~ Concours de boucles ~

Cette nouvelle est en quelques sortes mon cadeau de Noël (en retard) pour mes amies fan de Miss Peregrine. Elles se reconnaitront mais je les tag quand même. 

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Et ma sœur qui n'a pas Wattpad.

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« Ce serait donc pour dans deux semaines, c'est bien cela ?

- Oui, le temps que mes pupilles finissent de prendre leurs marques dans ma boucle et que les enfants aient le temps de se préparer.

- Bien. Très bien ? Tout cela me semble parfait. J'espère juste que nous n'aurons pas de contre temps trop important.

- Moi aussi Martha, moi aussi. Bon, aurevoir et à très vite donc ! »

Miss Ramier salua son amie puis raccrocha son téléphone. Ensuite, elle rajusta le col de sa veste et reprit le chemin de sa boucle d'un pas pressé : elle avait hâte d'aller annoncer à ses petits protégés la grande nouvelle qui allait sans aucun doute les remplir de joie.

***

L'Ombrune de la boucle du 8 juin 1703 n'eut aucun mal à dénicher l'endroit où ses élèves s'étaient regroupés. En effet, à l'exception d'Océane et de Dorothy qui avaient autre chose à faire, ils se trouvaient tous assis dans l'herbe à l'ombre d'un chêne qui se trouvait en bordure du manoir.

En la voyant s'approcher d'eux à grands pas, les enfants se redressèrent et passèrent en revue toutes les bêtises qu'ils avaient faites ses derniers temps à la recherche de celle qui leur vaudrait aujourd'hui les foudres de la directrice. Boris cracha le brin d'herbe qu'il faisait semblant de fumer et replaça convenablement sa casquette sur son cran.

« Bonjour Miss, l'accueilla-t-il avec un peu trop d'enthousiasme. Vous avez passé une bonne journée ?

- Excellente mais ce n'est pas le sujet.

La femme capable de se changer en pigeon ramier passa rapidement en revue les adolescents.

- Où sont passées Miss Sellier et Miss Sinclair ?

- Heu... Dorothy est en train de refaire la décoration de sa chambre il me semble et Océane...

- Qu'importe ! Allez me les chercher je vous veux tous dans le salon dans dix minutes. Vous m'avez bien comprise ? Parfait ! Maintenant, exécution ! »

Miss Ramier avait l'air vraiment pressée et les enfants ne tenaient pas plus que ça à la mettre plus en colère qu'elle ne l'était déjà se hâtèrent de lui obéir. Gabin partit chercher les deux filles qui manquaient à l'appel.

***

« Alors voilà, commença Miss Ramier lorsque tous ses pupilles furent installés en face d'elle dans les canapés et autres fauteuils du salon. L'une de mes collègues Ombrune, Miss Paon, vient de me faire une proposition ma foie fort alléchante. En effet, sa boucle est toute neuve – à peine quelques semaines – et elle aimerait aider ses particuliers à mieux maitriser leurs particularités. C'est dans cet optique qu'elle m'a proposé de vous présenter à eux pour qu'ils puissent profiter de vos conseils et de votre expérience.

Les enfants restèrent d'abord ébahis. Ils étaient certes soulagés de ne pas se faire enguirlander mais surtout, ils n'osaient croire à ce que signifiaient les mots de leur directrice. Cela faisait bien des années qu'ils n'avaient vu personne d'extérieur à leur boucle et encore moins venant presque du présent ! Et voilà que Miss Ramier leur proposait de rencontrer enfin de nouveaux visages. C'était presque trop beau pour être vrai. Ernest fut le premier à oser demander :

- Je ne comprends pas, comment pourrions-nous les former. Nous ne savons pas en quoi consistent leurs aptitudes et dans tous les cas il y a peu de chance pour qu'elles ressemblent de près ou de loin aux nôtres.

