Chapitre 2 - Envoûté

Les étoiles ne tombent pas du ciel, tenta de se raisonner Duncan.

Pourtant, lorsqu'il contempla la jeune fille qui se tenait face à lui, debout sur le rempart, il fut certain d'admirer une créature céleste.

Sa robe blanche capturait la lumière de la lune, la rendant presque fluorescente au milieu de l'obscurité. Le fin tissu de sa jupe s'agitait au gré du vent, qui semblait s'être brusquement calmé depuis qu'elle était apparue. La légère brise faisait voleter ses cheveux noirs comme la nuit. Ils contrastaient avec sa peau, dont la teinte s'apparentait à la neige qui lors de chaque saison froide, recouvrait les montagnes entourant Fearghasdan.

Mais ce ne furent pas ces détails qui envoûtèrent Duncan.

Car à l'instant où il croisa les yeux qui le dévisageaient, il comprit que malgré toute sa volonté, jamais il ne pourrait se détourner de cette étoile.

Il se perdit dans leur immensité incroyablement scintillante, aux mille nuances de bleu et... brillants de larmes.

— Votre femme ou votre fiancée doit être du genre hystérique.

Le loup-garou cligna des paupières. Quand il les rouvrit, plus aucune larme ne luisait près des iris de la jeune fille.

— Un tel accoutrement est-il vraiment nécessaire ?

Duncan mit un moment à comprendre qu'elle lui parlait. Sa voix légère l'emporta avec elle dans le ciel, l'empêchant de prêter attention à ce qu'elle disait.

— Au moins, cela montre que vous devez un minimum tenir à elle, si vous déployez tant d'efforts pour lui cacher la vérité.

Elle ? De qui diable parlait-elle ?

— Enfin, je fais comme s'il s'agissait d'une fille, mais il pourrait aussi s'agir d'un fiancé, poursuivit-elle. Tout à l'heure, il m'a semblé voir plus de femmes que d'hommes prêts à vendre leurs services, or après tout, vous pourriez très bien être intéressé par les deux côtés...

Le jeune loup n'avait jamais été très doué pour suivre et tenir une conversation, il le savait. Petit, tout le monde le traitait "d'ourson mal léché", entre quelques autres surnoms peu flatteurs pour désigner un enfant timide et quasiment muet. Cependant, à défaut de parler, il saisissait en général sans grand effort ce qu'on lui disait. Dans le cas présent, il ne comprenait absolument rien de ce que racontait son interlocutrice.

— Ne vous inquiétez pas, votre secret sera en parfaite sécurité avec moi, fit-elle en se détournant pour perdre son regard dans le vide. Je n'approuve pas tellement ce genre de comportement, mais je ne pense pas vraiment être en position de vous juger.

Duncan en resta interdit. Il fixa avec insistance la jeune fille, puis au bout de quelques secondes, comprit s'être trompé. Il ne s'agissait pas d'une étoile, mais d'un fantôme.

Ce n'était pas dans ses habitudes de croire à ce genre de stupidités tout droit sorties d'une imagination qu'il n'avait pas, toutefois il ne pouvait en être autrement. Cela ne lui avait d'abord pas sauté aux yeux, néanmoins il remarquait désormais la maigreur de celle qui se tenait devant lui, en parfait équilibre sur les pierres larges d'une trentaine de centimètres.

Déjà que lui et sa stature plutôt massive peinaient parfois à supporter la violence des bourrasques, il aurait été impossible qu'une fille si frêle ne se fasse pas emporter par le vent. Il connaissait peu de choses quant à la discipline qui étudiait les lois des phénomènes naturels — il ignorait même jusqu'à son nom — mais il se doutait qu'un corps si léger aurait dû basculer dans le vide depuis longtemps. Ce qui fait d'elle un fantôme, conclut-il.

— J'espère que celui ou celle que vous venez de tromper ne vous attend pas de sitôt, car je crains d'être obligée d'attendre que les deux qui s'amusent dans cette chambre en aient terminé, reprit-elle sans se préoccuper de son silence.

