régicide


L'homme regardait avec ennuie les prêtresses passer devant lui. Les femmes, jeunes, noyées dans de grandes robes blanches flottantes qui ne donnaient aucune indication sur leur corps, avançaient la tête baissée, leur cheveux longs couvrant leur visage. Elles portaient chacune sur leur tête une couronne d'aubépine et dans leurs mains en coupe des pigments reposaient en petit tas, d'une couleur différente pour chacune. Par chance, il n'y avait pas de vents, et rien ne faisait voler la fine poussière colorée. Ces femmes, des religieuses, devaient circuler dans un chemin très précis et qui avait été interdit au public à travers la ville, et se rendre juste que devant le principal lieu de culte de la ville où elles mouilleraient le pigments avec de l'eau bénite. Ensuite, elles iraient peindre toutes les portes du village, et le bal des nobles descendus au pied des murailles pour faire la fête serait terminé. C'est ainsi que se déroulait cette fête Kohoçoise depuis des générations. Bien évidement, presque tous les gardes étaient là, surveillant que tout se passait bien. Une première, blonde, les cheveux bouclés, portait du bleu. Une autre plus loin faisait couler le long de son visage une chevelure rousse, en accord avec son pigments écarlate. Plus loin une brune, un peu grande, portait du blanc. Celle-ci passa à côté du garde en retenant son souffle, soulagée que celui-ci ne l'examine pas plus en détail. Sinon, ce soldat aurait pu voir à la forme du tissus sur ses épaules un peu trop épaisses et au manque de hanche, qu'il n'était pas une femme. La procession continua, et Thenjé, dans sa robe de prêtresse, caché au milieu du cortège, se rassura un peu. Personne ne semblait faire vraiment attention aux prêtresses auxquelles il s'était mêlé. Et il resta attentif à ce qui l'entourait, à travers le rideaux de ses cheveux qu'il avait pris soin de laisser pousser. Il avait aussi fait exprès de perdre du poids, mais il avait tout de même besoin de force, où bien il ne pourrait pas appliquer son plan. Après une vingtaine de minutes, il aperçut ce qu'il cherchait. Le cortège religieux passait enfin à côté du bar qu'il avait repéré plus tôt. Étant le plus grand établissement du genre situé près des murailles du château, et donc de la place où était organisé le bal des nobles et de la classe supérieure, c'était l'endroit idéal pour les gardes pour aller boire en attendant la fin de la fête. Bien sûr, officiellement, ils devaient continuer de surveiller que tout allait bien, mais cette fête n'avait jamais subis le moindre accident en des années et des années de pratique. Ce qui n'était pas surprenant, l'organisation était parfaite. On prenait soin de vider les rues, presque toute la garde était là, les prêtresses étaient soigneusement sélectionnées et la famille royale restait à l'abri. Qu'est-ce qui pouvait mal se passer ?

Quand ils passèrent juste à côté des tonneaux déjà un peu entamés et ouvert, il trébucha, volontairement bien sûr, mais personne ne le remarqua, et tandis qu'on le faisait se redresser, il prenait soin de vérifier qu'il avait renversé assez de la poudre blanche, censée être un colorant, mais en vérité un poison de son cru, dans les tonneaux de bière qui attendaient là. Il avait jeté ses mains en avant comme quelqu'un qui cherche à se rattraper, projetant sa poudre dans, cinq, six, presque sept barriques. Pas besoin de beaucoup de poison, il l'avait tellement concentré que sans la couche de graisse qu'il s'était étalé sur les paumes, il aurait probablement perdu l'usage de ses mains. Personne ne soupçonnait une de ces jeunes filles religieuses qui avait tout à fait leur place à cet endroit puisque sur le chemin traditionnel. Il n'y avait même pas assez de place à l'intérieur du bâtiments, et certaines barriques avait été placé à côté de la porte, le long de la grande terrasse, à peine surveillées par un jeune hommes somnolant et probablement déjà saoul. Maintenant, il n'avait qu'à attendre,et ne pas louper son créneaux. Il pria intérieurement qu'aucun problème technique ne se produise. Il avait tout agencé à l'avance, fait attention à tous les détails, des conditions météorologiques aux potentiels changement d'avis des organisateurs ou rondes de garde. Bien sûr, il n'avait pas pu prévoir exactement quand est-ce que les tonneaux empoisonnés seraient bus, et pourtant il avait du régler l'explosion du premier paquet de bombes artisanales qu'il avait soigneusement placé et caché en accord avec le moment supposé de l'intoxication des gardes. Le cortège dont il faisait partie avait continué son chemin, et se tenait prêt.

