~ Maman ? ~
Si il peux exister une certaine continuité entre les autres nouvelles de ce recueil, sachez que celle-ci est totalement mise à part. Elle est une sorte d'expérience sensée répondre à une question que nous nous sommes posé avec ma cousine...
============================
« Tu es sûre que c'est ce que tu veux ? demanda une fois de plus Briac en se détachant un peu de la jeune fille.
- Oui, j'en suis sûre », souffla Charline.
Elle colla sa bouche sur celle de son petit ami et commença à dégrafer un à un les boutons de sa chemise. Briac grogna et la serra fort contre lui.
« Je t'aime » lui chuchota-t-il à l'oreille.
***
Quatre mois plus tard, Gabin, Océane, Azilis, Boris et Léa étaient installés autour de la table en bois du salon et jouaient paresseusement à la bataille avec un jeu de cartes trouvé par cette dernière quelques jours plus tôt.
« Encore ? râla Boris lorsqu'Azilis ramassa toutes les cartes de ses camarades et les ajouta au tas qui s'amassait déjà devant elle.
- Et oui, répondit la jeune fille avec un petit sourire suffisant. C'est ça d'avoir de la chance.
Son ami la fusilla du regard.
- C'est pas normal que ce soit toujours toi qui gagne ! Je suis sûre que tu triches !
- Arrête de faire ta mauvaise foie Boris et rends-toi à l'évidence : tu es nul. »
Les joues du garçon rougirent de colère mais avant qu'il n'ai pu dire quoi que ce soit, Gabin l'interrompit.
« Chut ! Vous avez entendu ?
- Non quoi ? répondit le particulier avec agacement.
- On dirait que quelqu'un se dispute dans la cuisine... »
En effet, le garçon fusée avait raison : en tendant l'oreille, on percevait des éclats de voix provenant de la pièce adjacente au salon. Les cinq particuliers se levèrent dans un même mouvement et allèrent coller l'oreille contre le mur qui les séparait.
« Et tu ne penses pas que tu aurais pu m'en avertir avant ? disait quelqu'un - un homme -, visiblement de très mauvaise humeur.
- Je ne savais pas comment tu allais réagir... Tu es tellement imprévisible..., répondit son interlocutrice qui ne semblait pas loin de la crise de nerfs.
- C'est ça, fait retomber la faute sur moi tant que tu y es !
- Parce que c'est la mienne de faute, peut-être ? Je te rappelle qu'on est deux dans cette histoire !
- Je ne savais pas que c'était possible, sinon j'aurais réfléchit à deux fois avant de faire ça !
- Et bien moi aussi, figure-toi ! Si tu crois que ça m'amuse et bien tu te fourre le doigt d'en l'œil jusqu'au coude ! Je... »
Soudain la voix féminine se tut et sa propriétaire fondit en larmes. Son camarade dû saisir le malaise de son amie car sa voix se radoucie.
« Je suis désolé ma chérie. Ne pleure pas, on va s'en sortir. On s'en est toujours sorti.
- Peut-être mais là, c'est différent. Que vont penser les autres ?
- Ils penseront ce qu'ils voudront, ça n'y changera rien. »
Boris, Azilis, Océane, Léa et Gabin s'éloignèrent à ce moment-là, de peur que les deux individus n'aient terminé leur conversation et qu'ils ne sortent de la cuisine.
« Et bien, ça n'a pas l'air d'aller, fit remarquer Boris lorsqu'ils eurent repris place dans leurs fauteuils, soulignant l'évidence.
- Vous pensez qu'il leur est arrivé quelque chose de grave ? s'inquiéta Léa.
- Je ne sais pas mais je n'avais jamais vu Charline dans cet état, observa Océane. Ni Briac d'ailleurs. Et je ne pensais pas qu'ils se disputaient parfois réellement.
- Vous pensez qu'on devrait aller leur demander pourquoi ? interrogea Azilis.
- Non, répondit fermement Gabin. Je crois que ce ne serait pas très avisé. Ils n'avaient pas l'air de vouloir nous en parler alors on en doit pas leur forcer la main. En plus, on n'est même pas censés être au courant de leur conversation.
- Pas faux, renchéri Océane, se rangeant à l'avis de son ami. On devrait les laisser régler leurs histoires tranquillement.