Pourquoi ce fantôme lui apparaissait maintenant ? Voilà la question sur laquelle se penchait dorénavant Duncan. Hormis quelques courtes périodes de fuite pour échapper à ceux qu'il volait, il n'avait pas vécu ailleurs qu'à Fearghasdan, ce qui représentait vingt-deux années à arpenter les plus sombres recoins de la cité. Pourquoi cette apparition ne se révélait-elle à lui qu'après tout ce temps ? Se pouvait-il que ce soit à cause de la bague qu'il venait de dérober ? On racontait toutes sortes de légendes à son sujet, dont celle qu'elle avait appartenu au roi des vampires. Était-il po... Attends, que vient-elle de dire ? se réveilla-t-il enfin.

— Je... Je n'ai trompé personne, déclara-t-il soudain.

La fille fit volte-face, si brutalement que n'importe qui d'autre en aurait été étourdi. Elle fronça les sourcils et cette fois, ce fut son tour de le toiser comme s'il était une créature surgie d'outre-tombe.

— Vous... Vous avez parlé de quelqu'un que j'aurais trompé, se justifia-t-il face à ce regard inquisiteur. Je... Je n'ai rien fait de...

La fin de sa phrase mourut dans sa gorge. À quoi bon ouvrir la bouche, sachant qu'elle ne comprenait sûrement pas un traître mot qui franchissait la barrière de ses lèvres ? À quoi bon parler à un fantôme, tout simplement ? Quoiqu'il n'écartait toujours pas l'hypothèse de l'étoile...

— Alors, quoi ? s'esclaffa-t-elle d'un petit rire cristallin qui sonna telle une douce mélodie à ses oreilles. Vous prenez simplement l'air à des centaines de mètres au-dessus de roches acérées ?

Si elle lui répondait, cela signifiait que... Qu'elle avait compris ce qu'il venait de dire ?

Certes, il s'était un peu forcé à articuler, cependant ses efforts n'étaient pas toujours couronnés de succès...

— Et... Et vous ? Que faites-vous ici ?

La jeune fille cilla. À vrai dire, sa question le surprenait lui-même. D'ordinaire, il fuyait au maximum les discussions, ce qui l'amenait à rarement prendre l'initiative d'interroger quelqu'un. Or les mots étaient sortis sans qu'il n'y ait réellement réfléchi.

— Vous voulez dire, qu'est-ce que je fais sur cette muraille, ou qu'est-ce que je fais dans un hôtel aux fréquentations un peu douteuses ?

Elle désigna la bâtisse que longeait le rempart. Effectivement, cet endroit abritait des activités en tout genre, qu'il s'agisse de soirées aux moeurs légères, ou de travailleurs dont le métier n'était pas des plus... communs.

Il ne répondit pas, donc elle prit la peine d'éclairer les deux interrogations :

— Je me baladais dans le quartier, puis j'ai entendu de la musique, ce qui m'a encouragée à pousser les portes de ce noble bâtiment... La fête m'a vite ennuyée, alors je suis venue prendre l'air ici, sauf que la chambre par laquelle je suis sortie est désormais occupée.

Elle fit un vague geste en direction des grands volets fermés juste à côté d'eux. Cette fille était donc passée par une fenêtre pour grimper sur le rempart ? Il était vrai que quelques occupants de l'hôtel s'accoudaient parfois aux fortifications, afin de profiter de l'air frais, mais aucun n'avait la folie de se mettre debout dessus ! Et encore moins de fermer les volets au risque de se retrouver piégé à l'extérieur, observa-t-il avec suspicion.

À moins que la folle théorie du fantôme soit réelle, quelque chose clochait dans l'histoire de cette jeune fille...

— Vous ne pouvez pas les entendre, mais je peux vous assurer qu'ils poussent des cris dignes de bestiaux en rut, affirma-t-elle comme il fixait les panneaux de bois. Chaque fois que je crois qu'ils vont s'arrêter, ils repartent de plus belle ! Le pauvre diable risque d'en avoir pour une sacrée somme...

