sorte que tous les hommes devinssent comme son père, lui qui était si respectueux envers son épouse et qui la consultait toujours lors d'une décision importante. Cela était peut-être impossible, mais elle n'en n'avait cure.
Quant au petit dernier, il croquait à pleines dents, la dernière année de son enfance. Bien qu'il comprenait peu à peu le monde adulte, ses prunelles conservaient l'innocence de ses premiers jours et il occupait ses journées à courir, à jouer et à rire. Il ne se souciait rien d'autre que de poursuivre son bonheur et son père le soupçonnait de devenir plus tard un inventeur.
Hélas, tout avait une fin et les beaux jours de grand seigneur qui avait oublié ces cinq années de malheurs prirent fin quand un décret royal le fit quérir au palais. Il se rendit avec inquiétude jusqu'à la demeure royale et on le fit entrer rapidement dans la salle du trône. Il n'y avait personne, mis à part le roi et quelques gardes. Il s'avança d'un pas léger jusque devant le trône imposant, devant lequel il s'agenouilla. L'homme désormais noble n'avait rien perdu de sa superbe, ce qui fit esquisser un léger sourire à l'homme qui le surplombait. Ce même souverain lui demanda d'un ton affable :
« Agélas de Vasilis, seigneur du nord de notre partie. Vous trouvez-vous bien loti ?
— Votre Altesse n'aurait pu me faire de plus grande grâce.
— Je dois vous avouer que je gagne quelque chose au change car vous avez formé un jeune homme fort avisé.
— Je n'ai nul mérite, votre Majesté, si ce n'est de lui avoir fourni une formation militaire et d'avoir payé de bons instructeurs.
— Soit, mais les instructeurs ne sont pas les seuls modèles que possède un enfant et le vôtre semble ne se souvenir que de votre exemple. Ce qui est normal quand on connaît la teneur de vos exploits.
— Je n'ai rien fait d'autre que de défendre ma patrie et de survivre, mon Sire.
— Et nous vous en sommes reconnaissants. SI je vous ai fait quérir aujourd'hui, c'est que nous avons de nouveau besoin que votre épée se mette au service de notre nation. Vous sentez-vous prêts à nous rendre ce énième service ?
— Dîtes un seul mot et j'obéirais de bonne grâce à la volonté de mon roi comme je l'ai promis, il y a dix ans de cela, répondit-il d'un air grave.
— Je suis aise de voir votre loyauté se confirmer. Ce que je vous demande de terrasser n'est nullement un homme. Il s'agit d'un monstre qui a dévoré plus de la moitié des habitants du sud de notre territoire. Il y a établi son antre car les températures semblaient lui plaire. Hélas, chaque jour qu'il passe, il décime davantage de population, il ne cesse de ravager nos habitants et il faut immédiatement l'arrêter. Ce monstre est, à ce qu'on raconte, un lion, un homme et un scorpion.
— Je vois, votre Grâce, sans vouloir me vanter, je pense que je pourrais achever cette bestiole.
— J'espère que vous y parviendrez car vous êtes la dernière solution que nous avons.
— Je prie pour que cela soit le cas, votre Majesté.
— Je prie aussi pour cela, mais vous serez loué simplement pour avoir essayé. Je n'ai rien d'autre à vous demander, vous pouvez disposer. ».
Après une ultime pirouette, Agélas sortit du château la mort dans l'âme. Il ignorait comment l'annoncer à sa famille. Il devrait encore les délaisser. Il devrait abandonner l'amour de sa moitié, l'incroyable lucidité de sa jeune fille et la joie insouciante de son benjamin. Il devrait délaisser tout ce qu'il s'était efforcé de reconstruire avec tant d'ardeur. Tous ses efforts se retrouvèrent anéantis par un simple monstre. Créature fantastique dont il ignorait sa capacité à la vaincre. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas tué et cela ne lui avait guère manqué.
Lorsqu'il rejoignit son manoir, il n'adressa la parole à personne. Il se contenta de se remettre à cet entraînement qu'il avait rompu quelques mois plus tôt. Il habitua de nouveau ses muscles à tenir une épée et un bouclier. Puis il courut plusieurs heures pour que ses jambes se refassent à l'endurance qu'elles avaient jadis connue. Mais son corps lui faisait plus défaut que par le passé car pour lui aussi, dix années s'étaient écoulées. Il ne pouvait se payer le luxe de l'ignorer. Il ne pouvait pas agit comme si sa vieillesse importait peu et qu'il pourrait aisément la supplanter. Cela était faux et il le savait. Il devait s'accoutumer à cette nouvelle fatigue qui l'assaillait de toute part. À trente-cinq ans, il se remit à endurcir son corps comme s'il en avait vingt bien qu'il s'accordait de nombreuses pauses.
