Chapitre 23 - Affaires secrètes

Anya avait entendu dire que le rangement incitait au calme et à la paix intérieure.

Celui qui avait lancé cette rumeur devait certainement être en manque d'inspiration ce jour-là.

Lorsqu'elle avait proposé à Clark de l'aider à trier les anciennes affaires de son père, la louve avait imaginé que cette activité lui changerait les idées. Hélas, mettre des bibelots dans des caisses de bois et inspecter de vieux documents inutiles n'avait rien de très distrayant.

Une pensée lui permettait de ne pas complètement perdre sa motivation : grâce à la revente de certains objets, elle gagnerait des pièces d'or à consacrer aux Neutres. Bien que régulièrement alimentés par ses parents, ses comptes commençaient à ne plus pouvoir suivre tous les besoins du groupe nomade. En tant que femme du Grand Alpha, elle avait désormais droit à une pension supplémentaire, mais elle devait principalement la consacrer à sa garde-robe. Une femme de son rang ne pouvait porter deux fois la même tenue pour un événement. Elle recevait parfois des cadeaux de couturiers, néanmoins il lui fallait procéder à quelques investissements.

Avec les grands vases ornés de feuille d'or, ou les encriers sertis de pierres précieuses qu'elle avait collectés, elle pourrait déjà obtenir un joli butin. Elle prendrait bien sûr la peine de demander à Clark s'il était attaché à ces choses, mais elle doutait que ce soit le cas.

Plusieurs remises, garnies de vieux objets en tout genre, jouxtaient l'ancien bureau d'Arthur. La confidentialité exigeait que seul le dirigeant ou sa descendance y mettent les pieds, or Clark avait dit à Anya de ne pas se gêner pour faire le tri. Apparemment, lui et des conseillers avaient déjà récupéré les documents les plus importants.

— Tu t'en sors ? Ne te sens surtout pas obligée de passer tes journées ici, tu dois avoir mieux à faire.

Anya se détourna de la magnifique sculpture qu'elle examinait et fit face à Clark, qui se tenait dans l'encadrement de la porte.

— Ce n'est pas si ennuyant, mentit-elle. Et je n'y passe pas mes journées, cela doit faire à peine une heure que je suis là.

Il fronça les sourcils et sortit sa montre, avant d'esquisser un petit sourire.

— Il est presque six heures de l'après-midi, lui indiqua-t-il.

Elle refusa d'abord de le croire, puis réalisa qu'elle avait mal aux jambes à force de rester debout. Cela devait bien faire trois heures qu'elle triait de vieux objets.

— J'ai raté le goûter de Marcus, s'affola-t-elle. Je...

— Je m'en suis chargé, ne t'inquiète pas. Rowan voulait le faire, mais il en profite toujours pour manger la moitié de ses gâteaux.

Elle s'efforça d'afficher un air amusé, en vain. Deux semaines s'étaient écoulées depuis sa dernière discussion avec Rowan. Ils s'évitaient autant que possible et lorsqu'ils avaient le malheur de se croiser, ils ne s'adressaient pas la moindre parole.

— Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais... J'ai vraiment l'impression qu'il y a un problème avec Rowan, avoua Clark en rajustant ses lunettes. Il nous évite tous les deux et... J'ai bien peur d'en être responsable.

Le coeur lourd, Anya fit mine de dépoussiérer sa petite sculpture.

— Nous nous sommes juste un peu disputés, admit-elle pour ne pas trop mentir. Cela n'a rien à voir avec toi. Tu nous connais, nous ne pouvons pas tellement faire autrement que de nous chamailler.

Elle s'en voulait de lui cacher ainsi la vérité, mais elle ne voyait pas quoi lui raconter d'autre.

— Et toi, est-ce que ça va ? enchaîna-t-elle. Nos histoires ne sont rien à côté de tous les chamboulements que tu dois traverser.

Il n'était certes pas très affecté par la perte de son père – ce qui se comprenait largement – or assurer son nouveau rôle de Grand Alpha n'était pas une mince affaire.

— Honnêtement, tout se déroule beaucoup mieux que je l'avais imaginé, admit-il en passant une main dans ses bouclettes brunes. Mon père me répétait sans cesse que je ne serais jamais à la hauteur, alors je m'étais mis en tête que je décevrais tout le monde dès le début. Il est encore trop tôt pour dire que je ne m'en sors pas si mal, malgré tout... J'ai l'impression de ne pas être si dépassé que ça.

