~ Happy Birthday ~

« Allez, allez, dépêchez-vous ! Il faut que tout soit prêt dans vingt minutes ! »

Miss Peregrine tapa dans ses mains pour bien faire comprendre à ses pupilles qu'elle ne plaisantait pas. Hugh tira sur la corde nouée sur la taille d'Olive pour la faire redescendre jusqu'à lui.

« Attends, je n'ai pas fini d'accrocher le N ! " lui cria-t-elle en se raccrochant à la banderole rose sur laquelle on pouvait lire les lettres : BON ANNIVERSAIRE BRONWYN.

Le garçon renvoya du mou en lui grommelant de se dépêcher. À quelques mètres de lui, Fiona, agenouillée dans l'herbe, s'appliquait à faire pousser de jolies fleurs pour décorer le jardin en ce jour de fête.

On aurait pu penser que les dates d'anniversaires des enfants n'avaient plus que très peu d'importance dans la boucle, étant donné qu'il en avait déjà fêté des centaines mais ces événements faisaient partie des rares sortant de l'ordinaire monotone de leurs journées et ils n'avaient pas l'intention d'y renoncer de sitôt.

Enoch arriva les bras chargés de nappes de table et brailla sur Claire qui se trouvait en travers de son chemin. La petite fondit en larmes et Emma s'empressa de venir la consoler, tout en houspillant son ami lève-morts.

Ce dernier marmonna un vague pardon puis alla passer ses nerfs sur Victor qui mettait selon lui trop de temps pour ramener les tables du buffet. Le jeune hercule ne répondit pas à ses provocations, ne sachant que trop bien comment cela se terminerait sinon.

Horace, le superviseur de l'installation, courait dans tous les sens en distribuant généreusement ordres et réprimandes à chacun de ses amis. Il prenait son rôle un peu trop au sérieux et ses camarades devaient se retenir pour ne pas l'envoyer balader.

« Où est Millard ? s'affola Emma en accourant vers Hugh et Olive. Je ne le trouve pas alors que j'ai besoin de son aide pour finir le nappage du gâteau !

- Il surveille Bronwyn pour s'assurer qu'elle ne se ramène pas avant que nous ayons terminé de tout installer, lui répondit Hugh en tirant (pour de bon cette fois) sur la corde d'Olive. Mais je peux le remplacer si tu veux.

- Pas question ! Tu ne sais pas dessiner. Ça va rendre n'importe quoi et Bronwyn va nous faire une crise ! Et tu sais aussi bien que moi que nous devons tout faire pour éviter de la mettre en rogne.

Le garçon aux abeilles grimaça et attrapa son amie plus légère que l'air par la taille le temps qu'elle remette ses chaussures de plomb. Une fois que ce fut chose faite, elle dénoua sa corde et la jeta de toutes ses maigres forces dans le ventre de Hugh.

- Je peux venir moi, si tu veux, claironna-t-elle exprès pour le faire rager. Je me débrouille pas mal en arts plastiques »

Emma accepta, ce qui lui valut de se faire traiter de tous les noms par Hugh qui criait haut et fort que ses talents artistiques n'avaient rien à envier à ceux d'Olive. Cette dernière lui tira la langue comme une enfant de six ans et s'en alla en direction de la cuisine.

***

« C'est quand que je peux aller dans le jardin ? demanda Bronwyn à Millard.

La petite hercule était vautrée sur son lit et l'invisible chargé de s'assurer qu'elle ne descende pas avant que tout soit fin prêt, s'était installé à califourchon sur sa chaise de bureau.

- Bientôt.

- Mais c'est dans trop longtemps bientôt. Ça ne peut pas plutôt être maintenant ?

- Si tu descends maintenant, tu n'auras plus la surprise de ce qui est en train de se faire, c'est ce que tu veux ?

La fillette réfléchit un instant, les sourcils froncés puis croisa ses bras sur sa poitrine.

- J'aime pas les surprises, finit-elle par décréter.

Millard rit.

