𝐇𝐮𝐧𝐭 : Partie 1

Hey, je suis ravie de pouvoir enfin poster ce chapitre (même si c'était peut-être plus prudent d'attendre, c'est un four-shot et je n'ai écrit que deux parties ;-;). Je n'inscris que ce chapitre à ton concours, noriakea__, comme ça j'espère que le suspens marchera mieux ;) (le résumé du four-shot se trouve dans la partie précédente, ainsi que le physique des OC's, j'ai préféré te mentionner uniquement sur ce chapitre). Mes OC's (trois dans ce chapitre), sont présents, ainsi que des ships (entre persos et entre OC's, voire entre persos et OC's).

Ce chapitre, et même le four-shot en général, contient certains spoils (assez mineurs) de mon livre sur Golden Wind "Il est temps de tout recommencer" (qui sortira dans très longtemps, assez pour que vous ayez tout oublié ;-;) mais aussi des différences (je pense notamment au perso de Nadeshiko qui est un peu différent dans cette histoire)

TRIGGER WARNING : Ce four-shot est inspiré du manga du même nom : Hunt (parce-que je suis incapable d'écrire du policier si je ne m'inspire pas de quelque chose déjà existant ;-;) ! Il s'agit d'une histoire d'horreur, comprenant de la violence physique et psychologique, ainsi que du langage vulgaire ! Âmes sensibles s'abstenir !

J'ai essayé de mettre pas mal de suspens et de quoi vous faire hésiter, alors n'hésitez pas à essayer vous même de deviner qui sont les villageois, les loups-garous, la voyante, le salvateur, ou les jumeaux, mais également qui va faire quoi, et à quel prix. Tout à un sens, enfin j'ai essayé, chaque parole, chaque acte, chaque geste, chaque échange de regard. Bonne lecture !

UPDATE : J'ai modifié mon style d'écriture alors j'ai réécrit tout ça, j'espère que c'est plus lisible et plus agréable.

17324 mots

Pdv Eirin

J'ouvre les yeux, les plissant à cause de la forte lumière blanche. C'est comme si je me réveillais, pourtant je n'ai pas le souvenir de m'être endormie, mes derniers souvenirs remontent au moment où je rentrais des cours, j'étais même avec Giorno... Je fais un dernier effort pour ouvrir totalement les yeux, et me fige. C'est très glauque, comme spectacle, on est... neuf à être assis à des pupitres placés en cercle. Surtout, je crois en reconnaître certains... Mais oui ! Beaucoup, même ! Guido Mista, un de mes meilleurs amis, est assis à ma droite ! Tomohiro Abe, mon petit-copain, est à quelques chaises d'écart ! Nadeshiko Kobayashi, la présidente du club théâtre et également une de mes meilleures amies, est assise deux sièges à ma gauche ! Enfin, Giorno Giovanna, mon demi-frère, est en face de moi ! En croisant mon regard, ses yeux s'emplissent de soulagement et de tristesse, et moi je retiens une folle envie d'aller le serrer dans mes bras. Mista tourne la tête dans tous les sens, totalement déboussolé, et c'est loin d'être le seul.

- Hé, on fait quoi ici !?

Je me tourne vers le garçon qui a parlé, il a des cheveux verts et des yeux bleus.

- Zucchero, calme-toi, c'est pas en paniquant qu'on va savoir, tente de le rassurer un autre garçon.

- C'est pas facile de pas perdre son calme, Sale !

Cependant, les paroles du dénommé Sale ramènent un peu de calme, suffisamment, j'imagine, pour permettre l'activation du haut-parleur se trouvant dans le coin du mur.

- Chers participants, bonsoir et bienvenue. Vous ignorez où vous êtes et pourquoi, et c'est bien normal, mais ce sont des choses que vous n'avez pas besoin de savoir. Quant à ce que vous devez savoir, je vais vous le dire immédiatement : vous allez jouer à un loup-garou grandeur nature.

Cette voix est modifiée, impossible de savoir si c'est la voix d'un homme ou d'une femme...

- Un loup-garou grandeur nature ? Bah ça va, alors... marmonne Mista.

- Je n'en serai pas si sûre... Si c'est un simple jeu, alors pourquoi tant de choses étranges se passent-elles ? Rien que l'endroit où nous sommes est bizarre... lui répond Nadeshiko.

- La présidente a raison, écoutez-la.

Je rêve, il nous connaît et il nous voit et/ou nous entend en direct !

- Bien évidemment, il y a quelques petites choses à ajouter. Déjà, vous ne pouvez pas refuser de jouer. Ensuite, tout ce qui se passe ici est filmé et enregistré.

Je remarque qu'au cou de tous les joueurs, ainsi qu'au mien, est accroché une sorte de collier métallique. Je ne sais pas ce que c'est, et je n'ai pas envie de savoir. Pour l'instant, ce qui me dérange le plus, c'est de savoir que tout est filmé, je déteste n'avoir aucune intimité.

- Je vais exposer les règles, elles différent légèrement de celles du jeu original. Vous êtes neuf joueurs, parmi vous se cachent deux loups-garous. Loups-garous et villageois sont les deux camps qui habitent cette maison dans laquelle se déroulera le jeu. Pour gagner, les loups-garous doivent tuer tous les villageois, et les villageois doivent trouver et tuer tous les loups-garous.

- Attendez, tuer, est-ce qu'il veut vraiment dire tuer !? Putain de merde...

- C'est plutôt clair, connard, fais fonctionner ta cervelle ! On doit s'entretuer !

- T'as dit quoi, enculé !?

Les deux en train de se disputer, je crois les avoir déjà croisés... Le premier a une larme qui lui coule de l'œil gauche, le deuxième a des cheveux bleus et des lunettes...

- Tous les habitants devront se réunir chaque soir à 20h dans cette salle et désigner du doigt celui ou celle qu'ils pensent être un loup ou une louve. Les loups participeront évidemment au vote.

- Vous plaisantez !? 20h, c'est dans à peine deux heures ! s'exclame Tomohiro.

- Le joueur qui aura été désigné avec le plus de voix sera exécuté.

- Bordel, on se croirait dans Danganronpa... J'adore ce jeu, j'adore Nagito, mais j'ai tout sauf envie d'y participer... je marmonne.

- Par exécuté, j'entends évidemment qu'il sera mis à mort, et que c'est vous qui devrez se charger de l'éliminer.

Un "Quoi !?" collectif traverse la salle, personne n'a digéré la nouvelle.

- Il vous sera expliqué comment le moment venu. Si le vote donne lieu à une égalité, un vote décisif aura lieu auquel les joueurs à égalité ne participeront pas. S'il y a une nouvelle égalité, personne ne sera tué au vote ce soir-là. De minuit à 6h du matin, vous devrez obligatoirement rester dans les chambres qui vous ont été attribuées, sous peine de sanction. Cependant les loups-garous ont pour mission de sortir de leur chambre entre 1h et 2h30 du matin afin d'assassiner l'un d'entre vous. Les jumeaux ont obligation, uniquement pour cette nuit, de se retrouver dans une des pièces communes à minuit trente, afin qu'ils découvrent qui ils sont. Après, l'obligation d'aller dans leur chambre aux heures attribuées à tout le monde ne leur fera pas exception. Une personne sera tuée par le groupe à 20h, une autre par les loups durant la nuit, et le processus se répétera jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des loups ou des villageois. Les survivants recevront en récompense la somme de 10 millions de yens.

C'est énorme ! Bordel, l'appât du gain chez certaines personnes risque de... non, je ne veux pas y penser !

- Et comment on fait pour savoir si une personne est un villageois ou un loup ? demande le dénommé Sale.

- Regardez sous vos sièges, vous trouverez une enveloppe dans laquelle se trouve une carte avec votre rôle. Ces cartes ne doivent être vues que par leur propriétaire, même si celui-ci décède.

Une fébrilité s'empare de tout le monde et nous passons rapidement la main sous nos sièges pour récupérer l'enveloppe. Je l'ouvre, les mains tremblantes, et découvre ma carte : on dirait une femme tout à fait normale, sans aucun signe distinctif... Il y a un chiffre en-dessous, 205...

- Sur vos cartes, vous trouverez également le numéro de votre chambre. Parmi les villageois se trouvent également des rôles spéciaux : tout d'abord, la voyante, que l'on peut reconnaître à sa boule de cristal, qui peut connaître le rôle d'une autre personne une fois par nuit. Toutes les instructions pour utiliser ce rôle sont écrites sur la carte. Ensuite, le salvateur, qu'on reconnaît au bouclier. Chaque nuit, il peut choisir une personne, autre que lui-même, qu'il protégera. Cette personne ne pourra pas être tuée par les loups, et ils ne pourront tuer personne s'ils choisissent par malchance la personne protégée. De même, les instructions sont écrites sur la carte. Enfin, les jumeaux, qui sont au nombre de deux. Leur seul pouvoir est de savoir qui possède la même carte qu'eux, ce qui réduit leur liste de suspects. Toutes les actions qui gêneraient le bon déroulement du jeu, dégâts apportés au bâtiment ou au matériel, ou agression à l'encontre des autres joueurs, seront sanctionnées, à l'aide des colliers que vous portez. Une dernière chose que vous devez savoir : les loups-garous sont des spécialistes du jeu. Bonne partie.

Enculé... À côté de moi, Nadeshiko frissonne.

- Bon sang, qu'est-ce qu'on va faire... ?

- Prendre des décisions rationnelles serait un bon début. Présentons-nous, ce sera déjà mieux que de rester sans rien. Je commence, si vous le souhaitez. Je m'appelle Giorno Giovanna, je suis en première année au lycée privé de Morio. J'habite la chambre 102.

- Eirin Severett, je suis en deuxième année du même lycée, au club de théâtre... Et chambre 205.

- On est tous dans le même lycée. Moi, c'est Tomohiro Abe, je suis en troisième année, également au club de théâtre, et je suis dans la chambre n°106.

- Je suis Nadeshiko Kobayashi, en troisième année aussi, présidente du club théâtre, dans la chambre 203.

- Guido Mista, toujours en troisième année. Je fais pas de club et je suis en chambre 104, c'est très mauvais signe...

- Ghiacchio, en troisième année. Club de sciences. Chambre 102.

Il m'a pas franchement l'air sympathique, celui-là...

- Tu nous as pas dit ton nom ! l'engueule Zucchero.

- Mon nom, on s'en tape, vous m'appelez Ghiacchio un point c'est tout !

- Il n'a pas tort, c'est pas comme si c'était important... Moi, c'est Sale, je suis en deuxième année, et j'ai obtenu la chambre 100.

- Tch. Mario Zucchero, troisième année, chambre 108.

- Je m'appelle Luca, je suis en deuxième année et dans la chambre 110.

- On a une dominante de personne en troisième année... Ça a un sens, ou pas ? je demande.

- Non, je ne crois pas. Il y a aussi une dominante de membres du club de théâtre, ça ne veut rien dire, répond Giorno.

- On peut rien laisser au hasard, crétin, y a forcément un sens ! crie Ghiacchio.

Giorno lui lance un regard indéchiffrable, mais c'est Tomohiro qui répond.

- T'es pas obligé de tous nous insulter à tour de bras, c'est pas comme ça que t'arrivera à nous convaincre que t'es un villageois.

Nous acquiesçons. On est bien, dans une situation pareille, le sang-froid et le caractère jovial et serviable de Tomohiro pourront faire de lui un leader, c'est mieux que de tout faire dans l'anarchie.

- Je propose qu'on explore cet endroit, on découvrira sûrement des indices, propose Nadeshiko.

- Ouais, c'est ça, on va faire des groupes, et... commence Zucchero.

- Non, surtout pas ! On se connait à peine, à part certains, c'est une mauvaise idée qu'on se sépare, surtout qu'on est sous tension et donc plus enclins à se disputer. Si on se sépare, on ne sait pas exactement sur quoi on va tomber et on risque d'accuser des groupes au hasard de nous avoir caché des choses s'ils loupent un endroit par erreur, ou qu'on n'a pas de preuves de ce qu'ils avancent. Au contraire, si on fait tout ensemble, personne ne pourra dire que qui que ce soit a caché des choses, vu qu'on pourra tous surveiller tout le monde.

Nadeshiko aussi fait une bonne leader. Après tout, elle est présidente d'un club.

- Allons-y, et essayons de faire vite, c'est mieux si nous pouvons avoir le plus de temps pour nous, pour décompresser.

Nous lui obéissons et la suivons tous comme des petits canards. Il n'y a pas d'étage, mais la maison couvre une large superficie. Il y a les pièces communes : la salle de vote ; la cuisine ; la salle-à-manger ; une sorte de salon ; et la salle de bain, gigantesque, découpée en deux parties, pour les garçons et les filles. Les pièces communes donnent sur deux ailes : celle des garçons et celle des filles, l'aile 1 et l'aile 2.

- Bon, on dirait que c'est fini... Sinon, on est plusieurs à avoir vérifié, ils nous ont pris nos effets personnels, dont nos portables.

- Logique, j'ai envie de te dire. Bon, si ça ne dérange personne, je vais prendre un bain, nous informe Sale.

- Si, ça me dérange, pose tes fesses sur le canapé, tout le monde reste ici, on va discuter.

Ghiacchio a un ton menaçant, nous préférons éviter de le contrarier, on dirait que c'est le plus susceptible...

- Y a un truc qui m'emmerde depuis qu'on est tous là, c'est le fait qu'il y en a pas mal qui ont l'air de se connaître, et moi je ne connais personne, alors je vais vous demander à tous de me dire exactement qui sont toutes les personnes présentes dans cette salle pour vous.

- Tu exagères, c'est un peu abusé de... tente de le raisonner Nadeshiko.

- Ferme-la. Vous êtes tous suspects à mes yeux, alors n'aggrave pas ton cas.

- ... Tomohiro et Eirin sont mes amis, je les ai connus au club. J'ai déjà vu vite fait Mista et Giorno, mais je ne connais personne d'autre.

Tomohiro prend la relève.

- Eirin et moi sortons ensemble, Nadeshiko est mon amie, j'apprécie Mista et Giorno mais je ne les connais pas très bien.

