Nuit cauchemardesque
J'étais à bout de souffle. Mon corps était courbaturé de partout et je tenais à peine debout. La plaie sur mon bras saignait abondamment, le sang serpentait jusqu'à ma main et s'enroulait autour de mes doigts. Je tanguai un instant, mes pieds s'entremêlant entre eux lorsque je marchais et je me retenais aux arbres pour m'éviter de m'écraser au sol.
La forêt m'entourant était des plus inquiétante. J'avais l'impression qu'à tout instant, un pin me sauterait dessus et m'avalerait en son sein, les branches sinueuses des arbres se distinguait, bien que difficilement, dans la nuit. Celles-ci frémissaient doucement, un battement d'aile se fit entendre, suivi d'un hululement lointain. Une odeur de sous-bois flottait dans l'air. La nuit était d'un noir d'encre, puisque nous étions le soir de la nouvelle lune.
J'accélerai lorsque j'aperçus une route, trace laissée par les humains. Je courus malgré la douleur et mes jambes tremblantes, peut-être la Providence daignera-t-elle mettre une voiture sur ma route. Une voiture qui m'emmènerait loin, très loin de ce cauchemar. J'arrivais sur la route et m'arrêtais le temps de reprendre mon souffle. La route était sinistre, digne d'un film d'horreur, ici les branches des arbres semblables à des griffes me surplombaient moi et la route. J'avais le pressentiment que si elles avaient pu bouger elles me déchiquetteraient. Je me courbais, les mains sur les genoux.
Soudain, une branche craqua. Je me figeais. Une autre respiration que la mienne se fit entendre. Non, non, non ! Ce n'était pas possible ! Je ne voulais pas ! Il ne pouvait pas m'avoir déjà rattrapé !? Des larmes perlèrent aux coins de mes yeux. J'étais pétrifié par la peur, incapable d'esquisser le moindre geste. Ma respiration s'affola. Je ne voulais pas mourir maintenant. Je voulais pouvoir continuer à me goinfrer de frites et de cochonneries en tout genres, à me mater des séries sur Netflix jusqu'à pas d'heure et me dorer la pilule au soleil l'été, pas agoniser sur une route en plein milieu des bois. Et j'avais encore moins envie de me faire bouffer par un PUTAIN de MONSTRE !
La créature se décida à sortir de sa cachette et se retrouva face à moi de l'autre côté de la route, alor que je m'attendais à ce qu'elle arrive derrière moi. Comment était-ce possible ? Elle était à ma poursuite et à aucun moment, je ne l'avais vu me dépasser. Enfin, je crois. Devenais-je folle ? Oui, c'était sûrement ça, j'étais folle. De toute façon, les monstres n'existaient pas. J'étais simplement endormie dans mon lit et je faisais un cauchemar, un cauchemar vachement réaliste certes, mais un cauchemar tout tout de même. N'est-ce pas ?
Pourtant, la créature devant moi me paraissait horriblement réelle, aussi réelle que la douleur dans mon bras et le sang qui le recouvrait de toute part. Elle s'avança silencieusement et moi, je reculai terrorisée. Je déglutis difficilement, laissant échapper par la même occasion un couinement craintif. La créature était immense, mesurant deux à trois mètres de hauteur. Sa peau était d'un noir luisant, ses yeux blancs dépourvus de pupille et d'iris me regardait fixement. Ses grandes dents pointues dépassaient en haut et en bas de sa bouche, bouche d'où dégoulinait un important filet de bave. Sa silhouette svelte et musclée s'avança d'un pas supplémentaire, et même si ressemblait à celle d'un humain, elle dégageait une aura bien différente, une aura présageant ma future mort. Ses longs bras finissaient en lames.Lames qui m'avaient l'air des plus tranchantes, prêtes à déchiqueter la chair. Un frisson me parcourut l'échine, c'était la deuxième fois en une heure que je voyais la mort en face et cela était des plus terrifiants.
En quelques secondes du brouillard se forma, nous isolant du reste du monde. Alors c'est comme ça que j'allais mourir ? Un peu trop hors du commun pour moi, j'aurais préféré m'éteindre dans mon sommeil à un âge avancé. Ce qui est sur c'est que mes profs du lycée avaient raison : avec des notes aussi médiocres, je n'irai pas bien loin dans la vie, ils n'auraient pas pu tomber plus juste.