Boris marmonna quelque chose d'inintelligible dans sa barbe.
- Qu'est-ce que tu as dit ?
- Rien. Je trouve juste que c'est bizarre que vous soyez toujours du même avis tous les deux.
Océane passa iméditemment au rouge pivoine et Gabin rit comme si Boris venait de faire une bonne blague.
- Qu'est-ce que tu sous-entends ? On est amis, rien de plus.
- Mouais... »
Le garçon ne semblait pas très convaincu mais un coup de coude dans les côtes de la part de Léa l'empêcha de continuer. Cette dernière se chargea ensuite de faire discrètement dévier le sujet afin que ses amis ne soient plus mal à l'aise que cela, prenant bien garde à ne pas remettre Charline et Briac sur le tapis.
***
« Non, je t'assure, le conseil des Ombrunes n'est pas constitué d'une représentante de chaque continent !
- Pas de chaque continent, d'accord, mais elles viennent chacune d'une région différente.
- Pas forcément. Ce sont juste des Ombrunes élues car jugées comme les plus aptes pour ce rôle.
- Si tu le dis...
- Dororthy ! Regarde ça ! »
Jérémie, qui courait dans tous les sens dans le jardin, venait d'interrompre la discussion très philosophique entre son aînée et Ernest par lui montrer la nouvelle découverte qu'il venait de faire, autrement dit, un caillou ayant vaguement une forme de lapin.
La particulière le félicita puis l'envoya jouer un peu plus loin tandis qu'elle continuait sa promenade en compagnie d'Ernest. Malheureusement, celle-ci fut une nouvelle fois interrompue quelques mètres plus loin par des sanglots étouffés.
Les deux adolescents s'approchèrent discrètement, de façon à ne pas alerter le ou la malheureuse. Dissimulés derrière un buisson, ils assistèrent alors à un bien étrange spectacle.
Assise contre un arbre, dissimulée derrière un massif de rosiers, Charline pleurait.
C'était étrange. Non pas que Charline soit particulièrement pudique quand à ses sentiments mais elle n'avait jamais aucune raison d'être triste. Elle avait tout pour être heureuse, selon elle, ce qui faisait que ses amis ne l'avaient jamais vue dans un tel état.
Pourtant, en y réfléchissant bien, il était vrai qu'elle paraissait perturbée depuis quelques temps. Elle sursautait pour un rien, semblait sur le point d'exploser à tout instant, fuillait ses camarades... Briac aussi d'ailleurs, ne semblait pas dans son état normal. De plus en plus colérique, il ne supportait quasimment plus la compagnie des autres et semblait devoir lutter de toutes ses forces pour ne pas se transformer en ours n'importe quand. Parfois, il partait même au beau milieu de la nuit, sous sa forme animale, et ne revenait qu'au lever du soleil, épuisé et l'air perdu.
Dorothy se demanda si leurs comportements étaient liés. S'étaient-ils disputés ? Avait-ils rompu ? Ou bien tout ceci n'avait-il aucun rapport ?
La jeune fille fit signe à Ernest de partir avec Jérémie. Il obéit sans discuter mais non sans lui avoir jeté un dernier coup d'œil curieux.
***
Une fois qu'elle eut estimé que ses amis se trouvaient suffisamment loin pour ne pas l'entendre, Dorothy sortit de sa cachette et s'avança vers Charline. Cette dernière releva précipitamment la tête vers elle en l'entendant arriver et essuya ses yeux humides dans sa robe de soie rose.
« D... Dorothy ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je passais dans le coin quand je t'ai entendue pleurer. Est-ce que tout va bien ?
- Oui oui, c'est juste que je ne me sens pas très bien en ce moment. Oh, rien de grave, je t'assure ! Juste... de la fatigue.
- Tu en es sûre ? Parce que si quelque chose ne va pas, tu peux m'en parler, tu sais. Je ne dirais rien à personne si c'est ça qui te retient.
- Non, ça va je te dis !
Elle avait parlé un peu trop vivement et Dorothy recula, blessée. Confuse, Charline tenta tant bien que mal de se rattraper.
