Chapitre 25 - Derniers secrets

« Madame du Saphir,

J'ai déjà eu l'occasion d'envoyer une lettre à votre mari afin de lui présenter mes condoléances, mais je vous renouvelle mon témoignage de compassion pour la perte de notre regretté Grand Alpha. J'imagine que cette épreuve a dû être particulièrement difficile pour votre famille et qu'elle explique peut-être la prise de certaines décisions irrationnelles.

Je dois reconnaître avoir été fortement surpris d'apprendre que vous souhaitiez rompre l'engagement qui avait été pris pour nos enfants. Je me permets donc de supposer qu'il s'agit d'un revirement mû par votre chagrin, et que vous avez depuis retrouvé vos esprits.

En espérant apprendre bientôt que ma chère fille est toujours fiancée à votre fils,

Monsieur Manik du Rubis, héritier au titre d'alpha de la Terre des Loups du Rubis »

Dès qu'elle eut terminé de lire cette lettre, Anya la chiffonna et la jeta dans la cheminée de son bureau.

Il n'avait pas fallu longtemps à Manik du Rubis pour contester la rupture des fiançailles. Cela n'avait rien d'étonnant et elle espérait qu'à force de ne recevoir aucune réponse du palais, il finirait par se décourager. Anya ne comptait pas lui accorder plus d'importance qu'il en méritait. Il ne serait pas le premier homme déçu par un projet non mené à terme et s'en remettrait tôt ou tard.

En attendant, elle avait autre chose à faire. Clark avait demandé à renouveler certains tableaux autrefois mis en place par son père, et elle devait vérifier si tout se déroulait comme prévu.

La mort de l'ancien Grand Alpha était encore trop fraîche pour opérer de grands changements de décoration. Cependant, Clark tenait au moins à bannir de sombres oeuvres qui représentaient des batailles trop sanglantes, voire des exécutions. Ces vieux tableaux aux couleurs passées pouvaient peut-être avoir leur place dans une galerie, mais certainement pas dans les endroits où ils passaient plusieurs fois par jour.

Quand elle traversa les différents couloirs, elle trouva des domestiques perchés sur des escabeaux, en train d'ajuster les cadres. Elle donna quelques indications lorsque des toiles lui paraissaient de travers, puis se dirigea vers la salle de jeux de Marcus.

En chemin, elle aperçut Clark au bout d'un couloir et elle faillit faire demi-tour. Comme il tenait Marcus dans ses bras, il ne servait de toute façon à rien qu'elle aille jusqu'à la salle de jeux. Malheureusement, le Grand Alpha tourna la tête dans sa direction avant qu'elle n'ait pu s'enfuir comme une souris.

Elle s'avança avec une certaine raideur et esquissa un sourire timide en arrivant à son niveau. Depuis une semaine, ils ne s'adressaient la parole qu'au sujet de Marcus et évitaient toute allusion à Rowan.

— Maman ! l'interpella Marcus avant qu'elle ne poursuive sa route. Regarde mamie !

Si elle ne s'était pas doutée du tableau devant lequel Clark s'était arrêté, elle n'aurait sûrement pas compris ce qu'il avait dit. À un peu plus d'un an et demi, il arrivait à prononcer de plus en plus de mots, mais tout n'était pas toujours d'une grande clarté...

Et effectivement, quand elle se tourna vers le portrait accroché au mur, elle découvrit celui de Mina du Diamant. Elle l'avait retrouvé quelques jours plus tôt dans l'une des réserves et des domestiques s'étaient empressés de le nettoyer. Malgré sa dizaine d'années passée dans la poussière, la toile était plutôt bien conservée. Elle représentait une jeune fille très souriante, aux yeux bleus pétillants. Avec ses cheveux bruns joliment bouclés et ses traits harmonieux, elle ressemblait énormément à Clark.

Même si Anya ne l'avait pas connue, elle dégageait une douceur indéniable. C'était à se demander comment elle avait pu s'intéresser à cette brute d'Arthur.

— Elle est très belle, mon ange, répondit-elle à Marcus. Tu ne trouves pas qu'elle ressemble beaucoup à ton papa ?