- Mais si, tu verras : tu serais dix fois plus contente en découvrant ton cadeau tout à l'heure que si tu savais tout de suite de quoi il s'agissait ! »

Bronwyn ne paraissait pas convaincue mais elle n'avait de toutes façons pas le choix.

***

« Millard ! Bronwyn ! Venez ! » hurla Emma dans les escaliers.

La petite hercule descendit les marches quatre à quatre et se jeta sur la jeune fille.

« Il est où mon cadeau ? Il est où mon cadeau ? trépigna-t-elle.

- Surprise », lui répondit Emma en souriant de toutes ses jolies dents blanches.

Millard qui avait, une fois n'est pas coutume, enfilé une veste et un pantalon, rejoignit les deux filles et ensemble, ils prirent la direction du jardin. Ce dernier était magnifique. Des structures de fleurs à l'effigie de la fêtée se dressaient un peu partout et les enfants, vêtus de leurs plus belles tenues, se tenaient debout devant un buffet digne d'un roi surmonté de la banderole qu'Olive avait installée.

En voyant Bronwyn arriver, tous se mirent à chanter. La petite était folle de joie. Elle se jeta dans les bras de Victor et son grand frère la fit tourner dans les airs tandis qu'elle éclatait de rire. Les autres se joignirent à elle et la fête commença dans la joie et la bonne humeur.

Horace mit en marche le vieux tourne-disque de Miss Peregrine et une musique entrainante se répandit dans l'air. Les enfants se mirent en ligne et commencèrent à danser. Ils effectuaient en rythme des mouvements complexes qu'ils avaient passés des heures et des heures à apprendre.

Malheureusement, Bronwyn n'ayant pas suivi ce genre de cour pratique, elle se retrouva vite à la traine et finit par décréter que cette danse n'était vraiment pas amusante. Tous durent donc arrêter pour lui faire plaisir.

Pour la symphonie suivante, la petite fille décida de prendre en main les opérations et décida qu'Olive et Hugh devaient danser ensemble, que Victor et Fiona également ainsi qu'Enoch et Horace et enfin, que les trois autres devaient se tenir par la main pour tourner en rond. Elle pour sa part se contentait de courir entre ses camarades tout en réhaussant leurs positions pour qu'elles répondent à ses attentes.

Si Bronwyn s'amusait beaucoup de la situation, il n'en était pas de même pour tout le monde. Ce fut donc dire le soulagement d'Enoch - qui devait tenir la taille d'Horace en le regardant dans les yeux - lorsque la fêtée choisit de mettre fin à toute cette comédie pour aller grignoter dans les assiettes disposées sur la table du buffet.

Ensuite, un « jeu du carrosse » fut organisé. Chaque enfant avait une chaise sur laquelle il devait rester assis jusqu'à ce que Millard, chargé de conter une histoire, dise le nom du personnage qu'il incarnait. Alors seulement, la ou les personnes concernées devaient se lever et faire le tour de leur chaise avant de revenir à leur place initiale.

Comme on pouvait s'y attendre, Bronwyn jouait le rôle de la reine. Horace était son roi, Olive le cocher, Enoch et Fiona les chevaux et enfin Hugh, Emma, Claire et Victor les roues du carrosse.

Millard commença à raconter son histoire.

Je vais vous raconter l'histoire d'un carrosse royal à 4 roues, qui est tiré par deux chevaux, et qui part en promenade avec la Reine, le Roi et son cocher.

Les enfants se levèrent tous un à un et firent le tour de leur chaise.

C'est la nuit noire, le carrosse passe alors dans un bois.
Le cocher dirige tranquillement les chevaux.

Olive, Enoch et Fiona tournèrent.

Les roues du carrosse étant bien graissées ne font pas de bruit, sauf pour la roue avant gauche qui grince beaucoup.
C'est alors qu'un énorme cri raisonne : « STOP ! ».
Suite à un ordre du cocher les chevaux s'arrêtent.
Le Roi pose alors la question : « Cocher, cocher, mon très cher cocher, mais que se passe-t-il donc ? ».

