Une rose pour le peintre
Il contempla sa toile de loin, reculant de quelques pas. Son poignet lui rappelait tous l'effort qu'il avait mis dans cette peinture, qui semblait devant ses yeux exploser de couleur. Des gouttes de couleur éclatante coulaient par si et par là, donnant à la toile un aspect dramatique, mais chaleureux. Les mélanges de couleurs, quoique étrange, se mariaient tous délicieusement entre eux. Il sourit, de bonheur, mais aussi d'une certaine satisfaction. Il sentit l'air à l'odeur d'huile remplir ses narines, puis ses poumons.
Cela faisait des mois qu'il n'arrivait plus à peindre, mais un beau matin alors qu'il allait chercher son pain dans la boulangerie d'à côté, il fut une étrange rencontre. Un vieil homme marchait, des roses dans une main, une canne dans l'autre. Son dos recourbé et son pas lourd caractérisait son vieil âge, mais il souriait malgré tout. Il continuait d'avancer sans broncher, une motivation inconnue rayonnant dans ses yeux. Alors que le peintre tenait la porte pour laisser entrer le vieil homme dans la boulangerie, celui-ci lui tendit une rose. Surpris, il prit quelques secondes avant de prendre la rose qui lui était tendue. Il leva les yeux pour regarder le vieil homme et d'un même coup le remercier du présent, mais son regard ne croisa que du vide. Il regarda autour de lui, confus. Le vieillard avait disparu, ne laissant rien derrière lui. Sauf la petite rose rouge que tenait le peintre. Il entra dans la boulangerie, contemplant la mystérieuse fleur. Le boulanger, habitué de le voir, lui demanda s'il prenait la même chose que d'habitude. Les mots coulèrent de sa bouche sans qu'il ne le veuille.
« Non, je vais vous prendre deux croissants. »
Le boulanger, aillant d'autres clients à servir, lui donna les deux croissants sans poser d'autres questions. Le peintre paya, puis sortit du petit édifice. Il fut soudain frappé par l'inspiration. Il sentit ses jambes s'activer, sentit ses pieds cogner contre le sol de dalles. Il courut chez lui, de peur que cette idée qui lui était arrivée si soudainement ne s'en aille de la même façon. Le souffle court, il dévala les escaliers de l'entrée de sa demeure, déverrouilla la porte et ne pris pas le temps de la barrer. La porte claqua derrière lui alors qu'il montait à quatre à quatre les marches pour aller à son atelier. Il pris un vase en verre qui contenait de vieilles fleurs séchées et y déposa la rose. Il retira la toile qui trainait sans vie sur son chevalet et y plaça délicatement une nouvelle toile blanche. Souriant de toutes ses dents, il prit ses pinceaux et sa peinture.
Il fut éveillé durant toute la nuit, ne voulant pas prendre le temps de dormir. Il avait enfin des idées, elles revenaient à lui comme les milliers de gouttes de pluies qui s'étaient mise à tomber sur son toit. Il riait, dansait, jetant des coups de pinceaux sur sa toile qui n'était plus blanche à présent. Il crut à un miracle, que ce vieillard était un ange venu pour l'aider. Il remercia le ciel, remercia la rose qui ne bougeait pas dans son contenant de verre.
Inspirant une seconde fois, l'odeur de peinture lui restant collé dans les narines, il s'étira. Le soleil était déjà élevé dans le paysage, le peintre n'avait pas dormi pour plus d'une journée. Malgré tout, il ne se sentait étonnamment pas épuisé. Surement l'excitement, pensa-t-il. Se rappelant soudain qu'il n'avait pas verrouillé sa porte, il descendit au rez-de-chaussez pour le faire. Il en profita pour se diriger vers sa chambre et se glisser sous les draps. Il s'assoupit rapidement, malgré la lumière qui inondait la pièce.
Au moment où il s'endormit, la rose qu'il avait déposée dans le vase disparut. Comme le vieillard, elle n'avait jamais existé...
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