Quand les quelques gardes encore dehors, affolés, convergèrent vers l'auberge à la hâte, il sut qu'il avait réussis à mettre hors d'état de nuire presque la moitié des soldats du palais. Parfait,il lui restait une minutes et trente-cinq seconde pour se mettre en place. Il profita d'un virage et d'une ruelle s'ouvrant à côté du chemin pour sortir du cortège en courant, se débarrasser de la grande robe blanche, sous laquelle il portait les habits encombrants d'un noble, et monter souplement sur un toit.
De là, il ne lui fallut plus que courir vers la place où tous les riches, les parasites aimaient-ils les appeler, se trémoussaient ridicules avec leur air bienheureux sur leur joues, rosies du vin hors de prix, et leur petites mains blanches douces et potelées sortant des manches de soies que des jeunes femmes à peine adultes, s'étaient échiner à produire pour être payées si peu qu'en rentrant chez elles, elles devraient encore s'offrir pour une piécette à l'un de ces porcs en quête de frissons dans l'adultère. Il attacha ses cheveux longs d'un ruban, et se fondit dans la foule, attrapant la main d'une femme d'âge mûr pour danser avec elle. Vingt secondes....... dix secondes...... cinq..... quatre.... trois... deux.. un.
Un bruit sourd éclata aux oreilles de tous, semblant secouer les murs, et une épaisse fumée apparut sur le ciel sombre derrière les toits, au niveau du palais. Quelques secondes parurent suspendues, le temps que tout le monde comprennent effectivement qu'une bombe d'exploser devant le palais. Enfin quand l'idée fut intégrées par tous les esprits, la panique monta et se propagea en un instant. Tous se poussèrent pour se mettre à l'abri dans le cocon protecteur du palais, entre les coudes, les têtes, les nœuds papillons, et les décolletés poudrés de femmes. Thenjé suivit le courant, ne luttant surtout pas contre le mouvement de foule. Très vite les gardes qui n'étaient pas en train d'agoniser dans un bar intoxiqués à la bière s'empressèrent de contrôler le flux de panique, et vérifier les entrées, fermer les portes, ne pas laisser tout le monde se pousser à l'intérieur, mais c'était trop tard, Thenjé était déjà dans la cours du palais, avec tous les riches en larme et inquiets pour leur précieuse petite sécurité. Il parvint à se débarrasser, profitant de la confusion générale, de l'épaisse veste et du pantalon qu'il portait et sous lesquels il avait revêtus l'accoutrement d'un domestique.