Dans d'autres circonstances, Duncan aurait été au paroxysme de la gêne à l'idée d'évoquer un tel sujet, cependant sa curiosité surpassait son embarras. Comment parvenait-elle à entendre de soi-disant bruits, alors que seul le léger sifflement du vent caressait les oreilles du loup ? Il baissa les yeux vers le poignet extraordinairement fin de la fille, puis la lumière transperça finalement sa conscience.

Un bracelet noir ceignait son os, signe qu'elle était une vampire.

Tout s'expliquait, de sa capacité à tenir ainsi en équilibre, jusqu'au fait qu'elle puisse entendre des choses qui échappaient à son ouïe.

— C'est dans ce genre de moment que j'aimerais vraiment être sourde, commenta-t-elle.

Une immortelle à Fearghasdan, songea-t-il avec incrédulité. Le village, niché sur le flanc d'une montagne, au fin fond de la Terre de l'Émeraude, n'était pas souvent visité par des buveurs de sang. La dernière guerre entre vampires et lycanthropes avait beau être terminée depuis une décennie, les deux espèces évitaient de se rendre visite sur leurs territoires respectifs.

— Que voulez-vous, j'imagine que ça m'apprendra à entrer dans une "semi-maison close", fit-elle en mimant des guillemets.

En effet, c'était également comme cela que Duncan désignait cet établissement...

— Si... Si vous voulez, je... Je connais un passage qui peut vous ramener à l'intérieur.

Son accent et sa voix grave durent lui faire défaut, car la fille ne parut pas comprendre. Il se racla la gorge, prit une inspiration et répéta ses paroles le plus distinctement qu'il put.

— Oh, ne vous inquiétez pas, s'amusa la vampire en balayant sa proposition d'un geste de la main. Je vais les interrompre, ce sera plus drôle !

Elle leva son poing comme pour frapper le volet, mais se figea face à l'expression atterrée de Duncan.

— Si vous voyiez votre tête ! gloussa-t-elle. Sans vouloir vous offenser, vous êtes un sacré drôle de personnage ! Vous êtes habillé pareil à si vous alliez détrousser la première boutique venue, mais vous avez la mine d'un jeune chiot effarouché !

En temps normal, une telle remarque l'aurait rembruni, or il demeurait fasciné par le moindre mot qu'elle prononçait, le moindre geste qu'elle esquissait...

Quelque chose de surnaturel, de magique, se dégageait d'elle. Et bien qu'il échouait à se l'expliquer, il était certain que cela n'avait aucun lien avec son vampirisme.

— Je... C'est juste que cela rendrait la situation assez étrange, non ? hésita-t-il.

— Plus étrange que deux inconnus qui discutent à quelques millimètres du vide, face à un volet derrière lequel une prostituée reçoit son client ?

Il tiqua, obligé d'admettre qu'elle avait raison.

— Toutefois, j'avoue ne pas être sûre de vouloir voir ce que font ces deux-là... S'il existe un autre chemin, je ne dis pas non.

Sans réfléchir, il lui fit signe de faire quelques pas sur le rempart. Elle s'exécuta, aussi agile qu'un chat. Comme elle le précédait, il put s'émerveiller de la volupté de sa robe blanche, ainsi que de la grâce émanant de ses mouvements. Lorsqu'elle dépassa une sorte de treillis fixé au mur de l'hôtel, il lui indiqua de s'arrêter. Elle se tourna vers lui et il leva un doigt pour qu'elle comprenne qu'elle devait monter, ce qui la fit éclater de rire.

— Vous voulez dire que nous allons devoir escalader cette échelle qui n'en est même pas une ?

À première vue, les barreaux assemblés en divers petits losanges ne paraissaient guère solides, pourtant Duncan les empruntait presque tous les jours. Ils menaient au toit de l'hôtel, là où se cachait son repaire à ciel ouvert.

— Vous vous rendez compte que si l'une de ces barres se casse, nous tombons à la renverse directement dans le vide ?

Pour toute réponse, il haussa les épaules. Un étrange sourire éclaira le visage de la jeune fille. Elle n'hésita pas une seconde et s'agrippa aux premiers barreaux, avant de les dépasser les uns après les autres.