- Ici, je connais juste Sale, c'est mon meilleur pote, c'est tout, dit Zucchero d'un ton plaintif.

- Je connais juste Zucchero, et j'ai déjà croisé Eirin vite fait, il me semble, réfléchit Sale.

- Giorno et Eirin sont mes meilleurs amis, j'aime bien Tomohiro et Nadeshiko, qu'est-ce que tu veux que je t'apprenne de plus ?!

Du calme Mista, le provoque pas...

- Dans cette salle, je connais juste ce petit enfoiré de Giorno Giovanna, personne d'autre.

- Fais attention, Luca, de nous deux, c'est toi le pire des enfoirés.

- J'en ai rien à foutre de pourquoi vous vous détestez, je sais juste que vous pouvez pas vous saquer et j'en ai rien à foutre du reste !

- Ferme ta gueule, t'es pas mieux que lui ! s'énerve Luca.

Je pousse la voix afin de détourner leur attention, manquerait plus qu'ils se battent !

- BREF ! Donc, comme dit précédemment, je sors avec Tomohiro, Mista et Nadeshiko sont mes meilleurs amis, et Giorno est mon demi-frère.

- Ton demi-frère, hein ? Ça, c'est intéressant... Dites-moi, comment vous vous êtes rencontrés ? Vous le savez depuis longtemps ?

- Là, ça rentre dans la sphère du privé, on n'a pas à te répondre !

- Fait gaffe, le fait que vous vouliez tous les deux garder le secret vous rend encore plus suspect à mes yeux. Un frère et une sœur loups, c'est cohérent.

Je déglutis et le fixe droit dans les yeux, ce type est un énorme connard... J'échange un regard avec Giorno, puis commence.

- On a le même père, il a trompé ma mère avec celle de Giorno et on est nés avec quelques mois de différence. Je savais bien que j'avais un demi-frère, ma mère me l'a dit, et j'ai voulu le rencontrer, et ma surprise au début de l'année a été immense quand je l'ai vu rentrer dans mon lycée.

- De mon côté, j'avais réussi il y a un petit moment à identifier mon géniteur et à savoir qu'il avait d'autres enfants, mais je n'avais pas franchement envie de les rencontrer, jusqu'au jour où j'ai croisé Eirin. Depuis, on essaye de rattraper le temps perdu. Et, pour répondre à la question que tu vas me poser dans quelques secondes, je connais ici Eirin, Mista, mon meilleur ami, Tomohiro et Nadeshiko, des connaissances, et Luca, qui me déteste.

- C'est bien, toi tu comprends vite. Vous pouvez partir, j'ai plus rien à vous dire.

Je grimace, me lève, et suit Sale jusque dans la salle de bain, j'ai besoin de me doucher aussi.

- ... Tu vas bien ? me demande-t-il.

- Ah, euh, ouais, pourquoi ?

- Ghiacchio est trop con, ça se voyait que tu ne voulais pas forcément en parler, de ton histoire avec ton frère.

- T'as raison...

- Si jamais t'as besoin de parler, je suis là.

- C'est suspect, comme caractère, on dirait un loup qui essaye de piéger un villageois.

Je dis ça sur le ton de la rigolade, mais on dirait que ça lui fait pas mal d'effet, il rougit, balbutie, et se barre direct. Plutôt étrange, d'ailleurs, comme réaction. Je rentre dans la salle de bain, me déshabille, et rentre dans le grand bassin d'eau chaude. J'aurais bien voulu me détendre, mais ce n'est pas possible quand je sais qu'il y a sûrement des caméras ici-même. Je me contente simplement de rester un peu dans l'eau, puis de me laver et de repartir. Je m'approche de ma chambre, ouvre la porte, et voit immédiatement la silhouette qui m'attendait à l'intérieur. Sous le coup de la surprise, je ne crie pas et reste immobile, la personne en profite pour m'attirer dans ma chambre et me bâillonner avec sa main !

- Chh, fais pas de bruit !

Non mais je rêve, c'est Ghiacchio !

- Calme-toi, je vais rien te faire, je suis juste venu te parler ! J'ai frappé mais j'ai pas eu de réponse, alors je suis rentré. Désolé pour ma main, je vais la retirer, j'avais peur que tu cries, tu peux rester tranquille ?

Je hoche doucement la tête et il enlève sa main, me laissant respirer. Reprenant mon calme, je le fixe avec colère.

- Tu aurais juste pu attendre devant la porte, merde ! je m'énerve.

- Désolé, je voulais avoir une conversation privée, c'est tout.

- Bon, tu veux quoi ?

- Je voulais te parler du vote, j'aimerais que tu suives le mien.

- Suivre ton vote ? Tu voteras pour qui ? Et pourquoi je ferai ça ?

- Je vais voter pour Luca.

- Pourquoi lui ? Nous n'avons aucune preuve le désignant comme un loup-garou.

- Tu as raison sur ce point, mais le problème est que le laisser en vie est dangereux. Il est très intimidant et fait peur à tout le monde, tu as vu ?

C'est plutôt toi qui me fais peur...

- Et comme toute personne de cette espèce-là, tout ce qu'il dit est parole d'évangile alors que, au contraire, il n'écoute personne. S'il était un génie, ça ne causerait pas vraiment de problèmes, mais il n'en est pas un, ça se voit.

- Donc tu proposes de l'éliminer parce-qu'il serait une gêne dans la victoire des villageois, qu'il soit dans un camp ou dans un autre ?

- Exactement.

- Je vais te dire mon point de vue. Tu n'as pas tort, ton raisonnement est même très juste, mis à part sur un seul point : ce n'est pas Luca que tu décris, c'est toi-même.

- Quoi !?

- Luca est devenu agressif uniquement quand c'est toi qui t'en es pris à lui. Tu es venu me parler parce-qu'il déteste mon frère, et que je t'ai clairement dit que nous tenions énormément l'un à l'autre. J'ai vu clair dans ton jeu, tu fais d'une pierre deux, voire trois coups. Déjà, tu te mets Giorno, ou moi, dans la poche, ce qui, tu le penses, va automatiquement ramener l'autre, et tu obtiens donc deux alliés, et en plus tu élimines ton ennemi, qui est aussi l'ennemi de Giorno, donc mon ennemi, selon ton raisonnement. Hé bien tu as faux. J'aime peut-être énormément Giorno, et c'est réciproque, mais nous sommes loin d'avoir le même avis, en général. Tu aurais plutôt dû viser Mista pour nous mettre dans ta poche. Et encore, Mista ne prend pas souvent de bonnes décisions, on ne l'aurait pas suivi. Ensuite, je ne connais pas Luca, je sais juste qu'il y a un différend entre lui et Giorno, et j'en sais pas plus. Ton plan est pourri, et m'a l'air d'être le plan d'un loup. Crois-moi, je vais tout balancer, Ghiacchio.

- Tu comprends rien, salope ! Moi, un loup !? Tu te bases uniquement sur tes impressions personnelles ! Moi, je me base sur une étude de son comportement, j'agis pour le bien de tous ! Tu n'es qu'une conne incapable de réfléchir correctement qui va crever dans pas longtemps !

Bordel, il devient taré ! Je cours hors de ma chambre et rejoins les parties communes, j'arrive dans la cuisine et croise Tomohiro et Nadeshiko, en pleine discussion.

- Hé, ça va !? me demande mon petit-ami.

- Ouais, c'est juste Ghiacchio... Ce connard est rentré dans ma chambre et il a voulu me forcer à voter contre Luca, en me sortant une connerie d'étude comportementale...

- Il a fait la même chose avec moi, juste avant d'aller te voir. Mais il ne m'a pas gueulé dessus, j'ai fait semblant d'aller dans son sens, ça m'a semblé plus prudent, m'informe la présidente.

Je m'assois sur une chaise, avec une tasse de chocolat chaud préparée par mon petit-copain, et ma meilleure amie me faisant un massage des épaules. Bon sang, je déteste être dans cette situation...

Pdv extérieur

Les relations entre ces trois-là étaient plus que compliquées, c'est pourquoi Eirin n'aimait pas être seules avec ses deux camarades, en particulier lorsqu'ils se montraient aussi prévenants avec elle. Eirin et Tomohiro étaient en couple, oui, Tomohiro adorait sa compagne, mais Eirin ne le voyait pas comme un amoureux.

C'était un ami proche, extrêmement proche, qu'elle adorait et pour qui elle serait presque capable de tout sacrifier, mais elle ne ressentait pas d'amour. Quand il lui avait fait sa déclaration, elle avait préféré accepter, pour ne pas lui briser le cœur. Ils agissaient comme un couple, se tenaient la main, s'embrassaient, couchaient ensemble, mais pour Eirin c'était plus une relation "friends with benefits", ce qu'elle n'avait jamais réussi à avouer à personne, à part à Nadeshiko. Et celle-ci en avait profité.

Eirin avait toujours soupçonné sa meilleure amie d'avoir un faible pour elle, elle était câline, tactile, ambigüe, et la brune savait que la présidente était lesbienne. Quand Eirin avait annoncé à Nadeshiko, lors d'une soirée où elles avaient décidé d'abuser du Soho, qu'elle ne voyait Tomohiro que comme un ami, et qu'elle lui avait également annoncé qu'elle aimerait beaucoup avoir une relation charnelle avec une femme, Nadeshiko avait sauté sur l'occasion et les deux filles s'étaient bien amusé, jusqu'au moment où elles avaient décuvé.

Eirin avait avoué une demi-vérité à Tomohiro (avoir embrassé un inconnu à une soirée sous l'emprise de l'alcool), mais rien de plus, et elle et Nadeshiko se fréquentaient encore comme si de rien était, en vérité plutôt satisfaites de leur aventure.

Pdv Eirin

- Il est presque 20h, nous devrions y aller.

Je me lève et suis les deux autres jusqu'à la salle de vote, tout le monde arrive au compte-goutte, l'air paniqué. Quand tout le monde est là, la voix retentit dans la salle.

- Jeunes gens, dès que le compte à rebours sera terminé, vous pointerez du doigt celui ou celle que vous pensez être un loup ou une louve. Dix...

- Hein !? Comme ça, sans débats !?

- Neuf...

- Putain de merde... jure Luca.

- Huit...

- Personne ici n'a tué personne, je ne veux pas accuser des innocents... se résigne Giorno.

- Sept...

- Au pire, vote pour un connard, ce sera pas une grande perte, propose Mista.

- Six...

- Je peux savoir ce que tu insinues !? rugit Ghiacchio.

- Cinq...

- Rien, pourquoi, tu te sens visé ?

- Quatre...

Le pire, Mista, c'est que t'as pas tort...

- Trois, deux, un...

Quand retentit le zéro, toutes les mains se lèvent.

- Binoclard, je rêve, t'as vraiment voté pour moi !? Je vais te faire ta fête ! s'écrie Luca.

- Zucchero, pourquoi moi !? je m'exclame, apeurée.

- Désolé, j'ai désigné au hasard, tu n'es pas suspecte donc je préférais voter pour une personne qui n'aurait que ma voix, pour que je ne participe pas au meurtre de quelqu'un...

- Je rêve, Nadeshiko, tu votes pour moi !? Tu m'as trahi !

- Faire de la propagande pour tuer quelqu'un alors qu'on n'a aucune preuve, juste parce-qu'il est un peu susceptible, c'est pas une conduite villageoise. Bon, ça fait cinq votes sur neuf, je crois que c'est fini pour toi...

- Le vote est terminé, le joueur Ghiacchio est éliminé. Je vais désormais vous expliquer comment se déroulera la sentence : comme dit plus tôt, c'est vous qui devrez l'exécuter, mais comme vous le souhaitez. Brûlez-le, étranglez-le, découpez-le, faites fonctionner votre imagination. Pour cela, vous trouverez dans le coin de la pièce une malle encastrée dans le sol, contenant tout le matériel dont vous pourriez avoir besoin, n'hésitez pas à vous servir. Prenez toutefois garde à ne l'utiliser que pour procéder à une exécution et à ne pas l'abîmer, merci, ainsi qu'à l'utiliser dans le temps imparti. Si l'exécution n'a pas eu lieu quinze minutes après le vote, tous les joueurs seront sanctionnés.

C'est glauque, putain... La voix se tait, et le silence règne dans la pièce, puis Luca se lève et s'avance vers la malle.

- Lu... Luca ? l'appelle Zucchero d'une voix hésitante.

- Faut le faire, ou on va tous mourir. Venez m'aider, ça ira plus vite à plusieurs.

Personne ne se lève, même quand il prend une pelle et s'avance vers Ghiacchio.

- F... Fais pas ça ! T'es trop con, tu vas leur obéir !?

Il s'enfuit, Luca lui court après.

- Arrête de bouger ! Je suis pas vraiment rancunier, je t'en veux pas tellement d'avoir voté pour moi, c'est la loi de la jungle. En gage de bonne foi, je ferai en sorte que tu meurs vite, sans trop avoir mal.

- Bordel, mais écarte-toi de moi !

Quand Ghiacchio passe à côté de lui, Zucchero serre le poing, puis se lève, lui fait un croche-pied, et s'assoit sur lui, l'empêchant de bouger.

- Je voulais pas être coupable de la mort de qui que ce soit, mais t'as mon respect, Luca, c'est pas tout le monde qui s'engage à ne pas faire souffrir son adversaire !

- Mais qu'est-ce que tu fous, salopard, lâche-moi ! Il va me tuer, tu vois bien !

- C'est un peu le but du vote, Ghiacchio, je suis pas navré pour toi, parce-que je t'apprécie pas vraiment, mais j'ai un peu pitié de toi. Le problème, c'est que, si on ne te tues pas dans les quinze minutes, tu meurs, mais nous aussi, donc...

Luca lève sa pelle au-dessus du crâne de Ghiacchio, puis l'abat, dans un craquement sonore, puis c'est le silence.

- Il... Il est mort ?

- Je sais pas, nous avoue Luca, le bruit c'était peut-être son crâne qui s'est brisé, mais je peux me gourer, il est peut-être juste assommé. Je vais devoir remettre quelques coups.