Les servants du palais se précipitèrent pour vérifier qui était là,qui était entré, et s'assurer de l'état des nobles, certains en état de choc. Dans la tenue sa tenue beaucoup plus sobre et rudimentaire, aux bon code couleur, il passait pour l'un d'eux et chercha dans la foule quelqu'un correspondant à ce dont il avait besoin. Il commençait à sentir le stress monter quand il peinait à trouver, quand enfin, il aperçut une jeune femme qui dans la cohue avait été blessée. Elle avait été projeté sur une des torches qui éclairait la piste de bal et tenait en sanglotant son bras cloqué. Il s'approcha d'elle, simula un sourire rassurant, et d'une voix douce lui demanda comment elle allait, s'il elle avait très mal. La voix chevrotante, elle s'accrocha d'une main à la manche de sa chemise et se plaint de la douleur intolérable, le suppliant d'apaiser sa brûlure. Parfait, maintenant il avait un prétexte pour sortir de la foule, et elle pourrait témoigner si on tentait de l'en empêcher. Il lui assura qu'il lui ramènerait une pommade, et s'éloigna. Effectivement un garde lui fit un remarque, lui bloquant le chemin. Il sortit son excuse et désigna la jeune femme qui s'empressa de faire un signe au garde pour qu'il le laisse passer. Thenjé retint un sourire, garda une expression grave, comme il en convenait dans une situation comme celle-ci. Le soldat le laissa circuler, et il entra dans le palais. C'était la partie du palais consacrée aux soldats, leur caserne, où ils se réunissaient et se répartissaient les tâches, mais aussi gardaient leurs armes. Ils étaient presque tous de sortie, et il fallut un peu de temps à Thenjé pour tomber sur l'un deux, simulant le hasard. L'homme, âgé, sévère, son uniforme impeccable, était un peu plus grand que l'infiltré. Il s'y attendait, et se dit que cela ferait tout de même l'affaire. Le soldat fronça ses épais sourcils, s'approcha de lui d'un air méfiant et mécontent, lui demandait ce qu'il faisait là,puis lui ordonna de retourner aider dans la cours au lieu d'errer ici désœuvré comme un imbécile. Il expliqua calmement qu'il avait besoin de quoi soulager une brûlure, qu'il avait été envoyé ici. L'homme grommela et lui demanda d'attendre un instant ici, le temps qu'il aille en chercher. Au moment où le garde eut le dos tourné, Thenjé s'empressa de sortir de sa botte une petite épingle et de s'atteler à crocheter un des coffres d'armes. La serrure était vieille et usée, mais basique, le bois éclairci par les années,usé, plein d'échardes . Il ne lui fallut qu'une poignée de secondes pour en venir à bout, lui permettant d'en soulever l'imposant couvercle et s'emparer d'une des armes à disposition.
Il n'avait pas pu en cacher une grande sur lui, au cas où on le fouille et parce que les vêtements de domestique ne lui permettait pas de cacher ça discrètement, seulement quelques petites, et il avait besoin d'une de sécurité. Il devait donc s'en procurer lui-même, sur les lieux. Il poussait sur sa magie au maximum, augmentant son ouïe autant que possible et il entendit venir de loin les pas de l'homme qui revenait avec la pommade. Il alla se plaquer contre le mur à côté de la porte d'où viendrait le soldat. Au moment où celui-ci franchit le seuil, il sortit de là où il était, et abattit le pommeau de l'arme sur sa tête, l'assommant sur le coup.L'homme s'effondra, sans un cris, sans avoir eu le temps de réagir. Thenjé continuait de compter, il avait peu de temps et devait faire vite. Tout ce qu'il faisait devant être fait vite et efficacement, pour ne pas laisser de temps à tout ceux qui pourraient s'opposer à lui de réagir, de comprendre où il était, ou ce qu'il cherchait. Puis enroula l'évanoui dans une tapisserie bien épaisse, le fit monter sur son dos et remonta le plus vite possible trois étages jusque devant l'endroit qu'il avait prévu. Il était de notoriété publique que la princesse aimait voir le soleil se lever, et l'un des seuls endroits du palais où cela était possible tout en étant convenable pour accueillir la chambre d'un membre de la famille royale était le haut de ce bâtiments. Une fois dans le couloir où devait se trouver la chambre de la princesse, heureusement désert, sinon il aurait du faire quelques autres victimes, il déshabilla l'homme et se changea dans son uniforme de soldat, lui mettant ensuite ses propres vêtements de domestique sur le dos, puis il enfonça d'un petit coup sec un petit couteau caché dans sa manche dans son cou, le retira d'un coup sec et laissant de profonde entaille sur son visage pour le rendre méconnaissable, tout en s'assurant de ne pas être tâché de sang. Enfin il redescendit en se pressant mais sans courir pour ne pas avoir l'air suspect s'il croisait quelqu'un. Une fois en bas, il reprit la pommade que l'homme dont il avait volé le costume avait lâché. Il trouva un domestique qui lui ressemblait un peu dehors, et en tant que soldat lui ordonna d'amener ça à la jeune femme dont il fit la description. Il ne voulait pas que celle-ci, attendant sa pommade, et ne le voyant pas revenir, se doute de quoi que ce soit et ne puisse faire sa description en tant que suspect.