Miss Ramier poussa un long soupire sous-entendant la stupidité de la question avant de lui répondre :

- Je le sais bien, Monsieur Ferrand, je le sais bien. Mais voyez-vous, il y énormément de moyens différents d'entrainer une particularité. Vous ne pouvez bien sûr pas donner de conseils directs mais il vous est possibles de stimuler les pouvoirs d'autrui en... les poussant à atteindre leurs limites par exemple.

- Vous voulez dire qu'on va devoir les forcer à accomplir des choses impossibles ? hasarda Briac.

- Non. Je veux dire que vous allez les affronter. Miss Paon a imaginé tout un tas d'épreuves pendant lesquels vous vous apposerez à ses pupilles. Le but ultime sera celui dont je viens de vous parler mais une autre surprise sera également attribuée aux gagnants pour ne pas vous faire perdre la motivation que vous pourriez avoir.

- Une surprise ? s'exclama Boris en bondissant sur son fauteuil. Alors là, moi je suis partant !

- Moi aussi, brailla Azilis en agitant les bras comme si elle craignait qu'on ne la remarque pas.

- De même, renchéri Briac.

- Je ne vais quand même pas vous laissez souiller l'honneur déjà inexistant de notre boucle, bougonna Océane.

- Je viens aussi » trancha Gabin.

Comme on pouvait s'y attendre, tous les particuliers se montrèrent très enthousiasmes à l'idée de cette nouvelle expérience et firent bruyamment part de leur joie à leur directrice qui s'en vit comblée.

***

Les deux semaines à attendre avant l'arrivée de la délégation de Miss Paon passèrent à une lenteur effroyable. Heureusement, le grand jour fini par arriver et un matin, les enfants se levèrent avec en tête la promesse d'un jour de fête.

Le déjeuner fut un peu passé sous couvert. Tout le monde s'était réveillé aux aurores et avait d'autres préoccupations plus importantes à régler. Savoir comment se vêtir pour être présentables aux yeux de leurs invités, par exemple.

Vers onze heures, tous étaient rangés devant la porte de leur boucle. Miss Paon fut la première à émerger dans la chaleur de ce matin de juin. C'était une femme d'une trentaine d'années en apparence avec des cheveux blonds tressés en couronne sur sa tête et une robe verte assez raccord avec le style vestimentaire du XVIIIème siècle.

Ses pupilles apparurent ensuite un par un et saluèrent leurs hôtes en souriant. Tout dans leur façon de se tenir tranchait avec le décor mais cela ne serait pas plus embêtant que cela si on se contentait de rester dans le jardin de la maison.

Miss Ramier présenta ses élèves et leurs particularités puis Miss Paon fit de même pour les siens.

« Attendez mais il y a un problème, là, s'affola Boris une fois que cela fut fait et qu'il eut repassé une bonne dizaine de fois les visages des invités en revue.

- Ah bon ? Et pourquoi cela Monsieur Raynal ?

- Il n'y a que des filles ! Où sont passés les garçons ?

- Eh bien... Il se trouve que la boucle de Miss Paon n'héberge pas encore de pensionnaires de sexe masculin mais ce n'est pas un souci...

- Bien sûr que si ! Ce sera beaucoup trop simple si j'affronte des filles et je n'aurais donc aucun mérite à gagner !

- Boris, tu ne devrais pas tant sous-estimer les filles, le réprimanda Dorothy. Elles peuvent se montrer étonnantes.

- Je ne voulais pas dire ça mais... Mon charme est tellement éblouissant qu'elles vont en être toutes retournées et ne seront donc pas en pleine possession de leurs moyens.

Les particulières de la boucle de Miss Paon échangèrent des regards amusés. Elles semblaient se demander où elles avaient bien pu atterrir.

- Vous venez de rencontrer Boris, le présenta Charline. Il est comme ça tout le temps, ne faites pas attention. »

Refusant de laisser plus de place à son élève pour étaler son manque de savoir vivre, Miss Ramier reprit la parole pour annoncer la suite des évènements qui se dérouleraient de la sorte : tout d'abord, un temps de familiarisation avait été prévu pour apprendre à se connaitre un peu puis on passerait à table et enfin les « épreuves » auraient lieu.