- C'est inutile, y a juste à prendre son pouls et sa respiration pour... ! commence Nadeshiko.

- Des fois, ça marche pas ! Y a des morts qui reviennent, parfois !

- Catalepsie... je marmonne.

- Ouais, un truc comme ça ! Donc faut s'assurer qu'il pourra plus jamais revenir !

Un coup, un autre coup, puis encore un troisième, un quatrième, un cinquième, la tête de Ghiacchio ressemble plus à une pastèque écrasée qu'à un visage. Une seule pensée traverse tous les esprits : quelqu'un qui a l'air d'aimer s'acharner autant sur un corps peut-il ne pas être un meurtrier ? Alors, peu importe le rôle, tout le monde s'est mis à se méfier de Luca.

Mista n'a pas pu se retenir et est sorti de la pièce en courant pour aller vomir, Giorno sur ses talons pour le réconforter. Moi, je ne peux pas détacher mes yeux du spectacle. Je ne pensais pas qu'une tête pouvait être déformée à ce point. Sale s'évanouit, et c'est ce qui nous force à sortir de ce cauchemar éveillé.

- Bordel... Je vais le transporter dans sa chambre, dit Tomohiro.

- Je vais t'aider, attends.

Je sais que ça peut paraître suspect aux yeux des autres, que le couple se mette à agir en duo pour emmener un mec seul, mais là je m'en fiche, un camarade va mal, alors je serai là pour lui. Avec beaucoup de difficultés, nous le ramenons à sa chambre et le couchons sur son lit.

- Qu'est-ce que tu vas faire ? me demande Tomo.

- Veiller un peu sur lui, quelques minutes. Tenter de le réveiller, pour éviter qu'il panique en se réveillant tout seul, peut-être même au milieu de la nuit. Puis j'irai manger et dormir. Et toi ?

- Je vais aller parler aux autres. Voir si je peux récupérer des infos, tout ça. J'attendrai dans la salle à manger.

Il se dirige vers la sortie de la chambre, puis se retourne et me serre dans ses bras. Je réponds à l'étreinte, lentement gagnée par la peur de mourir ou de perdre ceux que j'aime.

- Je t'aime, Eirin, j'ai tellement peur que tu meurs dans ce putain de jeu...

- Tout ira bien, je te le promets.

Il dépose doucement ses lèvres sur les miennes, puis sort de la chambre. Je tire une chaise à côté du lit et m'assois, attendant. Sale respire et, en tâtant son poignet, je trouve son pouls, il est bel et bien vivant. Il se réveille quelques minutes plus tard.

- Je suis où... ?

- Dans ta chambre, tu t'es évanoui il y a pas longtemps.

Il rougit légèrement, puis détourne le regard.

- Quelle heure il est ?

- 20h26, d'après ton réveil.

- Vraiment pas longtemps... Bordel, je déteste le sang, ça me dégoûte !

- Le contraire m'aurait étonné, vu ta réaction. Bon, je vais te laisser.

- Attends ! Je veux te parler de quelque chose !

- Oui ?

- Regarde.

Il sort un carnet et un stylo de sa poche, je les reconnais, j'ai les mêmes dans ma chambre, je pense que tout le monde doit les avoir. Je m'assois à côté de lui, sur le matelas qui s'affaisse sous mon poids.

- J'ai pris des notes sur les votes, pendant l'exécution, je pense que ça sera utile. Regarde-les, je peux aussi te filer la page, si tu veux, je me souviens des votes.

Je jette un regard à ses notes. C'est une bonne idée, en effet.

Zucchero --> Eirin

Eirin --> Ghiacchio

Ghiacchio --> Luca

Tomohiro --> Ghiacchio

Nadeshiko --> Ghiacchio

Giorno --> Ghiacchio

Mista --> Ghiacchio

Sale --> Luca

Luca --> Giorno

Je crois comprendre.

- En notant les résultats de chaque vote, on pourra en déduire les relations de chacun ?

- Oui, mais il faudra regarder sur le long terme, même ce vote-là pourra nous offrir des indices.

- Effectivement... Mais, pourquoi tu me montres ça ? Tu ne te méfies pas de moi ?

- Non, et je veux également que tu me fasses confiance. Tout à l'heure, j'ai eu la carte des jumeaux.

- Quoi ? Pourquoi tu me le dis !?

- Je t'ai dit, je veux que tu me fasses confiance. Je ne te demande pas de me révéler ton rôle, en fait je m'en fiche. Si tu es villageoise, parfait, je gagnerais avec toi. Si tu es louve, ça ne me dérange pas d'être tué de tes mains.

- Qui me dit que ce n'est pas toi, le loup ?

- Ce soir, je rencontrerai l'autre jumeau. Demain matin, tu pourras m'exposer, si tu veux, et l'autre jumeau se dénoncera aussi. Les villageois les plus dangereux pour les loups sont la voyante et le salvateur, alors que les jumeaux se désignent les rend quasi invincibles pour les votes et non prioritaires pour les loups. Si tu as peur que mon complice soit l'autre loup, alors soit sans crainte, il suffira aux vrais jumeaux d'avouer qui ils sont.

- Tu as un bon raisonnement, mais c'est presque du suicide...

- Je m'en fiche.

Il se rapproche brusquement, et passe sa main dans mes mèches brunes, je sursaute en sentant son toucher.

- Tu as de magnifiques cheveux...

Je me lève à toute vitesse et sort de sa chambre, je pense qu'il est bien le jumeau, mais ça ne l'empêche sûrement pas d'être quelqu'un de mauvais, comme Ghiacchio ! Il me fait peur, ce Sale ! J'arrive dans la salle à manger et mange avec les autres des plats trouvés dans le frigo, puis vais me coucher, la peur au ventre. Impossible de dormir. Il est minuit et demie, Sale a dû retrouver l'autre jumeau. Bientôt 1h, bientôt la tuerie.

Je ne veux pas mourir dans mon lit, sans dormir. Je prends ma couette, mon oreiller, et vais me pelotonner dans un coin de la grande pièce, dans le noir. Emmitouflée dans ma couverture épaisse mais gardant une certaine liberté de mouvement, la tête posée sur l'oreiller, mon carnet et un stylo posés sur le ventre, je ne suis pas trop inconfortable et je serai capable de me défendre, ou au moins de laisser un message si je vois mon agresseur. En plus, je ne suis pas dans mon lit et je suis quasiment indétectable dans ce coin du mur. Ce sera suffisant, j'imagine, pour troubler les loups s'ils ne me voient pas dans mon lit. Un peu rassurée par mon plan, je m'endors.

Pdv extérieur

Quelques minutes après, deux silhouettes armées de couteaux se trouvaient devant une chambre, l'air menaçant.

- Tu es sûr de toi ?

- Il a voté contre elle, il a osé voter contre elle, je ne le pardonnerai jamais...

- Je te comprends, moi aussi je suis en colère...

Les silhouettes ouvrirent la porte, et commencèrent leur massacre, puis retournèrent dans leur chambre comme si de rien n'était.

Pdv Eirin

Je réussis à me réveiller, j'imagine que ça veut dire que je ne suis pas morte. Rien n'a bougé, il y a du soleil, de la lumière, tout va bien. J'allume ma télé, parce-que la première chose qui me tombe sous la main est ma télécommande et pas mes vêtements, et remarque une chose : sur toutes les chaînes, pas la moindre mention de lycéens disparus, rien, nada, et on peut regarder la télé sans censure. On a même accès à des chaînes payantes et/ou pornos.

Si on était pas dans une situation aussi désespérée, et surtout si y avait pas des caméras dans la chambre, j'en aurais profité, c'était un porno lesbien qui passait, bien plus excitant qu'un porno hétéro. En plus, celui-là était pas trop cliché, je trouve, y avait aucune trace de mec, aucune trace de gode, bref, pas le moindre pénis en vue. Juste des femmes. Parfait. J'éteins la télé après avoir vérifié beaucoup de chaînes et récupère mes vêtements. Je sors après les avoir mis et me rend à la salle à manger. Quand je vois qui est présent, je ne peux m'empêcher de pleurer de joie.

- Putain de merde, vous êtes vivants !

Je saute dans les bras de Giorno, Mista et Nadeshiko, les serrant de longues minutes. S'ils étaient morts, je ne sais pas ce que j'aurai fait...

- Bon sang, qu'est-ce que vous êtes émotifs, Mista et toi, se moque gentiment Giorno.

- J'suis ta grande sœur, râle pas quand je te fais un câlin, on dirait Yusha !

- Je me demande comment il va, d'ailleurs...

Je me tais. Mon petit frère, venant de mes deux parents, n'est pas avec nous, et j'ignore comment il va...

- En tout cas, Mista a eu la même réaction que toi, il m'a sauté dans les bras.

- Je vais le refaire, laisse-moi te faire un câlin, mon pote, ça fait trop plaisir que tu sois pas mort !

- Nous sommes les seuls à être levés, pour le moment... remarque Nadeshiko.

- Ah merde ! Eirin, t'es arrivée en quatrième ! Putain, il va t'arriver malheur, il va tous nous arriver malheur si une autre personne n'arrive pas mainte... !

- Yo... nous salue Luca.

- C'est bon, la merde ne tombera que sur Eirin.

- J'ai pas trop envie qu'il m'arrive une merde, dans la situation où nous sommes...

- C'est vrai... T'en fais pas, Eirin, on fera tout pour que tu ailles bien !

- Merci, Mista...

D'autres personnes arrivent petit à petit, et il ne reste plus que...

- Merde, Zucchero !

On court jusqu'à sa chambre et quelqu'un ouvre la porte. L'odeur du sang est prenante, le liquide a tapissé les murs et le sol. Je suis la seule qui a les tripes suffisantes pour m'avancer et observer le corps.

- Il s'est fait poignarder... Beaucoup trop, même pour deux personnes, on dirait que quelqu'un s'est acharné sur son cadavre et l'a planté je ne sais pas combien de fois.

- Putain, non, Zucchero ! s'exclame Sale.

Merde, c'est vrai, c'était son meilleur ami...

- Qui l'a tué !? Dénoncez-vous ! Bordel, je vais vous tuer !

- Si tu veux mon avis, c'est elle.

Je reste sans voix quelques instants en voyant que c'est moi que Luca pointe du doigt.

- Quoi !? Mais t'as perdu la boule !

- Il avait voté pour toi, hier. Si j'étais loup-garou, je tuerais d'abord ceux qui me soupçonnent.

- Mais ça me rendrait encore plus soupçonnable, ce serait hyper débile de ma part !

- Qu'est-ce qui nous dit que t'es pas débile, hein !?

- On est cinq à pouvoir te le dire, en la comptant ! Eirin est une des meilleurs élèves de sa classe, elle est super intelligente ! me défend Mista.

- Alors elle aurait pu le tuer en espérant qu'on pense ça, ce qui la rendrait encore moins soupçonnable ! Et encore plus soupçonnable maintenant qu'on connaît son stratagème !

- Ça ne peut pas être elle, j'en suis sûr ! s'écrie Sale.

- Ah ouais, pourquoi ? T'as quelque chose qui prouve son innocence ? T'es voyante ? Vous êtes les jumeaux ? Ou alors t'es un loup...

- Luca, arrête, tu deviens de plus en plus suspect, là, le raisonne Tomo.

- En plus, les loups se sont bien acharnés sur ce corps, exactement comme tu l'as fait hier avec Ghiacchio... C'est étrange, je fais remarquer, perfide comme un serpent.

- Ça suffit, la division est la pire des choses qui puisse nous arriver, nous gronde Nadeshiko. Là, le problème majeur que je vois, c'est qu'on ne sait pas quel rôle avait Zucchero, et c'est embêtant s'il était salvateur ou voyante.

Plus personne ne dit quoique ce soit, puis c'est Sale qui reprend la parole.

- Je connaissais son rôle... Nous étions les jumeaux, tous les deux...

- Les jumeaux ? Et quelqu'un peut confirmer ce que tu dis ? On peut pas voir vos cartes, je vous rappelle, s'énerve encore Luca.

- C'est simple, si je mens, que les vrais jumeaux se dévoilent ! En faisant ça, ils confirment qu'ils sont des villageois et sont donc invulnérables lors des votes, mais ils sont également une cible non prioritaire pour les loups-garous, qui vont davantage se concentrer sur la voyante et le salvateur, ce qui leur donnera plus de temps à vivre ! Allez-y, les jumeaux, dites-nous qui vous êtes !

Personne ne dit rien, Sale a l'air satisfait.

- Il me l'avait dit hier, qu'il était le jumeau, je dis aux autres. Il m'avait dit de le dénoncer, mais il l'a fait tout seul.

- Jusqu'à preuve du contraire, je suis donc un villageois. Vous ne pouvez plus dire que je suis un loup.

Les autres, ne pouvant rien dire, sortent de la chambre et vont dans les leurs. Sale et moi sommes les derniers. Il faut que je le remercie.

- Merci, tu as pris ma défense...

Il est plutôt sympathique, au final.

- C'est rien, pour moi tu es innocente. Et si tu es celle qui a fait ça, je t'en veux évidemment de l'avoir tué, mais mourir de tes mains ne me dérangerait pas.

- Je n'ai rien fait.

- Je le pense aussi. Viens, fouillons un peu, il a peut-être laissé un indice.

J'acquiesce et observe minutieusement le cadavre, le sol, le carnet sur la table, le lit, mais je ne trouve rien.

- Bordel... Et toi ?

- Rien dans les tiroirs, sur le fauteuil, l'armoire, rien...

Je soupire et m'apprête à sortir quand la télé s'allume, et un message apparaît sur l'écran.

Salut, Sale et Eirin. Vous jouez les enquêteurs, à ce que je vois. C'est une très bonne initiative, et je tiens à vous récompenser pour ça ! Ce matin, dans toutes les chambres, seront diffusées un message, unique pour chacun d'entre vous, et votre récompense sera de voir celui de Zucchero ! Bon visionnage !

L'écran devient noir quelques secondes, puis affiche un nouveau message.