S'il avait bien géré son temps, et il avait tout fait pour, il ne devrait attendre que deux minutes et vingt secondes avant que le second amas de bombe qu'il avait placé à l'opposé du premier n'explose. Il attendit, comptant chaque seconde et priant pour que tout explose bien, tout en mimant de faire ce que les autres autour de lui faisant, soit surveiller la foule de riche, apporter son aide, veiller à la sécurité. Encore quelques secondes et.... La bombe explosa dix-huit secondes plus tôt que ce qu'il avait prévu. Aucune importance. Cela avait eu l'effet escompté : les gardes, beaucoup moins nombreux que d'habitude, essayant de comprendre d'où venait l'attaque, confus et désorganisés par les nobles en panique et l'empoisonnement d'une grande partie d'entre eux se replièrent sur leur dernier objectif clair, et leur priorité absolue : protéger la famille royale. En quelques minutes, les soldats furent répartis à la protection des six membres royaux, et Thenjé se fondit dans le groupe, veillant à se retrouvant dans l'aile gauche, la plus à l'écart. Il se retrouva, quelques minutes plus tard, devant la porte d'un des princes soigneusement enfermé dans sa chambre, accompagné d'une quarantaine d'autres gardes. Encore une fois, il n'avait qu'à attendre en priant pour que tout se passe comme il l'avait prévu. Enfin, après une demi douzaine de minutes,l'effet de son plan se fit ressentir : le corps qu'il avait abandonné près de la chambre de la princesse avait été retrouvé, et comme il était vêtu en domestique, et que personne ne fait attention à l'identité d'un domestique, et encore moins d'un domestique mort et défiguré, personne ne soupçonnerait que le meurtrier puisse être en ce moment même dissimulé parmi les gardes. Paniqué à l'idée que l'assassin soit aux portes de la princesse, dans un bâtiment différent de celui du prince, et surtout dans l'espoir de l'arrêter au pus vite en le submergeant parle nombre, de quarante garde on passa à cinq surveillant le prince.

Quand on demanda à Thenjé de partir avec les autres arrêter le meurtrier, il cacha son visage dans ses cheveux, prit son air effrayé le plus convainquant et refusa. On le traita de lâche et de peureux et il resta avec quatre autres soldats encore en sécurité devant la porte du prince.


Entant que garde, le port de son arme volée dans les coffres était parfaitement justifié, se plaçant un peu derrière les autres il inspira profondément, puis fit glisser le fil aiguisé profondément dans la gorge du premier, et sans laissant le temps aux trois restants de comprendre ce qu'il venait de se placer et de réagir en conséquence, il enfonça l'arme dans le ventre du second et s'empressa de lui trancher la gorge également pour l'empêcher de crier, ce que ne se priva pas de faire celui se trouvant devant lui. Il se lança en avant, près à achever celui-ci mettant fin à son cri d'alerte, qui heureusement était aussi calculé dans son plan,mais son ouïe toujours exacerbée au maximum grâce à sa magie, lui fit parvenir le chuintement de l'acier tranchant l'air dans son dos. Il ne réfléchit pas, tout en réflexe, et son esprit uniquement tourné vers son objectif sanglant, il se baissa tout en se retournant dans un seul geste, lança l'arme vers les jambes de celui qui avait voulu le prendre par surprise. Ce dernier poussa un cri et tomba à terre quand le tranchant mordit sa chair et fit gicler son sang. Il se redressa, égorgeant encore le malheureux, et se jeta à la poursuite du dernier, qui en voyant ses compagnons massacrés, s'était précipité en courant vers l'endroit où il espérait trouver de l'aide. De peur de le perdre de vue, Thenjé visa, arma son bras, et lança l'arme. Bien qu'inappropriée au jet car trop lourde et pas assez équilibrée, la force et la précision qu'avait donné à l'arme l'assassin permit au métal mortel de trouver sa place droit entre les omoplate du fuyant. Puis sans perdre une seconde il crocheta la porte de la chambre, les doigts glissant de sang et moins précis avec l'adrénaline qui le rendait presque fébrile, il peina à débloquer la porte jurant devant le temps qui passait et