1. Tu me connais bien, Mac

Le stade était complet. Les spectateurs hurlaient, impatients de voir cette rencontre finale. Les deux combattants marchaient l'un vers l'autre. L'arène s'était matérialisée. Face à face, sur un terrain presque plat, ils se regardaient dans les yeux. Quelques bosses au sol pouvaient servir d'obstacles mais ces hommes n'avaient pas peur.

Le présentateur saisit son micro et prit une grande inspiration avant de hurler. Il était fier de pouvoir présenter le combat ultime de cette année 2056.
- Chers spectateurs ! Voici le moment tant attendu !
Ils acclamaient les deux personnes sur le point de s'affronter. Sur la piste, prêt à en découdre, le président serra ses poings, dans ses deux gants de boxe. Ils étaient rouges. Puis, il les cogna entre eux afin de montrer à son adversaire qu'il n'allait pas se retenir.

Sur les écrans géants s'affichèrent leur visage et leur nom.
- Ryn Tatsuya, la jambe d'acier ! Applaudissez-le comme il se doit !
Ne se laissant pas déstabiliser par les encouragements, il fixait sans retenue chaque contour de son adversaire. Il analysait la taille de ses bras, son corps, les fenêtres de frappe et le type d'ouverture qu'il pouvait laisser en posture C.
- Face à lui, le vainqueur de ces trois dernières années ! Le président Kilaï !

NOUVELLES DONNÉES :

- Ryn Tatsuya. 23 ans. Cheveux blonds et lisses, souvent plaqués vers l'arrière. Une mèche rebelle se place toujours devant son œil gauche, sauf en combat, lors de mouvements brusques. Cela ne l'empêche cependant pas de voir correctement. Ses yeux sont bleus et quelques poils poussent sur son menton. Un bouc blond. Sa jambe gauche est une prothèse en ferraille contenant des mécanismes rotatifs permettant des mouvements dynamiques, fluides et une cartouche d'eau ainsi qu'une plaque chauffante.

Sur le côté extérieur de sa cuisse droite est incrustée une petite boîte verte avec une croix blanche dessinée dessus. Quatre fils, un de chaque côté, entrent dans sa peau et poursuivent jusqu'à un vaisseau sanguin particulier. Mis à part ces détails, il est plutôt musclé et porte des gants noirs lors de ses combats.

NOUVELLES DONNÉES :

- Président Kilaï. 34 ans. Cheveux longs, allant jusqu'aux épaules et rouges. Il a une cicatrice verticale passant par son œil droit alors celui-ci est toujours fermé. L'autre, en revanche, est doté d'une acuité visuelle parfaite. Il est de couleur orangée. Son visage d'ange le rend charismatique mais c'est un puissant dictateur, violent et sanguinaire. Ses muscles sont énormes et ses abdos sont constitués de douze carrés. Une belle tablette à l'allure indestructible.

Les hommes se tenaient debout, en posture A. Le présentateur lança le compte à rebours qui était également affiché sur les écrans.
- Cinq !

La tension était palpable. Cette palpitante attente rendait fou les spectateurs. Ils n'attendaient que de voir le président se faire coucher.
- Quatre !

Les deux combattants avaient retirés leur t-shirt. Tout deux torse nu, les bras vers l'avant, sur la pointe des pieds, ils respiraient de plus en plus vite.
- Trois !

Ryn s'était entraîné des jours entier, enfermé dans son club. Personne ne pouvait sortir de Carlem sans l'autorisation du président et il était là pour mettre un terme à ces histoires.
- Deux !

Le blond aux yeux bleus voulait à tout prix revoir la femme de sa vie et son fils. Ses muscles se gonflaient. Ses jambes étaient tendues.
- Un !

Il fit un léger bond sur place et commença à se pencher vers l'avant, à l'atterrissage. Puis...
- C'est parti !
Il courut en posture B jusqu'à son adversaire. Comme recroquevillé sur lui-même, le dos courbé, il traçait à toute vitesse. Sa vélocité en impressionnait plus d'un. La bouche grande ouverte, le présentateur n'était pas capable de commenter ce départ soudain.
- Euh...

Ryn lança son offensive tandis que son adversaire décida de jouer à la statue. Immobile, les bras le long du corps, il regardait le blond arriver avec hâte.
- Notre challenger décide de frapper le président de plein fouet !
Avec un hit du poing gauche, il se laissa partir vers l'avant en y mettant son poids et sa force. Seulement, Kilaï se décala sur le côté. Avec un kick, il frappa le ventre du jeune homme qui fut soulevé par la puissance du coup.