Le louveteau ne dut pas comprendre cette phrase trop compliquée, puisqu'il se contenta d'afficher un sourire niais. Cela fit rigoler Clark, qui finit par le reposer par terre. Le petit courut jusqu'au bout du couloir, où l'attendait Judith.

Anya voulut les rejoindre dès qu'ils disparurent dans la salle de jeux, or elle n'eut pas le coeur à laisser Clark de la sorte.

— Je te remercie d'avoir retrouvé le tableau, déclara-t-il. Mon père m'avait un jour dit qu'il s'était débarrassé de tous les portraits de ma mère, mais j'avais espéré qu'un domestique ait réussi à en conserver.

— J'ai du mal à croire qu'il ait été affecté par sa mort au point de ne plus supporter de voir ses portraits, commenta-t-elle.

Ses yeux s'assombrirent, et elle se demanda si elle n'avait pas dit une nouvelle bêtise. Quand allait-elle cesser de lui faire du mal ?

— Aussi fou que cela puisse paraître, je crois qu'il l'aimait, dit-il en fixant le tableau. Et justement, la voir partout lui rappelait trop ce qu'il avait fait.

Maltraiter le fils de celle qu'on prétendait aimer ne devait effectivement pas être une grande fierté. Néanmoins, en percevant la colère froide qui émanait de Clark, elle eut l'impression qu'il ne faisait pas seulement allusion à ce qu'elle croyait.

Cela se confirma lorsqu'il vérifia si aucun domestique ne rôdait dans le couloir, puis qu'il se rapprocha d'un pas.

— En réalité, c'est lui qui a causé la mort de ma mère, avoua-t-il sans la regarder. Ils se sont disputés le soir où elle a découvert ce qu'il me faisait et... Il l'a poussée dans les escaliers.

Un froid glacial s'empara d'Anya. Elle avait beau connaître la personnalité de l'ancien Grand Alpha, elle réussissait encore à être choquée par sa cruauté. Elle se souvint alors des vieux avertissements de son père et des rumeurs qu'il avait entendues, qui se trouvaient être vraies.

— C'est pour cette raison qu'il ne supportait plus de la voir, même en peinture. Elle devait être la seule envers qui il se sentait réellement coupable.

La louve regarda Mina, comme si elle la voyait pour la première fois. Une telle lumière brillait en elle qu'elle semblait impossible à éteindre. Savoir qu'Arthur y était parvenu lui donnait envie d'aller le réveiller d'entre les morts pour le tuer une nouvelle fois.

— Je suis... désolée. C'était un véritable monstre.

C'était peu dire, mais elle ne voyait pas quoi ajouter d'autre. Clark laissa passer un silence, avant de reprendre :

— Je n'aurais jamais pu survivre à tout ça sans Rowan. Il m'avait promis qu'il serait là pour moi et il l'a toujours été. Je pense que c'est pour ça qu'il a eu tant de mal à tout m'avouer et... qu'il a eu ce comportement envers toi.

Anya battit en retraite, encore honteuse pour tout ce qui s'était passé.

— Au contraire, c'est lui qui a eu le courage et l'honnêteté de tout t'avouer, regretta-t-elle en baissant les yeux. Je n'en aurais jamais été capable...

Elle en était même venue à le supplier de ne pas divorcer. Il lui restait si peu de dignité qu'elle aurait dû être condamnée à se cacher dans une caverne.

— Je comprends que la situation n'ait pas été facile, déclara-t-il avec une douceur qu'elle ne méritait pas. Nous sommes séparés, mais nous sommes toujours mariés, Rowan est mon meilleur ami, je venais de devenir Grand Alpha... Si les rôles avaient été inversés, je ne sais pas si j'aurais pu tout te dire aussi.

Il lui aurait tout avoué, cela allait sans dire. Ou plutôt, il n'aurait rien eu à lui cacher, puisqu'il ne se serait jamais permis d'agir dans son dos.

— Je te dois quand même des excuses, affirma-t-elle en s'obligeant à le regarder en face. Tomber amoureuse de ton meilleur ami et te cacher tant de choses... Tu ne méritais pas que je te fasse ça.