Informations à destination de Mario Zucchero

Une vidéo se lance, et on se fige. Je ne reconnais pas l'endroit, mais on dirait que Sale oui, je fais donc l'hypothèse qu'il s'agit de la chambre de Zucchero. Il est là, bien vivant, avec une fille, mais ils n'ont pas l'air en bon termes.

- Casser ? Comme ça ? C'est brusque...

- C'est comme ça, Mario, je suis tombée amoureuse de quelqu'un d'autre, tu ne peux pas me retenir.

L'image se brouille, puis change, et on voit apparaître la même fille, accrochée au bras de... Luca !? Un dernier message s'affiche.

La personne dont ta petite-amie était tombée amoureuse est Luca.

La télé s'éteint. On échange à peine un regard avec Sale, et il commence tout de suite à prendre des notes, me disant ce qu'il faut retenir, me montrant ses papiers, et nous courrons en dehors de la chambre.

- On coopère, alors ?! me demande-t-il.

- Ouais, quelque chose me dit qu'on peut former une bonne alliance !

Il se rue dans sa chambre tandis que je traverse les pièces communes, totalement vides, et me rend dans ma propre chambre. Dès que je ferme ma porte, ma télé s'allume.

Informations à destination d'Eirin Severett

Oh putain de merde, putain de merde, putain de merde, pourquoi y a des images de chez moi qui s'affichent !? On voit tout le monde, ma mère adoptive, ma petite sœur et mon petit frère adoptifs, toute ma famille défile sur l'écran, il y a même des caméras dans ma chambre ! Je flippe, bordel !

Mais ce qui m'inquiète le plus, ce sont les images de moi décontenancée devant les bouquets de fleur qui me sont livrés par une personne anonyme, une fois par semaine, devant mon téléphone quand j'ai reçu des centaines de messages de numéros et de comptes de réseaux sociaux différents que j'ai dû bloquer à chaque fois, tous me disant qu'ils m'aiment, contrôlés par une même personne, un mystérieux stalker dont j'ai parlé à tout le monde tellement j'ai flippé.

L'image se floute puis redevient nette, et j'aperçois une silhouette entrer chez un fleuriste, me faire envoyer les fleurs, être devant son ordinateur, la caméra est bien placée pour que je vois l'écran et que je sois sûre qu'il s'agit bien de mon stalker en voyant ses comptes, mais c'est son visage qui me paralyse.

La personne qui t'a harcelée anonymement est Sale.

- Bordel, non, de toutes les personnes avec qui je suis enfermée et avec qui je peux construire des alliances, il a fallu que ce soit lui...

Je comprends, maintenant. Ses paroles, ses gestes, tout ça parce-qu'il m'aime en version psycho. J'ai le cœur qui bat trop vite, je suis terrorisée à l'idée de sortir de ma chambre, mais je prends de grandes respirations et arrive plus ou moins à me calmer après plusieurs longues minutes. Tout ira bien, il ne peut rien m'arriver maintenant que je sais...

Par contre, quelque chose me chiffonne encore plus. J'ai remarqué quelque chose, en regardant les deux vidéos, la mienne et celle du mort de cette nuit. Nous en voulons tous les deux à quelqu'un qui est enfermé avec nous. Et j'ai une bonne idée pour confirmer ma théorie... Plutôt que de demander aux vivants, il faut demander aux morts. Je sors de ma chambre et cours jusqu'à celle de Ghiacchio. Je rentre et referme la porte, la télé s'allume.

Tu fouines encore, Eirin ? C'est malin de ta part, je l'admets. En plus, j'ai plusieurs favoris dans ce jeu, et tu en fais partie, je vais donc t'accorder la faveur de regarder l'enregistrement de Ghiacchio ! Petit spoil : en fait, c'est à toi qu'il en voulait ;)

Moi ? Pourquoi ? Je ne le connais même pas, je n'ai jamais entendu son nom, pourquoi il m'en voudrait ? Les images affichées sur la télé me font grimacer, Ghiacchio est sur les réseaux, il reçoit plein de messages haineux, le traitant de... stalker ? Oh merde, je crois que j'ai compris, mais c'était juste une erreur des abonnés, je n'ai jamais incité à la haine !

La personne qui a posté un message qui a fait penser à tout le monde que tu étais un stalker est Eirin Severett.

Je suis désolée, plus ou moins vu que je t'aimais pas, Ghiacchio, j'ai posté un message juste pour dire qu'on me stalkait, j'ai jamais mentionné qui que ce soit, c'était un accident... Mais c'est bien ce que je pensais, on est tous enfermés avec des personnes à qui on en veut. Je sors de la chambre de Ghiacchio, vais dans le salon et m'assois sur le canapé pour commencer à prendre des notes.

Les votes d'hier sont notées sur la première page, je laisse quelques pages pour noter les autres votes, puis commence à écrire qui connaissait qui. Moi, je sais qui je connais, je rajoute que Sale ne m'a pas juste croisée, il est fou amoureux de moi, et j'écris le reste, que je rectifierais peut-être plus tard, puis je fais une nouvelle page : Liens de haine.

Eirin --> Sale (il m'a harcelée anonymement)

Mista -->

Ghiacchio --> Eirin (j'ai provoqué une incitation à la haine dont il a été victime)

Luca --> Giorno ?

Giorno -->

Tomohiro -->

Nadeshiko -->

Sale -->

Zucchero --> Luca (sa copine est tombée amoureuse de lui)

Je vais devoir compléter tout ça. Je rajoute la page "Favoris du jeu" et me note, on ne sait jamais. Je lève les yeux en voyant que quelqu'un observe mes notes, et sourit en voyant Tomohiro.

- Tu es prête à survivre, à ce que je vois.

- Yep ! Tu as vu la vidéo, toi aussi ?

- Oui... Qui c'était, pour toi ?

- Sale... C'est lui, mon stalker...

- ... Je vais le tuer.

- Quoi ? Non !

- Eirin, ce gars t'a harcelée, espionnée, durant des semaines, et tu veux rien faire !?

- Bien sûr que si, mais c'est toi qui mourras si tu t'en prends à lui, ce sont les règles ! En plus, si on tue un villageois, ça aide les loups, je ne veux pas faire ça.

- ... Oui, c'est vrai, tu as raison...

Il s'assoit à côté de moi et passe son bras autour de mes épaules, sans rien dire.

- Et toi ? La personne à qui tu en veux ?

- Nadeshiko.

- Sérieux !? Mais vous êtes potes ! Pourquoi !?

- Parce-que c'est avec elle que tu m'as trompé.

Mon sang se glace et mes mots se bloquent dans ma gorge, je ne sais plus quoi dire.

- C'est pas grave, calme-toi. Je peux comprendre, un couple c'est un peu comme une cage, parfois, c'est pour ça qu'on s'était dit à un moment qu'on allait être un couple libre. Même si on l'a pas fait. Les créateurs de ce jeu se sont gourés, cette vidéo ne suffit pas à m'éloigner de Nadeshiko.

J'acquiesce et lui sourit. Tomohiro est si gentil, trop gentil... Apparemment, on a été filmées même ce jour-là, c'est de pire en pire, mais ça m'interroge pas mal. Je retourne à la page "Liens de haine" et ajoute ce que je viens d'apprendre.

Eirin --> Sale (il m'a harcelée anonymement)

Mista -->

Ghiacchio --> Eirin (j'ai provoqué une incitation à la haine dont il a été victime)

Luca --> Giorno ?

Giorno -->

Tomohiro --> Nadeshiko (j'ai trompé Tomohiro avec elle)

Nadeshiko -->

Sale -->

Zucchero --> Luca (sa copine est tombée amoureuse de lui)

- Comment tu sais pour Zucchero et Ghiacchio ? me demande Tomo.

- J'ai fouiné, et le maître du jeu a décidé de me montrer leur vidéo. Sale aussi a vu celle de Zucchero. Et j'ai aussi appris autre chose, il y aurait des favoris parmi n...

Je me tais en entendant un grand fracas, on dirait qu'il y a une bagarre chez les garçons ! Nous courrons jusque dans l'aile 1 et tombons sur Mista, au sol, le visage un peu tuméfié, et Sale, en train de se tordre sur le sol, les mains essayant désespérément d'arracher son collier. Le bruit a attiré tous les autres joueurs.

- Il s'est passé quoi !? demande mon copain.

- Il m'a sauté dessus, ce con ! crie Mista.

- Espèce de... connard...

Le collier semble se desserrer, et Sale se relève, le regard fou.

- C'est toi qui m'a tabassé, sale connard ! J'avais rien fait, putain !

- Hein !?

- J'étais dans la rue, la nuit, et tu m'as sauté dessus pour me tabasser ! J'ai passé deux semaines à l'hôpital !

- Merde, c'était toi !? Mec, je sais que c'était une erreur, mais sur le coup je savais pas, j'ai appris plus tard que je m'étais gouré !

- On ne change pas ce qui s'est passé, putain !

- Ma petite sœur m'a dit que son agresseur passait par là, je t'ai attaqué, je pouvais pas savoir que c'était pas toi ! J'étais sur les nerfs, faut comprendre, ma petite sœur venait de me dire qu'elle s'était faite agresser sexuellement par un mec qui habitait là !

- Et t'aurais pas pu lui demander si c'était bien moi, au lieu d'envoyer un innocent à l'hôpital !?

Voyant sa mauvaise foi, je sens mon corps se remplir de rage et je décide d'exposer son foutage de gueule.

- T'es pas innocent, Sale, moi je suis contente que Mista t'ait pété la gueule, et je pense que tu mérites plus ! C'est toi, mon stalker, c'est toi qui m'as pourri la vie ces dernières semaines !

- C'est lui qui t'a harcelée ?! s'exclame Nadeshiko.

- Mon dieu, heureusement qu'on a interdiction de s'en prendre aux autres joueurs, sinon j'aurais pu te jurer que tu t'en serais pas sorti vivant... murmure Giorno.

- Connard dégueulasse... le termine Mista.

C'est fini, tout le monde s'est retourné contre lui.

- Apparemment, tout le monde a vu la même chose dans sa chambre : une vidéo qui accuse l'un d'entre nous, en conclût Tomohiro.

- M... Moi, j'ai eu...

- Stop, Nadeshiko, ne le dis pas. Chacun a son histoire qui le ronge, mais il ne vaut mieux pas faire de nouvelles disputes. En revanche, nous pouvons en déduire quelque chose : nous n'avons pas été choisi au hasard. Nous avons tous une raison d'en vouloir à une autre personne, le mastermind a créé une chaine de haine. C'est ce qu'il veut depuis le début : des conflits, ça expliquerait aussi pourquoi on est filmés, on forme une espèce de drama glauque. Enfin, c'est ce qui expliquerait le plus pourquoi on est ici. Je sais que ça peut être dur, mais nous devons rester maîtres de nous-même.

- C'est facile pour toi de dire ça, Monsieur le mec parfait ! Je t'ai observé aussi, tu étais mon rival, toi ta vie est facile, tellement facile que tu ne mérites pas Eirin, qui a souffert dans la vie !

Putain mais quel drama-queen, ce Sale...

- Non, ce n'est pas facile, pas quand je sais que la personne qu'on essaye de me faire détester est ma meilleure amie.

- Quoi !? Comment ça !?

- Le Soho, lui répond énigmatiquement Tomohiro.

Ce simple mot suffit à faire comprendre à Nadeshiko que Tomohiro sait tout. Elle me regarde, l'air apeuré, mais ne dit rien.

- Je ne t'en veux pas, déjà parce-que je comprends plus ou moins, mais également parce-que je pense que, dans cette situation, ça n'a plus d'importance. À la personne qui m'en veut, je ne sais pas qui tu es, je ne sais pas ce que j'ai fait, mais je veux m'excuser.

- C'est moi. C'est moi qui suis censé t'en vouloir.

Je me tourne vers Giorno. Il observe Tomohiro avec son habituel regard froid, mais je sais que ça ne veut pas dire qu'il est en colère.

- Je n'ai pas besoin d'excuses, c'était il y a un bon moment, et ça n'a aucune conséquence sur ma vie, la tienne, ou celle d'une autre personne concernée.

- Je suis désolé...

- Je ne sais pas si tu l'es vraiment, ou si tu le seras quand je te dirai ce que tu as fait, si je te le dis, c'est pourquoi je ne veux pas d'excuses. Et je ne suis pas d'accord avec toi. Créer de nouvelles disputes serait mauvais, mais si personne ne parle à cœur ouvert, la rancœur s'accumulera et explosera. Allons dans le salon, et avouons tous qui nous détestons, et pourquoi.

- Et si nous ne voulons pas parler... ? commence Tomo.

- Il faudra bien s'y résoudre, à un moment ou à un autre, je l'interromps. Pour rappel, nous n'avons plus aucune intimité à cause des caméras, et le mastermind sait déjà tout de nous, alors autant ne pas garder de secrets et tout révéler à nos potentiels alliés.

Les autres échangent des regards, puis acquiescent les uns après les autres, Giorno et moi soutenons Mista jusqu'au salon tandis que Luca et Tomohiro font de même pour Sale. Nous nous asseyons tous sur les fauteuils et le canapé, nous observant avec méfiance. Je sors mon carnet et mon stylo, prête à tout noter, Sale fait de même. Giorno repousse sa tresse d'un air distrait et prend la parole.

- Vu que j'ai proposé l'idée, c'est moi qui commencerai. C'est quelque chose que je n'ai jamais avoué à personne, pas même à toi, Eirin, ou même à notre petit-frère ou à nos amis. La vérité, c'est que j'ai essayé de vous retrouver, vraiment, pas notre père vu qu'il est décédé il y a longtemps, mais j'ai tenté de retrouver ma fratrie. Et j'ai réussi à obtenir ton adresse et tes coordonnées, en dernière année de collège, et je t'ai contacté beaucoup de fois. Je ne voulais pas t'écrire de lettres ou aller chez toi, je trouvais ça trop brusque, alors je t'ai juste envoyé des messages, ils étaient lus, mais j'étais tout le temps bloqué. Je ne disais jamais que j'étais ton frère, j'essayais juste d'engager la conversation, et je pensais que j'étais très maladroit pour le faire parce-que tous mes comptes étaient bloqués. Puis tu m'as trouvé, et j'ai pensé que c'était simplement un bug de tes appareils, et je n'en ai pas reparlé. Mais, ce matin, j'ai appris ce qui c'était réellement passé. Tomohiro, c'est toi qui me bloquais, et qui supprimais nos conversations. Par contre, je ne comprends pas comment tu faisais.