les gardes qui ne n'allait pas tarder à rappliquer avec les cris d'alerte du dernier soldat. Enfin il y parvint, entra vite,trouva le prince recroquevillé dans un coin de la pièce et avança droit sur lui. Le prit par le col et le jeta sur le sol. Le jeune homme frêle, au teint pâle, commença a le supplier de l'épargner,lui promettant toutes les richesses qu'il pourrait seulement imaginer, mais ce n'était pas ce qui motivait Thenjé, et d'ailleurs le prince n'était pas son objectif réel. Il tira les longs draps souples du lit à baldaquin, les tordit en une corde grossière,attrapa le prince par la cheville de l'autre main, le traîna derrière lui vers la fenêtre, ouvrit celle-ci en grand, et lui mit de force les draps dans les mains, lui lançant un vague avertissement de bien s'accrocher. Le jeune prince, sans comprendre ce qui lui arrivait, fut renversé par dessus bord, et dans un réflexe de survie désespéré, s'accrocha de toute ses forces aux draps roulés en cordes de fortune. Thenjé, toujours dans la pièce, accrocha le tissu au pied du lit maintenant le prince accroché au dessus du vide, et sortit vite par la porte. Il l tâcha son visage avec le sang des soldats morts à l'entrée, et dans l'urgence, en entendant le fracas des bottes monter dans le couloir, il ne prit pas la peine de crocheter la porte, l'enfonçant à grands coups d'épaules. Il ignora la douleur qui lui descendit tout le long du bras, et se précipita vers la fenêtre de la pièce en face de celle de la chambre du prince, enjamba son rebord et se pressa contre le mur. Il prit juste le soin de refermer la fenêtre derrière lui alors qu'il s'accrochait à la paroi de pierre, pour ne pas augmenter ses risques que les soldats remarque son escapade vers la façade sud. Puis de là, il entreprit de monter tout en haut, rejoindre la tour puis passer devant la fenêtre de la chambre du roi. Sa vraie cible. Il gémit quand il sentit son épaule protester à la pression exercés par la gravité, qui l'appelait en cœur avec la mort en bas de la tour. Il avait presque déboîté l'os, mais il ne pouvait pas s'arrêter pour remettre de l'ordre dans son bras, il n'avait pas le temps. Il mordit l'ourlet de sa chemise, ignora la douleur et glissant d'une pierre à une autre, circulant sur la surface verticale avec une aisance presque naturelle à peine gâchée par son épaule, et enfin il arriva jusqu'à la fenêtre de la chambre du roi. Mais il ne pouvait pas y entrer comme ça. Il n'était pas certain de réussir à tuer le roi sans que celui-ci ne puisse pousser un cri, et si c'était le cas, les gardes auraient vite fait de le repérer et le faire rejoindre sa victime en enfer. Il entra prudemment dans un des couloirs à côté, et courut vers la porte d'entrée de la chambre à coucher royale. Sans même avoir besoin de simuler un essoufflement, il se précipita vers les gardes chargés de protéger le souverain, leur criant que le meurtrier avait été bloqué, mais qu'il tenait le prince en otage, qu'on avait besoin d'eux pour le prendre par surprise. Épuisé, en sang, un uniforme de garde sur les épaules, et des larmes aux yeux, dues à la douleur de son bras, mais cela personne n'en savait rien, son jeu fut convainquant, encore plus sachant que l'attaque au niveau de la chambre du prince avait été annoncée partout. Les gardes quittèrent leur poste pour courir arrêter le meurtrier, n'en laissant que trois sur place. À fin de ne laisser aucune raison de le soupçonner, il partie avec tous les gardes, mais sur le chemin, il bifurqua dans un couloir, laissant les autres s'éloigner et fit rapidement demi-tour vers la salle. Quand les trois sur place,certainement les meilleurs, le virent s'approcher, ils ne se méfièrent pas. Il n'était ni très grand, ni très imposant, et son uniforme un peu trop large dans lequel il semblait légèrement flotter, lui donnait un air plus frêle qu'il ne l'était. Thenjé avança vers le premier, prétextant que, fatigué, on lui avait di tde faire demi-tour. Il ne termina pas sa phrase à vrai dire,profitant du relâchement des gardes, pour enfoncer son dernier poignard dans l'œil du plus proche jusqu'à la cervelle. Ces