Les Créateurs

[Temporalité : avant tout]

« C'est terminé. Le combat est enfin fini. »

L'homme en armure indigo planta sa longue épée enchantée dans la terre avant de soupirer de fatigue et de retirer son casque. Il agita ses cheveux blancs mi-longs pour se recoiffer avant de regarder ses compagnons se rapprocher de lui d'un pas lent.

À sa droite, Onhild, une femme gigantesque aux cheveux rouges coupés au carré, rangeait ses nombreuses armes de ses six bras. Son armure était couverte de sang noir, tout comme ses lames, mais la guerrière n'en avait que faire et était soulagé d'en avoir enfin fini.

À sa gauche, Nyosang, le plus sage du groupe. Ses longs cheveux gris ayant perdu leur couleur à cause d'une utilisation trop intensive de la magie, trainaient au sol malgré son sort de lévitation. En effet, durant le combat, le puissant mage avait malheureusement perdu l'usage de ses jambes mais les sortilèges jetés sur sa robe mauve lui permettaient de se mouvoir avec beaucoup de liberté.

Et enfin arrivait sa femme Anorra, une elfe aux longs cheveux bleu foncé dont les pointes se rapprochaient du violet, à la tenue de danseuse orientale aux mêmes couleurs que ses cheveux, des dorures en plus. Une sphère de magie flottant à ses côtés soignant peu à peu les blessures visibles sur les nombreuses parties de son corps à découvert avant de se diriger vers Onhild qui avait l'air d'être la plus mal en point du groupe.

« Et maintenant, Heralgar, que fait-on ? » avait demandé Nyosang toujours en train de léviter.

Heralgar fixa son épée runique avant de regarder tour à tour ses camarades de combat et de prendre une voix solennelle :

— C'en est fini du chaos créé par Noarhyen. Les habitants de notre monde vont pouvoir recommencer à vivre... Mais la malédiction du Malin a laissé de lourds dommages que même la plus puissante des magies ne pourrait corriger.

— Ma magie est de l'ordre divin mais jamais je n'arriverais à retransformer tous les habitants de ce monde en humain, répondit Nyosang, peut-être la moitié et encore.

— Ils sont tous devenus des monstres... Il n'y a qu'une infime parcelle d'humanité en eux mais à part cela leur physique et leur nature profonde font d'eux des créatures sauvages. Maudit sois-tu, Noarhyen !

— Que suggères-tu mon amour ? demanda Anorra en caressant la joue d'Heralgar.

L'homme en armure n'était pas le plus cérébral du groupe mais tous se fiaient à ses idées toujours bonnes même si elles étaient souvent saugrenues. C'est ce qui lui avait valu d'être nommé leader de leur quatuor.

Et soudain, l'idée la plus folle qu'il put avoir lui vint à l'esprit.

« Pourquoi ne pas créer un nouveau monde ? »

Ses amis le regardèrent d'un air très surpris avant de soit partir en fou rire, soit s'inquiéter encore plus.

— AHAHAH ! ria Onhild aux éclats. Créer un nouveau monde ? Tu n'aurais pas avalé du sang de Noarhyen pour délirer à ce point ?

— ...Et pourquoi pas ?

Tous se tournèrent vers Nyosang faisant tournoyer une de ses longues mèches dans ses doigts, l'air profondément pensif.

— Tu y crois vraiment Nyo ? l'interrogea Onhild. On parle quand même de créer un monde-là ! Je sais que nous avons tous des pouvoirs divins mais...

— Il ne faut pas le voir de cette façon-là, répondit-il. Notre monde est profondément blessé par les attaques de Noarhyen, nous ne pouvons lever la malédiction pesant sur les humains sauf pour une partie et le globe a été à moitié détruit. Donc...

— On pourrait créer un nouveau monde sur la partie détruite ! s'exclama Anorra soudainement enthousiaste. Pas besoin de créer réellement un autre monde. Il suffit de diviser en deux l'actuel monde et de séparer les deux moitiés par une sorte de portail !

— Ce serait de la folie !

— Ce serait brillant et un nouveau départ pour la majorité de la population, ajouta Heralgar. Imaginez ça : une moitié de monde totalement modelé par nous-même. Pas besoin de créer une population puisque Nyo se chargera d'enlever la malédiction sur la moitié des êtres vivants. On les dispersera un peu partout dans le monde, humain, elfe et nain et on s'assurera que tout se passe bien entre eux !

Onhild était la plus dubitative sur ce projet. Si les deux mages étaient naturellement excités par l'étalage de magie qu'ils allaient produire, l'enthousiasme de l'humain le plus normal du groupe la perturbait.

Créer un monde ne pouvait être si simple.

— Et comment on gère la création des reliefs ?

— Toi et ta taille géante fois cent, tu peux y arriver !

— Et tout ce qui est saison ? Végétation ? Et même gérer l'ordre du monde ? Je tiens à préciser que créer un monde va sacrément nous mettre sur les rotules.

— Et si... commença Nyosang. Et si Heralgar pouvait créer des gardiens du monde ? Avec l'aide de ton épée runique, tu as la capacité divine de modifier les créatures magiques de notre monde d'origine : tu pourrais en faire des gardiens de l'autre monde. Des dieux.

— Ça va très loin votre délire... soupira Onhild. Même si l'idée est tentante, je ne le sens pas.