Hugh, Emma, Claire et Victor se levèrent une fois sauf Hugh qui dû le refaire.

« Pourquoi c'est moi la roue pourri qui grince beaucoup ? » se plaignit-il pendant que Enoch, Fiona et Horace étaient à leur tour appelé et qu'Olive se démenait pour effectuer tous ses tours de chaise. Et ainsi continua le jeu, chacun effectuant le mouvement demandé quand c'était son tour, Hugh râlant contre son rôle et Olive qui n'avait même pas le temps de se rasseoir entre deux tours.

Tout à coup des bandits armés jusqu'aux dents surgissent devant eux.
« Ce sont des brigands, mon Roi, annonce le cocher, ils veulent attaquer le carrosse, la Reine n'est pas en sureté ! ».
Alors n'attendant pas davantage le retour de son Roi, le cocher lève son fouet et fouette les chevaux.
Tout d'abord le cheval qui se trouve à droite puis le cheval qui se trouve à gauche.
Les chevaux galopent le plus vite possible. Le carrosse va de plus en plus vite.
Le cocher a du mal à tenir sa position.
Le Roi s'écrit : « Cocher, cocher, cocher !».
Mais celui-ci, c'est à dire le cocher n'entend rien.
Il y a trop de bruit
La Reine s'y met à son tour : « Cocher, cocher, cocher ! ».
Sa voie étant plus clair et plus stridente, le cocher répond : « Oui ma Reine ! ».
«Il faut maintenant rouler moins rapidement, cocher, sinon tout le carrosse va se renverser, et les roues droites et les roues gauches vont lâcher ! ».
Les chevaux sont fatigués.
Le Roi averti la reine : « Je me fais du souci pour la roue avant gauche bien plus que pour toutes les autres roues ! ».
Le cocher, est lui aussi fatigué.
Il se retourne et constate que les brigands ne sont plus derrières eux.
Les chevaux trop fatigués, s'arrêtent.
En premier le cheval de gauche puis le cheval de droite.
Le cocher est appelé par le roi : « Cocher, cocher, cocher, pourquoi nous nous arrêtons ? ».
Le cocher lui répond alors : « Mon très cher Roi, nous sommes sauvés, le carrosse et ses roues ont bien tout supporté, et surtout la roue avant gauche."
La Reine heureuse dit à son roi de mari : « Nous nommerons notre cher cocher au grade de cocher Suprême ! ».
Suite à cette révélation de la reine au roi, le cocher est tout ému.
Après que la reine ait remercié le fier cocher, le Roi fait de même.
Les chevaux sont contents eux aussi mais parce que le cocher ne leur jette plus son fouet.
Et comme il faut une fin à cette histoire, on sait qu'ils se promènerons toujours ensemble, qui ? La reine, le roi, leur carrosse, les roues, les chevaux et pour finir... le cocher.

Enfin Millard termina son histoire et tout le monde se laissa tomber sur sa chaise. Enfin, tout le monde sauf Bronwyn.

« J'ai gagné ! hurla-t-elle en bondissant sur ses pieds. Je vous ai tous atomisés ! »

Elle avait l'air si heureuse que personne n'osa la détromper.

Miss Peregrine déclara qu'il était temps d'amener le gâteau. La petite hercule, qui venait tout juste de se calmer, reprit ses gesticulations en poussant des cris de guerrière. Victor la souleva et la posa au sommet d'une pile de chaise depuis laquelle elle surplombait la scène et ses acteurs.

Emma et Fiona s'éclipsèrent dans la cuisine et revinrent quelques minutes plus tard l'une chargée d'une énorme pièce montée au glaçage blanc et l'autre d'un gros paquet cadeau rose.

Les particuliers de la boucle du 3 septembre 1940 se mirent à chanter tous en chœur.

