Bonjour à tous et à toutes !
Je reviens avec quelques moments drôles ou émouvants de mes premières prospections.
Comme je vous l'ai expliqué, quand on prospecte on marche dans une champ, or, ce champ il appartient à quelqu'un...
Agriculteurs en colère, chien monstrueux et charge au tracteur.
Nous voilà partis faire notre champ absolument immense dans la joie et la bonne humeur d'un matin glacial. Ma ligne terminée je m'installe sur le bord du champ et commence à trier et compter mes découvertes, lorsque soudain j'entends une voix derrière moi. C'était le propriétaire du champ avec son collaborateur, assez surpris de voir une couillonne inspecter des bouts de céramique.
Il me demande donc ce que je fais là et je balbutie qu'il s'agit de prospections archéologiques, il me regarde bizarrement et commence à s'inquiéter évoquant un chien dangereux qui aurait pu nous bouffer s'il ne l'avait pas enfermé, je lui dis alors notre superviseur est dans le coin. Heureusement une collègue vient à ma rescousse et va chercher notre superviseur tandis que je reste avec les propriétaires.
C.V. arrive tel le Messie et commence la discussion afin de les rassurer. Il commence par se présenter et leur demande, feignant l'étonnement, s'ils n'ont pas reçu le mail de la mairie. Et bien évidemment, ils n'ont rien reçu.
Le propriétaire s'énerve tout de même un peu, pas ravi de ne pas avoir été prévenu et C.V tente de l'amadouer. Il glisse rapidement qu'il est du coin, et là bizarrement les deux hommes s'adoucissent. Ils lui redemandent son nom de famille et se rappellent de son grand-père. Et là, c'est gagné !
Ils blaguent un peu avec C.V et partent vaquer à leur occupation. Nous continuons donc et un peu plus tard j'aperçois le chien en question. Il s'agissait d'un bouvier-bernois, un chien très gentil qui ne croquerait personne.
En ce qui concerne la réaction des propriétaires, je dois dire que je comprends, voir dix pélos arpenter votre champ en ramassant des trucs, ça doit faire un peu bizarre...
Nous avons eu aussi un autre problème avec un propriétaire. C.V. avait déjà eu affaire à lui un an auparavant et il préférait aller le voir après nous avoir placé sur nos lignes.
Avec deux collègues ont été assez proches du chemin reliant le champ à la ferme, et C.V était à l'opposé. Déjà en train de zyeuter à mes pieds j'entends ma collègue de gauche crier après C.V.
Le propriétaire arrivait, en tracteur, à fond les ballons.
Je regarde un peu paniquée ma camarade qui trépignait sur place. Le tracteur se stoppe en voyant C.V courir dans le champ pour aller à sa rencontre.
A près de cents mètres on entendait des éclats de voix et C.V faire de grands gestes. au bout d'un moment il se retourne vers nous, faisant signe de commencer.
Le champ était assez pauvre en matériel, ce fut vite plié. Et pendant ce temps là, C.V semblait avoir réglé le problème, le propriétaire était parti.
Ma camarade lui demande comment ça s'est passé et C.V nous répond un sourire aux lèvres "un peu rude."
Il nous explique que le propriétaire n'avait pas vraiment apprécié de nous voir et qu'il avait vu rouge. C.V avait tenté de le calmer en se présentant d'abord mais il n'arrivait pas en placer une, le monsieur vociférant comme un diable, nous "traitant" d'écologistes venus faire des trous dans son champ.
C.V nous sourit et nous confie que parfois, il faut savoir s'énerver. Il lui a répondu avec sa grosse voix "Nous ne sommes pas écologistes ! Mais archéologues !"
En réalité, un matin l'agriculteur est arrivé sur l'un de ses champs, près de l'autoroute et l'avait découvert ravagé, perdant ainsi toute sa récolte, des écologistes étant venus faire des sondages sans le prévenir...
Conclusion à ces histoires : -L'administration est partout la même (je pourrais vous en raconter une bonne sur celle de la fac...), ça ne transmet rien même avec 3 mois de délais.
- Savoir respecter le travail des agriculteurs.
C.V étant lui-même d'une famille d'agriculteurs, il évite de faire ses prospections quand les champs sont semés, et essaye d'avoir des relations cordiales avec eux aussi.
En effet, dans le milieu universitaire (en archéologie) certains ne se privent pas de marcher sur les récoltes, bousillant le labeur et les revenus de ces personnes et s'ils rencontrent des problèmes, brandissent leur papier signé de la Préfecture, leur accordant le droit de prospecter en toute tranquillité.
Alors forcément, les propriétaires sont méfiants et peu enclins à être sympathiques avec des personnes croyant que la Culture supplante absolument tout. Sauf qu'on a besoin de tout pour faire un monde, et ce n'est pas en méprisant et en narguant de ses diplômes universitaires d'autres que soi, que l'on sera plus respecté et apprécié.