Personne ne comprit pourquoi il faisait ça et on lui posa de nombreuses fois la question. Mais il ne répondait jamais clairement. Il ne voulait pas révéler ce qu'il mijotait à reprendre autant d'exercices d'un coup. Il n'osait pas annoncer la terrible nouvelle. Il devrait bien les en avertir un jour ou l'autre car il ne pouvait décemment pas partir comme un voleur. Tôt ou tard, il devrait faire face au chagrin de ceux qu'il aimait tant. Il ne pouvait en être autrement. Il laissa passer deux mois où il ne dit rien à personne et où il se contenta de se remettre en forme. Puis vint l'heure de son départ.
Il passa de nombreuses heures à se parler à lui-même pour trouver les mots justes lorsqu'il devrait annoncer la funeste nouvelle à ses proches. Il ne les trouva guère et sa déclaration n'en fut que plus maladroite. Comme il s'y attendait, il dut faire face aux larmes et au chagrin des deux femmes. Son aîné n'était pas là, lui qui résidait près du palais et son petit dernier ne semblait pas comprendre la teneur des propos de son géniteur. Malgré leurs supplications, il quitta sa demeure dès que le soleil pointa le bout de son nez.
Il se hissa de nouveau sur son fidèle destrier et il se dirigea vers la contrée qu'il devait sauver. Le trajet fut long, il fut également désagréable, mais cela n'outrageait guère le vieux chevalier. Ce qui le désespérait réellement était d'avoir abandonné ces quatre personnes qui étaient tout pour lui et pour qui il aurait pu donner sa vie. Ses prunelles reprirent cette teinte sombre de ces hommes mi-vivants, mi-morts. Il se laissait guider par son étalon qui semblait mieux connaître que lui la destination où il devait se rendre. Avant de rejoindre sa destination finale, il chevaucha cinq jours et cinq nuits. Il ne s'arrêtait que lorsque son cheval n'en pouvait plus et lorsqu'il devait se reposer. Ses nuits furent courtes, ce qui ne lui fit pas perdre trop de temps.
Il sut qu'il était arrivé à bon port lorsqu'il découvrit des ossements humains abonder le sol et la végétation était souillée par un rouge sang qui la recouvrait abondement. Il descendit de sa monture pour poursuivre à pied la caverne de la créature qu'il devrait affronter. Il ne le trouva pas facilement, ce qui l'obligea à établir un campement d'urgence. Il lui fallut trois journées entières pour découvrir où se cachait la bête qu'il devrait décimer. Il la vit assoupie, mais pas moins dangereuse. Elle faisait au moins quatre fois la taille de l'humain titanesque et elle se conformait parfaitement aux descriptions qu'on en avait été données.
Face à elle, il demeura paralysé, il aurait pu dégainer son arme, abattre la bestiole et repartir comme il était venu, mais il était conscient que ce serait trop facile. Faire tout ça pour en finir si rapidement ne rimait à rien. Tout de même tenté par cette optique de finir le plus rapidement possible cette triste besogne, il dégaina lentement son arme. Il fit le moins de bruit possible, mais cela sembla suffisant pour réveiller la majestueuse bête. Elle se releva à moitié et elle lança un regard perçant à Agélas comme pour savoir s'il s'agissait d'un potentiel ennemi ou d'une simple proie.
Bien qu'il fît un pas en arrière, il brandit son épée en avant et il lui lança un regard torve qui lui signifia qu'il était prêt à se battre jusqu'à son dernier souffle. La manticore le comprit et elle s'élança vers lui. Il ébaucha un pas sur le côté afin d'éviter de se retrouver plaqué au sol. Voyant qu'il avait éludé son assaut, elle bondit à nouveau sur lui, mais il l'ésquivé de nouveau. S'ensuivit alors une danse endiablée entre les deux êtres. L'un esquivant, l'autre attaquant, ils esquissaient le même geste alternant attaque et défense. Ils dansèrent ainsi des heures durant et même si l'heure tournait, il ne prêta guère attention à sa fatigue car il se devait de survivre. Son adversaire semblait ne point se fatiguer à moins que tout comme le héros, il la dissimulât pour le décourager.
Ces deux ennemis qui paraissaient si différents possédaient notamment quelques points communs. Ces deux êtres cherchaient le talon d'Achille de l'autre, prêts à tout faire pour ressortir de cet affront en vie. Tous deux souhaitaient vaincre, l'un pour continuer de repaître sa faim insatiable, l'autre pour rejoindre son foyer et poursuivre sa vie paisible. Mais ils se retrouvaient l'un face à l'autre, ne parvenant pas à achever l'autre. Chacun paraît les coups de l'autre. Pour reprendre leur souffle, ils se tournaient lentement autour, vif de reprendre le combat dès que cela serait nécessaire. Cette mascarade se poursuivit jusqu'à ce que vinrent s'abattre les derniers rayons du soleil, les plongeant dans une atmosphère vespérale.
