L'homme qui aimait les cheveux et les dinosaures
Voilà c'est mon texte pour le concours. suzume37yosano ^^ le thème était la Mort.
Mort se gratta le strings d'un air embêté. Comment allait-elle bien pouvoir faire ? Elle était adossée à une cabine téléphonique dans sa petite robe à bretelles bleues et ses escarpins plus rouges que son rouge à lèvre carmin, rongeant négligemment le bout de son ongle de pouce peint en rose pailleté (bien que ses ongles étaient déjà le plus court qu'il l'était possible sur ses doigts décharnés). Le problème de Mort, c'était qu'elle avait oublié sa faux dans les toilettes publiques.
Elle n'était pas sûre et certaine que c'était bien dans les toilettes publiques, mais elle se souvenait clairement avoir été très distraite par le bruit de la chasse d'eau gémissante, qu'elle tirait pour la troisième fois, afin d'évacuer ses excrétions naturelles, qui ne semblaient pas vouloir quitter le fond du trône de plastique gris. La quatrième avait été la bonne, et, soulagée, elle avait quitté l'endroit sans un regard en arrière.
Sans sa faux.
Plus elle y pensait plus c'était clair.
Maintenant elle devait retrouver le type qui l'avait précédé. Heureusement elle se souvenait de la crinière de feu de l'homme qui était entré à sa sortie.
Elle sortit de sa poche son globe terrestre et fit une rapide recherche avant de vite trouver son homme. Après tout ce n'était pas tous les jours qu'on croisait un fringant jeune homme bien bâtie comme lui à la chevelure enflammée lui descendant tel une cascade de magma brûlant jusqu'aux genoux, rehaussée des touches colorées de petits dinosaures en plastiques enroulés amoureusement dans ses mèches ardentes. Patrice Muche était son nom. Elle sentie qu'il lui plaisait.
Il habitait dans sa voiture, garée la plus part du temps dans un parking de salon de coiffure.
Elle tua quelques personnes pour la forme, rangea son globe, et appela un taxi pour se diriger vers le parking en question.
Sur le trajet elle remit en place ses cheveux blonds et courts, rasés d'un côté et teint en rouge de rouge de l'autre, et remis un peu de fard à paupière bleu paon. Ensuite elle se passa un peu de crème anti-ride ultra efficace re-lift puissance gold re-Life extrême youth qui lui coûtait la peau des fesses et les poils dessus, mais qui ne marchait pas vraiment, au coin des yeux dans une tentative vaine de gommer ses vilaines pattes d'oie.
Elle allait devoir reprendre son précieux bien, et se faire coquette devrait l'y aider.
Elle descendit du taxi et chercha des yeux la twingo verte où habitait son charmant voleur. Elle trouva vite le véhicule, puisqu'il était le seul présent dans l'endroit. Il faut dire que peu de personne vont chez le coiffeur à 2h24 du matin le dimanche. Elle s'avança vers la twingo en balançant des hanches.
Elle allait lui faire croire qu'il s'agissait d'un cosplay en faucheuse sexy, et qu'il ne s'agissait que d'un accessoire sans valeur. Il faut dire que si il apprenait qu'il tenait dans ses mains l'artefact octroyant à son porteur le pouvoir de soumettre la Mort et contrôler l'humanité, il ne voudrait jamais la lui rendre.
Elle se pencha pour voir à travers la fenêtre étonnement propre de la petite voiture et tenta de trouver sa faux des yeux. Elle la trouva très vite : Patrice, assis sur le siège conducteur renversé au maximum en arrière, appuyait sa tête sur le manche en bois précieux incrusté d'onyx, d'ivoire et d'argent de son inestimable bien. La tête, un croissant de métal sombre, lui aussi gravé de motifs et de runes étranges frôlait le plafond des places arrières.