« Je peux vous faire visiter le jardin si vous voulez », piala Jérémie en se téléportant d'une fille à l'autre.

Des dénommées Juliette, Morgane et Coralie le suivirent.

« Dis, pourquoi tu es dans... dans ça ? demanda Azilis à l'adresse d'une adolescente discrète aux cheveux châtains mi longs et aux magnifiques yeux verts.

Cette dernière se trouvait en effet dans un drôle d'accoutrement. Une espèce de bulle géante remplie d'eau qui roulait en même temps que la jeune fille faisait un pas.

- Tu veux parler de mon bocal ? (Étrangement, sa voix était nette malgré le liquide qui devait s'engouffrer dans sa gorge lorsqu'elle ouvrait la bouche.) Je suis obligée d'y rester en permanence sinon je ne peux pas respirer.

- Tu es comme une sorte de sirène en fait.

- Oui, voilà. C'est d'ailleurs comme ça que mes amis m'appellent. Inès la sirène. Ça sonne bien, n'est-ce pas ?

- Bof moi je trouve ça plutôt moche.

Inès ne sembla pas apprécier outre mesure le commentaire mais avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, Lilia, une de ses camarades de boucle arriva.

- Alors ça boum les filles ? lança -t-elle à la cantonade en mettant une grande claque dans le dos d'Azilis.

- Ça quoi ? répéta Azilis qui n'étais pas très au point pour la manière de parler du futur.

- Est-ce que ça va ? Est-ce que ça boum, quoi ?

Là-dessus, la particulière claqua des doigts, provoquant une petite détonation. Elle rit.

- Avouez que c'était drôle.

- Vraiment pas, cassa Inès.

- Je... ATCHOUM ! Excusez-moi faut qu'j'me mouche, je suis enrhumée ! C'est qu'il ne fait pas bien chaud dans notre boucle à nous.

Et elle s'éloigna. Azilis la regarda partir avec des yeux ronds.

- Elle est comme ça d'habitude ?

- Non, juste en ce moment... Je crois qu'elle adore être particulière.

- C'est vrai que c'est plutôt pas mal.

- Parle pour toi. Moi je préférais largement le temps où je n'étais pas obligée de me balader dans un aquarium !

La jeune fille blonde eut un pâle sourire.

- C'est vrai qu'on n'a pas tous autant de chance.

- Bon les filles vous venez ? On a faim nous ! brailla Gabin en leur faisant signe de venir les rejoindre pour installer le pique-nique.

- On arrive ! »

***

« Et toi ? demanda Gabin à l'adresse de Lilia. Tu dis que c'est quoi ta particularité ?

- Je peux créer de explosions en claquant des doigts, répondit la jeune fille brune en croquant dans son sandwich concombre/mayonnaise.

- C'est bien ça ! Tu peux me faire une petite démonstration ?

Lilia prit le temps de finir son sandwich avant de répondre, histoire de ménager son effet.

- Si tu veux.

Là-dessus, elle claqua des doigts et un énorme BOUM retentit. Lorsque le silence revint, tous les regards étaient tournés vers la jeune fille et le buisson à sa droite, tombé en poussière.

- Oups, je crois que je n'ai pas vraiment contrôlé la puissance que j'y ai mis... »

Elle eut un sourire gêné et les autres se détachèrent d'elle pour revenir sur leurs occupations initiales. Enfin, sauf Océane dont le regard brûlant traversait le dos de Gabin pour venir fusiller Lilia. La particulière aux cheveux de feu ne semblait pas voir d'un très bon œil l'amitié naissante entre les deux individus.