Et encore, il ne savait pas ce qu'elle faisait pour les Neutres. Lorsqu'elle avait pris la décision de rompre avec lui, elle s'était imaginé qu'elle se sentirait moins coupable pour toutes ses cachotteries. Finalement, cela n'avait pas changé grand-chose. Elle avait contribué à le protéger en ne l'incluant pas dans ses projets, mais il avait quand même souffert par sa faute.

— En vérité, je n'ai pas vraiment été surpris par le fait que tu aies une relation avec quelqu'un. J'en venais presque à te le souhaiter. Tu n'as même pas vingt-deux ans et tu mènes la vie de quelqu'un qui est marié depuis trente ans. Je n'aurais juste jamais imaginé qu'il serait question de Rowan. J'ai rarement vu deux personnes qui ont une telle capacité à s'horripiler mutuellement...

Tout bien considéré, cela portait presque à rire. Clark ébaucha d'ailleurs un sourire.

— Je commence à prendre du recul et je me dis que si les choses fonctionnent entre vous, alors je ne peux pas vous souhaiter mieux. Hormis Marcus, Rowan est la personne qui compte le plus dans ma vie. Et même si nous n'avons jamais vraiment été ensemble, tu es très importante aussi.

Anya en fut très touchée. Elle ne méritait cependant pas un centième de sa reconnaissance.

— Il n'empêche que je m'en veux. Tu es sans doute la seule personne au monde qui tolérerait la situation.

N'importe quel autre loup lui aurait interdit de reparaître sous son toit.

— Tout sera plus simple et aura l'air moins étrange une fois que nous serons divorcés, assura-t-il. Je te promets que ça ne changera rien vis-à-vis de Marcus et toi.

Elle hocha la tête. Être obligée de vivre loin de son louveteau était sa plus grande peur, pire encore que de ne plus pouvoir agir pour les Neutres. Heureusement, même si elle aurait moins d'influence que si elle était restée mariée à Clark, elle pourrait conserver sa place au palais ou vivre tout proche, dans les beaux quartiers du village.

— J'espère que cela pourra apporter des évolutions positives de ton côté aussi, déclara-t-elle. Tu dis que je mène la vie d'une petite vieille, mais je te rappelle qu'il n'en va pas tellement mieux de ton côté...

Cette petite taquinerie le fit rire et elle fut heureuse de retrouver un peu de légèreté.

— Les choses sont différentes pour moi. À présent que je suis Grand Alpha, je vois mal comment je pourrais trouver quelqu'un. Soit les demoiselles seraient trop impressionnées par mon titre, soit elles seraient uniquement intéressées par celui-ci.

Présenté ainsi, il s'agissait en effet d'une tâche ardue.

— Je n'ai pas à me plaindre de mon sort. J'ai un palais, un travail qui me permet de m'occuper, le plus mignon des louveteaux... Qu'est-ce que je pourrais vouloir de plus ?

Anya admirait sa façon de voir les choses, même si elle était un peu triste. Le connaissant, elle était certaine qu'une personne finirait par l'aimer, sans tenir compte de son titre.

— Ah tiens, voilà quelqu'un avec qui tu dois avoir des choses à dire, fit-il en regardant derrière elle.

Avant même de se retourner, elle sut qui elle allait trouver. Rowan s'arrêta net en les voyant et parut regretter d'être passé par ce couloir. Clark lui fit un signe avant qu'il n'ait l'idée de faire demi-tour.

Bien obligé de s'approcher, Rowan avança d'un pas mal assuré, les mains derrière le dos.

— Je passais dire bonjour à Marcus, se justifia-t-il. Je constate que nous avons tous eu la même idée...

Pour une fois, Clark semblait être le plus à l'aise des trois.

— En effet, acquiesça-t-il. Mais je m'apprêtais justement à m'en aller. Je n'ai pas une journée très chargée aujourd'hui, alors j'ai prévu de faire quelques gâteaux. Vous pourrez tous venir prendre le goûter avec Marcus, si vous voulez.

Il eut seulement droit à des hochements de tête timides, aucun n'ayant très envie de vivre un tel moment de gêne.

On aurait pu croire que le passage aux aveux signerait une possible réconciliation entre Anya et Rowan, or ils avaient continué à s'éviter. Clark avait dû s'en rendre compte et cherchait à présent à les rabibocher. Un véritable monde à l'envers.

