~ Double Dog ~

Dans cette nouvelle, j'ai essayé de mettre en avant des personnages qui restent dans l'ombre dans ce que j'écris d'habitude (c'est à dire tous à part Olive et Hugh). J'espère qu'elle va vous faire ^^

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Fiona et Horace se promenaient dans les rues de Cairnholm en discutant tranquillement de tout et de rien. Le garçon essayait de faire comprendre à son amie l'importance d'être bien vêtu et elle lui opposait le fait que le confort était prioritaire sur l'élégance.

Ce débat les représentait bien, lui, le chic gentleman toujours en redingote et chapeau haut de forme et elle, la jardinière aux habits pleins de terre.

Soudain, alors que Horace allait se lançer dans une tirade digne des plus grands dramaturges sur le confort indéniable de son couplet, une boule de poil se précipita dans ses jambes, manquant de le faire tomber à la renverse. Le jeune particulier se rattrapa de justesse et jura.

« Qu'est-ce que c'était que ce truc, grommela-t-il en épousant ses vêtements.

Fiona s'accroupit à ses pieds, curieuse,  avant de lui répondre sur un ton attendri :

- C'est... Ho, un chiot ! Qu'il est mignon !

- Un quoi ? »

Horace se pencha en avant pour voit par lui-même et eu la surprise de se retrouver nez-à-nez avec un adorable petit chien.

Roux clair avec le ventre blanc et une tâche plus foncée autour de l'œil droit, il était tout simplement à croquer.

Pourtant, Horace se contenta de souffler à sa vue en déclarant que ce stupide animal avait failli tâcher son pantalon. Fiona le traité de rabat-joie avant de prendre le chiot dans ses bras en lui chuchotant des mots doux dans l'oreille. 

***

Il fallu bien une demi-heure et beaucoup de persévérance à Horace pour enfin parvenir à convaincre Fiona de rentrer au manoir. Malheureusement pour lui, elle continua pendant tout le trajet du retour à lui parler de l'animal.

« Tu penses qu'il a été abandonné ? interrogea-t-elle sans se soucier de savoir si son camarade l'écoutait ou non. Je ne l'avais jamais vu dans la boucle, et toi ? Tu penses qu'il s'est perdu ? Peut-être que Miss Peregrine acceptera que je le ramène à la maison si c'est le cas. Ce serait bien, tu ne trouves pas ? Avoir un animal dont on pourrait s'occuper tous ensemble ! 

Horace, qui jusque là se contentait de répondre par de petits hochements de tête ou des grognements incompréhensibles, se retourna vers elle.

- Mais tu es folle, ma pauvre ! Non seulement l'Oiseau ne voudra jamais d'une bestiole puante chez elle mais en plus, moi non plus ! Tu imagines ? Devoir le sortir, s'assurer qu'il n'est pas malade ou plein de parasites, jouer avec lui... Et je ne te parle même pas des poils ! Tu sais ce que ça perd par an, ces machins ? Ça va être un enfer à nettoyer et je refuse de porter des vêtements souillés !

Fiona souffla.

- Ce que tu peux être vieux jeu... Tu n'aurais rien besoin de faire : les autres et moi même serons déjà là. Et puis ce n'est pas si terrible. On aurait qu'à lui mettre une niche au fond du jardin, comme ça, il ne salirait pas la maison. 

- Tu sais quoi ? Cette discussion ne mène à rien. Nous savons tous deux pertinemment que l'adoption d'un animal n'est pas une option envisageable et dans tous les cas, ça ne servirait à rien car à chaque fois que la boucle se renouvellera, ton chien disparaitra pour réapparaîtra là où il était vingt-quatre heures plus tôt. »

Fiona bougonna mais fut bien obligée de se ranger à l'avis de son ami, bien qu'elle ne le partage pas. Pourtant, quelque chose la taraudait. Un élément dans cette histoire ne lui paraissait pas net et il fallait qu'elle l'éclaircisse...