« Joyeux anniversaire Bronwyn, Joyeux anniversaire Bronwyn, Joyeux anniversaire. Happy Birthday to you Bronwyn, Happy Birthday to you Bronwyn, Happy Birthday to you ! »

La petite fille battit des mains, un immense sourire plaqué sur le visage. Elle remercia ses amis puis sauta de sa pile de chaises et se précipita pour aller ouvrir son cadeau pendant qu'Horace s'appliquait à découper le gâteau en parts égales.

Tout le monde riait et parlait sans but réel, heureux de cette fête si bien réussie. Et puis Bronwyn finit de déchirer l'emballage de son paquet et le silence se fit. Un silence gêné et stupéfait devant la mine déconfite de la fillette.

« Mais c'est quoi ce truc ? demanda-t-elle d'une voix froide. Pourquoi vous m'avez offert cette horreur ? C'est pas ce que je vous avait demandé !! »

***

La plainte de Bronwyn tomba comme un cheveu sur la soupe. Les enfants se regardèrent les uns les autres, gênés. Personne n'osait croiser le regard de la petite hercule de peur qu'elle ne s'en prenne à eux. Seul Victor, qui ne craignait pas grand-chose, pu se permettre d'expliquer à sa petite sœur :

« Bronwyn, ce que tu nous avais demandé n'était pas possible à obtenir et tu le sais très bien. On a donc dû faire comme on pouvait pour trouver autre chose. C'est Claire qui a eu l'idée mais on s'y est tous mis pour te la construire. Elle ne te plait pas ?

- Ce. N'est. Pas. Ce. Que. J'avais. Demandé.

- Je sais bien mais comme je viens de te le dire...

Bronwyn ne le laissa pas finir sa phrase et se précipita vers la table du buffet sur lequel était posé son gâteau d'anniversaire. D'un ample mouvement, elle l'envoya valser, éclaboussant Fiona et Enoch de chocolat fondu.

- JE VOULAIS AVOIR TOUTES LES PARTICULARITES DE LA TERRE, C'EST QUAND MEME PAS COMPLIQUE A COMPRENDRE ! »

La petite fille avait l'air furieuse. Tenant à leurs peaux, Horace, Emma, Fiona, Enoch, Millard, Hugh, Olive et Claire s'enfuirent à l'autre bout du jardin. Victor se précipita vers sa petite sœur et l'attrapa dans ses bras pour l'empêcher de faire plus de dégâts.

« LACHE MOI ESPECE DE SALE FACE DE MORUE ! » hurla-t-elle en envoyant de grands coups de pieds dans le ventre du jeune homme.

Sa force aurait suffi à réduire en bouillie n'importe quel individu normalement constitué mais Victor appartenait à une autre trempe et il ne bougea même pas.

Comprenant que ses efforts étaient vains, la fillette à la chevelure bouclée cessa de se débattre. Elle attendit que son frère relâche un peu son étreinte pour lui mordre violement la main. Le garçon hurla et secoua le bras pour la forcer à le lâcher. Sa sœur profita de cet instant de répit pour sauter par terre.

Elle fit craquer ses doigts et lança un regard mauvais aux enfants qui regardaient la scène de loin, cachés derrière des buissons ou des tables renversées.

« Alors, qui est le prochain ? provoqua-t-elle.

Aucune réponse ne lui fut apportée, évidemment. Bronwyn soupira comme si elle se trouvait face à une situation d'une pure ineptie.

- Très bien. Puisque que personne ne semble assez courageux pour se dévouer, je vais devoir décider par moi-même... Voyons vois... Plouf-plouf, ce sera toi ! »

Le doigt de la petite fille s'arrêta sur Enoch. Le garçon aux yeux cernés prit un air effrayé et recula. Bronwyn remonta ses manches et s'avança vers lui.

« Mademoiselle Bruntley ! intervint Miss Peregrine. Veuillez cesser ces idioties. Vos camarades n'y sont pour rien si vous avez commandé quelque chose de totalement impossible à obtenir. D'ailleurs, vous devriez leur être reconnaissante d'avoir tout de même fait en sorte que vous ayez un cadeau ! »

Mais la petite fille à la force herculéenne n'écoutait pas. Elle continuait inexorablement son chemin jusqu'à son camarade en salopette. Les autres s'écartaient sur son chemin, prenant bien garde à ne pas croiser son regard ni faire le moindre geste susceptible d'attirer son attention vers eux.