- C'était à la fin de l'année dernière !? je m'interroge. Haa, c'était la période où on a essayé de surveiller le compte l'un de l'autre ! Tomo se connectait sur mon compte avec ses appareils, et moi je faisais l'inverse !

- Désolé, Giorno, je pensais juste que t'étais un mec bizarre... Pardon, je ne voulais pas t'empêcher de rencontrer Eirin, c'était pas mon intention...

- Bon, on dirait que tout est bien qui finit bien pour cette histoire.

Je m'empresse de le noter.

Eirin --> Sale (il m'a harcelée anonymement)

Mista -->

Ghiacchio --> Eirin (j'ai provoqué une incitation à la haine dont il a été victime)

Luca --> Giorno ?

Giorno --> Tomohiro (il l'a empêché de me revoir)

Tomohiro --> Nadeshiko (j'ai trompé Tomohiro avec elle)

Nadeshiko -->

Sale --> Mista (il l'a tabassé bien sévère, mais par erreur)

Zucchero --> Luca (sa copine est tombée amoureuse de lui)

- Si le mastermind a ciblé Nadeshiko pour me mettre en colère, c'est parce-qu'Eirin m'a trompé avec elle, balance Tomohiro.

- Sérieux ? Eirin, t'es une traînée.

Je rougis de honte et de colère au commentaire de Luca, il peut pas juste la fermer !?

- Ferme ta gueule ! C'est toi le pire, entre nous !

Il essuie son œil en me regardant d'un air moqueur, j'ai envie de le frapper...

- Bordel... Moi, c'était Zucchero.

Un grand silence tombe, tandis que Nadeshiko passe nerveusement sa main dans ses longues mèches noires en se mordant la lèvre, c'est presque un aveu pour certains, un aveu qu'elle a tué Zucchero.

- Il y a quelques semaines à peine, la rumeur selon laquelle j'étais lesbienne s'est répandue, c'était assez dur, et c'est Zucchero qui a tout balancé, il a entendu une conversation entre les membres du club de théâtre...

- Tous les membres savent que t'es lesbienne ? demande Luca.

- Non, seulement certains. J'ai d'abord soupçonné Riku, vu qu'il ne sait pas tenir sa langue, mais j'ai rapidement compris que ce n'était pas lui. Voilà. Après, à qui Zucchero en voulait, ça je ne sais pas.

- À Luca, je réponds en même temps que Sale.

- Comment vous savez !? s'exclame Mista.

- On était restés dans sa chambre pour trouver des indices, et sa télé s'est allumée, explique Sale.

- Il t'en voulait parce-que sa meuf était en kiff sur toi.

- Et merde... jure Luca. Moi, y avait pas besoin de vidéo, depuis le début il n'y a que Giorno que je hais.

- Et pourquoi donc ? demande doucement Nadeshiko.

- Parce-qu'il vend de la drogue, que je l'ai découvert et que j'ai menacé de le dénoncer s'il ne s'arrêtait pas. Malheureusement, je n'ai pas eu le temps de le faire.

- C'est bizarre... je murmure.

Je relis mes notes, quelque chose ne tourne pas rond.

Eirin --> Sale (il m'a harcelée anonymement)

Mista -->

Ghiacchio --> Eirin (j'ai provoqué une incitation à la haine dont il a été victime)

Luca --> Giorno (il a menacé de le balancer à l'école)

Giorno --> Tomohiro (il l'a empêché de me revoir)

Tomohiro --> Nadeshiko (j'ai trompé Tomohiro avec elle)

Nadeshiko --> Zucchero (il a lancé la rumeur)

Sale --> Mista (il l'a tabassé bien sévère, mais par erreur)

Zucchero --> Luca (sa copine est tombée amoureuse de lui)

- Mista, tu en voulais à Ghiacchio, c'est bien ça ? je demande.

- Ouais. Je travaillais dans une boutique de disques, depuis un moment, mais quelqu'un n'a pas arrêté de nous voler sans qu'on s'en rende compte, et ça a causé la faillite de la boutique. C'était lui, le plus gros voleur, il revendait tous les disques qu'il nous prenait.

- Et Ghiacchio m'en voulait parce-qu'il a subi une vague de haine sur les réseaux par ma faute, alors que j'avais mis un message comme quoi j'étais stalkée... Ouais, c'est vraiment bizarre. On pourrait penser que cette "chaine de haine" forme une boucle, mais non. Il y a deux chaines. Une composée de Mista, Ghiacchio, moi, et Sale, l'autre composée de tout le reste. C'est pour nous diviser encore mieux, vous pensez ?

- Oui, sûrement, chaque membre de chaque chaine se cherchera des alliés dans l'autre groupe, et ça peut créer un immense chaos... Que nous avons évité parce-que nous avons parlé ouvertement et que le mastermind n'a pas réussi à tous nous énerver ! Si on continue à boycotter le jeu comme ça, on peut réussir ! s'exclame joyeusement la présidente.

- Autre chose, le mastermind m'a révélé un truc, quand je suis allée dans la chambre de Ghiacchio. Il a dit qu'il avait des favoris dans le jeu.

- Oh bordel, c'est eux les loups ! en déduit Luca.

Je préfère éviter de dire que je fais partie des favoris, alors. En fait, je regrette d'avoir donné cette info.

- Hé, le maitre de jeu, c'est qui vos favoris !?

Pendant un instant, j'espère que la voix ne répondra pas, mais elle le fait.

- Bien essayé, Luca, mais mes favoris ne sont pas les loups, étant donné que j'en ai plus que deux. Mes favoris sont Eirin Severett, Giorno Giovanna, Tomohiro Abe, et Nadeshiko Kobayashi !

Merde, les soupçons de Luca vont se transférer vers nous en premier !

- Donc tu es peut-être louve, Eirin !? Vas-y, tu peux me tuer, si tu veux, ou alors on gagne ensemble !

- Ferme-la Sale, dégage !

- Ne t'en fais pas, Eirin, quoi qu'il arrive, je te protégerai, me dit doucement Nadeshiko.

Pdv extérieur

Dans le chaos ambiant, peu de personnes entendirent ce que dit Nadeshiko, mais ça ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd.

- Mais vous n'êtes pas mes seuls favoris !

- Hein ?

- Vous êtes mes favoris de la partie ! J'ai d'autres favoris, de l'autre partie qui commencera ce soir même !

- Il y a... encore d'autres personnes en train de subir cet enfer... ? marmonna Giorno.

- Vous voulez que je vous le dise~ ?

- Non... répondit Tomohiro.

- Mes favoris de l'autre partie, et ils sont bien plus nombreux, sont Yusha Severett, Pannacotta Fugo, Iori Sakai, Atsuya Ohno, Ren Zoe Sumireko et Marie d'Argent de Deux-Fontaines ! Des connaissances à vous, pour certains, non~ ?

Pdv Eirin

Je pousse un hurlement de souffrance en entendant le nom de mon petit frère, âgé de seulement treize ans, dans la liste des favoris. Giorno tombe à genoux, l'air estomaqué. Mista et Nadeshiko plaquent leur main à leur bouche, et Tomohiro se met à pleurer.

- Mais laissez-les, putain, ils ne méritent pas ça ! Qu'est-ce que vous avez prévu d'autre, combien de parties il y aura encore !? je crie.

- Oh, je ne sais pas, mais sachez que j'ai encore énormément de candidats en réserve qui ne jouent pas encore...

- Oh bordel non... C'est un piège sans fin... sanglote Tomohiro.

- Eirin, toi, moi, et Yusha sommes tous des favoris, ça veut sûrement dire quelque chose... me fait remarquer Giorno.

- Est-ce que notre père a un lien avec tout ça !? Pourquoi prendre une fratrie entière !?

Cette fois-ci, pas de réponse. Mista et Nadeshiko échangent un regard, et me font assoir de force sur le canapé. Giorno et Tomohiro se regardent aussi, et viennent se mettre à mes côtés, je serre nerveusement mon frère dans mes bras.

- N... Notre frère... Notre petit frère... Yusha... Il est là-bas, sans rien... Il connaît tous les favoris, mais il ne peut faire confiance à personne...

- Ça va aller, calme-toi, on va démasquer les loups et s'en sortir.

Pdv Nadeshiko

Après quelques minutes, tout le monde commence à bouger, Eirin va dans sa chambre, Tomohiro l'accompagne, Mista flippe de rester tout seul et décide de rester avec Giorno et Luca dans le salon, et moi je suis Sale jusque dans la cuisine.

- Qu'est-ce que tu veux ? il me demande.

- Discuter. T'es un gros taré, mais t'es intelligent, alors je me dis que tu auras peut-être de bonnes idées. Mais bon, tu n'as peut-être pas envie de rester avec moi, je suis peut-être une louve...

- Non, je ne pense pas.

- Vraiment ? Pourquoi ?

- Le feeling. Tu n'es pas du genre à aimer blesser les autres, même dans ton intérêt, à part s'ils le méritent vraiment, c'est pas le caractère d'une louve. À vrai dire, mes soupçons se portent particulièrement sur Luca, Ghiacchio, et Mista.

- Amusant. Moi, c'est plutôt toi que je soupçonne, à vrai dire.

- Q... Quoi ? Mais je suis l'un des jumeaux !

- Tu l'es uniquement parce-que personne n'a jugé bon de te contredire. Ghiacchio et Zucchero était peut-être les jumeaux. Ou alors Ghiacchio et moi. Tu ne peux pas savoir.

- Zucchero était mon meilleur ami, pourquoi je l'aurais tué ?

- Pour gagner, mais aussi parce-qu'il a voté hier soir pour la femme que tu aimes. Tu en serais capable. Mais laissons de côté nos sentiments, et parlons logique. J'ai quelque chose qui peut nous être utile. Il y a deux loups, non ? Ils ne voteront sûrement pas l'un contre l'autre.

- Pourquoi ?

- Parce-qu'ils se connaissent. C'est normal de ne pas vouloir mettre son partenaire en danger.

- Ou alors ils peuvent justement voter l'un contre l'autre pour nous faire croire le contraire. Mais je ne pense pas qu'ils vont commencer à voter l'un contre l'autre, pas tout de suite. Au début du jeu, il n'y a pas assez d'infos, les voix se répartissent au feeling, ils courent le risque de s'éliminer par erreur s'ils votent l'un contre l'autre. S'ils décident de brouiller les pistes, ce sera dans la phase finale, quand il ne restera plus beaucoup de monde. Un loup observera qui, d'innocent, récoltera le plus de votes, pour voter contre son partenaire, qu'il saura en sécurité.

- Je vois... Merci pour ton raisonnement, Sale.

Je ne te fais toujours pas confiance, mais tes infos serviront pour les personnes en qui j'ai une confiance absolue. Je mange un bout, il est quand même 13h, et repasse dans le salon, Luca est parti, mais Mista et Giorno sont toujours là.

- J'ai quelque chose à vous dire, suivez-moi.

Ils échangent un regard, se lèvent et me suivent jusque dans l'aile 2. Je toque à la porte d'Eirin, Tomohiro m'ouvre. Eirin a pleuré. Nous nous installons tous dans la chambre, puis je prends la parole.

- J'ai parlé avec Sale. Il a un raisonnement intéressant, qui nous obligera à étudier tous les votes. Selon lui, et moi, les loups ne voteront pas l'un contre l'autre en début de partie, ils risqueront de s'éliminer par erreur. En revanche, en fin de partie, s'ils ont bien joué et que des innocents sont suspects à leur place, ils voteront contre leur partenaire, qui ne risquera pas d'être exécuté.

- En effet, ça paraît logique... dit Tomohiro.

- Mais pourquoi tu nous dis ça ? Nadeshiko, nous sommes un grand groupe, il y a de bonnes chances qu'il y ait au moins un loup-garou parmi nous, nous fait remarquer Giorno.

- Je ne vous soupçonne pas. Pour moi, les loups sont Sale, Luca, ou Ghiacchio à la rigueur.

Personne ne dit rien, puis Giorno soupire et se lève.

- Tu as raison. L'un d'eux est un loup, j'en suis persuadé.

- Tu as des indices !? s'exclame Eirin.

- J'ai eu la carte de la voyante.

Nous le regardons tous, stupéfaits.

- Je n'ai vu qu'un loup, mais nous pouvons l'éliminer ce soir.

- C'est Sale, n'est-ce pas ? demande Tomo.

Giorno se tourne vers lui et plisse les yeux, l'air légèrement suspicieux.

- Oui. Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Le fait que j'ai pioché les jumeaux.

- Donc c'était pas Sale et Zucchero !? Pourquoi tu l'as pas dit !? s'écrie Mista.

- Je préférais attendre juste avant le vote, pour éviter de donner aux loups une occasion de s'organiser. J'imagine que Ghiacchio était l'autre jumeau, vu que je suis allé dans les salles communes à minuit et demie sans voir personne.

- On est bien, là... Donc Sale et Luca sont les loups, c'est quasiment sûr !

Eirin a un grand sourire, ça me rassure de la voir comme ça.

- Je me sens mieux, d'un coup ! J'ai faim, je vais manger ! Mais pas un mot, surtout !

Pdv Eirin

On sort tous de la chambre et nous partons tous dans la salle à manger, vide. Ceux qui n'ont pas mangé se font un repas, les autres ne font rien, puis nous décidons de nous séparer en restant seuls, de manière à ne pas paraître trop suspects. Quelques heures après, la nuit tombe, et il est temps d'aller dans la salle du vote.

- Tiens, le corps de Ghiacchio a disparu, je remarque.

- Je pense que le mastermind a des hommes à son service, tout a été impeccablement nettoyé. Et j'ai vérifié plusieurs fois, la salle de vote est fermée, au cours de la journée, me raconte Nadeshiko.