***

« Tu dis que tu as besoin de moi pour quoi ? interrogea Millard pour la millième fois depuis que Fiona lui avait fait part de sa requête.

- Pour vérifier un truc. C'est bien toi qui t'es amusé à recenser le comportement de chaque être vivant sur l'île de Cairnholm, non ? 

- Oui c'est moi mais je n'ai pas encore terminé et par conséquent, je ne suis pas en mesure de tout te citer dans les détails. 

- Ce n'est pas grave, je n'ai pas besoin de beaucoup de précisions. »

Millard soupira mais continua tout de même à la suivre, curieux de savoir ce qui la tourmentait à ce point. Les deux enfants sortir bientôt du marée et Fiona conduisit l'invisible vers la place du village. Là, elle s'arrêta. 

« Millard Nullings, commença-t-elle gravement. Pouvez-vous me dire si, en cet instant du 3 septembre 1940, il y a habituellement un chiot qui se promène à cet endroit ?

Le garçon la regarda avec étonnement mais évidement, la jeune fille ne s'en rendit pas compte. 

- Mais de quoi tu me parles ? 

- Contente-toi de répondre à ma question. 

- Non, il n'y a pas de chiot ici à cette heure-ci. D'ailleurs je crois qu'il n'y en a pas tout court sur l'île... »

A cet instant, le petit chien que Fiona avait caressé la veille bondit de derrière un muret et se jeta sur la jeune fille. Celle-ci l'accueillit avec joie et le prit dans ses bras, aux anges. Millard par contre, était septique. 

« Fiona, lui dit-il, les yeux fixés sur l'animal. D'où sort-il ? Pourquoi je ne l'ai jamais vu ? 

La jeune fille ne lui répondit pas tout de suite, toute tournée vers le chien qu'elle était. 

- Je ne sais pas, finit-elle par déclarer. Tu n'as peut-être pas été assez attentif. 

- Pas assez attentif ? dois-je te rappeler que j'ai passé presque vingt ans de ma vie à étudier cette journée ? Tu ne crois pas que j'ai une assez grande connaissance de la matière ? Et puis je peux savoir pourquoi ce chiot à couru directement vers toi comme s'il te reconnaissait ? 

Fiona sembla enfin se réveiller. Elle reposa le petit animal à ses pieds et le fixa comme si elle le voyait pour la première fois. 

- C'est vrai ça, chuchota-t-elle d'une voix blanche. Tu penses que c'est possible que ce soit un chien du continent qui se serait égaré sur un bateau qui lui-même l'aurait emmené jusqu'ici ? 

- Ça me parait peu probable. Par contre, il n'est pas exclu que ce soit un estre qui l'ai emmené ici. Il faut se montrer prudents. Emmenons-le à Miss Peregrine, elle saura quoi faire. »

La jeune fille accepta et une minute plus tard, ils effectuaient le trajet qu'ils venaient de faire en sens inverse, le petit chien couché dans les bras de Fiona. 

***

Miss Peregrine se montra très claire : ce chien ne représentait aucune menace et les enfants n'avaient pas de raison de s'en inquiéter. Par contre, il était hors de question de garder un tel animal au manoir. 

Fiona essaya de marchander par tous les moyens, promettant de s'occuper entièrement seule de lui, d'effectuer toutes les tâches ménagères que son Ombrune lui dicterait, ne plus se disputer avec ses camarades... Elle tenta même de l'attendrir à grands renforts de larmes. hélas, tous ses efforts restèrent vains et Miss Peregrine la renvoya sans ménagement remettre ce sac à puces là où elle l'avait trouvé. 

La jeune fille obéi à contrecœur. Elle s'excusa auprès du chiot de ce qu'elle s'apprêtait à faire puis prit pour la énième fois la direction du marée. ce ne fut qu'une fois arrivée à l'orée du bois que l'idée lui vint. 

C'était une idée totalement folle, suicidaire même, si Miss Peregrine s'en rendait compte. 

Mais Fiona était prête à prendre le risque. Quitte à devoir assumer les conséquences de ses actes. 