Bien qu'il craigne qu'elle perde l'équilibre en montant trop vite, il garda la tête soigneusement baissée. Il avait beau n'avoir été élevé par personne d'autre que la rue, il était pour lui impensable de perdre son regard sous la jupe d'une dame, même non intentionnellement.

— Je monte vraiment jusqu'en haut ? s'enquit-elle au bout d'un moment.

— Ju... Jusqu'au toit, confirma-t-il.

Il attendit de ne plus entendre les barreaux crisser sous les pieds de la vampire, puis se redressa et entreprit à son tour l'ascension. Étant habitué à grimper le long de ce mur même par les jours pluvieux et venteux, il n'eut aucun mal à la rejoindre au sommet de l'hôtel. Quand il atteignit la surface plane, il constata que la fille affichait un air vaguement impressionné.

— Pour un loup-garou, vous avez du cran, remarqua-t-elle. Ou alors vous êtes complètement fou.

Elle sembla prendre une seconde pour étudier la question, puis s'intéressa à ce qui les entourait.

— La vue doit être plutôt pas mal, quand il fait jour.

Il hocha la tête, incapable de décrire la beauté des rayons du soleil qui illuminaient les montagnes, leurs glaciers, et leurs flancs verdoyants.

— Quelqu'un vit ici ? s'étonna-t-elle en découvrant les couvertures qui gisaient sur le toit, entourées de quelques sacs et boîtes métalliques.

Les yeux fuyants, Duncan tritura la bandoulière de sa sacoche.

— Moi, lâcha-t-il.

Il se demanda soudain ce qui lui avait pris d'emmener cette vampire jusqu'ici. Il aurait très bien pu se contenter de lui dire de suivre le rempart, puis à force de longer les différents bâtiments, elle aurait fini par trouver un espace libre de tout mur, où elle aurait pu regagner la terre ferme. Qu'est-ce qui t'arrive, pauvre abruti ? À bien y réfléchir, la fille aussi devait se douter qu'elle pouvait se débrouiller en continuant son chemin sur la muraille. Malgré tout, elle avait décidé de le suivre.

— Vous... dormez et vivez réellement ici ? l'interrogea-t-elle, visiblement stupéfaite.

Nulle once de dédain ou de moquerie n'ombrageait son intonation, ce qui n'empêcha pas Duncan de se sentir mal à l'aise et honteux.

— Je... Disons que c'est mon principal point d'accroche.

Il avait tant marmonné qu'elle ne l'avait certainement pas compris. Elle ne le fit néanmoins pas répéter.

— D'après ce que j'en sais, la Terre de l'Émeraude n'est pas réputée pour ses grandes chaleurs et contrairement aux vampires, les loups ne sont pas insensibles au froid. Vous parvenez vraiment à dormir à la belle étoile sans finir frigorifié ?

Sa curiosité paraissait tout sauf malsaine, ce qui l'incita à répondre :

— Je suis assez résistant, mais lorsqu'il fait trop froid, une amie qui... travaille ici, me prête sa chambre, au tout dernier étage. Elle me permet aussi d'utiliser la salle de bains.

— Une amie ? répéta-t-elle avec une pointe de malice.

Il se sentit aussitôt rougir comme une pivoine.

— Euh... Vraiment juste une amie, oui, bredouilla-t-il.

Lorna et lui avaient beau se connaître depuis leur enfance, rien ne s'était jamais passé entre eux. Pour la remercier de son hospitalité, il lui ramenait quelques colliers et bracelets volés de temps à autre, ce qui la ravissait toujours. Et puis pourquoi est-ce que tu te justifies ? Il ne devait rien à cette fille, il aurait dû se moquer de ce qu'elle pensait de lui ou de ce qu'elle croyait... Mais c'était plus fort que lui.

— Vous être libre de fréquenter qui vous voulez, s'amusa-t-elle en levant les mains.

Elle laissa ensuite ses yeux parcourir le toit.

— Où se trouve votre passage ? Je serais sincèrement déçue si vous m'avez tendu un piège, je...