Elle mordit sa lèvre, se mettant un peu de rouge sur les dents, qu'elle essuya immédiatement. Elle avait espéré un instant qu'elle puisse la récupérer sans le réveiller, mais cela n'allait pas être possible. Elle contourna à moitié la voiture, s'allongea sur le capo bien en face de lui et enfin, elle libéra un peu de son incommensurable puissance omnipotente de Mort suprême contrôlant la vie des mortels et régissant le monde entier pour activer le klaxon s'un coup bref sans avoir à le toucher. Patrice sursauta en s'éveillant, se frappant le front dans le volant et tombant nez à nez sur la vision sublime (cauchemardesque) du corps mince (squelettique) et pouponnée de la Mort elle-même, allongée sur le capo de son habitation d'un air séducteur.
Il resta comme deux rond de flans un instant avant de se reprendre et de remettre en place le mini diplodocus qui lui tombait dans son œil de verre.
Il se racla la gorge, ouvrit la portière laissant la faux dans la voiture, et s'adossa dans une pose pleine de confiance en lui sur la porte refermée. Puis il lui lança d'une voix grave chaude et sensuelle.
- Que puis-je faire pour vous mademoiselle ?
Un sourire naquit malgré elle ses lèvres gercées badigeonnées de rouge. Ce jeune était poli en plus d'être gâté par la nature d'un physique remarquable ! Elle se tourna sur le côté et lui dit simplement, espérant presque qu'il n'accepte pas de rendre la faux pour pouvoir avoir une raison de lui parler un peu plus longtemps.
- Il se trouve que je suis la propriétaire de cette faux que vous avez trouvé hier, et j'aimerais la récupérer.
Il resta silencieux, fronçant légèrement l'un de ses sourcils et jeta un regard oblique à l'objet en question avant de lui répondre
- Cette faux ? Et... Puis-je savoir comment vous m'avez retrouvé et pourquoi vous venez la récupérer à 2h00 du matin vêtue de ce magnifique apparat ?
Il avait accompagné la fin de sa question d'un petit geste pour la désigner, puis il passa sa main dans sa crinière balançant une figurine de Gorgosaurus dans son cou viril. Elle se racla la gorge
- Et bien... C'est pour mon cosplay... Pour...Halloween....
- Halloween ? Mais c'est déjà passé !
Elle cligna des yeux
- Oui mais euh.... Chez moi on fête Halloween en Décembre...
Il la regarda étonné avant de hausser les épaules
- Peut-être mais cette faux me paraît d'une bien grande valeur pour un quelconque accessoire... Et puis vous n'avez pas répondu à mes autres questions mademoiselle...
Il avait remonté une de ses manche et la manière dont il l'appelait "mademoiselle" accaparait tant son esprit qu'elle lâcha sans réaliser
- En fait je suis la Mort et c'est ma faux qui me permet de contrôler l'humanité et la seule chose capable de me soumettre et de donner des pouvoirs immenses, incommensurables, la toute-puissance la plus complète, et l'immortalité à un humain et j'aimerai bien la récupérer.
Patrice resta silencieux, écarquillant les yeux. Soudain, elle réalisa ce qu'elle venait de dire et elle en perdit son équilibre, glissant et tombant du capo. Elle avait horriblement honte. Elle venait de très certainement ruiner son maquillage en tombant face contre terre. Et puis elle avait aussi révélé son secret.
Elle se redressa présent épousseta sa robe et sortant son miroir de poche pour refaire son maquillage. Patrice était toujours silencieux. Finalement elle rangea le miroir et lui demanda
- Alors ? Tu vieux bien me la rendre ?
Il enroula un Ankylosaurus autour de son index d'un air songeur, et Mort afficha son plus beau sourire, mais qu'elle sentait coincé par l'apréhension. Succomberait-il à son charme malgré sa chute et accepterait-il ? Ou bien lui donnerait-elle des conditions ? Ou bien dans le pire des cas il refuserait tout net...
Il releva la tête et il dit sa voix ronronnant sensuellement
- Je te la rendrai si tu m'aides à faire un petit rien du tout...