***

Quand tout le monde fut rassasié, les Ombrunes repartirent leurs pupilles en équipes de quatre avant de leur expliquer en quoi consistait la première épreuve. Une course d'obstacles avait été installée derrière la maison. Chaque équipe choisirait un champion qui devrait l'exécuter et la plus rapide gagnerait le point. Les pupilles choisis passeraient à deux en même temps.

Il ne fallut pas longtemps aux enfants pour délibérer et bientôt, Nesrine et Boris se trouvèrent sur la ligne de départ. Azilis, Dorothy et Elisa entouraient Nesrine pour lui donner des conseils de dernière minute et Claire, Coralie et Charline firent de même avec Boris mais Miss Ramier les chassa lorsque Miss Paon commença son décompte avant le top départ.

« Je te préviens, siffla Nesrine entre ses dents en voyant son adversaire ébaucher un sourire charmeur et déstabilisant. Si tu essayes de me faire perdre, je ferais de même et je peux t'assurer que tu vas le regretter. J'ai presque autant de charme que toi ! »

Boris perdit son sourire et analysa la jeune fille. Avec sa peau mate et ses cheveux noirs et bouclés, elle lui faisait un peu penser à Elisa. Et comme il n'avait jamais été attiré par Elisa, aucun souci à se faire de ce côté-là. Par contre, bien qu'elle fût légèrement plus âgée que lui, Nesrine restait plus petite d'une demi-tête et, si cela pouvait se révéler être un inconvénient pour elle dans certaines situations, elle serait ici favorisée s'il fallait par exemple passer sous quelque chose.

Absorbé qu'il était dans son analyse, Boris faillit manquer le départ et Nesrine en profita pour le devancer. Le garçon commença par lui brailler des obscénités puis, réalisant que cela ne servait qu'à l'essouffler inutilement, il se tut et se concentra sur son objectif : rattraper la jeune fille.

Cela ne se révéla pas aussi simple que prévu. Elle bondissait par-dessus les haies, glissait sous les obstacles, contournait habilement tout ce qui se trouvait en travers de son chemin. Ainsi, elle arriva bonne première. Les autres l'acclamèrent, sauf Boris qui refusa de lui serrer la main, maugréant qu'il se vengerait. Nesrine lui adressa un sourire plein de fossettes.

« J'aimerais bien voir ça ! »

Et ils partirent dans une grande discussion hautement intellectuelle sur leurs chances respectives de remporter la prochaine étape.

Pendant ce temps, Morgane et Juliette se mettaient en place.

« Tu ne vas quand même pas laisser perdre la membre numéro un de ton fan club, lança Juliette à l'adresse de son amie avec un clin d'œil.

- Ne rêve pas. Je vais t'atomiser tu vas rien comprendre !

- Redescend sur terre c'est moi qui...

- 3... 2... 1... C'est parti ! »

Comme Boris avant elle, Juliette faillit manquer le départ. Heureusement, elle se rattrapa juste à temps et arriva même avant son adversaire en se servant de son pouvoir de télékinésie pour faire léviter les obstacles en dehors de son passage.

La jeune fille fut félicitée puis les Ombrunes annoncèrent que la deuxième étape allait avoir lieu. Malheureusement, tout ne fut pas si simple et Boris cria – une fois de plus – au scandale. Il prétendait que les équipes n'étaient pas assez équilibrées et que les moins nombreuses étaient défavorisées.

Pour éviter les histoires, Miss Ramier et Miss Paon cédèrent à son caprice et répartirent leurs élèves en deux grands groupes de neuf. Ensuite, elles leur distribuèrent des boussoles et des plans censés les aidés à trouver les balises qu'elles avaient cachées dans le jardin.

Un premier groupe s'élança aussitôt que les explications furent données en direction du petit bois, Morgane en tête. Sa carte dans une main et sa boussole dans l'autre, elle était bien décidée à être la première à dénicher les balises.

