La tête vide

Les yeux vagabonds

Ne sachant pas sur quoi s'arrêter

Voici alors le sentiment

translucide

Qui semble m'envahir

Assis

Là

Au milieu du pré

Les herbes hautes me cachent

Je reste assis

Seul

Profiter de tout et de rien en même temps

Je ne sais pas qui je suis

Ni où je devrais être cette nuit

Mais je reste ici

Indécis

Dans cet endroit assombri

Vient alors une simple idée

Elle trotte là

Saute, autour de moi

Elle commence à marcher alors

et s'arrête de son plein gré

Au loin, elle me pointe une oie

Blanche, libre, volant dans les cieux

L'oiseau reste prudent

Guette autour de lui sans répit

Elle prend alors son dernier envol

Je la vois tomber

Elle fend l'air

Tel un gros grêlon un jour d'hiver

Nos yeux se croisent

S'entremêlent lors d'un court instant

Ses émotions m'envahissent

Mes yeux sont un carrousel d'images

Images de sa vie

Je n'ai pas mal

L'oie accepte son sort

Se laisse glisser dans le vent

C'est beau

Elle aurait pu battre des ailes

Trop tard

Elle avait compris sa disgrâce

Je l'observe jusqu'aux derniers instants

Lui fait mes adieux

La surface de l'eau est brisée

Forme de petites ridules

Saturne au milieu de ses anneaux

Un bonheur m'envahit

J'ai vu qu'elle avait souffert

Je ressentais sa paix, sa reconnaissance

La vie avait exaucé son voeu

Qui suis-je au milieu de tout ça?

Je me suis remis à marcher

Peu importe, je crois

Je suis ici

Je marche

Je vis

J'accepte au temps de faire les choses

Tout en continuant de vivre

Et puis un jour

Je pourrai tout faire à ma guise

Et cesser de battre mes ailes

Le vent saura me porter