Cela désavantagea l'homme, cela contraignait moins le monstre qui en profita pour s'acharner sur le pauvre homme. Il para les premiers assauts. Mais lorsque la Lune prit parfaitement place dans le ciel, il trébucha et la créature immonde en profita pour le plaquer violemment au sol. Il se retrouva piégé contre la terre froide, enserré par les griffes de la stature du monstre qui lui bavait dessus, montrant les crocs avec agressivité. Il pensait que c'en était fini de lui, mais il avait encore un bras de libre. Malgré son immobilité et même s'il avait perdu son épée, il vit la bête rapprocher dangereusement sa mâchoire de son échine. Dès lors, le myocarde du guerrier s'accéléra, il croyait que sa vie s'achèverait, persuadé que seule la mort pouvait l'accueillir. Tandis que son rythme cardiaque s'affolait dangereusement, sa respiration devenait de plus en plus haletante. Son corps fut saisi de tremblements et ses doigts, bien qu'incertains, recherchèrent une arme bien que cela paraissait inutile. Au dernier instant, ses doigts rencontrèrent une lame tranchante et froide. Il se rappela alors du poignard qui ornait sa ceinture, il s'en saisit et des maigres forces qui lui restèrent, il le lança dans la poitrine de son adversaire.
Ce dernier s'affaissa lourdement sur lui. Elle poussa un râle d'agonie, hurlant sa douleur à qui voulait bien l'entendre. Il utilisa ses dernières ressources d'énergie pour la pousser sur le côté afin de se délester du poids qu'elle imposait à sa pauvre poitrine. Une fois qu'il fut délesté de cette monstrueuse masse, il prit le temps de souffler, il tenta de reprendre ses esprits, mais même une fois que sa carcasse eut cessé de trembler, il fut incapable de se relever. Alors, il resta étendu sur le sol, incapable de se mouvoir. Il admira le ciel parsemé d'étoiles vivifiantes. Et il sourit car dès que son système nerveux aura accepté de se relever, il rentrerait chez lui et ce cauchemar de souffrance et de douleur serait aboli pour toujours.
Le combat de ce héros était fini et Dimitri espérait qu'il en irait de même pour lui. Pour la première fois depuis que ces cauchemars s'étaient enchaînés, il croyait en être venu à bout. Il pensait que cela serait fini et que lorsqu'il émergerait de ce long repos gorgé de souffrance, tour ce cirque prendrait fin et tout redeviendrait comme avant. Oui, quand il se réveillerait, il ne ferait plus ces étranges rêves, il en était certain.
Bip...bip...bip....
Le chirurgien qui s'était occupé de refermer la plaie de Dimitri soupira de soulagement, le défibrillateur à la main. Après avoir recousu la plaie, le jeune homme avait mal réagi à l'intervention et son myocarde avait cessé de battre pendant quelques minutes. À présent, son pouls était redevenu stable et il n'avait pas trop perdu de globules rouges. Même si tout devait bien se passer, rien n'assurait qu'il ne fit pas une nouvelle rechute. Ils menèrent le patient jusqu'à la salle de réveil où ils le placèrent en espérant qu'il se réveillerait, ce qui n'était pas sûr du tout.
Les parents de Dimitri firent des tours de rôle et pleurèrent à son chevet. Sa génitrice se sentit coupable car sans sa requête, il ne serait pas sorti de leur maison. Ses deux procréateurs pleurèrent son éventuelle perte bien qu'ils tentèrent de ne pas trop le montrer devant les jumeaux. Ces petits garçons ne comprenaient pas qu'on les privât de leur frère et ils dirent maints caprices pour pouvoir le voir, mais en vain. Sa grand-mère paternelle avait rejoint l'hôpital le plus vite possible et elle priait le ciel pour que son petit-fils ne quittât pas ce monde pour rejoindre l'au-delà, elle estimait qu'il était beaucoup trop tôt pour que son jeune prince lui fût ravi. Les autres membres de la famille n'avaient pu se déplacer jusqu'au chevet du jeune blond, mais ils exprimèrent tout leur soutien auprès de ses parents qui veillaient sur lui tout le jour et toute la nuit. Cela faisait plus de vingt-quatre heures que les yeux mi-vert mi-gris s'obstinaient à rester clos malgré les prières qui lui furent adressées. Quand bien même on l'implorait de se réveiller, il demeura prisonnier d'un sommeil empli de ténèbres.
A suivre demain !
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