Jean Dupon

Jean Dupon est né le 1er janvier 1970, à Lyon, en France . Ses parents furent les plus heureux du monde à sa naissance, et lui donnèrent un nom parfaitement banal comme preuve d'amour. En effet, dans la famille Dupon, la banalité était signe de supériorité. Tout devait être banal, de la maison jusqu'à l'entourage. C'était un principe qui devait être respecté et enseigné au petit Jean au plus vite.

Il s'installèrent donc dans une ville banale du nom ( tout aussi banal) de Villebon, dans une maison ni trop grande, ni trop petite, normale, dans un quartier du nom de "rue des Rosiers" qui était d'une banalité affligeante. Le petit Jean grandit donc dans une atmosphère ordinaire, trop ordinaire. Et ses parents étaient contents de constater que leurs fils grandissait normalement. Il se mit debout à 1 ans. Perdit sa première dent à 5. Et d'autres choses tout aussi ennuyeuses pour d'autres, mais qui faisaient de ses parents les plus heureux du monde. À l'école, il était connu pour être quelqu'un de normal , qui n'avait pas grand caractère et qui avait des notes moyennes. Ses amis, bouillonnants d'énergie , trouvaient ses réactions ennuyeuses, mais sa présence permettait d'"équilibrer le groupe" , en quelque sorte.

Parfois, ses cousins ( aussi banals que lui ) venaient le voir avec le reste de sa famille . Les Dupons, ( qui étaient une famille de taille moyenne) aimaient se réunir le jour de Noël, car il s'agissait du jour normal pour le faire. Parfois, quelques "grands cousins", oncles et tantes excentriques venaient. Comme le cousin Alexandre, qui était champion de skate, ou l'oncle Tom, qui était chanteur dans un groupe de pop. Il parlaient de leurs rêves de grandeur, et le reste de la famille les écoutait, puis secouait la tête affectueusement en pensant " Ah, les déviants !". Parfois, l'un des marginaux faisait remarquer que la recherche frénétique de la banalité de cette famille était justement tout sauf banale , et alors la famille toute entière écarquillait les yeux , frappée par la vérité de cette affirmation, puis se ressaisissait et pensait " Ah, les déviants! ".

Jean Dupon continua ses études dans la voie que lui avaient assignés ses parents, à savoir créateur de graphiques pour une société quelconque. Après le lycée, il partit donc dans une université spécialisée en graphiques , et y passa 5 ans. 5 années de vie étudiante parfaitement normale, excepté qu'il n'avait pas de petite amie. Mais il n'avait pas le temps de trouver une petite amie banale. Il était trop occupé à faire ses études normalement.

Finalement, il fut embauché afin de réaliser des graphiques de ventes et d'achats dans une société qui vendait des tronçonneuses . C'était un boulot respectable, et qui payait bien. Le problème étant qu'il devait loger à la capitale, Paris, ce qui n'était pas très banal…

Mais Jean était un adulte. Il n'avait pas besoin de l'avis de ses parents. Il partit donc à la capitale.

Au fil des années, il monta dans les échelons de l'entreprise, mais refusait toujours de prendre les postes trop haut placés, pour ne pas jouer avec le feu.

Mais… Un jour, ce fut le confinement. L'entreprise ferma momentanément ses portes. Et il était coincé chez lui.

Dans ce petit appartement parisiens, il ne savait pas quoi faire de banal. Car en soit… La situation n'était PAS normale. Qu'est-ce qui était normal, et qu'est-ce qui ne l'était pas dans ce cas ?

Après réflexion, il se dit que peut-être que aller sur facebook serait adapté , vu que les gens le faisait tous en ce moment. Il se connecta donc, et mit des likes aux photos et aux articles qui lui semblaient les plus banale. Un jardin , des balcons parisiens, des photos de géranium… Cependant, la personne qui avait posté la photo de géranium le contacta ensuite et le harcela pour savoir pourquoi il avait mit "j'aime" à cette photo. Il ne lui répondit pas, car harceler quelqu'un à ce point pour des géranium était bizarre. Et puis c'était quoi ce nom, " Hristina " ? Personne ne pouvait avoir un nom aussi anormal, se devait être un pseudo stupide….

Refroidit par cette mauvaise expérience, Jean ne retourna pas sur Facebook. Et il était consumé par l'ennui. Il relut alors sa bibliothèque de livre plusieurs fois, mais il finit par retomber dans l'ennui le plus total. En désespoir de cause, il partit alors voir sa voisine ( qui avait un âge respectable) , Mme Flora ,afin de lui demander si elle pouvait lui prêter un livre . Celle-ci semblait assez contrariée, mais prit un vieux livre de sa bibliothèque et le donna à Jean.

Celui-ci retourna dans son appartement , et ouvrit le livre afin de commencer à le lire; Mais, il se rendit compte d'un détail… Il était en Grec ! Il ne pouvait donc pas le lire. Mais la perspective de tomber une nouvelle fois dans l'ennui total le désespérait … Alors, une folle idée germa dans son esprit.

Et si… ? Non ce serait indécent. Et pourtant …

Et si il essayait de le traduire ?

On trouvait de tout sur internet, et ça pouvait lui faire passer le temps …

Ses parents avaient tenu à ce qu'il apprenne également l'anglais , mais pas une langue de plus, car "sa sortait de l'ordinaire". Cependant, ils ne le sauraient jamais.

Alors, il partit sur internet à la recherche de cours en ligne pour le Grec.

Il trouva un site intéressant, et commença à apprendre.

Et ce fut… une révolution.

A chaque symbole qu'il décryptais et qu'il apprenait, il avait l'impression de découvrir de nouveaux mondes.

En quelques semaines, il apprit l'alphabet Grec, et s'attaqua au vocabulaire. Une langue entière, et nouvelle à apprendre… Il avait trouvé sa vocation. Au diable la banalité ! Même si cela devait prendre le reste de sa vie, il apprendra cette langue, et lira le livre, puis d'autres encore !

Aujourd'hui, Jean est en train d'apprendre la conjugaison du présent de l'indicatif en grec, et il avance vite .

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