- Excuse-moi, ce n'est pas ce que je voulais dire... C'est que j'ai du mal à mettre de l'ordre dans mes pensées. Je pense que j'ai besoin d'être seule un moment... »
Comprenant que son amie ne voulait pas de son aide, Dorothy acquiesca et s'en alla sans rien dire, soucieuse.
***
Vautrés sur le lit d'Elisa, Gabin et Ernest jouaient à faire sauter à tour de rôle Jérémie sur leurs genoux. Le petit garçon s'amusait comme un fou et ne cessait de crier sa joie dans de grands éclats de rire.
En face, assise à deux sur une petite chaise, Elisa et Océane les regardaient faire en souriant. Soudain, Ernest demanda :
« Vous savez pourquoi Charline pleurait tout à l'heure ?
Les rires se turent d'un coup. Cette question avait jeté un froid sur le petit groupe. Gabin chuchota un mot à l'oreille de Jérémie qui, une fois n'est pas coutume, lui obéit sans discuter et quitta la salle en se téléportant.
- Hmmm, commença Océane. Je crois qu'elle s'est disputée avec Briac...
- Avec Briac ? Mais je croyait que c'était le couple le plus soudé de la Terre !
Océane pinça les lèvres.
- Et bien il faut croire que non.
- Tu es sûre qu'elle pleurait ? demanda Elisa, inquiète.
- Oui, elle... »
Ernest fut interrompu par un cri stridant venu de la cuisine. Aussitôt, les enfants sortirent de la chambre et descendirent les escaliers en quatrième vitesse, craignant que l'un de leurs camarades ne se soit fait mal.
Gabin, qui était arrivé en bas bien avant ses amis grâce à sa particularité, les arrêta avant qu'ils n'aient pu entrer dans la pièce où se trouvait celle qui avait crié, à savoir Miss Ramier. Elle était en compagnie de Charline et de Briac, tous deux apparemment très embêtés.
« Je crois qu'on ferait mieux de les laissez tranquille... » souffla le garçon fusée en entrenant les autres à l'écart.
***
« CHARLINE EST QUOI ? hurla Miss Ramier.
Briac, qui ne souhaitait visiblement pas que toute la maisonnée soit au courant, lui fit signe de parler moins fort.
- Charline est enceinte. Et je préfèrerais que vous ne me criiez pas sur tous les toits si vous voyez ce que je veux dire.
L'Ombrune ne prit même pas garde au ton pincé de son élève ni à sa réflexion qu'elle n'aurait surement pas tolérée en temps normal tant la nouvelle la perturbait.
- Mais... Cela veut dire que...
Charline rougit et se ratatina sur elle-même comme si elle voulait disparaitre dans le sol.
- Oui. Mais en attendant, ce n'est pas le sujet. Nous aimerions savoir ce que nous devons faire.
- Je ne sais pas vraiment... Je n'ai jamais entendu parler d'un cas semblable... Figurez-vous que je ne savais même pas qu'il était possible d'enfanter dans une boucle.
- Et bien nous non plus, imaginez !
- Ça veut dire quoi « enceinte » demanda Jérémie qui venait de se matérialiser dans la pièce, les faisant tous sursauter.
- Heu, rien. Va donc jouer dans le jardin, s'empressa de répondre Charline en le poussant vers la porte. »
Malheureusement, le petit garçon ne semblait pas du même avis et avant qu'elle eut pu faire quoi que ce soit pour l'en empêcher, il se mit à courir dans toute la maison en hurlant :
« Charline est enceinte -eu, Charline est enceinte ! »
De dépit, Briac se laissa tomber sur une chaise. Il sentait déjà les ennuis arriver au triple galop.
***
La nouvelle de la grossesse de Charline n'étonna pas grand monde. En effet, après que Gabin ait emmené ses camarades dans le salon, ils en avaient longuement discuté et le garçon fusée avait finit par accepter de livrer ce qu'il avait entendu.
Pourtant, les enfants avaient encore de l'espoir que ce ne soit qu'une fausse alerte. Jérémie venait de noyer toutes leurs dernières incertitudes.
Ce n'était pas que les particuliers de la boucle du 8 juin 1703 ne souhaitaient pas le bonheur de Charline et Briac mais ils savaient que cet enfant n'était pas désiré et qu'il risquait de créer beaucoup de problèmes en naissant. Non seulement parce qu'il avait été conçu dans une boucle mais aussi parce que sa mère y vivait depuis déjà bien trop lontemps pour que ce soit normal. Et puis quand il serait là, que se passerait-il ? Comment pourrait-il grandir dans un lieu justement créé pour stopper la croissance des enfants ?