Il y a donc un passage vers un autre endroit dans cette pièce ? Vers l'extérieur, peut-être, ce serait logique. Tout le monde paraît sur ses gardes, normal, l'un de nous va mourir tout à l'heure. Peu avant 20h, tout le monde est dans la salle, et Giorno s'éclaircit la gorge.

- Je voudrais dire quelque chose. Je suis le voyant, et cette nuit, j'ai trouvé l'un des loups-garous, il s'agit de Sale !

- ... Quoi ? MENTEUR, ESPÈCE DE MENTEUR !

C'est bon, il pète un câble ! Il a les yeux exorbités, injectés de sang, la bave aux lèvres, il est terrifiant !

- C'EST BON, C'EST UNE PREUVE FLAGRANTE QUE CE GARS EST UN LOUP ! POURQUOI T'AS PAS DIT PLUS TÔT QUE T'ÉTAIS LA VOYANTE !?

- Parce-que je voulais t'observer. Pendant toute la journée, quand je le pouvais, j'ai analysé tous tes faits et gestes afin de découvrir ton complice, mais je n'ai rien trouvé, malheureusement.

- TU MENS ! TU VEUX M'ÉLIMINER À CAUSE DE MES RECHERCHES, TU AVAIS PEUR QUE JE DÉVOILE TON IDENTITÉ ! J'AI TIRÉ LA CARTE DES JUMEAUX !

- Tu mens. C'est moi et Ghiacchio qui avions tiré la carte des jumeaux, l'enfonce Tomo.

- TOI AUSSI ! TOI AUSSI, TU ES UN LOUP-GAROU !

- Tu sais, moi, je ne pensais pas que tu étais un loup, quand tu m'as piqué mon rôle. Je pensais que c'était une manière d'attirer l'attention sur toi, d'attirer l'attention d'Eirin.

- Je suis de l'avis de Sale. Je ne suis pas sûr pour Tomohiro, mais je suis persuadé que Giorno est un loup, dit Luca.

- T'as des preuves !? Tout le monde sait que tu le détestes ! lui fait remarquer Mista, sur la défensive.

- C'est moi, la voyante, c'est pour ça que je sais. J'ai vérifié Sale hier soir, c'est un villageois.

- Voilà, c'est lui qui dit la vérité ! le défend Sale.

- Attendez, donc vous soutenez tous les deux que vous êtes la voyante ? demande Tomohiro, un peu perdu.

- Oui ! répondent les deux voyantes en même temps.

- Vous savez donc que, s'il l'un de vous prouve qu'il est le voyant, l'autre sera donc étiqueté loup-garou ?

- J'en suis conscient, oui, acquiesce Giorno.

- Une preuve ! Donnez-nous une preuve ! je m'exclame.

C'est pas possible, Giorno ne peut pas être un loup, Luca ment !

- Pour connaitre le rôle de quelqu'un, je dois taper le numéro de sa chambre sur la télévision avec la télécommande. On peut savoir dans quel camp il est, mais pas exactement son rôle, je me suis mal exprimé, on ne peut pas savoir si un villageois est salvateur ou jumeau. C'était écrit sur la carte, dans l'enveloppe, nous explique mon frère.

- QUOI ?! COMMENT TU SAIS TOUT ÇA !? hurle Luca.

- Parce-que c'est moi qui ai obtenu la carte de la voyante, c'est plutôt clair, non ? Si j'ai choisi de vérifier Sale, c'est parce-qu'il n'avait pas énormément attiré l'attention sur lui, en tant que suspect, et parce-qu'il avait l'air calme et intelligent, il a calmé Zucchero au début de la partie, je ne voulais pas que quelqu'un comme lui, un bon atout, soit un loup-garou, alors j'ai préféré vérifier.

- Et toi, Luca ? demande Tomohiro.

- Moi, c'est l'inverse, Sale avait voté pour moi, alors j'ai voulu savoir qui il était...

- C'EST QUE DES CONNERIES, JE SUIS INNOCENT ! VOUS VOULEZ JUSTE ME FAIRE ACCUSER !

- T'as le profil d'un taré, Sale, et il n'y a que les tarés qui s'attaquent à leurs amis et s'acharnent sur eux en les plantant plusieurs dizaines de fois... je fais remarquer, en y prenant un certain plaisir.

- Salvateur, si tu n'es pas encore mort, s'il te plaît, protège-moi cette nuit, demande Giorno. On a repéré les deux loups-garous, c'est clair, mais même si on en tue un, il en restera un autre cette nuit.

Nous nous rendons soudain compte de l'atrocité qui se produira. Si ce sont bien Sale et Luca les loups et qu'on en tue un, l'autre tuera forcément un membre de notre groupe d'amis. Bon sang, il y a tellement de sacrifices à faire pour gagner...

- Compte à rebours lancé. Dix...

Je sais pour qui voter.

- Neuf...

J'espère que les autres suivront mon avis...

- Huit...

Le compte à rebours a l'air excessivement lent, c'est une torture. Je lève la main, et pointe Luca, tout comme Nadeshiko. Luca et Sale pointent Giorno, tous les autres pointent Sale.

- Le joueur Sale est éliminé, veuillez procéder à la sentence.

- Eirin... Tu n'as pas voté pour moi... ?

- Mais vous êtes cons ! je râle. Fallait voter Luca, on se débarrassait d'un loup, et Sale n'aurait même pas pu attendre d'entrer en mode loup pour buter l'un d'entre nous, il en aurait agressé un direct et son collier l'aurait buté !

- On a pensé à la même chose, t'es parfaite ! rit Nadeshiko.

Tomohiro grimace, mais ne dit rien.

- Merde, j'y avais pas pensé ! se lamente Mista.

Sale tombe à genoux, la tête entre les mains.

- Vous... Vous allez réellement me tuer, là... ? Non, attendez, ça n'a pas de sens...

Il est flippant, quand je pense que je me suis associée et que j'ai été stalkée par ça...

- L'acte de voter est censé représenter un pouvoir démocratique, mais en fait il ne s'agit que d'une oppression de la majorité sur la minorité... Vous ne comprenez pas... ? C'est Giorno qui doit mourir, ce soir...

- Luca... commence Tomo.

- Crève, je me suis déjà occupé d'un taré, je fais pas le deuxième...

Faut bien se sacrifier, des fois... Je m'avance vers la boite d'armes et choisit un couteau, c'est le premier truc qui me tombe sous la main.

- Sale, t'as bien dit que ça te convenait de mourir de ma main ? Tu ne te débattras pas si je te tue ?

- Eirin, on peut gagner ensemble ! Ne te fie pas à eux, je suis la seule personne qui te veut du bien !

- Crève, enflure.

Et, sur ces mots, je lui tranche la gorge. Je reste quelques secondes immobile, le sang tâchant mes chaussures et mes vêtements, puis je lâche le couteau. Ce n'était rien. Ce mouvement fluide, cette sensation quand la lame passe à travers la chair, ce sang qui gicle, ce n'était rien.

- Je l'ai fait...

- Eirin, tout va bien, regarde-moi !

Nadeshiko me serre dans ses bras, salissant ses vêtements, mais ça n'a pas l'air de la déranger.

- Bordel, vous êtes fous ! Vous êtes tous fous !

Luca sort en claquant la porte, pendant que je reprends mes esprits.

- Même s'il me semble évident qu'il s'agit du dernier loup, je vérifierai son identité cette nuit, on ne sait jamais, nous informe Giorno.

- Bonne idée. Par contre, je tiens à te dire quelque chose pendant qu'il n'est pas là. Giorno, si demain, le jeu ne s'est pas arrêté alors que nous l'avons éliminé, tu seras démasqué... dit Tomohiro.

- Je le sais. Mais je suis innocent, sois en sûr.

- Eirin, va te laver, puis va dormir, me demande Nadeshiko, ça a dû être dur.

- Oui...

Je me traîne presque jusqu'à la salle de bain pour me décrasser. Le sang part à l'eau froide, mais l'odeur reste, quoique je fasse. Je me sens sale... Je me frotte la peau avec du savon, des brosses, n'importe quoi, mais je me sens toujours aussi sale. Je m'arrête en voyant ma peau virer au rouge, saignant par petits points. Je ricane nerveusement, ça me rappelle Fugo qui fait exactement la même chose.

- Fugo... Est-ce que t'es mort... ? Est-ce que tu as protégé mon frère, mes amis... ? Avec qui tu es, en ce moment, dis... ? Me lâche pas, je t'en supplie, je veux qu'on se revoit tous, le Bucci-gang, toi, moi, Bucciarati, Abbacchio, Mista, Giorno, Narancia, Trish, je veux qu'on soit réunis encore une dernière fois...

Je me mets à pleurer dans la salle de bain, mais arrête dès que j'entends la porte s'ouvrir, c'est Nadeshiko.

- Ça ne va pas trop mieux, à ce que je vois...

- Je pensais aux autres, ceux qui font une autre partie, en même temps... Est-ce qu'ils ont les mêmes règles ? Comment ils vont ?

- Je ne peux pas te le dire, Eirin, il faudra que tu t'en sortes vivante, si tu veux le savoir... Mais ne t'en fais pas, je te protégerai. Je te laisse, je voulais juste voir si ça allait mieux.

Elle m'enlace tendrement, puis part et me laisse seul. Ce bain est trop chaud, ça me fait mal à la tête. Je sors, me sèche, et me change, puis repart dans ma chambre, je n'ai pas faim. Juste avant de rentrer, je croise le regard de mon amie, sur le point de rentrer dans sa chambre. Elle me fait un doux sourire et un signe de la main, et nous rentrons en même temps dans nos chambres.

Je re-prépare mon lit dans mon coin, puis grimace en me souvenant que je ne suis pas allée aux toilettes. Je peux pas sortir jusqu'à 6h du matin, faut que j'aille aux toilettes ! Il est minuit moins cinq, j'ai le temps si je cours ! Je m'avance vers ma porte et tente de l'ouvrir, mais quelque chose bloque.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce... ?!

Je force, mais rien, je ne peux pas sortir, ma porte est verrouillée !

Un certain temps plus tôt, pdv extérieur

Tous les joueurs sortirent de la salle de vote sur les talons d'Eirin, sans toucher au corps, ils savaient bien qu'il disparaitrait le lendemain, pendant la journée. La plupart des personnes retournèrent dans leur chambre, sauf Giorno et Mista qui partirent vers la salle de bain, partant pour un bon lavage. L'eau chaude apaisait énormément Giorno, mais Mista venait uniquement parce-qu'il n'avait pas pris de bain hier, et parce-qu'il avait peur de rester tout seul.

- Imagine Trish dans cette situation avec nous, elle en aurait rien à foutre et elle viendrait direct avec moi dans la salle de bain pour me forcer à me laver.

Giorno eut un petit rire et se glissa dans l'eau après s'être déshabillé, souriant lorsqu'il se fit éclabousser par Mista qui sauta dans le bassin.

- ... C'est pas très profond.

- Non, effectivement. C'est un grand bassin, mais c'est à peine plus profond qu'une baignoire.

Le blond se cala confortablement contre le bord du bassin et ferma les yeux, prêt à faire un petit somme. Mais le sommeil ne vint pas, quelque chose lui trottait dans l'esprit.

- Tu sors avec Trish ?

- Hein !? Non ! C'est une de mes meilleures amies !

- Désolé, ce n'était pas clair, c'est super ambigu entre vous.

- Mec, c'est encore plus ambigu entre moi et Eirin, de quoi tu parles.

- Tu sors avec ma sœur !?

- Non ! J'suis célib' !

- Étrange.

- Toi aussi, c'est chelou, tu t'es vu ? T'es archi beau gosse, sympa, intelligent, on dirait une star. Et tu fais bien la cuisine, tu as une belle voix...

- Arrête de me faire des compliments comme ça, ça donne l'impression que tu es amoureux de moi.

- Je suis amoureux de toi.

- ... Pardon !?

Giorno Giovanna n'était jamais surpris, jamais, mais là, il était surpris.

- Je t'aime, Giorno, je me disais que j'aurais peut-être plus d'occasions de te le dire, alors je préférais te l'avouer pendant qu'on est encore vivants. Mais bon, c'est pas obligé que ce soit réciproque, je me contentais bien d'être juste ton meilleur ami jusqu'à maintenant. J'aime pas les bains, je vais te laisser.

- Mista, attends !

Il lui agrippa le bras, comme s'il ne voulait plus le laisser partir. C'était au tour de Mista d'être surpris, Giorno pleurait. Même quand il pleurait, il était magnifique, avec des gouttes d'eau cristallines qui tombait de ses beaux yeux verts. Mista était jaloux, lui il était moche quand il pleurait, son visage se contractait de façon bizarre. Et en même temps, ça le faisait rire, le frère et la sœur était très différents quand ils pleuraient. Giorno était magnifique, et Eirin rougissait des yeux et de tout le visage, son nez coulait, pas glamour.

Le brun essuya avec ses pouces les larmes de l'homme qu'il aimait et regarda son visage, empreint d'une sorte de dévotion. Mista n'en croyait pas ses yeux, Giorno le regardait comme un dieu, alors que c'était les autres qui le regardaient comme ça d'habitude. Impossible de résister, il l'embrassa. Pour Giorno, c'était un chaos mental. Il n'avait jamais vraiment considéré Mista comme un intérêt romantique, et encore moins sexuel, mais là c'était très dur de ne pas y penser. C'était abominable. Et c'est pour ça qu'il le laissa faire.

Giorno savait qu'il était probable que l'un des deux, voire les deux, meurent sans pouvoir sortir de cet enfer, et il était un fervent croyant du néant après la mort. Pour lui, ce moment était le seul qu'il lui restait avec Mista, et uniquement Mista. Pour la première et sûrement dernière fois, Giorno voulait découvrir ce que ça faisait d'être aimé comme ça, d'aimer quelqu'un, et comment ça serait si ce quelqu'un était Mista. Alors ils se laissèrent tous les deux emporter par leurs envies. Quand on est dans une situation désespérée, on a tendance à se rendre compte de ses sentiments très vite, et à les avouer très facilement, Giorno n'y croyait pas mais il fût bien obligé d'admettre que c'était vrai.