gardes là, plus professionnels, réagirent rapidement dégainant leurs armes, et alors que l'une d'entre elles plongeait vers lui, prête à lui retirer la vie, il plaça le corps de sa première victime encore les yeux écarquillés cherchant son souffle coupé, sur la trajectoire de l'attaque. Puis d'un geste fluide, il dégaina l'épée de la hanche du pauvre qui s'était prit le tranchant de la lame de son compagnon sur l'épaule, et passant le bras au dessus de son bouclier de chair, il frappa le second soldat, visant la tête, mais ne touchant que le côté du bras. Puis en percevant la respiration du troisième garde, du côté de son flanc vulnérable, il lâcha le corps pour avoir plus de fluidité dans sa roulade au sol pour lui échapper, se redressa d'un coup et lança un coup de genoux au second garde. Le garde esquiva le coup et se poussant de côté et Thenjé ayant ainsi prévu son mouvement abattit sa lame sur son crâne. Mais au même moment, le troisième garde l'attaqua. Il tenta de se protéger de son arme, mais celle-ci resta bloquée un dixième de seconde de trop dans la tête de sa seconde victime, et il ne put parer tout à fait à temps l'épée de son dernier adversaire. L'acier frappa sa hanche, creusa une plaie dans sa chair, d'où le sang se mit à couleur abondamment. Un peu trop. Thenjé recula d'un bond, face à son ennemi, son sang sur son épée et coulant chaud entre ses doigts pressés contre la blessure. Il n'eut pas vraiment le temps de se reprendre que déjà, il se refaisait attaquer, l'arme du garde fondait vers son cou. D'une torsion du buste, il l'évita de peu, puis il frappa vers l'avant pour lui percer le ventre, le garde recula, mais Thenjé n'avait plus de temps à perdre et il devait finir ce combat vite. Il se laissa tomber encore plus en avant, au risque d'être encore plus blessé. Son arme transperça la poitrine de son adversaire lorsqu'il lui tomba dessus, mais celui-ci parvint à ramener son épée contre lui, et le fil aiguisé frôla le dos de l'assassin de la nuque au bas des reins. Puis il se dégagea, se relevant, ne prenant pas le temps de bloquer le sang qui coulait encore de sa blessure, de son épaule déboîtée ou de l'estafilade traversant son dos qui tirait sur ses muscles et lançant dans tous son corps des élans douloureux, il abandonna le corps sur place et crocheta la porte du roi. Cette serrure là aussi était complexe, mais il était presque au but, et sa détermination avait rarement été si forte. Il entra. La chambre du roi était très grande, richement décorée. Les lambris agrémentés de dorures montaient jusqu'au plafond peint délicatement et le grand lit, massif, couvert de coussins brodés, se trouvait au fond de la pièce, là où le roi, tentant de garder l'air digne dans sa robe de nuit de satin blanc mettant ses maigres jambes blafardes à l'air libre, brandissait son épée trop lourde dans sa direction, prêt à défendre sa vie face à cet homme couvert du sang des soldats censés lui assurer une parfaite sécurité. Thenjé ne dit rien, et se contenta de regarder celui au sommet de toutes les richesses et tous les pouvoirs de ce pays dans lequel il était né. Il n'attendit qu'un instant, mais le temps semblait embourbé dans une mélasse de tension et de souvenirs mélangés, et le bientôt régicide, alors qu'il marchait à pas lent vers ce vieil homme aux trop nombreux pouvoirs, se remémorait chaque moment où il avait vu pleurer sa mère parce que ses mains saignaient d'avoir cousus de l'aube à la tombée de la nuit, se vendre à des inconnus ses sœurs parce qu'il fallait bien de quoi se chauffer, et assassiner ses frères parce que dans la rue il fallait s'imposer pour ne pas être vendu comme esclave. Soudain, le roi n'y tenant plus, sauta en avant et abattit son épée vers lui. Thenjé ne fit qu'un mouvement d'épaule pour éviter le métal, donna un bref coup dans les jambes de sa victime qui se retrouva fauchée à terre, puis il frappa dans sa poitrine, lui coupant le souffle. Il balança l'épée du roi au bout de la pièce, transperça son cœur de sa lame, puis lui ouvrit la gorge, continuant de trancher jusqu'à ce que la tête se détache du tronc.