Tout le monde était vraiment chamboulé par la nouvelle. A tel point que même Boris ne fit aucun commentaire déplacé, c'était dire !
Le bruit des conversations se tut soudain lorsque Charline et Briac sortir de la cuisine pour les rejoindre dans le salon, suivis de près par Miss Ramier qui s'éventait avec la main.
Voyant tous les regards braqués sur eux, les deux futurs parents comprirent que l'information n'avait échappé à personne. Gênés, ils restèrent là, les bras ballants dans l'encadrement de la porte, ne sachant où se mettre.
Ce fut Dorothy qui, la première, osa briser ce silence qui devenait pesant.
« Je ne sais pas si cela est approprié à la situation mais... félicitations ? »
Ses amis la remercièrent d'un signe de tête et bientôt, de discrètes éloges se firent entendre ici et là. Bien sûr, tout le monde n'était pas forcément heureux par ce qui se tramait mais chacun savait que des reproches auraient été malvenues.
***
Depuis que l'annonce de sa grossesse avait éclaté au grand jour, Charline était beaucoup plus détendue. Elle était redevenue la grande sœur que tout le monde appréciait, bien que son visage garde toujours un petit quelque chose de soucieux. Son ventre avait maintenant suffisamment gonflé pour que ce soit visible même pour quelqu'un qui ignorerait son histoire et les plus jeunes enfants de la boucle s'amusaient à coller leur oreille sur la peau de Charline afin d'écouter les bruits que faisait le futur bébé.
Ce dernier était maintenant attendu par toute la boucle avec une certaine impatience : chacun avait secrètement hâte de voir à quoi il allait ressembler. Aurait-il les yeux de Briac ? Le sourire de Charline ? Les deux ? Serait-il colérique et fier comme son père ou au contraire doux et attentionné comme sa mère ?
Chacun y allait de son grain de sel, au plus grand bonheur de Briac et Charline qui souhaitaient que leurs amis se sentent tous concernés par la venue du bébé et qu'ils participent plus tard à son éducation à leurs côtés.
Cela marcha tellement bien qu'un jour, Azilis déclara vouloir assister à tous les moments de la vie du futur petit, y compris l'accouchement. Son discours ne fut pas le même lorsque cela arriva...
***
Charline n'était pas loin du terme de sa grossesse maintenant. Enceinte de presque neuf mois, elle avait un ventre énorme et était fréquemment prise de nausées. Briac veillait au grain, s'assurant que sa bien-aimée ne manquait jamais de rien.
Cette dernière était enfoncée dans le canapé du salon et regardait Jérémie qui jouaient autour d'elle en riant. Comme tout le temps à présent, elle était épuisée. Briac et Gabin auraient surement du mal à la ramener dans sa chambre ce soir encore...
Soudain, la jeune femme sentit un liquide chaud couler entre ses cuisses. Paniquée, elle appela Miss Ramier à la rescousse qui arriva dans la seconde, suivie de Dorothy et Gabin. L'Ombrune ordonna aux enfants de quitter immédiatement la pièce et pendant que Léa, Océane et Elisa s'affairaient à évacuer les plus jeunes, elle missionna Gabin de courir chercher Briac en ville. A peine avait-elle fini de prononcer sa consigne que son pupille avait déjà disparu.
Une fois que la salle ne fut occupée plus que par Miss Ramier, Dorothy et Charline, l'Ombrune allongea la passe-muraille sur la canapé et lui ôta ses bas. Comme il restait encore du temps avant les premières contractions, Dorothy entreprit de discutailler toute seule dans le but de changer les idées de son amie.
Quelques minutes plus tard, Gabin revint en compagnie d'un Briac paniqué, rouge et tout ébouriffé, essoufflé d'avoir tant couru.
« J'aurais voulu qu'on soit là plus tôt, expliqua Gabin en détournant les yeux du spectacle peu ragoûtant qu'offrait Charline. Mais il faut dire que Briac n'est pas très rapide.
