[Temporalité : après la Grande Guerre de Flambée de désir]

— Combien pour la sacoche entière ?

— Environ trente pièces d'or.

— QUOI ?! Plutôt mourir dans la gueule du Léviathan !

— Alors je te prierais de vite rejoindre les mers de l'ouest car tu ne trouveras nulle part ailleurs une marchandise de cette qualité.

— ...Parfait ! Les voilà tes foutues pièces d'or ! Putain d'elfe !

Tyris Faraelyn Myumurin afficha un grand sourire en donnant sa sacoche à son client en échange d'une bourse bien remplie. L'elfe à la peau immaculé attrapa ses longs cheveux blonds et les attacha grossièrement avec un élastique avant de quitter la taverne où il venait de faire sa vente.

Ses habits d'elfes de haute lignée étaient cachés par sa longue cape verte aux motifs de fleurs dorées, signalant sa fonction d'herboriste aux yeux avertis. Tyris attirait les regards des femmes, autant humaines qu'elfes, mais également des hommes friands de nouveauté. En effet, son physique androgyne lui attirait les faveurs de tous les sexes et il en jouait pour obtenir tout ce qu'il désirait.

« Hey ! L'elfe... »

Le désigné se tourna vers son interlocuteur, un sourire en coin, avant de l'observer de la tête au pied : une tenue en aillons, pieds nus sur les pavés de la cité, des cheveux poussiéreux et les yeux injectés de sang.

L'homme se frotta le nez nerveusement, le regard fuyant, avant de fixer l'elfe tel un camé, ce qu'il était en somme.

— On m'a dit qu'un Myumyu se baladait en ville. C'est toi ?

— Myumurin, répondit avec agacement l'elfe en passant une main dans ses cheveux. Tyris Myumurin.

— On s'en tape ! C'est toi qui vends de la Pensée Ecarlate ?

— Oui c'est bien moi. Est-ce que vous avez de quoi payer ?

— C'est... cher ?

— Une plante entière est à une pièce d'or. La plus petite quantité de poudre de pétales est à cinquante pièces d'argent.

— Putain ! s'écria l'homme en frottant ses bras. J'en ai besoin aujourd'hui ! Je vais craquer sinon... Il me faut un truc fort.

— J'ai de l'Hurle-dragon sinon.

L'homme fronça les sourcils, entendant pour la première fois le nom de cette nouvelle plante hallucinogène devenu tendance dans les quartiers riches d'Elmetya grâce à Tyris. La cité elfique autrefois ville culturelle de renom, sombrait peu à peu dans la dépravation et cela depuis l'arrivée du Myumurin et de sa nouvelle drogue.

— Qu'est-ce que c'est ? C'est fort ? C'est cher ?

— Vous n'avez pas les moyens de vous en payer mais je suis prêt à vous donner un échantillon gratuit à une seule condition : que vous me vendiez votre corps.

— ...Pardon ?

— Quoique non. Vous avez l'air d'avoir trainé n'importe où. Avez-vous un frère ou une sœur de meilleure qualité ?

— Euh... J'ai mon frère, Calbin. Il est couturier dans un atelier d'artisan elfique mais il a à peine 16 ans et ne gagne que des clopinettes.

— Ça fera l'affaire.

— L'Hurle-dragon est si bonne que ça pour exiger une vie humaine ?

L'elfe se mit à rire doucement avant d'entrainer son client dans une ruelle à l'écart des autres passants. Il fouilla la sacoche accrochée à sa ceinture et en sortit un pétale de rose noire.

« L'Hurle-dragon est la fleur de la folie. Un pétale vous donne une impression de puissance incommensurable mais également de passion dévorante. Elle vous brûle l'intérieur mais la sensation est tellement divine qu'elle pousse n'importe quel être vivant à exprimer son côté bestial. C'est le reflet d'un amour passionnel, interdit et dangereux entre une humaine et un dragon. Elle vaut bien une vie car s'en procurer relève du suicide mais l'Hurle-dragon est un vrai trésor. »

Le pauvre homme essuya la bave coulant de sa bouche avant de se frotter à nouveau le nez. Tyris venait déjà de gagner la vie du fameux Calbin.

— Alors mon brave ? La liberté de votre frère ou l'Hurle-dragon ?

— L'atelier des Vendeurs de Rêves, dans la grande allée marchande d'Elmetya Nord. Il y travaille du coucher au lever du soleil. Tenez, je vous donne tout mon argent pour une feuille de plus !

— C'était un plaisir de faire affaire avec vous, conclut Tyris avec un grand sourire avant de sortir un papier et une plume. Veuillez signer ici en confirmant que vous me livrez bien votre frère.

L'homme ne perdit pas de temps et signa le papier puis arracha les deux feuilles de la main de l'elfe avec des étoiles dans les yeux. Il remercia Tyris et s'en alla en courant vers les bas-quartier d'Elmetya, pressé de sentir de nouvelles sensations en lui.

Tyris Myumurin, content d'avoir gagné un nouveau jouet, sautilla presque en direction du nord d'Elmetya en s'amusant de la stupidité des humains.

« Imbécile ! Une feuille suffira à le tuer. Vendre un membre de sa famille si facilement, ça me ferait presque penser aux Loraelyan. »

Un avis sur le récit ? C'est ici ! Et n'hésitez pas à cliquer sur l'étoile !

Une proposition d'histoire que vous souhaitez lire ? C'est aussi ici !