Deux jours plus tôt, Anya avait eu l'occasion d'assister à une réunion avec les ambassadeurs. Elle avait effectivement remarqué que son mari savait quoi répondre à presque toutes les questions et qu'il ne semblait pas si perdu que ça. Il avait bien sûr moins d'assurance et d'autorité que l'ancien Grand Alpha, mais après seulement quelques semaines de règne, cela n'avait rien d'anormal.

— Il faut dire que tu ne ménages pas tes efforts, déclara-t-elle. Je suis sûre que tu feras un excellent Grand Alpha.

Il restait dans son bureau jusqu'aux alentours de minuit et ne prenait des pauses que pour aller voir Marcus. La louve espérait qu'il pourrait ralentir le rythme au fil du temps.

— C'est drôle, car même si Rowan et toi avez du mal à vous entendre, vous me tenez souvent le même discours.

Elle répondit par un sourire crispé, qui devait s'apparenter à une grimace.

— Enfin, peu importe, abrégea-t-il en remarquant sa gêne. Je venais ici pour te demander quelque chose d'assez... personnel.

Elle se tendit et craignit que pour une raison ou pour une autre, il lui évoque ses activités avec les Neutres. Peut-être que des espions d'Arthur avaient secrètement élaboré un dossier sur elle, dont Clark avait désormais hérité.

— Quand ma mère est morte, mon père a ordonné à ce que tous les portraits d'elle soient décrochés. Je voulais juste te demander de me le signaler si tu en retrouves dans ses affaires, je doute que ce soit le cas, mais... on ne sait jamais.

Anya en fut d'abord rassurée, avant de se sentir coupable d'avoir encore ramené les choses à elle. Clark avait plus important à s'occuper que ses petites affaires.

— Oh, bien sûr, acquiesça-t-elle. Je crois que la réserve d'à côté est remplie de tableaux. J'irai voir ce que je trouve.

Il la remercia, puis ne tarda pas à s'en aller. La louve hésita à le suivre, mais sa curiosité la poussa à rester encore un peu dans les environs. Elle entreprit de fouiller la remise où s'entassaient diverses oeuvres, parfois complètement rongées par le temps. Même si elle ne savait pas à quoi ressemblait la mère de Clark, elle supposait que son nom serait inscrit sur une plaque au bas du cadre.

Elle n'avait quasiment aucune connaissance en matière d'art, cependant elle supposa que plusieurs des toiles pouvaient valoir une petite fortune. Elle prétendrait avoir envie d'évaluer leur valeur pour convoquer un expert qui saurait l'aiguiller. Certains portraits, comme ceux des ancêtres du Grand Alpha, ne pourraient être vendus, mais elle trouverait sûrement de quoi tirer quelques pièces d'or.

Un tableau en parfait état attira son attention, puisqu'il semblait plus récent que les autres. Il représentait une magnifique jeune fille d'une quinzaine d'années, au regard constellé d'or. Ses épais cheveux noirs et sa peau bronzée laissaient supposer une appartenance à la meute du Rubis. Cela se confirma quand Anya repéra son nom, inscrit au bas du cadre. Eleanor du Rubis. La louve n'avait jamais entendu parler d'elle, mais à voir ses bijoux dorés, ainsi que sa splendide robe rouge, elle devina son appartenance à une famille aisée.

Même si la jeune fille avait peut-être été embellie par le peintre, Anya ressentit un inexplicable pincement au coeur face à tant de beauté. Sûrement que si son charme avait été aussi envoûtant que celui de cette inconnue, Rowan se serait battu pour elle.

Il n'aurait pas voulu d'elle qu'une simple aventure de quelques soirs, avant de rompre tout contact dès leur retour au palais.

Anya savait que ne pas poursuivre cette relation était la meilleure chose à faire pour tout le monde. Cela éloignait tout possible scandale et évitait de causer du chagrin à Clark. Sans compter Marcus, dont la légitimité pourrait être contestée à cause de terribles rumeurs.

Malgré tout, des larmes douloureuses montaient à ses yeux chaque fois qu'elle y pensait.