Elle se détendit tandis qu'une pointe de déception lui pinçait le coeur. Les conditions... Elle avait espéré qu'il soit plus sensible à son considère le sex-appeal.. Patrice continua
- Vois-tu j'adore les dinosaures, et j'adore mes cheveux... C'est pourquoi j'aimerais que tu m'aides à voler un os de Déinonichus au musée d'histoire préhistorique pour que je l'accroche dans ma chevelure... Qu'en dis-tu, si tu m'aides je te rendrai ta faux.
Elle redressa la tête. La perspective de voler un musée en sa compagnie la faisait frissonner d'adrénaline.
- Entendu ! Marché conclu !
Il la regarda ensuite et demanda
- Et... Avec tes pouvoirs de Mort, tu ne pourrais pas nous y amener en un claquement de doigts, ou quelques chose du genre ?
Elle se mordit savamment la lèvre (elle s'était entraînée devant le miroir) et posa une main sur sa joie d'un air désolé
- Je suis confuse, je crains que je n'aie pas ce genre de pouvoir... Je me déplace en taxi....
Il fronça un peu un sourcil.
- Et bien nous allons le reprendre, ma voiture n'a plus d'essence...
- Prend la faux !
Ils appelèrent un taxi, qui les déposa devant le musée. Pendant la route, Mort profita de chaque virage pour, simulant d'être emportée par la force centrifuge, se presser contre Patrice et elle fut déçue lorsqu'ils arrivèrent.
Devant les marchés menant à la grande entrée, évidement fermée, l'homme qui aime les cheveux et les dinosaures lui demanda
- Alors, comment fait-on ?
- Ça ne sera pas très compliqué
lui assura-t elle. Elle claqua de la langue trois fois, et à la troisième, la porte s'ouvrit. Elle s'y engagea en balançant les épaules et mettant bien ses hanches en valeurs, sans un regard en arrière. Elle voulait paraître forte et sûre d'elle.
Patrice attrapa son bras et le contact la fit frissonner.
- Attend ! Et les sécurités ?!
- Désactivées.
Puis elle se tourna et s'engagea dans les bâtiments.
Il finit par la suivre elle l'entendit grommeler
- Un claquement de langue et on désactive toutes les sécurités, mais alors se téléporte ça non...
Ils traversèrent l'accueil, dont le haut plafond était une magnifique mosaïque sur laquelle la pâle lumière de la lune se brisait en copeaux laiteux qui venait se poser sur les murs et les colonnes avec la douceur d'un rêve.
Puis il montèrent un étage et, circula et d'une salle à l'autre tombèrent nez à nez avec l'imposant squelette de Déinonichus. Patrice, ravi, se précipita sur la patte du dinosaure et tient reprit de détacher une griffe à l'animal préhistorique. Puis il se tourna vers Mort.
- Allons-y j'ai ce qu'il faut !
Il firent le chemin inverse mais au deuxième étage, Patrice trébucha et s'emmêla les pieds dans une corde de sécurité et s'écrasa contre la vitre d'un ancien vase précieux. Une alarme résonna alors dans tout le musée. Une sirène stridente et assourdissante qui couvrit la voix de l'homme qui était tombé lorsqu'il demanda étonné à Mort
- Je croyais que tu avais tout désactivé ?!
Elle ne répondit pas, mais elle attrapa son poignet et le tira vers la sortie. Mais ils réalisèrent très vite que toutes les sorties avaient été bloquées par de lourd rideaux grillagés pour enfermer les voleurs à l'intérieur du bâtiment.
Soudain les bruits des voitures de police leur parvinrent malgré la sirène d'alarme qui limitait leur ouïe. Patrice commença à paniquer. Mort elle était très calme, la seule chose qu'elle redouta était que Patrice se fâche contre elle pour avoir négligé certaines alarmes qu'elle pensait inutile de désactiver.
Quand les policiers entrèrent à la volée dans l'accueil du musées, il ne virent qu'une forme tourbillonnante vêtues de draps noirs déchirés, flottant dans un courant d'air venant de nul part et qui hurlait comme un ouragan à leurs oreilles. En son sein, un gigantesque squelette les dominait, fixant de ses orbites creux les pauvres hommes terrifiés.