Le Grand Alpha les abandonna à leur sort, non sans échanger un drôle de regard avec son meilleur ami. Les bras croisés sur sa poitrine, Anya faillit prétendre un quelconque rendez-vous pour s'éclipser. Néanmoins, elle savait que la situation ne pouvait pas perdurer ainsi. Cela faisait déjà trop de jours qu'elle n'arrivait à se concentrer sur rien d'autre que les mots qu'il avait prononcés dans les écuries.

— Tu as... retrouvé le portrait de Mina, observa-t-il après un silence aussi lourd qu'un âne mort.

Elle jeta machinalement un regard à la femme d'Arthur, qui continuait d'afficher le même sourire éclatant.

— Il était dans une vieille réserve. Clark avait peur que son père ait tout jeté.

— Cela n'aurait pas été étonnant.

Estimant que continuer à parler de Clark et de sa mère décédée serait déplacé, elle ne répondit pas.

Tourner autour du pot pendant une heure ne servirait à rien, toutefois ce qu'elle avait à dire refusait de franchir ses lèvres. Elle s'efforça de prendre plusieurs inspirations pour se donner du courage, comme si elle s'apprêtait à plonger sous l'eau. Tu es ridicule, s'agaça-t-elle intérieurement. Dire qu'elle était censée être assez mature pour élever un petit garçon, voilà qu'elle n'arrivait même pas à parler à Rowan...

— Je crois que nous devrions discuter de ce qui s'est passé l'autre jour, se lança-t-elle enfin.

Sa voix ne s'était pas faite aussi affirmée qu'elle l'aurait voulue, mais c'était mieux que rien.

— Je suis d'accord, répondit-il avec plus d'entrain.

Sûrement était-il heureux qu'elle ait brisé la glace en premier.

— Tu as eu raison d'aller tout dire à Clark, commença-t-elle en fixant le sol. J'étais trop lâche pour le faire et... J'étais cruelle, aussi.

Elle n'avait pensé qu'à ses intérêts et à ceux de ses projets. Certes, elle aidait des dizaines de Neutres, et elle espérait en sauver des milliers d'autres à l'avenir, or cela ne lui laissait pas le droit de tromper Clark.

Elle n'avait eu qu'une seule règle à tenir pour préserver ses activités : ne pas tomber amoureuse. Puisqu'elle avait été incapable de la respecter, elle devait en assumer les conséquences.

— C'est moi qui ai été cruel. J'aurais dû aller parler à Clark dès que nous sommes rentrés, plutôt que de rompre et d'être si méchant avec toi.

En effet, on ne pouvait pas dire qu'il avait été très délicat...

— Je ne méritais pas tellement mieux, reconnut-elle. Même si Clark et moi étions séparés, j'ai agi comme si j'étais déjà divorcée et comme s'il n'était pas ton meilleur ami... C'est très noble de ta part d'avoir voulu lui rester fidèle.

Elle ignorait s'ils pouvaient vraiment parler de "fidélité" après avoir eu une relation dans son dos, mais au moins, Rowan avait été assez fort pour y mettre un terme.

— Je suis beaucoup plus lâche que tu le crois, regretta-t-il. Toute ma vie, mes seuls projets ont été la fuite. Tu en as encore eu la preuve la semaine dernière.

Elle leva les yeux vers lui, ne voyant pas où il voulait en venir.

— Quand Clark et moi étions plus jeunes, j'imaginais toujours des plans d'évasion pour qu'il échappe à son père. Je ne cherchais jamais à résoudre le problème en affrontant directement Arthur et...

— Je ne vois pas ce qu'un petit garçon aurait pu faire contre un Grand Alpha trois fois plus vieux que lui.

Personne ne pouvait lui en vouloir de ne pas avoir eu l'idée d'aller chercher une hache pour la planter dans le coeur d'Arthur.

— C'est vrai, mais j'aurais au moins pu aller en parler à Mina, fit-il en désignant le portrait. Mon père avait minimisé la situation et craignait que le Grand Alpha s'en prenne à nous si nous semions le bazar dans sa famille. Je savais à quel point les choses étaient graves et j'aurais dû avertir la mère de Clark avant que...