Le présentateur attrapa son micro avec brutalité et poussa un hurlement :
- Wouah ! C'est incroyable ! Avec une réactivité plus poussée que Ryn, il vient de le faire reculer sur plus d'un mètre ! Cent points pour le président !
- Alors, tu viens ? sourit Kilaï.
- Avec grand plaisir...

Sans perdre de temps, le blond fléchit sa jambe gauche pour activer un des mécanismes. Les protections les plus à l'extérieur de la prothèse tournèrent sur elles-même en libérant un nuage de fumée. C'était de la vapeur pouvant activer d'autres rouages. Le garçon fit une rotation sur sa jambe mécanique et s'élança à nouveau jusqu'à son adversaire final. Il allait lui placer un coup de pied retourné qui allait faire mal.
- C'est avec conviction et imprudence que Ryn retourne au front ! Il... Il vient de...

Sans bouger, Kilaï attrapa son pied d'une seule main. Suspendu par la jambe, dans les airs, le challenger suait énormément. Il avait peur. Son cœur battait la chamade. Sa respiration devenait douloureuse. Un sifflement s'échappait de sa gorge.
- Quelle est cette aura ? s'écria le présentateur. Ne serait-ce pas la légendaire droite du faucon ?
Les yeux de Ryn s'ouvrirent en grand. Il savait qu'il pouvait y passer. Alors, il posa sa main sur la boîte verte. Le jeune homme effleura celle-ci avec son index et soupira. Il avait compris que c'était déjà trop tard.
- Combo du phénix.

Avec un simple hit droit dans le vide, Kilaï fit apparaître plusieurs impacts dans l'air. Ceux-ci ressemblaient à des coups de poing opaques. Il y en avait tout un tas. Sans comprendre ce qui lui arrivait, le blond subissait cette attaque. Le visage en sang, le nez cassé et des hématomes sur les joues, il retomba sur le sol.
- C'est parti pour le décompte, tous avec moi !

Il regardait le plafond, complètement désorienté.
- Un ! Deux ! Trois !
Ryn ne pouvait pas abandonner. Il était trop tard pour reculer. Sa botte secrète était prête à l'emploi.
- Quatre ! Cinq ! Six !
Avec ses dernières forces, il leva son bras droit et approcha sa main du boîtier incrusté dans sa jambe.
- Sept ! Huit ! Neuf !

Les écrans affichèrent le visage du président. La foule acclamait le vainqueur avec dégoût.
- Dix !
Cet homme allait rester président un an supplémentaire. La coupe était terminée. Ryn s'est évanoui et sa défaite marqua à jamais les esprits. Il n'avait plus la force de se battre...

***

Dans une salle de sport, quelques jours plus tard, le perdant du championnat s'installa sur un banc, face à son coach. L'homme était aussi musclé que lui, noir de peau, chauve et aux yeux marron. Il portait un vieux débardeur blanc et une serviette pleine de transpiration odorante.
- Tu ne vas pas abandonner, hein ?
- Tu me connais bien, Mac.
- Bordel de merde, Ryn, ce type est un malade. Tu aurais pu y passer.

Le boxeur à la jambe d'acier se leva et fit un pas en avant. Les yeux dans les yeux, les deux hommes se fixaient avec un air de mépris. Pas qu'ils se haïssaient, loin de là. En fait, ils partageaient surtout la même émotion. Ils n'avaient qu'une envie : tuer Kilaï. Cela s'affichait avec la plus grande clarté sur leur regard.
- Écoute, Mac. J'ai un an pour m'entraîner. Je compte accroître ma puissance et utiliser des produits dopants aussi.
- Mais tu te fous de ma gueule ? Tu veux que je te vire du club ? On a des règles, ici. Pas de drogue ou de triche.

D'un franc geste, le blond leva sa jambe robotisée.
- Ça, c'est quoi ? Tu penses peut-être que c'est comme la boxe à l'ancienne ? On n'a plus le choix, ce type fait vivre un enfer aux habitants de Carlem. Je ferais tout pour le vaincre. J'utiliserais ces seringues pour me donner des pouvoirs, que tu le veuilles ou non. Si tu compte me virer, fais le maintenant.

Mac attrapa son acolyte par le col et le plaqua contre un mur, furieux. Ses lèvres noirs étaient humidifiées par sa salive. Il était en colère et n'arrivait plus à exprimer ce qu'il ressentait. Il passait sa langue sur sa bouche mais était tout bonnement incapable d'en vouloir à son meilleur élève.
- Si tu foires le prochain championnat, tu dégage...
- Content d'avoir trouvé un terrain d'entente avec toi, coach.

Il se libéra de son emprise avec un mouvement de la main droite.
- Maintenant, si tu veux bien, j'ai des affaires à régler...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top