Il lui désigna une trappe, que l'obscurité rendait quasiment invisible. Il s'approcha afin de l'ouvrir, puis un rai de lumière provenant de l'intérieur perça les ténèbres. D'un geste, il l'invita à descendre les frêles marches de bois, qui menaient directement au dernier étage de l'hôtel. La vampire prit une minute pour humer l'air frais une dernière fois, le regard étrangement perdu vers le bord du toit. Il crut la voir serrer les poings, juste avant qu'elle n'expire et ne s'engage dans les escaliers.

Il songea que Cailean et Comhnall, les bandits auxquels il avait subtilisé la bague, risquaient de le chercher dans cet établissement, s'imaginant sûrement qu'il avait pu se faufiler par une fenêtre pour leur échapper. Il aurait été plus prudent de rester tranquillement terré sur le toit, comme il l'avait prévu, cependant il ne put s'y résoudre.

Même si cette jeune fille était une vampire et qu'elle savait certainement plus ou moins bien se défendre, il était hors de question qu'il la laisse se balader seule dans un tel hôtel.

— Vous êtes accompagnée ? la questionna-t-il en descendant les marches.

— Je l'étais, mais je leur ai faussé compagnie.

Ils se dirigèrent vers le lieu de la fête, quelques étages plus bas. Duncan restait aux aguets, prêt à prendre de nouveau la fuite, au cas où Cailean et son complice montreraient leur nez. À l'approche des différents salons dans lesquels se déroulaient les festivités, il repéra deux jeunes hommes entièrement vêtus de noir, qui le figèrent sur place. Ils détonnaient autant que lui au milieu des fêtards à moitié dénudés, et leurs uniformes ne ressemblaient à rien de ce qu'il connaissait.

Animé par un mauvais pressentiment, il faillit dégainer le couteau caché dans sa botte, surtout quand ces étranges énergumènes s'approchèrent de la fille et lui.

— Votre Altesse, nous vous avons cherchée partout, soupira l'un d'eux à l'adresse de la vampire.

Comme un léger air de musique flottait dans les airs, Duncan crut avoir mal entendu.

— J'avais juste besoin de prendre l'air, badina-t-elle.

Alors elle connaissait ces hommes ? Et elle les avait vraiment laissés l'appeler... Votre Altesse ? Il s'imagina d'abord qu'il devait s'agir d'un petit jeu entre eux, cependant...

— Nous ferions mieux de partir, décréta l'un des intrus aux cheveux châtain clair.

Il fronça le nez en remarquant la présence du loup-garou.

— Et lui, qui est-ce ?

Duncan se sentit scruté comme s'il avait commis un crime — ce qui dans l'absolu, n'était pas entièrement faux — d'autant plus lorsque la jeune fille lança :

— Je me suis retrouvée coincée dehors et il m'a aidée à rentrer. Vous pouvez le remercier...

Elle adressa un petit clin d'oeil au concerné, tandis que les deux hommes esquissèrent un vague hochement de tête. Ils prirent la direction de l'escalier, puis attendirent que l'immortelle daigne les suivre avant de descendre les marches. Celle-ci s'attarda un instant et sortit un minuscule objet de l'une de ses poches.

— C'est une véritable turquoise, murmura-t-elle en tendant à Duncan une broche argentée. Cela ne vaut pas un diamant ou un rubis, mais en la vendant, vous devriez pouvoir trouver un abri pour l'hiver.

Il leva presque inconsciemment sa main et vint se saisir de la petite merveille, sertie d'une pierre d'un fascinant bleu tirant sur le vert.

— Elle ressemble à vos yeux, fit-elle avec un petit sourire espiègle.

Et sans lui laisser le temps de réagir, elle pivota sur ses talons et disparut dans l'escalier.

Duncan resta planté au milieu du couloir pendant de longues secondes, qui se transformèrent peut-être même en minutes, fixant les marches comme si la jeune fille allait réapparaître.

— Me... Merci, souffla-t-il dans le vide.

Quand il baissa le regard vers la broche, il sut que peu importe sa valeur, jamais il ne s'en séparerait.

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