***

« Enoch, tu peux venir m'aider à sortir la dinde du four ? hurla Emma depuis la cuisine où elle s'affairait depuis un bon bout de temps à préparer le repas pour toute la boucle. 

- Non mais ça va pas la tête, lui répondit le lève-mort depuis le fauteuil du salon sur lequel il était avachi. La pâtisserie, c'est pour les filles. Tout comme les ménage. Je ne vais pas m'abaisser à faire un truc comme ça !

Emma sortit en trombe de la cuisine et vint se placer devant son camarade, les mains sur les hanches et le visage rouge de colère. Son tablier était tâché de sauce et ses cheveux retenus dans un chignon fait à la va-vite. 

- Redis encore une fois une chose comme ça, monsieur O'connor, et je peux t'assurer que tu ne mangera plus les plats cuisinés par ces « filles » que tu méprises tant pendant un bon bout de temps. 

- Oh c'est bon, calme-toi, je disais ça pour rire !

- Oui bien sûr, je te crois. Tu es un vrai bout en train, dis donc ! 

La voix de la jeune fille dégoulinait de méprit. Elle jeta un dernier regard assassin au lève-mort puis décida qu'il valait mieux travailler seule qu'accompagnée d'un idiot de première et retourna en tapant des pieds chercher sa dinde.

- Puisque tu es trop fier pour venir prêter main forte à une pauvre femme dans mon genre, vas donc au moins chercher les autres à l'étage et dis-leur que le dîner est presque prêt. 

- Ah non, je ne vais pas me lever juste pour eux ! Ils n'avaient qu'à être là.

- Tu n'es vraiment qu'un sale égoïste ! Bon, j'ai compris... Dis-moi au moins où il sont, JE vais aller les prévenir. 

- Alors... Horace et Millard jouent aux échecs dans le salon, Fiona est en train de jardiner, Bronwyn et Claire jouent aux poupées, Victor lit un livre surement pasiiiiiiionant dans sa chambre et Hugh et Olive doivent encore être en train de se bécoter dans un coin. 

- Merci mais je n'avais pas besoin que tu me donnes tous les détails... 

- Qui est en train de se bécoter, l'interrompit une voix outrée. 

Hugh venait d'entrer dans le salon, suivit par Olive qui elle, avait rougit de la tête aux pieds. 

- Ben vous, répondit Enoch sans se démonter. C'est bien ce à quoi vous passez vos journées, non ? 

- Je ne vois pas de quoi tu parles. Il n'y a rien entre Olive et moi, tu le sais bien !

- Ça, c'est toi qui le dis mais je peux t'assurer que ce n'est pas ce que pense la totalité des autres enfants de la boucle ! Et puis avoue que c'est suspect votre manie de disparaitre comme ça sans prévenir, juste toi et elle. 

Cette fois, c'était Hugh qui avait viré au rouge pivoine.

- N'importe quoi ! On est juste partis se balader. Vous confondez amour et amitié. »

Enoch eut un sourire goguenard mais avant qu'il n'ait pu lui exposer de nouveaux arguments, Emma annonça que le dîner était prêt et qu'ils pouvaient passer à table. 

***

« J'aime pas les carottes, se plaignit Claire en repoussant son assiette loin devant elle. 

Miss Peregrine lui fit les gros yeux.

- Miss Densmore, est-ce une façon de se tenir ? Respectez donc un peu le travail de votre camarade qui s'est démenée pour que vous ne vous endormiez pas le ventre vide. 

- Mais pourquoi elle a fait ça, Emma ? C'est pas bon. 

- Moi j'aime bien, plaida Horace. 

Même pour manger, le garçon se distinguait des autres par ses manières assez... aristocratiques. Il piquait délicatement les aliments avec sa fourchette avant de les mettre dans sa bouche et de les mâcher lentement. 

- Pff, lèche-bottes, souffla Hugh, assis à sa gauche. 