Elle attrapa la faux des mains d'un Patrice ahurie qui ne dit rien pour la retenir et celle-ci grandie de quatre fois sa taille originelle. Elle faucha l'air et trois de entre eux s'effondrèrent comme des poupées de chiffons, la plupart prirent leurs jambes à leurs cous en criant qu'ils avaient vu la Mort elle-même, quelqu'uns restèrent pétrifiés. L'un d'entre eux se fit dessus et un autre s'évanouit tout simplement.
La faux continua sa courbe et traversa la porte close du musée.
Patrice s'était jeté au sol, de peur d'être touché par la faux géante. Le bruit autour de lui s'était calmé et il osa relever la tête.
Face à lui, Mort, celle qu'il avait rencontré, recoiffait ses cheveux en pestant contre ces maudits courants d'air. L'immense squelette vêtue de noir et armé de sa faux géant s'était volatilisé. Elle se tourna soudain vers lui, et, rougissant un peu, elle fit un petit sourire, qui plissa encore un peu plus les rides aux coin de ses yeux.
- Aller viens. Maintenant les portes sont ouvertes. Je te raccompagne chez toi, et je paye le taxi.
Il resta une seconde silencieux avant de s'écrier
- Ah bah si tu paie le taxi j'arrive tout de suite !
Et il lui emboîta le pas. Elle avait posé la faux redevenue de taille normale sur son épaule et se promenait nonchalamment avec. Pendant le trajet du retour, Mort fit comme â l'aller, se pencha au maximum dans les virages pour se coller à l'épaule de Patrice qui entreprenait de savoir où il avait mettre son os de Déinonichus dans sa longue chevelure.
Il furent assez vite de retour dans le parking du coiffeur. Mort proposa à Patrice un café à la purée de cacahuète qu'elle sortit de nul part. Ils le burent en discutant de comment mette en valeur l'os au milieu des figurines en plastiques, et Mort suggéra d'accrocher le Stégosaurus et l'allosaurus de chaque côté de l'os et de le mettre en travers de ses cheveux pour les figurines retombent aux niveau de ses oreilles.
Puis ils continuèrent de discuter
- Alors comme ça tu fais de la flûte nasale ?
- En effet, le terme correct est Vivo.
Se vanta Patrice. Dans un même geste il pencha son siège, saisit quelque chose à l'arrière et remonta son siège. Il tenait dans sa main une flûte en bambou.
- C'est une tradition tahitienne vieille de centaines d'années. Il n'est pas aisé d'en jouer, mais je peux me vanter d'être l'u. Des meilleurs joueurs de flûte nasales encore vivant de cette planète
Sur la demande de Mort, il lui joua un petit morceaux sur lequel elle s'extasia. Puis une fois finie il continua
- Veux-tu savoir comment j'ai eut mon œil de verre ?
Elle acquiesça vivement
- Et bien, figure-toi que j'ai eus une enfance très difficile... Je me faisais battre par mes meubles qui me frappaient quand je tombait sur eux, et pour cacher mes marques de coup, je portais des cols montant. Or je suis allergique à la laine
- À la laine ?
- Oui à la laine. Et un jour j'ai porté un col montant en laine par erreur.
- Par erreur ?
- Oui, et j'étais un peu malade. J'ai respiré trop fort et un fil m'est rentré dans le nez.
- Dans le nez ?
- Oui dans le nez, et j'ai dû être amené à l'hôpital, où on m'a opéré.
- Opéré ?
- Oui, et figure-toi que c'est là que ça devint incroyable, on a retrouvé un médaillon dans mon canal nasal droit.
- Canal nasal droit ?
- Oui, et dans ce médaillon, il y avait une carte, pliée en 8. Et cette carte menait au trésor de Rachmaninoff. Que je n'ai pas trouvé, mais tout de même ! Il y avait une carte, dans un médaillon, dans mon nez ! Et c'est ce qui me gênait pour jouer du vivo. Après ça je suis devenu bien plus doué !