Derrière elle, Claire et Lilia discutaient avec Azilis, Léa et Ernest sans guère prêter attention à là où elles allaient, Océane trainait la patte, secrètement soulagée que Gabin et Lilia ne soit pas dans le même groupe et Boris et Nesrine faisait la course. Le garçon au chant hypnotique était en tête mais sa camarade ne tarda pas à le rattraper. Quand elle arriva à sa hauteur, elle lui piqua sa casquette puis changea aussitôt de trajectoire pour s'éloigner le plus possible de lui.

« Hé ! Rends- moi ça !

- Pourquoi ? Tu ne veux pas qu'on voit tes magnifiques cheveux ? C'est vrai qu'ils sont un peu indisciplinés. Tu devrais les coiffer. Avec du gel. Je te conseille la marque Vivel Dop Fixation Béton : garanti 100% efficace ! »

Boris lâcha une bordée de jurons puis accéléra, rattrapa la jeune fille et lui tordit un bras dans le dos jusqu'à ce qu'elle abandonne et ne lui rende ce qui lui appartenait. Apparemment, Boris semblait considérer que le proverbe « on ne frappe pas une fille » ne s'appliquait pas à celles venant du futur.

« Ils vont finir dans le même lit on ne va rien comprendre, railla Claire en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule.

Boris la fusilla du regard, Nesrine vira au rouge pivoine et Azilis fit la grimace.

- Beurk, c'est dégoûtant !

- Moi je trouve ça plutôt mignon la façon dont ils se disputent.

- Mais il est plus petit qu'elle ! s'insurgea la jeune fille blonde.

- Et alors ? L'amour n'a pas d'âge.

- Laisse tomber Claire ils ne vivent pas à la même époque que nous » intervint Morgane tout en redressant leur direction par rapport à celle de la carte.

***

De leur côté, les autres n'étaient pas plus avancés. Arrêtés au centre d'une clairière, ils attendaient Briac et Coralie qui avaient décidé de se livrer à un combat en corps à corps. En effet, la jeune fille possédait la capacité de se changer en tigre à dents de sabre à volonté et, le pouvoir de Briac étant presque le même, ils tenaient à déterminer qui des deux était le plus puissant.

L'ours et le tigre se faisaient face, chacun affuté de ses vêtements d'humain, ce qui rendait la situation légèrement ridicule. Les dents serrées et les muscles tendus, ils se tenaient prêts à bondir. Briac fut le premier. Il se jeta sur son adversaire avec un cri guttural et atterrit de tout son poids sur le dos du félin. Ce dernier fêla mais s'extirpa sans difficulté de son assaillant pour se jeter à son tour sur lui, toutes griffes dehors. Briac tenta d'esquiver mais il ne fut pas assez rapide et s'en tira avec quatre traces rouges au niveau du cou.

Coralie hésita, se demandant si cela était une bonne idée de continuer tout en sachant que l'un deux risquait de se blesser ou de faire blesser mais avant qu'elle n'ait eu le temp de faire quoi que ce soit pour mettre fin au combat, le jeune homme se reprit et lui envoya sa grosse patte dans le museau. Elle laissa échapper un petit cri de douleur puis sauta en arrière. De sa longue queue, elle fouetta l'ours brun au flan. Malheureusement, il sentit à peine l'impact et se précipita une nouvelle fois sur Coralie. Cette fois-ci, elle n'eut pas le temps de reculer et se retrouva plaquée au sol. Briac eut un rictus de victoire puis tous deux reprirent leur forme humaine d'un commun accord.

« Bien joué, félicita Briac en essuyant le sang qui perlait de sa clavicule.

- Merci, mais tu as été plus brillant que moi pour le coup.

- Arrête de faire ta modeste ! Je suis plus vieux que toi, plus grand, je dois faire deux fois ton poids et par-dessus le marché, tu es une fille et moi un garçon, alors si on tient compte de tous ses critères, je peux te dire que tu t'es bien défendue.

Coralie rougit du compliment et recoiffant comme elle pouvait ses cheveux que la bataille avait ébouriffés.