Le lendemain matin, pdv Eirin

Je me suis endormie, mais j'ai dû me retenir une bonne partie de la nuit ! Dès que je me réveille, je sors de mon lit aménagé et cours vers ma porte, elle est bien ouverte ! Je sors à toute vitesse de ma chambre et me prépare à parcourir les quelques mètres qui me séparent des toilettes en quelques secondes, mais je suis obligée de passer devant sa chambre pour aller dans les pièces communes, et elle était ouverte, une odeur de sang baignant l'atmosphère.

- Non... Non non non non non... NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!

Je me mets à hurler en rentrant dans la chambre, ameutant les autres, et serrant le corps froid et défiguré de Nadeshiko dans mes bras.

- Oh putain non... se lamente Mista.

- C'est Luca ! C'est toi, le putain de loup ! Regarde son visage, tu t'es acharné sur elle comme tu t'es acharné sur Ghiacchio !

- C'est pas moi ! Je l'ai vu grâce à mon pouvoir, c'est Giorno qui l'a tuée ! C'est lui, le loup !

- Ce n'est pas vrai, je l'ai vu en regardant sur ma télé, c'est Luca qui est un loup, sans aucun doute. Eirin, je n'aurais jamais pu faire le moindre mal à Nadeshiko...

- Je le sais bien, Giorno !

- C'est pas logique ! Si j'étais un loup, je t'aurais tué toi, déjà parce-que je te déteste et aussi parce-que tu es la voyante ! Je ne l'aurais pas tuée elle, ce n'est pas logique ! tente de se défendre Luca.

- Non, c'est une erreur. Tu aurais pu faire comme je pensais que Sale avait fait, te faire passer pour un rôle important afin de nous manipuler, mais sans être un loup. Si c'était le cas, ton innocence aurait été prouvée, puisque que la vraie voyante aurait vu que tu étais un villageois. Tuer Giorno t'aurait désigné comme un loup, tu n'avais donc aucune raison de le tuer, à part ta rancœur. Mais le voyant a parlé, tu es un loup... conclût Tomohiro.

- Et pourquoi je l'aurais butée elle !?

- Parce-qu'elle avait un rôle important aussi... je réponds à demi-voix. Tout le monde s'en est rendu compte, non !? Nadeshiko avait quasiment avoué hier qu'elle avait le rôle du salvateur ! Et cette nuit, elle m'a protégée... J'ai essayé de sortir, peu avant minuit, mais elle avait déjà dû utiliser son pouvoir, et ma porte a été verrouillée... Et je comprends sa logique ! Giorno avait demandé au salvateur de le protéger cette nuit, le loup-garou allait donc forcément s'en prendre à quelqu'un d'autre ! Elle n'a donc pas protégé Giorno et a utilisé son pouvoir sur quelqu'un d'autre, en espérant que le loup choisisse une porte au hasard et tombe sur celle qu'elle aurait protégé, mettant fin à l'attaque !

Mista semble hésiter quelques secondes, puis pose sa main sur mon épaule.

- Je ne pense pas vraiment qu'elle ait choisi au hasard... Elle a peut-être réfléchi comme toi, au début, mais elle avait direct voulu te protéger toi. Ça me paraît logique, elle t'aimait bien, quoi...

Je suis désolée, Nadeshiko...

- Et, vu qu'elle a quasiment avoué hier, en disant devant tout le monde qu'elle te protégerait, qu'elle était la salvatrice, le loup l'a prise pour cible. Un peu plus finement joué, et peut-être que personne ne serait mort cette nuit-là... se lamente mon petit-ami.

- Mais bordel vous vous gourez ! Je suis pas un loup ! Salopard de Giorno !

Luca tente de lui sauter dessus, mais Giorno ne bouge pas d'un poil et le collier de Luca se resserre, l'étranglant sans le tuer.

- Je vous déteste tous... Si je crève, je reviendrai vous hanter, et je vous jure que je vous ferai mourir de peur...

Il se traîne jusqu'à la sortie, nous laissant seuls, avec le cadavre de notre amie salvatrice.

- ... Giorno, t'es vivant !

- Oui, tu le vois bien et... Mista, qu'est-ce que tu fais !?

- Arrête de râler, c'est juste un câlin, t'étais pas si gêné alors qu'on faisait des trucs hier soir dans le bain !

- Pardon !? s'écrie Tomo.

- Mista !

- Oui, répète encore mon nom !

- Stop !

Ma voix colérique les stoppe immédiatement dans leur délire, ils comprennent que quelque chose ne va pas.

- Je comprends même pas ce qui se passe, mais vous pensez vraiment que c'est le bon endroit pour en parler !? Ou même le bon moment !?

- Je suis d'accord pour l'endroit, Eirin, mais pour le bon moment, c'est jamais vraiment le bon moment, vu notre situation. Alors, si c'est jamais vraiment le bon moment, ça veut dire que c'est aussi toujours un peu le bon moment. Sortons, nous demande Mista.

Je me relève et les suis en-dehors de la chambre, puis referme une dernière fois la porte.

- Au revoir, Nadeshiko...

Un silence règne pendant quelques secondes, puis je me retourne vers Mista et le saisit par le col, mi souriante mi énervée, ce qui doit donner une grimace assez bizarre.

- Tu faisais des truc hier avec Giorno, donc, dans le bain... Avoir le frère et la sœur, c'était ton but depuis le début, hein mon salaud !

- Vous avez déjà couché ensemble !? s'exclame Giorno.

- PARDON !? hurle Tomohiro, estomaqué.

- Tomohiro, c'était avant qu'on sorte ensemble, l'année dernière, c'est rien.

- C'était pas du tout mon but, toi c'était un plan-cul, Giorno y a des sentiments derrière !

- Plan-cul ? Pas coup d'un soir ? VOUS VOUS ÊTES REVUS, ALORS !? demande Tomo.

- AVANT QU'ON SE METTE ENSEMBLE !

- VOUS AVEZ COUCHÉ PLUSIEURS FOIS !? crie Giorno qui n'en croit pas ses oreilles.

- Deux fois seulement ! Giorno, si tu veux, on règle ça tout de suite !

- Non, c'est bon, ça ira, je ne suis pas d'humeur.

Et merde, je crois que j'ai causé la rupture d'un couple et d'une amitié...

- Désolée pour tout ça, je suis un peu sur les nerfs... Faut me comprendre... Je vais aller me reposer dans ma chambre, je sais pas quand je ressortirai...

Ils ne me suivent pas. Je rentre dans ma chambre et m'assois sur le fauteuil, décidant de réfléchir pour m'occuper. Le jeu va se terminer, alors ? Et après, qu'est-ce qu'on fera ? On pourra porter plainte ? Est-ce qu'on pourra vraiment reprendre une vie normale, après ça ? Ça ne sert à rien de m'interroger là-dessus, je suis incapable de le savoir...

Mon regard tombe sur mon carnet de notes, que j'ai posé sur la table basse après m'être sortie de mon nid de couverture. Ça non plus, ça ne sert plus à rien, mais je déteste laisser des notes inachevées. Au pire, ça me fera toujours des traces de ce qu'il s'est passé, des indices pour porter plainte. Je note les résultats du second vote.

Eirin --> Luca

Tomohiro --> Sale

Nadeshiko --> Luca

Giorno --> Sale

Mista --> Sale

Sale --> Giorno

Luca --> Giorno

Rien de bien choquant. Les liens de haine ne sont plus à compléter. Je note également les règles du jeu et les commentaires de Sale, ils étaient quand même pertinents. Pour me distraire, je dédie une page à chaque participant du jeu, même les morts, détaillant pour qui ils ont voté et quand, qui ils soupçonnaient et quand, qui ils connaissaient en arrivant, leur lien de haine, leur rôle, tout ça. Je m'amuse à mettre "en couple avec Giorno/Mista" sur les pages de Mista et Giorno.

Je n'ai plus rien à faire... Je relis une dernière fois chaque page, de la dernière à la première, et mon regard s'arrête sur la toute première page : celle des votes. Un sentiment fugace me traverse, le sentiment de rater quelque chose. C'est bête, je suis assez nulle pour remarquer des trucs comme ça, d'habitude, mais mon instinct et/ou ma paranoïa se sont peut-être développés depuis que je suis ici... Je sais pas, je suis sûrement juste parano, mais mon instinct me crie vraiment qu'il y a un problème ! J'observe les votes, en particulier ceux des loups, et là je comprends enfin.

Quelques heures plus tard, pdv Mista

Je me rends à la salle de vote avec Giorno, il a boudé mais il m'a pardonné très rapidement, c'est dingue ! En arrivant, il n'y a qu'Eirin, j'hésite à aller la voir tant son regard est... vide... Je me place à ma table, attendant que les autres arrivent. Quelques minutes avant le vote, nous sommes tous là, et Luca pète un câble.

- C'est lui ! C'est Giorno, le loup ! Je vous le jure !

- Arrête Luca, c'est fini, t'es démasqué !

- G... Giorno...

Je me retourne vers la brune qui fond en larmes, visiblement sans raison. On a trouvé les loups, nan ? ... Nan... ?

- Giorno, pourquoi !? Pourquoi tu les as tués !?

- Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu racontes ? Eirin, je ne comprends pas...

- Giorno, c'est toi le loup-garou, et c'est Luca le voyant ! Écoutez, ça veut dire que Sale était bien un villageois ! Il est très probable qu'il reste encore un loup parmi nous !

- Eirin, calme-toi, tu racontes des conneries, Giorno peut pas être un loup ! je me mets à l'engueuler.

- J'ai étudié les votes, Sale et Nadeshiko avaient raison... Les loups ne peuvent pas voter les uns contre les autres en début de jeu, ils courent le risque de s'éliminer par erreur... Nous avons tous pensé que Sale et Luca étaient les loups, mais Sale a voté contre Luca au tout premier vote...

- C'est sûrement une erreur ! Ou quelque chose dans le genre !

- Peut-être si elle venait de Luca, mais c'est Sale qui a voté contre lui, pas l'inverse, il ne ferait pas une telle erreur... Ni l'un ni l'autre ne sont des loups, et c'est Giorno qui a dit les avoir démasqué avec le pouvoir de la voyante... conclût Eirin, en larmes.

- C'est pas... C'est pas possible...

- Eirin, je te jure que je suis bien un villageois !

- Chers participants, l'heure du vote est arrivé. Vu que votre débat semble toucher à sa fin, je ne vous laisse pas dix, mais trois secondes. Trois...

- EIRIN, JE T'EN SUPPLIE, NE FAIS PAS ÇA ! hurle Giorno.

- Deux...

- MISTA ! MISTA, JE T'AIME, JE NE TE MENTIRAI JAMAIS !

- Un... Et zéro !

Nos mains se lèvent à l'unisson, désignant toutes la même personne : mon frère. Même le dernier loup l'a trahi, si ce dernier loup existe bien.

- Il est l'heure de l'exécution, la méthode est toujours la même.

- Non...

- Bien fait pour ta gueule, connard ! s'exclame joyeusement Luca.

- Je ne veux pas...

- On fait comment !? Je m'en occupe, si vous voulez, avec grand plaisir !

- Non... C'est mon frère, c'est à moi de...

Le reste de ma phrase s'étouffe dans ma gorge tandis que je me lève et que Giorno s'écarte à toute vitesse.

- Eirin... Je suis ton petit frère... Tu ne vas pas me tuer... ?

- Je n'ai pas envie de le faire... Je ne le veux pas !

- Je ne les ai pas tués, je te le jure !

- Qui était l'autre loup, Giorno, dis-le-nous pour que le calvaire se termine...

- Le calvaire ne se termine jamais, Eirin, tu le saurais si tu étais à ma place...

Derrière Giorno, silencieusement, Mista se lève, prend un couteau, sans doute celui qui m'a servi à égorger Sale, et s'approche à pas de loups de mon petit frère, qui le heurte.

- Mista... ?

Jamais je n'aurai cru voir ce visage sur toi, Giorno, ce visage déformé par la peur et le désespoir, qui te met enfin au même niveau que nous, les simples humains.

- S'il vous plaît, ne me tuez pas ! Je ne veux pas mourir !

Sans un mot, Mista et moi le plaquons au sol, chacun lui bloquant un bras et une jambe, et le brun me tend le couteau.

- Fais-le. Moi, j'en n'aurai... j'en n'aurai pas la force... Je suis désolé, Giorno...

Mon frère s'apprête à pousser un cri, mais je le coupe en lui plantant le poignard en plein cœur. Il crache du sang, son agonie devrait ne pas être trop longue...

- Bon sang, c'est trop tard... J'ai perdu, j'ai tout perdu...

Sa voix n'est plus qu'un murmure, que nous sommes les seuls à pouvoir entendre...

- Eirin, Mista, je veux que vous soyez les seuls à rester dans cette partie, je me fous des deux autres, tuez-les... Et là, vous aurez un choix à faire... Je vous conseille de ne pas faire ce que j'ai fait, de ne pas survivre... Suicidez-vous à la fin du jeu, pour le boycotter, et ne pas subir un autre calvaire... Je vous en supplie, j'ai fait en sorte de vous rendre le plus heureux possible pendant cet enfer afin de pouvoir vous tuer en dernier, quand vous seriez au moins un minimum heureux... Mais je ne peux plus faire ça, alors je veux que ce soit vous qui fassiez le choix final...

- Giorno, qui est le dernier loup... ?

- Je ne peux pas...

Il crache une autre dose de sang, plus importante cette fois, la lueur désespérée qui avait presque quitté ses yeux revient quand il convulse à terre, se sentant mourir, et utilisant ses dernières forces pour réaliser son dernier souhait.

- Mista !

Il réussit à l'embrasser une dernière fois avant de retomber, mort.

- Gio... Giorno... Mon petit frère...

- Putain, ça fait un bien fou ! Un loup qui se fait passer pour la voyante, c'était clair comme de l'eau de roche !

- Luca, ferme ta gueule ! s'énerve Tomohiro.

- Jamais ! Sérieux, il m'avait tellement gonflé, je le tuerais une deuxième fois si je le pouvais ! Bien fait pour lui !