Elle ignorait comment son ressentiment envers Rowan avait pu se métamorphoser en quelque chose d'aussi insensé. Elle l'avait toujours trouvé séduisant, sans jamais envisager quoi que ce soit entre eux. Peut-être l'avait-elle tellement considéré comme un rustre qu'elle s'était surprise à le trouver agréable, amusant, voire charmant quand il s'y mettait. Elle aurait voulu oublier toutes ses qualités pour se souvenir de ses défauts, mais c'était plus fort qu'elle.

Des images de leur séjour sur la Terre du Saphir venaient la hanter, retournant chaque fois le couteau dans la plaie. Elle se souvenait de leurs regards un peu trop intenses près du fjord, de leurs éclats de rire lors des repas au manoir, du feu qui l'avait habitée lors du bal... Ce soir-là, malgré tous ses efforts pour rester maîtresse d'elle-même, elle n'avait pu faire autrement que céder à la tentation.

Deux ans plus tôt, lorsqu'elle avait couché avec Clark, elle avait eu l'impression que tout aurait pu être encore plus fort si elle avait vraiment été amoureuse de lui. Cela s'était confirmé avec Rowan, ce qui expliquait peut-être pourquoi elle avait tant de mal à retrouver la raison. Déjà que rompre avec Clark n'avait pas été une décision facile, elle ne voyait pas comment tirer un trait sur ce qu'elle soupçonnait être un véritable amour.

Pourtant, il va bien falloir que tu t'y fasses. Elle devrait se contenter de ses souvenirs, avec l'idée que Rowan ne serait jamais à elle.

Elle essaya encore de chercher Mina du Diamant parmi les portraits, avant de se résoudre à s'en aller. Elle mit de côté quelques tableaux qu'elle estima bons pour la revente et les apporta dans l'ancien bureau du Grand Alpha. Ils y seraient davantage mis en valeur, plutôt que dans la vieille réserve poussiéreuse. Peut-être que l'expert qu'elle ferait venir serait enclin à les estimer à bon prix.

Elle repéra un clou fixé au mur et voulut y accrocher l'un des cadres. L'accroche ne devait pas être très solide, puisque le tableau se retrouva par terre dans un bruit fracassant. Cela alerta même l'un des gardes qui patrouillait dans le couloir et il passa une tête dans l'entrebâillement de la porte.

— Vous ne vous êtes pas fait mal ? s'enquit-il avec sollicitude.

— Tout va bien, ne vous inquiétez pas. J'ai juste été un peu maladroite.

Le cadre assez lourd était tombé à quelques centimètres de ses pieds. Le soldat proposa son aide pour le ramasser, mais elle déclina. Elle se contenta de redresser la toile contre le mur, en la laissant par terre.

Quand elle releva les yeux vers la paroi, elle remarqua une petite démarcation qui l'interpella. Elle passa les doigts dessus et constata que le mur semblait cacher une petite porte. Elle tourna la tête pour voir si le garde était toujours là, mais il avait disparu.

À l'aide de ses ongles, elle réussit à ouvrir une minuscule trappe. Celle-ci révéla une cavité secrète, où s'entassaient quelques papiers.

Anya hésita à les toucher, sachant très bien que ce qu'elle risquait de découvrir ne la concernait pas. L'ancien Grand Alpha devait y entreposer ses documents les plus importants, et elle s'étonnait d'ailleurs que Clark ne soit pas au courant. Si elle avait été sage, elle aurait été le prévenir de sa découverte et l'aurait laissé examiner la cachette.

Cependant, elle partit fermer la porte du bureau, puis inspecta le petit placard.

Elle attrapa d'abord tout un paquet d'enveloppes, trop blanches pour être anciennes. Sans surprise, le nom et l'adresse d'Arthur étaient inscrits sur presque chacune d'elles. Elle trouva également des petites fioles vides qui devaient dater d'un autre siècle, ainsi que de vieux documents aux bordures rongées.

Craignant de trouver un rat mort si elle continuait à fouiner, elle s'intéressa aux enveloppes récentes et en sortit une première lettre.

« Monsieur le Grand Alpha,

Je suis ravi de vous apprendre que je viens de devenir père d'une adorable petite fille : mademoiselle Jaya du Rubis. Ses grands frères et moi ne pourrions être plus heureux de voir notre famille s'agrandir.

