Amour fraternel
[Temporalité : après la grande guerre de Flambée de désir]
Serrant ses livres d'étude dans ses bras, elle avait décidé de suivre le cours de la journée, son professeur particulier étant en déplacement pendant quelques jours.
Elle avait été confrontée aux regards interrogateurs des autres élèves, ceux-là découvrant pour la première fois et ceux sachant qu'elle n'avait rien à faire avec eux, une malade comme elle.
Elle adorait écouter les récits d'aventures et faits d'armes de son père le Héros et de l'Alliance Etincelante mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui elle avait eu la boule au ventre car le sujet abordé était « l'impact des créatures divines dans les conflits mondiaux ».
Ce titre, elle n'y avait rien compris. Il faut dire qu'elle était bien jeune pour suivre les cours avec la classe normale et, même si elle faisait preuve d'intelligence avec son professeur, elle perdait toute logique lorsqu'on l'observait comme ses camarades l'avaient fait.
« Qui peut me dire quelle était la créature la plus crainte pendant la grande guerre ? » avait demandé le professeur adossé à son bureau.
Tous les élèves, sauf elle, avaient clamé en cœur « LE DRAGON ! ».
Elle ne savait rien des dragons, son professeur les avait omis, et elle découvrait une autre facette de l'histoire de son pays en apprenant tous les actes commis par les dragons. Dont un en particulier dont le nom complet l'avait fait frissonner : Arley Prideblaze.
« Que pouvez-vous me dire sur ce dragon ? »
Elle avait entendu un flot d'insulte et de haine envers un personnage historique qui lui était inconnu jusqu'à ce que son frère, Emmett, ne se lève pour déclarer :
« Arley Prideblaze n'était pas qu'un dragon destructeur. C'était un homme guerrier. Un demi-dieu à double apparence, oscillant entre la bestialité et l'humanité. C'est ce que père m'a dit.»
L'érudit applaudit le jeune prince alors qu'elle venait de découvrir un fait trop intriguant pour qu'elle se retienne de poser une question.
« Professeur ! Si Arley Prideblaze est un homme-dragon, est-ce que ça veut dire que l'amour entre un dragon et un humain est possible ? »
Le silence qui avait suivi l'avait mis dans une situation inconfortable et les chuchotements après cela n'avaient rien arrangé, au contraire. Le professeur se racla la gorge bruyamment en la regardant avec sévérité, comme si elle avait volontairement cherché à faire une erreur.
— Qu'est-ce qui vous fait arriver à ce raisonnement, mademoiselle ?
— E-Euh... Je trouvais ça logique. S'il est mi-humain, mi-dragon, ses parents sont de races différentes et qu'il y a à l'origine d'une telle personne une histoire d-
— L'amour n'existe pas chez les dragons.
— Pourquoi ?
— C'est un fait.
— Mais comment peut-on savoir cela professeur ? Est-ce que des études ont été faites sur les dragons ? Ma préceptrice m'a affirmé qu'aucune vérité n'était absolue.
— Si un demi-dieu a été engendré, ce n'était pas par amour mais bien par nécessité divine, en outre dans le cas présent, d'un dragon. Les créatures appelées « dieux » ne ressentent aucun amour et se servent de nous les humains pour créer des versions d'eux plus malléables.
La jeune fille baissa la tête par soumission à l'argumentaire qu'elle trouvait pourtant bancal du professeur, jusqu'à ce que son frère vienne à sa rescousse en voyant sa détresse :
« Professeur, comment expliquez-vous la relation entre la déesse de l'hiver et le roi de Givreciel ? »
Nouveau silence. Personne ne savait de quoi le prince parlait sauf le professeur devenant rouge comme une tomate. Emmett avait volontairement pris de l'avance sur les cours, conseil de sa mère, pour montrer aux autres qu'ils n'avaient pas que la fibre guerrière mais aussi l'érudition.
— De quoi parlez-vous mon prince ?
— De la complainte de Givreciel.
— C'est un ouvrage interdit à votre âge.
— Mère m'a donné la permission de le lire et il est dit que la déesse de l'hiver a eu plusieurs enfants avec le roi de Givreciel il y a des années de cela. Il y a plusieurs fois la mention d'amour dans cette relation.
— La complainte est une histoire mainte fois réécrite et interprétée. Vous avez eu la seconde version mais il n'en est pas question dans la précédente. De toute façon, tous les récits autour de Givreciel sont erronés et si l'histoire n'a pas retenu l'amour entre une divinité et un humain, c'est qu'il n'avait pas lieu d'être ! Maintenant monsieur et mademoiselle Green, cessez de perturber le cours en vous prenant pour plus intelligent que vous ne l'êtes ! Surtout vous mademoiselle. Vous n'avez rien à faire dans cette classe avec votre état de santé.
— Ouais, casse-toi la contaminée ! s'écria un garçon au fond de la classe.
Tous se mirent à rire sauf le professeur tentant de calmer l'assemblée et Emmett ne sachant comment défendre sa sœur. Elle qui passait ses journées enfermées à cause de sa santé fragile, elle avait hérité du surnom « contaminée » lié au fait d'une rumeur supposant que sa grande sœur surnommée « le monstre », l'avait mordu à la naissance.
La jeune fille, les larmes aux yeux, quitta la salle en courant, son frère à sa suite. Ce dernier réussit à la rattraper lorsqu'elle arriva dans le jardin intérieur du château et qu'elle s'écroula dans l'herbe.
— Ne les écoute pas, ils sont tous débiles.
— N-Non... Ils ont raison ! J'ai l'impression d'être une contagieuse à vivre enfermée ! J'aimerais avoir ta chance Emmett, et pouvoir me balader en plein jour sans être jugée.
— Mère te l'interdirait.
— Mais ce n'est pas de ma faute si je suis malade ! C'est de sa faute à elle !
— Ça suffit Opal ! Ce ne sont que des rumeurs et jamais notre sœur t'aurait fait du mal. Qu'est-ce que tu désires vraiment ? Tu souhaites être érudite ou une dame de la cour ?
— Je veux être tout à la fois, répondit-elle avec aplomb.
— Alors je peux t'aider, si tu le souhaites. Je viendrais te voir plus souvent la journée et t'apporterai des livres et... je peux également t'apprendre à coudre ! Mère me l'a appris également !
— Pourquoi es-tu soudainement si gentil avec moi, Emmett ? Avant tu m'évitais comme la peste.
— Parce que l'on doit se soutenir dans la famille.
Le jeune garçon passa sa main dans la chevelure rousse et indisciplinée de sa sœur avant de lui embrasser le front, faisant cesser les larmes de cette dernière.
« Et puis parce que je vous aime tous, toi, Liana, Glenn et Talya ».
Un avis sur le récit ? C'est ici ! Et n'hésitez pas à cliquer sur l'étoile !
Une proposition d'histoire que vous souhaitez lire ? C'est aussi ici !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top