Ce dernier fusilla son cadet du regard avant d'aller s'asseoir aux côtés de Charline qui suait à grosses gouttes et de lui prendre tendrement la main.
- Ça va ma chérie ? » lui demanda-t-il avec amour.
Elle répondit par un hochement de tête crispé.
Miss Ramier fit sortir Gabin de la salle et ferma la porte du salon derrière lui, avertissant quiconque oserait y entrer qu'il en entendrait parler toute sa vie. Ensuite, elle retourna s'occuper de Charline.
***
De l'autre côté du mur, les enfants s'impatientaient. L'œil collé sur le trou de la serrure, ils tachaient tant bien que mal d'apercevoir quelques éléments de ce qui se passait.
Au bout d'un moment, Azilis râla que ce bébé mettait décidément beaucoup trop de temps à naitre et qu'elle était sûre qu'elle avait été plus rapide. Boris lui opposa le fait qu'elle ne pouvait pas s'en souvenir et ils commencèrent comme toujours à se disputer.
Léa agrippa le bras de Gabin et souffla qu'elle avait peur que quelque chose se passe mal. Le garçon essaya de la rassurer comme il le pouvait, le regard brûlant d'Océane dans son dos n'aidant pas. Il ne savait pas pourquoi mais dès que la jeune fille aux cheveux de feu se trouvait dans les parages, il avait l'impression d'être coupable de quelque chose sans jamais savoir de quoi il s'agissait.
Ernest et Elisa attendaient silencieusement dans un coin, tout en s'assurant de temps à autre que Jérémie n'avait pas eu la merveilleuse idée disparaitre afin se matérialiser à l'intérieur du salon.
***
Au bout d'un moment, alors que les enfants commençaient vraiment à trouver le temps long, Dorothy passa sa tête par l'entrebâillement de la porte et leur indiqua qu'elles en avaient pour un moment et que ça ne servait donc à rien d'attendre bêtement ici.
« Pourquoi tu as le droit de voir ce qui se passe et pas nous, demanda Azilis à l'adresse de Dorothy, une pointe d'indignation dans la voix.
- Je ne suis pas là pour « voir », comme tu dis, mais pour aider Miss Ramier et Charline. Et puis je t'assure que le spectacle ne te plairait pas plus que ça. »
Sur ce, la jeune fille lui claqua la porte au nez.
Sa cadette s'indigna devant pareil manque de respect et Boris ricana. Elle se retourna vers lui, prête à lui faire payer mais Elisa s'interposa et les entraina dans le jardin.
Les autres les suivirent et bientôt, ils furent toute la bande, assis en rond dans l'herbe verte de leur jardin, à attendre que le temps passe en se rongeant les sangs.
***
Ce ne fut que le lendemain matin très tôt que Miss Ramier alla chercher ses pupilles aux yeux bouffis par le manque de sommeil pour leur annoncer que l'enfant était né. Les plus jeunes sautèrent de joie et Azilis s'empressa de déverser un flot intarissable de questions sur la directrice.
Était-ce un petit garçon ou bien une petite fille ? Est-ce qu'il (ou elle) était mignon ? Est-ce qu'il avait une particularité ? Est-ce qu'elle pourrait le porter ? Est-ce que Briac était content ? Est-ce que Charline avait eut mal ?
Son Ombrune éludait toutes ses interrogations d'un revers de main en lui indiquant qu'elle n'aurait pas longtemps à attendre avant d'avoir toutes les réponses qu'elle souhaitait.
Bien qu'elle fasse son possible pour le cacher et garder son sérieux, Miss Ramier ne pouvait s'empêcher d'arborer un petit sourire en coin. Nul doute qu'elle était heureuse pour ses deux pupilles.
***
Quand les enfants particuliers entrèrent dans le salon, Charline était de nouveau en position assise et donnait le sein à un tout petit bébé, la tête callée sur l'épaule de Briac. Aussitôt, Azilis, Jérémie, Ernest, Océane, Gabin, Léa, Elisa et Boris se précipitèrent comme une nuée de guêpes autour de la jeune maman.
Ils félicitèrent tous Charline et Briac, à part Boris qui déclara que ce bébé était bien trop petit pour être amusant, ce qui déclencha un fou rire général sans que l'on sache vraiment pourquoi.