Au pied du palais, toute la population qui avait été mise au courant de l'attaque se pressa au niveau des murailles. Le régicide prit le corps d'où le sang coulait à gros bouillon, s'approcha de la fenêtre, et balança le cadavre sans-tête de l'autre côté des murs enceignant le palais.

Il posa la tête au milieu de la pièce, traça sur le sol avec le sang un grand « n°1 », puis sans attendre, ou profiter de la vue, il se retourna, et procéda à la même chose qu'avec le prince.Il choisit une pièce en face, la crocheta, sortit par la fenêtre en refermant derrière lui, se laissa descendre jusqu'au sol, souplement, et sans un bruit, puis il se laissa tomber dans la cour où les nobles étaient aux abois, et se cacha dans le chaos. Les soldats ne contrôlaient plus rien, eux-mêmes en proie à la panique, incapable de comprendre exactement ce qui s'était passé, pourquoi ou comment on en était arrivé là, qui était le meurtrier, où était-il, et combien était-il, car plus le temps passait plus les hypothèses éclosaient de toute part sur l'attaque d'un groupe organisé. Thenjé se faisant passer pour un soldat blessé, ne fut pas interpellé, surtout dans cet état fébrile dans lequel tout le monde ne pensait qu'à soi-même. Maintenant que tous savaient que le ou les meurtriers étaient dans le palais, l'objectif de chacun était d'en sortir le plus vite possible. Les bruits couraient qu'un grand nombre de gardes, le prince, la princesse, et le roi avaient été assassinés par un groupe de terroriste lourdement armés et organisés. Plus personne n'essayait de contrôler la situation, et Thenjé, blessé, qui sentait ses jambes faiblir, n'eut heureusement aucune difficulté à sortir. Il puisa dans ces dernières ressources pour courir jusqu'à la rue où l'homme qu'il avait payé surveillait son cheval. Celui-ci était toujours là, attendant l'argent que Thenjé lui avait promis, bien plus qu'il ne pouvait retirer du cheval. L'attaque l'avait fait hésiter à bouger, mais la somme promise et sa position qui lui assurait une certaine sécurité, loin du palais, l'avait convaincue de rester. De toute façon Thenjé avait aussi un plan de secours il l'homme était partit. Il courut vers le cheval, sauta sur son encolure pendant que l'homme réclamait son argent. Thenjé dégaina une arme du sac accroché au dos du cheval et lui ouvrit la gorge. Il ne pouvait pas se permettre que qui que se soit qui puisse le rattacher au régicide et ait vu son visage ne reste en vie. Il laissa le corps s'effondrer comme une poupée sans vie, et lança le cheval au galop. Il perdait encore du sang, il devait vite se remettre à l'abri pour se soigner. Il n'avait aucun complice qui ne l'attende pour le soigner, il devrait s'en sortir seul. Comme toujours.

L'étalon sortit de la ville et continua de s'éloigner dans la nuit, loin du chaos et des cris, s'enfonçant dans l'obscurité. Thenjé Destafal, dix-sept ans, venait de tuer son premier roi.




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