Lui pour sa part n'avait pas aussi soigneux : sous sa moustiquaire, son visage était maculé de graisse et des morceaux de carottes trainaient sur sa chemise. 

- Ta vulgarité ne m'atteint point, renifla son ami en resserrant sa serviette autour de son cou. 

- Oh mais c'est que monsieur devient un penseur, ricana Hugh en se penchant vers Olive.

Celle-ci rit et lui donnait une petite tape sur la main, ce qui lui fit lâcher sa fourchette. 

- Tais-toi, idiot !

- Oh, comme c'est mignon, se moqua Horace. Hugh est tout rouge. 

- Tes moqueries ne m'atteignent point », imita Hugh avant de se pencher sous la table pour récupérer son couvert.  

Là, il se figea. 

« Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda Olive en se tordant le cou pour le regarder tout en restant sanglée sur sa chaise. 

Hugh remonta à la surface de la table, un air interrogateur sur la visage. 

- Quelqu'un peu m'expliquer pourquoi il y a un chien sous la table ? 

A peine eut-il fini sa phrase que les dix enfants de la boucle du 3 septembre 1940 avaient plongés pour voir de leurs propres yeux ce qu'avançait leur camarade. Fiona espérait que personne dans la salle n'avait remarqué la crispation accusatrice de ses épaule et de sa mâchoire.

- Oh ! Comme il est mignon, s'extasia Claire.

- On peut le garder, Miss P ? renchérit Bronwyn.

- Fiona, on ne dirait pas celui que tu m'avait montré sur la place, l'autre jour ? demanda Millard. 

La jeune fille serra les dents avant de lui répondre avec le plus de naturel possible :

- C'est vrai qu'il lui ressemble un peu mais...

- STOP ! interrompit Miss Peregrine. Reprenez immédiatement place sur vos chaises. 

Ses pupilles obéirent un par un. Claire avait tout de même eut le temps de prendre le chiot dans ses bras et il était maintenant tranquillement assis sur ses genoux, inconscient du fait que sa présence allait créer beaucoup d'ennuis à celle qui avait pourtant tout fait pour lui. 

Miss Peregrine avait l'air furieuse. Elle se tourna vers Fiona et lui lança, le regard dur :

- Miss Frauenfeld, j'attends vos explications. 

Là dessus, la jeune fille se mit à pleurer. 

- Je suis désolée, Miss ! Je vous assure que je ne pensais pas qu'il parviendrait à s'enfuir. Je ne sais même pas comment il à fait... Je...

- Depuis combien de temps est-il dans la propriété ? 

- Depuis... Depuis le jour où vous m'avez refusé de le garder. Mais Miss, comprenez-moi ! Si je l'avait laissé seul, il serait mort ! Je ne pouvais pas permettre quelque chose de pareil. 

- Sottises ! Cet animal appartient à la boucle, il est vain de tacher de l'en enlever. Maintenant, veuillez aller le remettre là où est sa place - qu'il n'aurait jamais dû quitter, soit dit en passant. 

- Mais... »

Le regard que jeta Miss Peregrine à sa pupille la dissuada de poursuivre. Ce fut donc la mort dans l'âme que Fiona se leva de table. Elle alla reprendre le chiot des bras de Claire et sortit à pas lents de la salle. 

Quand les autres enfants furent certains qu'elle étaient trop loin pour les entendre, ils se mirent à débattre de ce que la jeune fille avait fait. Les avis étaient partagés. Tantôt on la trouvait stupide et irresponsable, tantôt on était admiratif. 

L'Ombrune fit traire ses commérages avec agacement. Savoir que sa pupille qu'elle considérait comme l'une des plus sages et des obéissantes de sa boucle lui avait mentit la blessait au plus haut point. 

Soudain, Fiona déboula dans la pièce, le souffle court. 

« Miss P ! Venez vite ! Il faut que vous voyiez cela ! 

- Que se passe-t-il mademoiselle Frauenfeld ? Expliquez-vous, enfin !