- Incroyable !
- Et alors ? Est-ce que la Mort à des hobbies ?
Elle posa la main sur sa joue et lui répondit de un air minoré
- Pas vraiment... La plupart du temps je tue des malades, des blessées, ou des vieux, et je me promène en taxis pour faire du shopping, et je tue les vendeuses mal élevées aussi... Mais j'ai bien une passion...
- Ah oui et quelle est-elle ?
- J'ai une passion pour la purée de cacahuète...
Il s'exclama
- Oh ! Je crois que j'en aie justement ici !
Il sortit de la boîte à gant un pot de beurre de cacahuète. Mort le prit et en un coup d'œil, elle sembla avoir jugé comme mauvais le produit. elle fit une petite grimace.
- Ça c'est du beurre de cacahuète.
- Ah bon, et quelle est la différence ?
Elle expliqua très professionnelle
- Le beurre de cacahuète est composé de cacahuète et d'huile de mauvaise qualité comme l'huile de palme ou de tournesol, alors que la purée n'est faite que de cacahuète ! Ce qui est bien meilleur pour la santé et tout aussi bon !
Soudain un bruit d'eau fit sursauter Mort. Patrice rit un peu avant de se pencher pour attraper quelque chose dans le coffre.
- Je te présente Francis mon caïman nain à lunette albinos ! N'est-il pas magnifique ! Je l'aime plus que tout, c'est mon trésor, j'ai vendu mon rein à des trafiquants d'organes pour l'obtenir !
Ils en rient un peu, finirent leur café à la purée de cacahuète et puis il fut de temps de se dire au revoir. Patrice faisait soudain une drôle de tête et semblait incommodé et Mort se tourna vers lui pour lui expliquer très simplement
- J'ai mis un puissant aphrodisiaque dans le café.
Il tourna violemment la tête vers elle.
*pour des raisons évidente de bienséance, la scène suivante à été censurée. Nous vous proposons à la place ce petit documentaire sur la langouste*
[Un GIF ou vidéo devrait être inséré ici. Veuillez mettre à jour l'application pour le voir.]
~ un temps indéterminé plus tard ~
Patrice claqua violemment la porte de sa twingo derrière Mort, les larmes aux yeux.
- Mais Patou...
- Ne m'appelle pas Patou ! Femme malhonnête ! Tu m'as drogué !
- Mais non ! Je...
Elle tenta de retenir la fenêtre que Patrice refermait sans lui jeter un regard
- Patriiiiiiiiiiiice !
Il ne tourna pas la tête vers elle. Elle tomba à genoux en pleurant. Patrice, tourné vers la fenêtre opposé, ne semblait pas vouloir lui parler.
Elles était pétrie de tristesse, elle se sentait laide, vieille, et délaissée. Elle laissa couler ses larmes qui roulèrent sur ses joues jusqu'à ses pieds et vinrent toucher les brins d'herbes qui dépassaient du gravier et de la poussière du parking. Les fines tiges vertes tendres brunirent et moururent à leurs contact.
Mort, à cette vision, reprit conscience de sa statut. Elle était la Mort ! Elle avait sa faux ! Elle n'avait pas besoin qu'on lui donne d'autorisation pour faire ce que bon lui semblait !
Elle se sentie très colère. Comment osait-on repousser la mort !
Elle se remit debout, essuya ses larmes et reprit sa véritable apparence, amenant autour d'elle le vent des cris des âmes torturées dont elle s'entouraient. Sa robe noire et déchirée (qu'elle trouvait cruellement démodée) remplaça sa petite robe à bretelles bleues et elle déploya sa faux de toute sa réelle splendeur, avant de lui faire décrire un large arc-de cercle qui traversa le véhicule. Au dernier moment, Patrice tourna la tête vers elle, et à l'instant où son regard croisa le sien, elle faillit, son cœur se pinça, et son artefact ne faucha pas l'âme de Patrice.
À la place, il prit la vie de Francis, le caïman adoré de Patrice...