Le monstre avança encore d'un pas, il prenait tout son temps et semblait y prendre du plaisir. Sa langue lécha ses lèvres et son ventre gargouilla. Ouais, il avait vraiment l'intention de me bouffer.
Tout à coup, il se retrouva projeter plusieurs mètres plus loin par une camionnette qui déchira le voile opaque du brouillard. Cette dernière s'arrêta et la vitre côté conducteur se baissa :
— Montez !
J'obtempérai aussitôt, rien ne pourrai être pire que ce monstre, absolument rien. Je claquai la porte du véhicule et reprenais mes esprits ou du moins essayai. Je me tournais vers mon sauveur –ou plutôt devrais-je dire, ma sauveuse. En effet sur le siège conducteur, se tenait une femme, ses mains serraient le volant comme si sa vie en dépendait – ce qui était effectivement le cas. Elle accéléra le plus possible, nous éloignant du monstre.
— Vous avez eu de la chance que je sois passée par là, déclara-t-elle.
— Oui, je pensais vraiment mourir toute seule sans n'avoir rien fait de ma vie.
— Et quand on sera loin d'ici vous m'expliquerez ce qu'était cette chose, proposa-t-elle.
— Ouais, ouais sans problème, avec plaisir même, répondis-je un sourire nerveux aux lèvres.
Elle ne me répondit pas, son regard rivé sur la route. Le silence régnait, mais n'avait rien de pesant ou de gênant, on essayait juste de réaliser ce qu'avait vu et pour moi ce que je venais de vivre. Lorsque je raconterais ça, on ne me croirait sûrement pas, non, en fait, il valait mieux que je ne dise rien par rapport à cette nuit, ou sinon on me prendrait pour une folle.
Je brisai enfin le silence :
— Merci. Merci d'être intervenu.
— De rien, répondit-elle un sourire discret aux lèvres.
— Non, vraiment merci. Vous auriez pu passer votre chemin, mais vous vous êtes arrêté et vous m'avez aidé.
Elle ne répondit rien encore une fois, elle était décidément peu bavarde.
Tout à coup, en face de nous les phares d'une voiture transpecèrent lebrouillard. Ma sauveuse freina en vain. Je n'eus pas le temps de me préparer à l'impact que les deux voitures se percutèrent. Mon corps fut écrasé par le tableau de bord. Si je n'avait pas si mal, j'aurai ri de l'ironie du sort. Moi qui essayait d'échapper à la mort, la voila qui m'emportai au moment où je pensais enfin m'échapper de cette horreur. La mort était bien cruelle. J'allais mourir, je n'en avais plus aucun doute. Je tournai ma tête vers la conductrice, alors que la sienne reposait sur volant son visage tourné vers moi, un filet de sang s'échappant de ses lèvres. Elle non plus n'avait aucune chance de survivre, car même si l'on ne mourrait pas à cause de l'accident, le monstre lui nous aurait.
Je soupirai, je n'aurai jamais pensé avoir un jour hâte de mourir, mais je ne voulais qu'une chose : que ça s'arrête, cette douleur insupportable qui brûlait tout mon corps, et cette peur aggripé à moi depuis le début de la soirée, à porter ce poids constant sur mes épaules.
À l'extérieur la nuit était toujours aussi sombre, seul le feu qui s'était déclenché suite à l'accident contrastait avec les ténèbres. Si seulement je n'avais pas touché à ces maudit oeufs, rien de tout cela ne serait arrivé. Mes pensées se dispersèrent et je sombrais dans l'oubli.
👹🌙🌲
Salut, j'espère que vous allez tous bien, aujourd'hui nouveau chapitre depuis...... et bien plus d'un mois, le dernier datant du 11 avril. Mais bon en contre-partie il est plutôt long.
Avec en plus de ça petite musique d'ambiance. Si y'en a qui l'on écouté lors de la lecture, n'hésitez pas à me dire si ça apporte quelque chose en plus... ou pas ;)
J'espère que ce chapitre vous a plu et n'hésitez pas à me dire de ce que vous en avez pensé ;)
Sur ce je vous dis à la prochaine ^^
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