Il y a quelques années, je vous avais promis que la Terre du Rubis ne manquerait aucune occasion de rattraper ses fautes passées. J'imagine que vous n'avez hélas pas oublié la terrible honte causée par ma soeur, qui a jeté l'opprobre sur toute notre famille. Dès son plus jeune âge, j'avais déjà remarqué le comportement déviant d'Eleanor, dont elle paye actuellement les frais.

Si l'avenir vous donnait envie de sceller une nouvelle alliance entre nos deux meutes, je serais ravi de promettre en mariage ma petite Jaya à votre cher petit-fils, monsieur Marcus. Cette fois-ci, soyez assuré que je prendrai soin à ce qu'elle reste dans le droit chemin.

Avec tout mon respect,

Manik du Rubis »

Anya dut prendre sur elle pour ne pas courir sur la Terre du Rubis et coller une belle gifle à ce goujat. Elle n'ignorait pas qu'il était le fils de l'actuel alpha du Rubis et le prochain héritier au titre. Jamais elle n'avait eu l'occasion de faire sa connaissance, puisqu'une certaine discorde pesait entre sa meute et celle du Diamant.

Naturellement, quand elle trouva le double de la réponse du Grand Alpha, elle supposa qu'il s'était fait une joie de le renvoyer promener.

« Monsieur du Rubis,

Vous n'êtes effectivement pas sans savoir que votre famille m'a particulièrement déçu. J'apprécie toutefois votre initiative et votre volonté de racheter vos fautes.

Pour être tout à fait honnête, nous avons déjà reçu d'autres propositions de fiançailles pour mon cher petit-fils. Néanmoins, la vôtre me semble être la plus intéressante, du fait du rang de votre fille. Non seulement il s'agit d'une descendante d'alpha, mais en plus, nous sommes quasiment certains qu'elle n'aura jamais à hériter de votre futur titre. De plus, j'ai eu l'occasion d'entendre parler de vous et malgré votre jeune âge, vous m'apparaissez comme un homme plus éclairé et moins laxiste que votre père.

Je reviendrai vers vous au cours des mois suivants pour vous faire part de ma décision.

Monsieur le Grand Alpha, Arthur du Diamant »

La louve serra le papier si fort qu'il manqua de se déchirer. Elle aurait dû se douter que si l'ancien Grand Alpha avait gardé un double de cette lettre, c'était parce qu'il y avait pris une forme d'engagement. Les dirigeants étaient tenus de respecter cette procédure, afin que personne ne s'aventure à leur inventer des prétentions.

Elle savait aussi que dès sa naissance, Marcus avait été l'objet de convoitise des autres meutes. Clark et elle avaient éteint les espoirs de certains partis trop entreprenants, notamment de la Terre de l'Émeraude.

Mais visiblement, Arthur ne s'était pas gêné pour agir dans leur dos. La prochaine lettre en fut un bon témoignage :

« Monsieur du Rubis,

Je reviens vers vous au sujet de la possible alliance entre nos deux meutes. Après mûre réflexion, votre fille me semble être la fiancée idéale pour mon cher petit-fils. Si vous êtes toujours intéressé, je souhaiterais toutefois poser quelques conditions à ces fiançailles.

Tout d'abord, votre fille devra venir vivre sur la Terre du Diamant dès l'âge de cinq ans. Je la ferai installer dans un temple de la Lune, où je serai certain qu'elle recevra l'éducation adaptée. Il va sans dire que sa mère ne pourra la suivre. Sans vouloir vous porter offense, il est de notoriété publique que vous n'avez épousé aucune des femmes que vous fréquentez et que vos trois enfants proviennent tous de mères différentes. Il ne m'appartient pas de poser un jugement sur ce comportement, mais cela m'interdit de laisser votre fille auprès d'une femme non reconnue et donc non titrée.

En second lieu, je tiens à ce que le mariage entre votre fille et mon petit-fils soit organisé le plus tôt possible. Quatorze ou quinze ans m'apparaît comme l'âge idéal, néanmoins nous aurons l'occasion d'en rediscuter. Une union précoce permettra d'éviter une nouvelle perte de temps et un autre scandale, tel que celui causé par votre soeur.