Soudain la colère de Mort se calma pour laisser place à l'horreur et au regret. Qu'avait-elle fait ?!
Elle ouvrit la portière pour demander pardon à Patrice. Mais elle trouva celui-ci, tenant le corps inerte de son caïman nain à lunettes albinos dans ses mains en coupe. Il n'y avait plus la moindre vie qui abritait ce petit corps mouillé qui déjà se raidissait.
Elle observa Patrice, son souffle coupée par l'appréhension de sa réaction. Il lui avait bien fait comprendre à quel point ce caïman était important pour lui.
Soudain elle vit un autre homme.
Ses cheveux ne parurent pas si éclatants, ses figurines ridicules, sa voiture miteuse, son œil de verre repoussant, ses vêtements usés, ses épaules courbes, son visage fatigué.
Elle resta sans voix, incapable de penser à un mort d'excuse, car aucun mot ne pouvait pardonner son geste, aucun mot de pouvait ramener son caïman, aucun mot ne pouvait réparer les erreurs de la Mort.
Elle ne faisait que détruire. Elle apportait le malheur. Elle pensait avoir affronté cette réalité il y a longtemps, et elle avait finie par se détacher de tous sentiments de culpabilité lorsqu'elle faisait son travail, jouait son rôle, mais au fond la nature de sa personne et de ses actes la rongeaient. Elle se méprisait, elle méprisait les larmes qu'elle faisait couler, elle méprisait le malheur qu'elle semait, le manque, la solitude, toutes ces émotions qui venaient et toutes celles qui disparaissaient quand elle enlevait une vie de plus. Noyer les cœurs et creuser l'absence d'une personne, d'une personnalité, d'un être unique, qui d'un jour au lendemain cessait d'exister, c'est la seule chose qu'elle savait faire.
Soudain, elle vit un petit éclat qui scintilla un court instant avant de disparaître dans l'air, comme un diamant éphémère qui était tombé directement du coeur de Patrice. Une petite larme qui débordait de la digue de la paupière de l'homme brisé et emportée par la gravité, coulait jusqu'au sol, comme cette goutte salée emportait la joie de Patrice avec elle.
Mort réalisa à quel point cet homme était en vérité seul et démuni, cachant sa faiblesse derrière son excentricité, ajoutant bizarrerie sur bizarrerie pour que les gens ne voit pas toute les choses pathétiques et honteuses qu'il voulait faire disparaître. Elle s'y reconnue. Car elle, dissimulait sa solitude et son dégoût d'elle-même dans sa coquetterie excessive et ses manières de jeune fille, malgré les rides, qu'elle haïssait, qui sillonnait son visage comme autant de cicatrice du temps, qu'elle ne pouvait effacer malgré sa tonne de fond de teint. Elle était destinée à être détestée et laide. Personne ne voudrait jamais d'elle.
Elle se sentie ridicule et idiote.
Mort, lâcha simplement, incapable d'exprimer plus sincèrement son regret
- Je suis désolée.
Et elle fit demi-tour sans un regard en arrière, et d'un claquement de doigt, elle se téléporta au Groenland, là où elle pouvait anesthésier sa douleur par le froid mordant du grand nord.
Suite à cela, Patrice, coupa ses cheveux, devint gardien du musée, remis l'os en place discrètement, s'acheta une voiture plus spacieuse, et enterra son caïman sous un vieux tilleuls avec les figurines en plastiques,en forme de cœur autour de lui. Il fit également un porte-feuille avec ses écailles pour qu'il reste toujours un part de lui avec lui. Il commença à placer systématiquement son porte-feuille au niveau de son cœur.
Mort quant à elle, arrêta de revêtir l'apparence qu'elle avait l'habitude de prendre pour se contenter du physique d'une sage vieille femme, assumant enfin la réalité de ce qu'elle était. Elle éleva un lama unijambiste. qui n'avait donc qu'une seule patte sur quatre, et qui ne pouvais pas marcher, et l'appela Patou, en mémoire de Patrice.
Ils ne se revirent plus jamais, mais ne s'oublièrent pas.
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