- J'aimerais bien remettre ça, un jour. Quand je me serais un peu plus entraînée, tu en dis quoi ?

Briac lui adressa un sourire rayonnant.

- Quand tu veux ma petite !

- C'est bon vous vous êtes bien amusés ? les héla Inès en roulant jusqu'à eux. Parce qu'il faudrait qu'on continuer si on ne veut pas arriver vingt ans après les autres !

- Tu as raison. »

La sirène leur lança son regard le plus hautain puis se détourna pour aller rejoindre leur groupe. Briac et Coralie la suivirent en discutant. Ils continuèrent ainsi pendant tout le temps de la chasse au trésor, réalisant qu'ils avaient pleins de points communs. Chacun retrouvait en l'autre le grand frère ou la petite sœur qu'il n'avait jamais eu.

***

Finalement, ce fut l'équipe de Morgane qui arriva en deuxième position, à quelques secondes près. La jeune fille fulminait et fit retomber toute sa frustration sur les autres membres de son groupe qu'elle accusa d'avoir été trop lents exprès pour qu'elle perde. Ces derniers ne savaient plus où se mettre. Ils ne se doutaient pas que cette victoire était si importante pour Morgane, autrement ils auraient peut-être fait un peu plus d'efforts. Peut-être.

Jérémie, qui se trouvait lui dans la bonne équipe, vint retourner le couteau dans la plaie en se téléportant toutes les trente secondes devant Morgane pour lui crier dans les oreilles : « On a gagné ! On a gagné ! ». Juliette fut contrainte de répéter à son amie télépathe que ce n'était qu'un gamin une bonne centaine de fois pour l'empêcher de dépecer vivant l'enfant.

La compétition était vraiment en train de tourner en eau de boudin. Les enfants couraient de partout, criaient ou discutaient d'autre chose dans un coin. Ils avaient tous décroché ou bien boudaient, vexés d'avoir perdu. Voyant cela, les directrices de boucles décidèrent de mettre fin prématurément à ce qu'elles avaient prévu, organisant à la place une démonstration de particularité improvisée.

Ainsi, chacun passa à tour de rôle sur une petite scène montée à la va-vite. Si les représentations n'étaient pas des plus réussies en raison du manque d'entraînement des pupilles, elles permirent au moins le rapprochement de certains. Juliette par exemple, pouvait tout comme Ernest faire léviter des objets, bien que ce ne soit pas de la même façon. Ils s'organisèrent un concours pour savoir qui d'entre eux arriverait à faire monter un humain le plus haut dans le ciel. Malheureusement, une fois à vingt mètres du sol, Morgane fit une crise de vertige et Dorothy manqua de vomir.

Léa aurait bien aimé pourvoir aller parler avec Nesrine de sa mémoire photographique surpuissante mais la jeune algérienne se disputait avec Boris à propos d'une bagatelle.

Claire, dont la particularité permettant de contrôler les astres aurait également pu intéresser la jeune fille aux sens accrus, se disputait également mais avec Jérémie, qu'elle avait accidentellement appelé Luc, ce que le gamin n'avait pas supporté. Finalement, Léa jeta son dévolu sur Inès qui était déjà en pleine conversation avec Azilis et alla se glisser discrètement à leurs côtés.

Pour sa part, Océane ne comptait pas se laisser abattre. Elle avait repéré que Gabin était encore en train de discuter avec Lilia et, prenant son courage à deux mains elle se décida à aller se joindre à eux. Elle fut surprise de constater que, contrairement à ce qu'elle c'était invraisemblablement imaginé, aucun des deux ne cherchait à séduire l'autre et ils se contentaient de parler de choses et d'autres comme n'importe qui aurait pu le faire.

En bref, tout le monde passait un bon moment en compagnie de gens qu'il appréciait.

***

C'est pour cela que quand le moment de se séparer arriva – car tout finit hélas par arriver, même ce qu'on redoute le plus -, les enfants eurent toutes les peines du monde à ne pas faire de scène à leurs Ombrunes. La larme à l'œil, ils se prirent dans les bras et se firent à l'oreille des promesses qu'ils savaient incertaines.