Enfin, si un engagement est conclu entre nos deux parties, je tiens à ce qu'il reste strictement confidentiel. Tant que je le déciderai, vous et moi serions les seuls à être au courant. Mon fils et sa femme refusent pour le moment d'envisager toute perspective d'avenir pour monsieur Marcus, ce que je trouve parfaitement stupide. Ils seraient capables de tout faire annuler s'ils avaient vent de notre projet.

En espérant une réponse rapide et positive de votre part,

Monsieur le Grand Alpha, Arthur du Diamant »

— Mais quel sale rapace ! persifla Anya.

Si Arthur n'était pas déjà mort, elle aurait été le noyer au fond du fjord le plus froid du monde.

D'après les dates inscrites sur les différentes lettres, Marcus n'était même pas âgé d'un an lorsque ces horribles échanges avaient eu lieu. Évidemment, l'opportuniste qui vivait dans la meute voisine s'était empressé de lui répondre :

« Monsieur le Grand Alpha,

C'est avec un honneur et une joie immense que j'accepte votre proposition. Je m'engage bien sûr à respecter toutes vos conditions, qui sont tout à fait justifiées et compréhensibles.

Je vous laisse le soin de rédiger un contrat de fiançailles, afin de sceller officiellement notre alliance.

Je vous présente mes respects et renouvelle ma promesse que cette fois-ci, la Terre du Rubis ne vous décevra pas.

Manik du Rubis »

Dans l'une des autres enveloppes, la louve découvrit un exemplaire du tant souhaité "contrat de fiançailles". Il stipulait bel et bien qu'un engagement avait été pris entre les deux meutes et que tôt ou tard, Marcus et Jaya finiraient par s'unir.

Anya se sentait si en colère qu'elle faillit ne pas remarquer une clause très intéressante. La famille du Grand Alpha se réserve le droit de rompre ces fiançailles à tout moment, sans avoir à justifier d'un quelconque motif. La décision d'Arthur du Diamant, Grand Alpha de son titre, prévaut toutefois sur n'importe quelle volonté des membres de sa famille.

La louve crut d'abord que cette dernière précision allait l'empêcher d'agir, or étant donné qu'Arthur n'était plus de ce monde, il ne pouvait imposer sa décision.

Et quand bien même cela aurait été le cas, rien n'allait l'empêcher de mettre un terme à cette folie.

Elle s'empara du premier morceau de parchemin vierge qu'elle trouva, puis y gratta sa plume si fort qu'elle manqua de la casser.

« Monsieur du Rubis,

Je viens de découvrir le sordide engagement que vous aviez conclu avec notre ancien Grand Alpha. À présent que la mort l'a emporté, il ne peut plus intervenir dans les décisions qui concernent mon fils.

Je vous informe donc que les fiançailles entre Marcus et mademoiselle Jaya sont irrévocablement annulées.

S'il vous vient à l'idée de contester ma décision, je vous mets en garde des répercussions qui s'abattront sur votre meute. Intéressé comme vous l'êtes, j'imagine que vous n'êtes pas sans savoir que ma famille gère les principales exploitations de lumyx. La Terre du Rubis peut dire adieu à ce métal si précieux si vous cherchez à imposer un quelconque mariage à mon fils.

En souhaitant bien du courage à vos enfants pour avoir à supporter un père aussi indigne,

Madame Anya du Saphir, épouse du Grand Alpha »

Elle ne s'encombrait pas de la moindre diplomatie, mais son message avait le mérite d'être clair. Elle confia sa lettre à un domestique de confiance et le chargea de l'expédier au plus vite.

Elle hésita à faire part de ses trouvailles à Clark, or il avait déjà assez de choses à gérer. De plus, elle doutait qu'il approuve ses menaces proférées contre la meute du Rubis. Sans leurs bagues en lumyx, les transformations des loups deviendraient un véritable calvaire. Si elle devait condamner des milliers de personnes à passer leurs pleines lunes dans la souffrance, elle n'aurait aucun scrupule à le faire.

Ainsi jeta-t-elle toutes les lettres au feu et les regarda brûler avec un mélange de rage et de satisfaction.

Tant qu'elle serait en vie, personne n'obligerait Marcus à épouser qui que ce soit.

Note de l'auteure :

Quand Arthur et Manik décident de s'allier, c'est rarement bon signe... 😰😅

Il ne reste plus que deux chapitres + l'épilogue avant la fin !

À très vite ! 😘❤️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top