- Je ne peux pas. Suivez-moi, je vais vous montrer. »

Miss Peregrine se serait bien passé de cette nouvelle crise mais sortit tout de même à la suite de la jeune fille, tous les autres enfants sur les talons. 

***

Fiona les conduisit à travers le jardin jusqu'à un coin reculé dans lequel elle avait dressé une sorte de niche faite de plantes grimpantes et de racines. Arrivée à cette hauteur, elle ouvrit la petite porte fermée par un loquet et appela d'une voix mal assurée :

« Fripouille ! Fripouille, viens là mon bébé. »

Aussitôt, jaillit de la construction de fortune non pas un mais deux chiots ! Identiques en tous points, il était absolument impossible de les différencier l'un de l'autre. Même fourrure claire, même allure légère, même petit défaut à la pate avant gauche... Les enfants et la directrice restèrent muets de stupeur. 

« Pourquoi y'a deux toutous, demanda finalement Claire qui tenait Emma par la main. 

- Je ne sais pas ma chérie.

- Fiona doit surement être en mesure de nous éclairer sur ce point, lâcha Enoch avec dédain, excédé par la tournure que prenait la situation. 

L'intéressée rougit, complètement dépassée par les événements. Si elle avait su que cette histoire finirait de la sorte, elle y aurait réfléchit à deux fois avant de prendre cet animal de malheur sous son aile !

- Je suis désolée, balbutia-t-elle. Je... »

Soudain, sous leurs yeux ébahis, une chose incroyable se produisit. Les deux petits chiens se rapprochèrent l'un de l'autre de façon à ce que leurs flans soient collés l'un à l'autre puis se fondirent ensemble. Littéralement ! 

Miss Peregrine fut la première a comprendre ce qui venait de se passer. Elle se tourna vers Fiona et lui dit avec solennité : 

« Je suis navrée de ne pas vous avoir écoutée, Miss Frauenfeld : vous aviez raison de croire en ce chien car aussi incroyable que cela puisse paraitre vous avez mes enfants, sous vos yeux un animal particulier !

- Mais je croyais qu'ils n'existaient plus, objecta Bronwyn. 

- Et bien cela est bien la preuve que si. D'ailleurs, c'est tout à fait logique et ça explique pour quelle raison il se comportait comme s'il vivait en continu dans la boucle : c'était réellement le cas ! Par contre, je ne parviens toujours pas à comprendre comment il à pu trouver l'emplacement de notre boucle. 

- Peut-être qu'il appartenait à un habitant du présent et qu'il est entré par inadvertance dans la boucle, proposa Hugh.

- Ou alors il a embarqué clandestinement dans un bateau en direction de Cairnholm et qu'à force de déambuler sur l'île, il est arrivé jusqu'ici, renchérit Horace. 

- Qu'importe ! trancha l'Ombrune. Quoi qu'il en soit, il est là et nous n'y pouvons rien. Maintenant, veuillez retourner à table je vous prie : nous n'avons pas finit de souper ! 

- Et que fait-on de Fripouille ? interrogea timidement Fiona.

- Nous le gardons, évidemment, quelle question ! 

- Oh non », marmonna Horace suffisamment fort pour se faire entendre de tous. 

Miss Peregrine le fusilla du regard. Enfin, les enfants rentèrent à la maison dans un joyeux brouhaha. La directrice eut toutes les peines du monde à les garder à table jusqu'à la fin du repas : ils étaient tous pressés de pouvoir aller jouer avec leur nouveau petit chien. 

Seule Fiona ne se montrait pas aussi enthousiasme que ses camarades. Certes elle était heureuse que son petit protégé ait enfin été accepté par les autres mais une part d'elle-même aurait préféré qu'il reste uniquement à elle. Uniquement son chien.

***

Plusieurs mois avaient passés depuis que la présence de Fripouille dans la boucle avait été révélée aux yeux de tous. Les enfants, au début très intéressés par l'animal, avaient finit par s'en lasser quelques peux. Maintenant, il était une simple présence dans la maison, au même titre que les particuliers et il arrivait souvent qu'on oubli jusqu'à son existence. 