Ô buis ! ô mon amour !
Les deux derniers jours nous avons fait de la prospection en basse montagne, nous avons donc fait un peu de randonnée et grimpé une montagne couverte de végétation.
Tranquilles sous les feuillages des arbres à enlever les feuilles mortes pour trouver de la céramique ça va.
Car oui, avant d'y avoir de la forêt, il n'y avait rien. Enfin si, des structures protohistoriques, antiques et médiévales qui ont disparues et puis la montagne fut gagnée par la végétation.
Notre première montagne était couverte de forêts et de buis. Mais kesako que le buis ?
Des purées d'arbustes hyper bas ! L'enfer des grands ! Et JE SUIS grande !
J'ai essayé d'esquiver tout la journée ces fichus trucs qui bordaient nos zones de recherche, mais voilà, C.V a définit une zone pile dans une pente avec que du buis...
J'ai cru mourir au début, je me prenais des branches dans la figure, se glissant dans mes manches et mes chaussures, piquant mon popotin !
On y a passé toute l'après-midi dans ces fichus buis, mais bon je dois l'admettre, il y faisait bon !
On y a trouvé pas mal de choses aussi, perso, un joli nombre d'asticot. Je les ai appelé Coco, tous. Je crois que les asticots m'aiment bien...
Mais en même temps c'était assez émouvant.
On tenait dans nos mains des vestiges pour certains vieux de 4 000 ans. Jadis, il y avait palissades, des gens vivaient sur ces pentes, y circulaient et jetaient sans faire plus attention à cela leurs morceaux de céramiques brisées. Et aujourd'hui, tous sont morts depuis longtemps, ils ne restent que ces bouts, jetés par leur propriétaires les jugeant inutiles, mais qui pour nous sont un trésor.
Tomber sur un os.
Le dernier jour, nous voilà partis trouver un château perdu dans une autre montagne (sans buis).
On prospecte sur les pentes de la motte castrale et on ne trouve pas grand chose. On passe derrière le château, sur une autre pente, juste ne dessous de la position supposée de la aula, salle principale du château. On se retrouve donc au pied de la pente, à batailler avec des arbustes pour se frayer un chemin, comme Indiana Jones mais sans machette et flingue.
On se pose chacun dans un coin et on commence à soulever les feuilles. Et là ! Que de découvertes ! Forcément, on était littéralement dans la poubelle du château.
A côté de moi j'entends que ça trouve des dents, une défense et même un bout de mâchoire ! Moi je trouve de la céramiques, un joli bord d'ailleurs. Puis, je prends un truc qui m'a l'air suspect. On dirait de la céramique noire !
Je la touche et je vois qu'elle est un peu flexible. Je me dis alors que ça ne peut-pas être de la céramique noire, mais en même temps ça ne ressemble pas à de l'écorce...
Suivant la technique pour trouver de la céramique noire, je décide de voir à quoi ressemble l'intérieur. Je mords alors dedans et casse un morceau, l'intérieur me semble louche.
Ça n'a évidement pas le goût de céramique mais pas non plus celui de l'écorce. Je demande alors à C.V.
"-C. ! J'ai trouvé ça mais je ne sais pas de quoi il s'agit ! C'est pas de la céramique, mais c'est pas de l'écorce.
- Mmm... C'est de l'os.
-Ah."
J'ai croqué dans de l'os médiéval. Génial !
Le Bois...des milles plaisirs.
Alors là, c'est tout simplement LA blague des prospections. Laissez moi vous conter.
Au bout d'une route, il y a une forêt, accolée à l'autoroute, ne menant absolument sur aucune sortie ou autre.
Lorsque les prospections prenaient place dans un champ adjacent, tout le monde a remarqué un étrange ballet sur la route.
Des voitures allaient et venaient à toute heure de la journée vers la forêt et en repartaient, uniquement conduites par des hommes seuls. Les conducteurs, veillant à ne pas reconnaître des gens parmi les prospecteurs...
C.V. avait amené le conseil municipal sur le champ (car une villa gallo-romaine avait été découverte), le ballet semblait un peu perturbé. En effet, dès que le maire et le conseil étaient aperçus par les voitures, les conducteurs faisaient brutalement demi-tour tout en prenant soin de se cacher le visage.
Les membres du conseil avaient déjà prévenus C. En effet, s'il cherchait dans le coin, il ne trouverait pas que de la céramique, et pour cause.
Le bois est en réalité un lieu de rendez-vous galants, pour les hommes mariés uniquement.
Cette histoire a été la source de la majorité des blagues durant la semaine, et même encore après... Mais ça ferait très certainement un super sujet d'étude d'anthropologie !
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