Et puis, alors qu'elle n'était plus qu'à deux mètres d'Enoch, le drame se produisit.

***

Hugh, qui reculait sans regarder vers où, les yeux fixés sur Bronwyn, trébucha sur une chaise renversée. Le bruit qu'il fit fut retourner tous les regards vers lui. Celui de Bronwyn lançait des éclairs. Elle détourna son attention de sa cible de base et demanda méchamment :

« C'est à cause de toi, pas vrai ?

- Je... Quoi ? répondit le garçon aux abeilles sans comprendre.

- C'est à cause de toi que je n'ai pas eu le cadeau que je voulais. Je suis sûre que c'est de ta faute. De toutes façons c'est toujours de ta faute. Je te déteste Hugh Apiston. Tu m'entends ? JE TE DETESTE !!! »

Elle se précipita comme une furie vers son ami qui essaya de se cacher derrière sa chaise mais c'était peine perdue : la petite fille était déjà au-dessus de lui. Habitée d'une rage sans égal, elle lui envoya un violent coup de pied dans la jambe. Un bruit d'os brisé retentit. Hugh hurla. Sa jambe était tordue dans un angle étrange. Claire se mit à pleurer et Emma la prit contre elle pour lui éviter la vue de ce spectacle horripilant alors qu'elle-même avait du mal à ne pas fermer les yeux. Victor accouru et attrapa sa sœur par les épaules avant de la secouer comme un prunier.

« Non mais ça ne va pas la tête ? Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ? Tu sais très bien que tu ne contrôle pas ta force quand tu es en colère ! Tu aurais pu le tuer, tu en est consciente de ça ? »

Mais ses réprimandes étaient inutiles. La colère de Bronwyn semblait être retombé d'un coup et elle fixait le fruit de sa fureur avec effroi, les yeux mouillés de larmes. Et quand Miss Peregrine arriva pour lui faire une nouvelle fois la leçon tandis qu'Horace et Enoch conduisaient Hugh à l'intérieur, la petite hercule se mit à pleurer.

« Je l'ai pas fait exprès, renifla-t-elle en cachant son visage dans les jambes de son frère. Je ne voulais pas faire mal à Hugh, je l'aime bien Hugh. Je ne pensais pas que ça allait lui casser les os.

- Eh bien c'est réussi ! Mademoiselle Bruntley, je n'ai pas le temps pour l'instant de réfléchir à votre punition mais sachez que vous n'y couperez pas et que vous écoperez d'une sanction à la hauteur de vos actes. En attendant, si vous le permettez, j'ai un de mes pupilles à aller secourir. »

Elle abandonna les deux Bruntley au milieu du jardin et se hâta en direction de la maison. Bronwyn se remit à pleurer et chercha du réconfort auprès de son grand frère mais ce dernier ne semblait pas d'humeur à compatir avec elle et la repoussa avant de partir rejoindre Miss Peregrine et les autres au chevet de Hugh.

***

Retrouvée seule, Bronwyn se laissa tomber dans l'herbe. Elle s'en voulait terriblement pour ce qu'elle venait de faire mais personne ne semblait s'en apercevoir. En plus elle allait être punie. Et elle savait qu'elle n'aurait pas le droit de s'en plaindre.

La fillette imagina ses amis, à genoux autour du canapé sur lequel Hugh devait être allongés, pleurant et la maudissant. Tout le monde dans la boucle devait la détester à présent, Hugh le premier. Mais elle ne voulait pas qu'ils la détestent. Elle les aimait bien au fond.

Puis une idée horrible germa dans le cerveau de l'enfant. Et si Miss Peregrine décidait de la bannir de la boucle ? Bronwyn se remit à pleurer. Il lui fallait absolument se faire pardonner.

Mais comment ? Et puis l'idée lui vint et elle se redressa. Oui, elle allait faire ça et les autres verraient qu'il ne fallait pas la chasser de la boucle.