Ce sont trois poings qui s'abattent sur la figure de Luca, personne n'a supporté cette insulte à la mémoire de Giorno qui, malgré son rôle de tueur, a tout fait pour nous rendre heureux le plus possible, qui est resté pur.

- Bon sang, Giorno, ça a dû être tellement dur pour toi... Repose en paix... se met à prier Mista.

- Est-ce que c'est fini !? Est-ce qu'on vient de tuer le dernier loup !? Je ne peux plus supporter ça ! je crie à la voix.

- Les colliers ne se détachent pas, rien ne se passe... Il est probable qu'il reste encore un loup... murmure Tomohiro d'un air désolé.

- QUOI !?

J'entends un ricanement provenir de derrière moi. Mista pleure, la tête de Giorno sur ses genoux, mais il a un immense sourire cruel aux lèvres et un regard noir, fixé sur Luca.

- T'es mort, Luca...

- MERDE MERDE MEEEEEEEEEEEEERDE !

C'est bizarre... Je ne ressens rien, à l'idée qu'il reste un autre loup. Il tuera forcément Luca, le voyant, ça ne me dérange pas. Le dernier loup, s'il en reste bien un, est donc mon petit-ami ou mon meilleur ami, et l'un d'entre eux mourra demain. Ou ce sera moi. Plus rien à foutre, j'ai dû tuer mon propre frère de mes mains, alors un petit-ami pour qui je n'ai aucun sentiment et un ami que j'ai rencontré il y a juste un an, ce n'est rien. Tout comme ma vie, ça ne vaut plus rien, pour moi.

Tiens, quel est ce pincement au cœur que je ressens ? Plus rien n'a d'importance ? Oui, c'est quand j'ai cette pensée que je me sens mal. Je me retiens de lâcher un petit rire triste. J'ai souvent pensé ça, que je ne valais rien, que rien ne me retenait sur Terre, que la mort valait mieux que la vie, mais à chaque fois, tout le monde devenait une raison de vivre, pour moi.

Ma famille, le Bucci-gang, le club de théâtre, tous m'ont soutenu quand j'allais au plus mal, pour que je continue à vivre. Je regarde Mista, Tomohiro, puis le corps de Giorno. Mon frère, toi qui m'a si souvent empêché de mourir, tiens-tu réellement à ce que moi et l'homme que tu aimes nous suicidons ? Avais-tu la même vision que moi, sans jamais l'avouer ? Mais je survivrai, Giogio, en honneur à ta mémoire, et pour revoir une dernière fois ceux que j'aime.

- Mista, Eirin, allez dormir, ça vaut mieux...

- Mista, viens...

J'attrape mon ami par le bras et le soutiens jusqu'à sa chambre. Il s'effondre sur son lit, le regard vide, tandis que je retourne dans ma chambre et dans mon nid.

Pdv extérieur

Quasiment personne ne dormit, ou alors très mal, cette nuit-là. Eirin et Mista avait été en proie à d'horribles cauchemars, l'un où Eirin poursuivait tous les morts sans jamais réussir à leur parler, l'autre où Mista était hanté par Giorno qui ne cessait de lui répéter qu'il l'avait trahi et qu'il était mort par sa faute. Ils ne dormaient plus depuis une heure du matin.

Luca était resté éveillé toute la nuit en attendant le prédateur qui viendrait le tuer, et Tomohiro avait eu énormément de mal à s'endormir, ne réussissant que vers 5h du matin, trop préoccupé par tout ce qu'il se passait.

Quand le matin arriva, personne ne se posa de questions quand ils allèrent voir chacun leur tour dans la chambre de Luca, dans laquelle il se trouvait, mort. Personne ne voulait parler à personne, mais ils se retrouvèrent tous dans la salle à manger, silencieux.

- Alors ça va se terminer ce soir... Quoiqu'on fasse, l'un des deux camps gagne... Je ne veux pas voter... murmura Eirin.

- Moi je sais contre qui je vais voter, dît haut et fort Tomohiro. J'ai retourné le problème dans tous les sens, sans jamais trouver une seule solution, alors je vais voter selon mes sentiments. Mista, c'est contre toi que je vais voter.

- Pourquoi !? Il n'a rien fait !

- Qu'est-ce qu'on en sait ? Il s'est mis en couple avec Giorno, non ? Dans une situation comme la nôtre, quand on est dans le même camp, seuls contre tous, on peut s'attacher très facilement. Pour tout dire, ça me paraissait évident, et même cliché que les loups-garous se mettent en couple. Mais je n'ai pas de preuve tangible, évidemment.

- Très bien. Dans ce cas, je voterai pour toi, Tomohiro. Sans ça, soit je meurs, soit personne ne meurt au vote et un villageois se fait assassiner ce soir, laissant un dernier villageois seul contre le loup, et celui-ci gagne.

- C'est vrai. Si on ne désigne personne, les villageois ne pourront pas gagner.

Eirin prit beaucoup de temps avant de réaliser ce que leurs mots voulaient dire.

- ... Attendez, vous voulez dire que c'est moi qui vais devoir choisir qui mourra ce soir !? Vous ne pouvez pas faire ça ! Et si c'était moi, la louve, vous imaginez !?

Ils la regardèrent puis eurent tous les deux un léger rire.

- Eirin, cette simple phrase prouve que tu n'es pas une louve... lui dît Mista d'un ton ému.

- Personne, ou quasiment personne, n'a jamais pu penser que tu avais tué ta meilleure amie ou tous les autres. Tout le monde t'a toujours fait confiance, on t'a fait confiance tous les deux, et on te fait confiance une dernière fois pour désigner le loup. Désolé de t'imposer ce choix...

Pdv Eirin

Ils partent tous les deux, me laissant seule et désemparée sur ma chaise. C'est un peu ce que je prévoyais, donc, mon petit-ami ou mon meilleur ami tués par ma faute. Mais, quitte à choisir, je choisirai bien...

Pdv extérieur

Eirin se leva, déterminée à en finir, et se réfugia dans sa chambre, devant son bureau, son bloc-notes et un stylo à la main, puis elle enleva du bloc les feuilles sur lesquelles elle avait écrit pour les mettre en évidence devant elle. Ensuite, elle écrivit tout ce qui lui passait par la tête, utile ou non.

Liens de haine, relations, qui avait voté pour qui, qui avait tué qui et comment au vote, comment les victimes des loups étaient mortes, qui suspectait qui, les derniers mots de Giorno et de tous les autres morts du vote, elle écrivit tout. Et, au bout de plusieurs heures, elle choisit. Elle se leva, alla dans la salle de vote, et attendit les autres. Ils s'assirent tous, dans un silence de mort qu'elle brisa.

- J'ai choisi.

- Le dernier vote, il est temps de l'entamer ! Veuillez pointer du doigt la personne pour qui vous voulez voter.

Les deux garçons se désignèrent mutuellement, et Eirin en pointa un, mettant fin à la partie.

Pdv Eirin

Le couteau dans la main, j'ai poignardé ce garçon à l'épaule, avant qu'il ne m'échappe et se plaque contre le mur.

- Eirin, tu veux de l'aide ? me demande l'autre.

- Non, ça ira. Tu n'es pas obligé de me soutenir tout le temps, tu sais ? Sale te détestait pour ça.

- Il me détestait pour autre chose...

- Eirin, pourquoi moi !? me demande ma victime, pressant son épaule ensanglantée.

- Parce-que je n'avais pas envie de voter pour toi. Pour aucun de vous, d'ailleurs.

- Alors pourquoi tu l'as fait !?

- Justement pour ça, et pour d'autres choses également. J'avais confiance en toi, depuis longtemps, tu le savais très bien. Tu as toujours été là pour moi, même quand je n'en pouvais plus, quand j'étais un boulet. Normal, sûrement parce-que j'étais la proie idéale pour le loup...

- Non, c'est parce-que je suis ton copain ! Je t'ai soutenue, parce-que je t'aime ! Mes victimes, je les ai choisies et tuées parce-que je t'aime !

- Mais aussi pour t'assurer la victoire, Tomohiro. Zucchero, il avait voté pour moi. Nadeshiko, tu la détestais, en nous faisant croire le contraire, et tu as compris qu'elle était salvatrice. Enfin, Luca était le voyant, il en voulait à ton partenaire, et il avait tourné les soupçons contre moi le deuxième jour. Enfin, tu voulais que je sois la dernière à mourir, alors tu as voté pour Mista. L'ordre des victimes était logique, de même que tous tes votes. Mais ce sont les derniers mots de Giorno qui m'ont mis sur la voie. "Je veux que vous soyez les seuls à rester dans cette partie, je me fous des deux autres, tuez-les". Pourquoi ? Je vois plusieurs explications. Giorno a toujours voulu que je sois heureuse, je n'en doute plus un seul instant, alors pourquoi voulait-il qu'on te tue, toi qui était si important à mon bonheur ? Enfin, c'est ce qu'il croyait, que tu étais important. Parce-que tu étais la personne à qui il en voulait ? Je ne crois pas, il n'a jamais été du genre à se laisser emporter par ses émotions. Non, parce-qu'il savait que tu étais le seul loup restant, et qu'il savait qu'on détestait Luca, et il ne l'aimait pas non plus. Alors, la seule fin qui le satisfaisait entièrement était celle où nous étions les deux seuls survivants, ce qui voudrait dire qu'aucun de nous n'était loup.

- Tomohiro, tu ne peux plus argumenter. Tu es un loup, tu vas mourir, résume Mista.

Il ramasse un autre couteau, apparemment il veut en finir aussi.

- ... Je veux juste savoir quelque chose, avant de mourir... Eirin, est-ce que ça te brise le cœur de me tuer ?

- Oui, je t'aimais bien. Tu étais un bon ami.

- Ami... ?

- Je n'ai jamais osé te le dire, mais je ne t'aime pas, Tomohiro, pas comme ça. Je ne voulais juste pas te décevoir. J'aime quelqu'un d'autre, je crois, et je m'en suis rendu compte grâce à toi, quand j'ai su que je pourrais sûrement sortir et revoir les personnes que j'aime en te tuant.

- Non...

- Allez, adieu, je le salue en même temps que Mista.

- NOOOOOOOOOOOOOON !

Un coup de couteau, chacun notre tour, à n'importe quel endroit de son corps, juste pour nous défouler. Un coup pour avoir buté Nadeshiko, un autre pour avoir trahi Giorno, et d'autres coups pour se venger de choses dont on ne se souvient même plus. C'est étrange, mais je trouve que c'est... assez réjouissant, de voir le visage d'une personne que l'on veut absolument tuer se décomposer à cause du choc, de la tristesse, de la douleur, de la mort. Enfin, son corps ne bouge plus, une flaque de sang nous recouvre et recouvre le sol. C'est terminé ?

- Les troisièmes vote et exécution sont terminés. Félicitations, deux villageois ont survécu jusqu'à la fin de la partie, les villageois gagnent !

- C'est vraiment fini... ? demande mon meilleur ami.

On se regarde, puis on se met à pleurer de grandes larmes en se serrant dans les bras, sans jamais pouvoir se lâcher, un flot d'émotions indescriptible nous submerge tandis que nous nous rendons compte que nous allons enfin pouvoir sortir de là.

- Ainsi prend fin... votre première partie de jeu !

- Quoi... ?

Nos colliers se resserrent brusquement et nous tombons évanouis au bout de quelques secondes. Quand je me réveille, je suis dans le même décor qu'au tout début de la partie : neuf joueurs assis devant neuf pupitres en cercle, un collier autour du cou.

- Chers participants, bonsoir et bienvenue. Vous ignorez où vous êtes et pourquoi, et c'est bien normal, mais ce sont des choses que vous n'avez pas besoin de savoir. Quant à ce que vous devez savoir, je vais vous le dire immédiatement : vous allez jouer à un loup-garou grandeur nature.

Comment ? Le jeu était censé se terminer... Mon cœur bat à toute allure tandis que j'écoute les règles que je connais déjà suffisamment et quand je croise le regard de Mista, assis à quelques chaises à ma gauche. Je ne connais personne d'autre.

- Les cartes vous présentant votre rôle se trouvent sous votre chaise. Une dernière chose que vous devez savoir : les loups-garous sont des spécialistes du jeu. Bonne chance.

Des spécialistes du jeu, hein... Je regarde ma carte par précaution, mais je savais que c'était inutile juste en entendant la dernière phrase et en me remémorant plusieurs phrases dites par Tomohiro et Giorno.

"C'est un piège sans fin"...

"Le calvaire ne se termine jamais"...

"Je vous conseille de ne pas faire ce que j'ai fait, de ne pas survivre, suicidez-vous à la fin du jeu, pour le boycotter, et ne pas subir un autre calvaire"...

Je comprends tout maintenant, quand je me souviens de ça, que je regarde le loup féroce sur ma carte, et que je recroise le regard de Mista. Il ne panique presque pas, tout comme moi. Gagner en tant que villageois ne suffit pas, il faut gagner en tant que loup pour que tout se termine réellement. Allons-y, il n'y a plus d'autre choix.

Je comprends maintenant, pourquoi Giorno et Tomohiro se sont donné tant de mal pour survivre jusqu'au bout, parce-que la mort de leurs camarades de leur précédente partie n'aurait eu aucun sens, parce-qu'ils ne voulaient pas abandonner si près du but. Il faut le faire. Plus rien ne nous entrave, car nous sommes déjà morts à l'intérieur. Enfin presque. Au fond de mon cœur, une petite lumière scintille encore. Une petite lumière qui porte un nom : Fugo.




Hello, j'espère que ça vous a plu ! Si certaines choses vous paraissent peu expliquées, voire incohérentes (je pense surtout aux caméras qui sont placées dans des endroits bien trop intimes et à la "recherche" d'Eirin et Yusha par Giorno), c'est bien normal, ce sera expliqué plus tard ! La partie sur le point de commencer sera l'objet de la troisième partie du four-shot :)

Hâte de vous retrouver au chapitre deux, où nous suivrons la partie de Fugo, Narancia, Yusha et tous les autres !

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