Pourtant ce matin-là, c'était bien le chiot particulier qui était la cause de l'agitation qui régnait dans le salon. Bronwyn et Claire avaient dressé une petite estrade au centre de la salle à manger et se tenaient debout dessus, vêtues tel des présentateurs de cirque, Fripouille fidèlement assis entre elles. 

« Entrez, entrez, braillait Bronwyn en faisant siffler son fouet de fortune dans l'air. Venez admirer un spectacle sans précédent dans l'histoire des spectacles... Celui de Fripouille la Canaille ! 

- Fripouille la quoi ? s'exclama Millard qui venait d'arriver dans la pièce, enroulé dans un peignoir de bain. Mais qu'est-ce que vous faites ? 

- Un spectacle de cirque, lui répondit gaiment Claire en sautillant d'excitation. Tu vas voir, c'est impressionnant ! On s'entraîne depuis au moins deux jours !

- Oula, c'est sûr que là, ce doit être quelque chose de mémorable ! »

L'invisible prit place dans un fauteuil face à elles en souriant moqueusement, ce que les petites ne voyaient pas, évidemment. D'ailleurs, elles prenaient sa dernière remarque pour un compliment et lui adressèrent un petit signe de remerciement. Victor, Horace, Fiona et Emma part contre, avaient bien comprit le sous-entendu et se retenaient à grand peine de rire. 

« Un peu de silence, s'il-vous-plaît, ordonna la sœur de Victor en redressant sa perruque sur sa tête. 

- Le spectacle va commencer ! renchérit Claire de sa petite voix fluette. 

Là-dessus, Bronwyn fit claquer la ceinture de Miss Peregrine (Excusez-moi, son fouet), sur le sol juste derrière Fripouille, qui bondit sur ses pattes. 

- Admirez son obéissance incroyable... 

Claire tendit un morceau de viande sous le nez de Fripouille qui pour l'attraper, se leva sur ses pattes arrières. 

- Son intelligente presque humaine... 

La petite fille en robe rose et aux boucles blondes ouvrit sa main à plat devant le chien qui y posa sa propre patte - chose que, comme avait complètement oublié de préciser les fillettes, Fiona lui avait apprise il y avait longtemps déjà.

- Son agilité hors du commun... 

Claire plaça un cerceau juste devant l'animal qui après un nouveau coup de la part de Bronwyn, sauta à l'intérieur. 

- Et enfin, sa grâce légendaire...  »

Le chiot s'écrasa en dessous de l'estrade. 

Là, Millard ne pu retenir son fou rire et se tordit en deux sur son siège. Bronwyn s'indigna, à la fois contre son fauve complètement incompétent et contre cet abruti d'invisible qui se fichait ouvertement de sa tête.

« Je crois que Fripouille n'est pas fait pour pratiquer l'art du cirque ! lança Millard entre deux spasmes. 

- Arrête de te moquer de lui, Nullings ! Je suis sûre que t'aurais pas fait mieux ! 

- On pari ? 

- On pari ! »

Bronwyn sauta de l'estrade et s'avança vers son ami, l'air déterminé. Malheureusement pour elle, concentrée qu'elle était sur le fauteuil de Millard, elle n'avait pas vu le cerceau qui se trouvait toujours sur le sol. Elle se prit alors les pieds dedans et s'étala de tout son long sur le parquet verni. 

Cette fois, Horace, Victor, Emma et Fiona joignirent leurs rires à celui du jeune Nullings. 

« Je ne sais pas si Fripouille aurait été une bonne bête de cirque, conclu ce dernier, mais toi, c'est sûr que tu aurais fait un excellent clown ! »

Bronwyn se releva d'un bond et se précipita sur lui. Millard sauta sur ses pieds, ôta son peignoir qu'il jeta sur son siège, puis s'enfuit en courant dans la maison, nu comme un ver et une Bronwyn en furie sur les talons. 





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