***

Dans les jours qui suivirent l'anniversaire calamiteux de Bronwyn, tout le monde resta aux petits soins avec Hugh. Il y avait toujours quelqu'un de différent pour veiller sur lui et lui tenir compagnie, même s'il s'agissait d'Olive la plupart du temps.

Le garçon aux abeilles avait un plâtre depuis que Miss Peregrine l'avait emmené en urgence voir un médecin sur le continent. Il ne parlait pas de Bronwyn mas personne n'ignorait qu'il lui en voulait encore.

Ce matin-là, alors que le soleil de septembre commençait à se lever, Hugh fut réveillé par des bruits venant du jardin. Agacé de devoir interrompre son rêve si agréable, le garçon pesta et se leva difficilement avant de sautiller jusqu'à la fenêtre.

Dehors, une silhouette s'affairait. Sa vue embuée par la nuit et la lumière aveuglante du soleil l'empêchait de vois clairement de qui il s'agissait. Il décida donc que, vu qu'il lui serait de toute façon impossible de se rendormir, autant descendre voir.

Hugh attrapa ses béquilles et sortit de sa chambre. Il faillit tomber au moins trois fois dans les escaliers mais par miracle, il arriva en un seul morceau en bas. La rosée du matin lui mouilla les pieds et il réalisa qu'il avait oublié de mettre ses chaussures. Bon, tant pis, il n'en avait pas pour longtemps.

Le garçon contourna la maison et tomba nez à nez avec... Bronwyn. La stupeur le laissa un moment coi.

La petite fille était en train de décorer des tables de bouquets de fleurs colorées. En l'entendant arriver, elle se retourna vers son ami et son visage se décomposa.

« Mais qu'est-ce que tu fais là, s'exclama-t-elle sur un ton de reproche.

- Ben, vu que je t'ai vue par la fenêtre et...

- Tu n'aurais pas dû venir.

La petite fille semblait chamboulée.

- Pourquoi ? Je ne comprends pas ce qui ne va pas...

Bronwyn renifla.

- Je... Je voulais te faire une surprise. Pour... Pour me faire pardonner de t'avoir tapé. Mais c'est plus une surprise. Et puis de t'façon c'est nul ce que j'ai fait et...

- Bronwyn, la coupa Hugh en venant s'accroupir devant elle.

- Quoi ?

Le cœur du garçon fondit littéralement. Elle était tellement adorable – quand elle n'était pas en train de lui casser la jambe ou de fracasser des meubles.

- Ce que tu as fait n'es pas nul. Je suis très touché que tu aies cherché à te faire pardonner mais je ne t'en veux plus tu sais. Je crois que je viens de comprendre que ce n'était pas ton intention et puis, tu n'es pas la seule à te laisser emporter de temps en temps.

- C'est vrai ? »

Hugh sourit à la petite hercule qui s'essuya les yeux avec la manche de sa robe et se laissa tomber dans ses bras. D'abord surpris par cette marque d'affection si peu commune de sa part, il la serra à son tour contre lui en souriant.

« Tu penses que Miss Peregrine va me bannir de la boucle, chuchota Bronwyn dans le cou de Hugh après un moment.

- Mais non, la rassura-t-il en riant. Tout le monde à déjà oublié ce qui s'est passé. »

Bronwyn fut soulagée de l'apprendre et serra un peu plus fort son ami, prenant bien garde à ne pas lui faire mal.

« Tu sais, je t'aime bien en vrai Hugh. »

Et il lui répondit par un sourire qui en disait long. 

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Ok, je vais pas vous mentir, j'ai vraiment galérer pour écrire cette nouvelle (merci à mon inspi qui avait décidé de se barrer je sais pas trop où). En plus, j'en ai un peu marre des nouvelles de la boucle de Miss P et j'ai hâte de commencer à publier celles qui se passent dans la boucle de Miss Ramier. Heureusement qu'il ne m'en reste plus que deux à écrire pour finir cette partie ! ^^

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