Le nécromancien
[Temporalité : avant Flambée de désir et après La complainte de Givreciel]
— Et pourquoi JE ne pourrais pas être roi ?! C'est moi l'aîné !
— TU n'as qu'un quart de siècle en plus mais tu es le plus stupide de nous tous ! MOI je devrais être reine !
— Nous avons été témoin de la déchéance de votre côté de la famille ! Moi je dis que JE devrais être souverain !
Une dizaine de hauts-elfes aux habits couleur or et argent, aux parures exquises et aux coiffures à en faire jalouser les dieux, se battaient dans la salle du trône de Rhapsodia afin de savoir lequel d'entre eux serait le prochain roi du peuple de la cité elfique.
Le roi, ayant exercé ses fonctions pendant un court temps, venait de décédé par les habituels et fourbes moyens que la famille mettait en place chacun leur tour : une quête pour le trône qui durait depuis maintenant une centaine d'années.
Une querelle perpétuelle qui en avait lassé plus d'un et qui avait plongé le royaume elfique du sud dans la décadence alors même que le monde, depuis peu envahi par les monstres du monde des ténèbres, avait besoin d'un leader possédant sagesse et magie.
Et si tu mettais fin à tout ça ? Allez... Je sais que tu désires être puissant ! Tu sais que je peux tout t'accorder si tu me cèdes ta vie. Tu n'as qu'une chose à faire...
Mais alors que les disputes des hauts-elfes de la famille Rhapsody étaient à leur paroxysme, un des membres de la famille restée à l'écart s'avança jusqu'au trône et se planta devant. Sa robe mauve de mage aux décorations d'or accentuait ses yeux violets ainsi que sa longue chevelure blonde donnant un aspect encore plus blanc et pur à sa peau. Contrairement aux membres de sa famille, il ne portait que peu de bijoux mais qu'il les mettait habillement en valeur comme les bagues à ses doigts ou les boucles d'oreilles provenant de son dernier voyage à Givreciel.
Tous se turent, regardant l'elfe ayant le moins sa place près du trône, jusqu'à qu'un des aînés Rhapsody ne prennent la parole.
— Éloigne-toi de cette place Loraelyan, tu n'as rien à y faire.
— Ta branche de la famille est la pire de toute ! rajouta une elfe. Vous n'apportez que honte et déshonneur au nom Rhapsody !
— Allez va-t'en. Retourne à la bibliothèque !
Ils ne purent retenir leur rire moqueur alors que l'elfe près du trône ne disait mot. Il les regarda chacun leur tour, une expression froide sur le visage, avant de se tourner et de lever les yeux vers le vitrail représentant l'emblème de la famille Rhapsody : des ailes d'anges blanches sur fond bleu et entourant quatre fleurs dorées, rouges, bleues, et violettes. Quatre fleurs représentant les branches familiales royales dont celle des Loraelyan en violet.
Tu connais le sortilège, je te l'ai appris. Prononce ces mots et tu obtiendras le pouvoir. Un pouvoir supérieur au trône d'une ville en perdition !
« Je raye vos noms de l'histoire,
Je lèche le sang du Malin,
Je dessine l'avenir,
Je brûle le passé,
Et avec l'envie de conquérir,
Moi, Vyrr Loraelyan Rhapsody,
J'embrasse la mort à tout jamais. »
L'air devint soudain suffoquant et avant même que les hauts-elfes ne comprennent ce qui était en train de se passer, les portes de la salle du trône claquèrent et emprisonnèrent les descendants Rhapsody.
— Qu'est-ce qui se passe ?! Qu'est-ce que tu as fait ?
— Réponds-nous bon s-
Lorsque l'une des elfes toucha le bras de Vyrr Loraelyan, elle se mit à crier en fixant le plafond avant de s'arracher ses cheveux blonds dans un accès de folie. Certains essayèrent de la retenir mais l'elfe était incontrôlable.
« Le Mal ! C'est le Mal ! L'enfer ! Il est là ! » s'écria-t-elle pointa Vyrr du doigt.
Le blond leva ses deux mains et les fixa avec intensité avant d'ouvrir sa robe de mage et d'en sortir deux dagues. Il releva la tête et tous purent assister au changement de couleur de ses yeux, passant du violet au rouge.
Un sourire inquiétant se dessina sur son visage et ce fut la dernière chose que ceux près de lui purent voir avant de tomber au sol, la gorge tranchée à une rapidité impressionnante par les deux dagues.
Ceux étant encore vivants tentèrent de s'échapper de la pièce, tambourinant sur les portes refusant de s'ouvrir et créant des sortilèges de téléportation, en vain.
Vyrr Loraelyan les tuait tous, un part un. Sa peau immaculée devenant de plus en plus grise, signe de la corruption de son sang par l'assassinat d'elfe de sa race.
« Vyrr ! Arrête ! Je t'en supplie ! Tu peux tout avoir ! Le trône, la cité de Rhapsodia, le grimoire de la connaissance suprême, tout ! Épargne-moi par pitié ! » s'écria en pleurs le dernier survivant du massacre sanglant.
Mais l'elfe ne l'entendait pas, il n'était pas « lui-même » et, possédé par une aura maléfique, il plongea sa dague en plein cœur de son cousin.
Ses habits couverts de sang et sa peau devenue maintenant grise, l'elfe lâcha ses dagues au sol avant de se diriger avec difficulté jusqu'au trône. Ses yeux restèrent rouges et, lentement, il se sentit à nouveau entier.
Il observa le spectacle qu'il avait créé, sans la moindre émotion, avant de fixer à nouveau ses mains.
Maintenant, ta vie appartient à la mort. Tu seras mon nécromancien, Vyrr Loraelyan Rhapsody.
L'elfe corrompu esquissa un sourire avant que les portes de la salle ne s'ouvrent enfin sur une trentaine de soldats stupéfaits et horrifiés par le bain de sang. Toute la famille royale Rhapsody était morte.
Et avant même que les soldats ne puissent attaquer le nouveau nécromancien, celui-ci profita de ses nouveaux pouvoirs pour lancer sa dernière invocation de mage haut-elfe : une explosion massive qui détruisit en un claquement de doigts l'entièreté du palais ancestral de la cité Rhapsodia.
Le dernier souvenir qu'eurent les malheureux survivants du sortilège fut un nuage de fumée violette s'évaporant dans le ciel, laissant derrière lui des ruines et du sang.
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