Il n'alla pas plus loin, et Anya saisit à quoi il faisait allusion.

— Clark m'a raconté ce qui est arrivé à sa mère.

Ces dernières révélations lui faisaient encore froid dans le dos.

— Vraiment ? s'étonna-t-il. Il refuse toujours d'en parler à qui que ce soit.

— Il m'a dit qu'il n'aurait pas pu supporter tout ça si tu n'avais pas été là. Ça te prouve que tu n'es pas si lâche que tu le penses.

Il ne parut guère convaincu et garda la tête baissée.

— Il n'empêche que j'avais encore prévu de partir après lui avoir tout avoué. Si ce n'est pas une preuve de lâcheté... Même si Clark est venu me parler et m'a assuré qu'il ne m'en voulait pas, je ne peux pas m'empêcher de me sentir mal.

Anya le comprenait, elle-même n'étant pas en paix parfaite avec sa conscience.

— Nous avons tous eu du mal à gérer la situation. Je ne suis pas très fière non plus, mais peut-être qu'avec le temps, nous finirons par nous pardonner. Et je pense que nous devrions commencer par... Ne définitivement plus faire comme si nous nous détestions.

Elle approcha sa main de la sienne et craignit qu'il ne la repousse. Au contraire, il entremêla ses doigts aux siens et les pressa doucement.

— Je suis désolé pour tout ce que j'ai fait. Ces dernières semaines ont à la fois été l'une des pires périodes de ma vie et l'une des plus belles.

Elle osa enfin le regarder vraiment dans les yeux, sans se dérober.

— Je suis désolée aussi. Nous n'avons pas forcément eu les réactions les plus appropriées au meilleur moment...

Il hocha la tête. Tous les deux avaient été la cause de leurs mêmes tourments et s'étaient complètement égarés en chemin.

— Je ne mentais pas quand je t'ai dit que je t'aimais, murmura-t-il. C'était même l'une des choses les plus sincères que j'ai dit depuis longtemps.

Elle sentit son coeur s'emballer, mais de la plus douce manière possible.

— Je... Je t'aime aussi, avoua-t-elle d'une voix nouée par l'émotion. Tellement que ça m'a fait peur et... Maintenant, je ne veux plus avoir peur.

Et comme pour définitivement mettre un terme à ses craintes, il se pencha vers elle pour l'embrasser.

Elle repensa à leur premier baiser, qui s'était aussi déroulé dans un couloir. Il s'agissait toutefois du seul point commun. Cette fois-ci, Anya ne se sentait plus du tout perdue ou confuse. Après tant de peines et de doutes, il lui semblait enfin retrouver la paix.

Malgré toute sa bonne volonté, elle ne pourrait jamais tout contrôler. Peut-être que son amour pour Rowan l'empêcherait de réaliser tous ses projets pour les Neutres. Cependant, elle n'était pas certaine que le nier et faire comme si elle ne ressentait rien l'aiderait beaucoup. Elle avait trop longtemps envisagé sa vie comme un sacrifice, alors qu'elle ne pouvait continuer ainsi éternellement.

— C'est beaucoup mieux de faire ceci sans se sentir coupable, s'amusa-t-il en s'écartant.

Elle sourit, avant de tourner la tête vers le bout du couloir.

— Nous devrons quand même faire attention à ne pas nous faire remarquer, lui rappela-t-elle.

C'était la seule condition imposée par Clark, et ils devaient au moins se donner la peine de la respecter.

— Je suis un as de la discrétion, se vanta-t-il d'un air théâtral. Tu peux compter sur moi.

Elle leva les yeux au ciel avec un petit sourire, à moitié convaincue.

Même si elle savait qu'il ne la trahirait pas, elle ne lui révélerait pas tout de suite ses agissements avec les Neutres. Il risquerait de vouloir s'en mêler et si les choses venaient à se compliquer, être au courant pourrait le mettre en danger. Sûrement envisagerait-elle de se confier un jour ou l'autre, mais pour l'heure, elle préférait que tout reste ainsi.

Et cela tombait bien, elle se trouvait plutôt douée pour garder des secrets.

Note de l'auteure :

À samedi pour l'épilogue et les infos sur la prochaine histoire ! ❤️

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