Gabin, Dorothy et Briac écoutèrent avec attention Coralie leur expliquer comme faire pour tchequer puis n'y tenant plus, Briac la serra dans ses bras à lui faire mal. Elle resta un long moment contre lui jusqu'à ce que Nesrine vienne la prendre par les épaules pour la conduire vers la sortie de la boucle. Ce qu'elle ne fit pas elle-même, distraite par Boris qui venait contre toutes attentes lui serrer la main. Il la garda un peu trop longtemps dans la sienne puis, semblant s'en rendre compte, il s'écarta vivement, se refrogna et lâcha d'un ton bougon : « toi au moins tu me manqueras pas » avant de remettre sa casquette en place et de s'éloigner à grandes enjambées en direction de la maison.

« Ça c'est ce qu'on appelle un mensonge, cru bon de faire remarquer Claire. Ça arrive quand on n'ose ou ne veut pas dire la vérité.

Juliette eut un grand sourire.

- Je suis sûre qu'il a eu le coup de foudre pour toi Nesrinette ! s'exclama-t-elle avec un clin d'œil complice.

Nesrine rougit, marmonna quelque chose d'incompréhensible puis s'enfonça dans le passage menant à son époque. Morgane soupira.

- J'ai comme l'impression que Nesrine ne va pas être d'aussi bonne humeur qu'aujourd'hui pendant un bout de temps... Bon, on y va ? »

Coralie acquiesça et s'engouffra à la suite de son amie, bientôt suivie par Juliette et Morgane. Lilia quitta Gabin pour venir rejoindre Inès et Claire qui l'attendaient.

« Alors ? demanda cette dernière. Est-ce qu'on doit s'attendre à un deuxième mariage sous peu ?

- Arrête Gabin est juste un pote.

La jeune fille aux lunettes roula des sourcils.

- Tu en es sûre ?

- Oui. Bon, c'est vrai qu'il est gentil, drôle et intelligent et je pense qu'on aurait pu s'entendre s'il n'y avait pas eu Océane...

- Qu'est-ce qu'elle a Océane ? intervint Inès en jetant un coup d'œil des plus discrets en direction de la jeune fille rousse.

- Elle est amoureuse de lui, ça crève les yeux. Et cet imbécile ne se doute de rien. Pourtant je suis certaine que ça peut marcher entre eux. Alors je me suis bien appliquée à faire comprendre à Gabin que lui et moi, on serait amis rien de plus.

- Tu es vraiment quelqu'un de bien, tu le sais ça ?

Lilia eut un petit rire devant la réplique de son amie la sirène.

- Je ne crois pas, non. Mais ce n'est pas grave : je suis comme je suis et ça me va très bien comme ça ! »

Et là-dessus, elle fit un dernier signe d'aurevoir à ses nouveaux amis de la boucle de Miss Ramier et quitta à son tour le doux soleil de 1703, Claire et Inès sur les talons. 

BOUCLE DE MISS PAON

Lilia : Crée des explosions en claquant des doigts.
16 ans
Nesrine : Sa mémoire photographie et auditive est infiniment plus élevée que la moyenne. Elle se souviens donc de tout ce qu'elle voit ou entend.
15 ans
Coralie : Peut se changer en tigre à dents de sable lorsque ça lui chante.
14 ans
Claire : Particulière capable de manipuler les astres à sa guise.
15 ans
Inès : Dotée de branchies plutôt que de poumons, elle évolue en permanence dans une bulle gonflable remplie d'eau.
13 ans
Morgane : Télépathe, peut donc lire et envoyer des messages dans les esprits des autres.
15 ans
Juliette : Télékinésiste. Elle peut déplacer par sa pensée n'importe quel objet ou être vivant mais sur une distance et une hauteur restreinte.
13 ans

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