Miss Ramier refusa catégoriquement que les enfants autres que les parents de l'enfants ne touchent au bébé mais elle les laissa tout de même rester dans la pièce.
« Alors ? demanda Azilis, qui ne perdait pas le nord. Comment il s'appelle ce petit bout de chou ?
Charline et Briac échangèrent un regard entendu puis le garçon ours déclara solennellement :
- Il s'appelle Paul. C'est mon fils et il s'appelle Paul ! »
A ces mots, les neuf enfants particuliers agglutinés autour du canapé applaudirent à tous rompre et Paul se mit à pleurer.
***
Neuf nouveaux mois plus tard, alors que Miss Ramier étaient partie faire des courses en ville, les onze, non les douze enfants de la boucle du 8 juin 1703 étaient rassemblés à l'ombre d'un chêne, sous le soleil de midi.
Charline, un grand chapeau de paille visé sur la tête, regardait avec tendresse son fils gambader à quatre pattes dans l'herbe en compagnie de Jérémie qui, tel un grand frère, le défiait à la course sans même savoir si l'autre comprenait ou non ce que cela signifiait.
Contrairement à ce qu'on aurait pu penser, Paul avait grandit depuis sa naissance. Il avait une croissance à peu près normal pour un enfant de son âge et s'épanouissait comme il se devait en compagnie de tous ses frères et sœurs de cœur.
Pourtant, la jeune maman restait inquiète. Elle savait que l'avenir de son fils était incertain et qu'il était fort probable qu'il meurt prématurément. Or de ça, elle ne s'en remettrait pas.
« Quelque chose ne va pas mon amour ? demanda Briac en prenant place à ses côtés.
Charline se tourna vers lui et lui sourit. Il la prit dans ses bras.
- Non, non, tout va très bien ! Je crois même que mon cœur va exploser de bonheur tellement je suis heureuse...
- Tant mieux alors. »
Briac déposa un baiser dans le cou de sa bien-aimée et Boris fit bruyamment semblant de vomir. Dorothy lui adressa une petite tape sur le cran.
« Arrête ça, ça ne se fait pas ! le gronda-t-elle gentiment.
- Et pourquoi pas ? Ils nous ont déjà causé assez de problèmes comme ça avec leurs cochonneries ! »
Il pointa Paul du doigt et Dorothy soupira. Soudain, le bébé se détourna de Jérémie (qui s'en plaignit haut et fort) pour s'intéresser au cas du particulier au chant hypnotique. Tout souriant, il s'approcha en se dandinant de lui et grimpa sur ses genoux. Boris voulu l'en chasser mais le petit s'agrippa si fort qu'il ne pu pas.
Il le garda donc contre lui pendant un long moment, jusqu'à ce qu'une odeur fétide s'échappe de la couche en tissu rose du petit.
« Pouah, c'est infect ! Briac, c'est à toi je crois. Tiens, récupère ton monstre ! » lâcha Boris en tenant Paul à bout de bras pour le rendre à son père.
Ce dernier se dépêcha de ramener son fils dans le maison le temps de lui changer la couche.
« Vous avez vu la tête de Boris quand le petit lui a fait dessus ? se moqua Gabin.
- Oh toi, n'en rajoute pas, marmonna son cadet en le fusillant du regard.
- Pouah, c'est infect », imita le garçon fusée d'une voix exagérément aigue.
Boris s'apprêtait à lui sauter dessus lorsque Briac revint avec un Paul tout propre dans les mains. Il le déposa dans les bras de sa mère qui le chatouilla sur le ventre jusqu'à ce qu'il éclate de rire, ce qui ne fut pas très long.
Quand elle arrêta sa torture, le petit pleurait des larmes de rire. Elle le prit contre elle et le serra fort, sous le regard tout ému de ses camarades. Enfin, quand elle l'écarta de nouveau d'elle et le tint devant elle, les yeux dans les siens, elle fut surprise de l'entendre prononcer pour la première fois :
« Maman ? »
============================
Et oui, la question était bien « Est-il possible de tomber enceinte dans une boucle ? ». Personnellement je pense que non (oui je sais ce n'est pas raccord avec ce que je viens d'écrire) mais je pense surtout que c'est dû à l'âge et à la situation des personnages. Et vous ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top