Les quatre camarades continuèrent à discuter de l'idée folle pendant des heures, finissant par convaincre Onhild de participer à la création d'un nouveau monde selon des paramètres bien définis.

Un nouveau monde bâti sur les ruines de la moitié de celui d'origine, une population déjà existante avec les trois races dominantes, des créatures magiques pour créer l'environnement et des gardiens divins pour maintenir l'ordre du monde.

S'ils suivaient tous le plan et que leur pouvoir divin était à leur maximum, ils étaient sûrs d'y arriver.

— Donc une séparation par un portail de notre monde et du nouveau ? souligna Onhild. Ingénieux. Et personne à part nous ne pourrait l'activer et le franchir ?

— Non, répondit Anorra, et même s'il y a cette possibilité, des gardiens pourront l'en empêcher. Mêler les deux mondes créerait une trop grande incompréhension et un chaos dans le nouveau.

— As-tu une idée d'où nous pourrions commencer ce nouveau monde, Heralgar ?

L'homme en armure tapa sur le sol de son pied en retirant son épée runique avant de tracer un cercle autour de lui.

— Ici même, là où nous avons tué Noarhyen. Sa plus longue griffe sera la limite du portail et là où son corps gît, nous pourrions créer une terre sainte, notre lien de repos et de surveillance du monde.

— J'aimerais bien un grand palais avec une végétation à en faire pâlir le jardin d'Eden ! s'exclama toute heureuse Anorra en serrant le bras de son homme. On pourrait appeler ces terres, les... Terres Radieuses !

— Ce sera votre havre de paix les tourtereaux ! intervint Onhild. Si je suis destinée à m'occuper de déplacer des continents, il me faut un grand espace vide et assez froid pour me reposer.

Onhild se mit à dessiner sur la terre et avec ses six épées, une esquisse de carte de leur nouveau monde selon toutes les caractéristiques dont ils avaient discuté bien plus tôt.

— Moi, commença-t-elle, je vais aller à l'Ouest, sur les Terres gelées que je rebaptiserais « Givreciel ». Par-delà ces montagnes-là, il y aura assez de place pour accueillir une géante telle que moi quand vous m'aurez poussé à augmenter de cent fois ma taille.

— Si Onhild a son coin de repos il me faut le mien, déclara Nyosang en baissant son doigt vers la carte. Il faut aussi que je reste pas très loin d'elle pour éviter que son réveil ne fasse trop de dégâts donc je vais prendre les terres aux Sud-Ouest sur le même continent. J'appellerais ça les « Terres Pures » ou... « Pure Land ».

— Vu que je suis chargé de toutes les créatures magiques, je resterais sur les Terres Radieuses et construirait un château pour ma bien-aimée. Mais par contre, Anorra, tu as aussi un rôle à jouer.

— Ne t'inquiète pas, j'avais prévu le coup ! Je comptais faire moitié-moitié : me reposer en dernier lieu avec toi dans notre palais mais avant cela m'installer dans ces terres-là, au centre. Les « Terres Vertes », « Greenland ». Je pense que notre sommeil ne durera pas plus d'un millénaire.

Tous acceptèrent chacun leur rôle et position dans la création du monde. Leurs pouvoirs divins réussiraient à faire aboutir leur projet et leur amitié survivrait sans mal au passage du temps.

Quelques heures plus tard, Nyosang et Anorra avaient terminé leurs complexes dessins qui permettraient d'ériger la barrière entre l'ancien et le nouveau monde. Et, avant de l'activer, Onhild mit à nouveau une question essentielle sur la table :

— Mince ! On n'a pas décidé du nom de ce nouveau monde !

— Pourquoi aurait-il un nom ? demanda Nyosang. Notre monde d'origine n'en a pas.

— Oui mais là c'est notre création ! Notre bébé !

— Je n'aime pas trop l'idée d'avoir un bébé avec toi...

— La ferme Nyo ! Une idée vous deux ?

Anorra se tourna vers Heralgar qui se mit à sourire et lever les bras en l'air.

— Et pourquoi pas « le monde d'Heranyon » ?

— Heranyon ?

— Ah oui, partir du chaos pour un renouveau. Je vois, c'est astucieux.

— J'approuve cette idée mon cœur.

— Mais attendez c'est quoi Heranyon ? interrogea Onhild.

— « Heranyon » c'est « Noarhyen », notre némésis et celui dont le corps permettra la naissance de notre... bébé, comme tu aimes l'appeler.

— Ah ! Pas mal en effet ! Tes soudains traits d'esprit vont me manquer, Heralgar. Le rire d'Anorra aussi... Et toi Nyo... Non, tu ne vas pas me manquer.

Tous sauf Nyo se mirent à rire avant d'activer enfin le sortilège de séparation des mondes et de commencer leur projet très ambitieux avec pour bon espoir qu'il serait fabuleux et loin de tous les problèmes créés par Noarhyen.

Un nouveau monde.

Le monde d'Heranyon.



Texte sur les origines de la création du monde d'Heranyon permettant également de comprendre plusieurs éléments non-abordé dans l'univers de Flambée de désir comme l'origine du monde des ténèbres, des monstres, etc...

N'hésitez pas, comme elle, à me proposer plusieurs suggestions d'histoires !

Si ça vous a plus, n'hésitez pas également à voter et à donner votre avis en commentaire.

[A l'attention des gens du RP : ENFIN ! Enfin nous arrivons au bout de notre quête !]

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