Chapitre 19 - Le bal de Charlotta

— Anya ? Ma chérie, dépêche-toi un peu, nos invités commencent à arriver !

La louve acheva de cacheter la lettre qu'elle venait d'écrire, puis la glissa dans un tiroir de sa coiffeuse. Elle la confierait à un domestique le lendemain matin, ou se chargerait elle-même d'aller la poster si le temps le lui permettait.

— J'arrive ! cria-t-elle à sa mère. Je dois juste m'arranger encore un peu, descendez sans moi !

Elle entendit Charlotta souffler depuis l'autre côté de la porte, mais au fond, elle savait que rien n'aurait pu ternir l'enthousiasme de sa mère. Le jour de son bal était enfin arrivé et elle brûlait d'impatience de recevoir ses invités.

Le coeur d'Anya n'était pas vraiment à la fête, encore moins depuis qu'elle avait reçu des nouvelles de Rodolphe et du reste du groupe. Les Neutres se trouvaient actuellement sur la Terre du Topaze, où ils s'étaient installés depuis quelques semaines. Afin d'échapper à d'éventuels poursuivants, ou à des curieux qui s'étonneraient de voir des Neutres occuper une grande villa, ils avaient décidé de vivre de manière nomade. Anya ne connaissait jamais l'endroit exact où ils s'établissaient, puisqu'elle craignait toujours que ses activités soient découvertes par quelqu'un.

Si elle devait un jour révéler l'endroit où se trouvaient les Neutres, elle n'aurait aucun mal à mentir en affirmant qu'elle ignorait la réponse. Elle se contentait de renvoyer ses lettres à un bureau de poste que lui indiquaient Rodolphe ou Laura. Leur position changeait régulièrement, et d'après les nouvelles qu'elle avait reçues ce jour-là, ils risquaient d'être obligés de trouver un nouvel emplacement. Des miliciens patrouillaient de plus en plus vers leur campement et risquaient de tout découvrir. Dans sa lettre, Anya conseillait vivement à ses amis de s'en aller. Elle espérait même qu'ils seraient partis avant que sa missive n'ait atteint la Terre du Topaze.

Étant attendue au rez-de-chaussée, la louve se résolut à se dépêcher un peu. Elle prit toutefois la peine de s'examiner devant le grand miroir en pied de sa chambre. Une heure plus tôt, elle avait enfilé la robe que lui avait commandée sa mère spécialement pour l'occasion. Charlotta avait choisi un splendide tissu bleu foncé, comme Anya les aimait. Elle le trouvait cependant un peu trop brillant et surtout, la coupe de la robe ne la mettait pas vraiment en valeur. Le couturier avait dû se baser sur ses mensurations qui dataient d'avant son mariage, sans tenir compte des quelques rondeurs prises pendant sa grossesse. Même si cela faisait un an et demi que Marcus était né, elle n'avait pas retrouvé sa taille svelte d'autrefois.

Ce n'était pas dans ses habitudes d'inspecter son reflet pendant des heures, or depuis quelques temps, elle se surprenait à vouloir être aussi jolie que possible. Elle avait demandé à une domestique de boucler ses cheveux et de relever deux petites tresses de chaque côté de son visage. Elle avait conscience que cela ne changeait en rien sa beauté assez quelconque, mais elle était plutôt satisfaite du résultat. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu la plupart des invités et elle espérait qu'elle ne leur ferait pas trop mauvaise impression.

Quand elle ouvrit la porte de sa chambre, elle eut la surprise de trouver Rowan. Adossé contre un mur du couloir, il portait un élégant costume bordeaux, qui lui seyait à merveille.

— Qu'est-ce que vous faites ici ? s'enquit-elle en tirant sur l'une des longues manches de sa robe.

Il la regarda de la tête aux pieds et elle se sentit inexplicablement nerveuse.

En vérité, il se pouvait qu'elle ait surtout espéré plaire à Rowan. Elle ignorait d'où lui venait ce désir, mais depuis leur balade près du fjord... Quelque chose d'étrange semblait flotter entre eux. Sauf si tu te fais des idées toute seule.

— Votre mère m'a demandé de vous attendre, afin de vous escorter jusqu'en bas. Elle doit sans doute imaginer que j'aurais l'air magnifique à votre bras, ce dont je ne peux la blâmer...

Ses lèvres se fendirent d'un petit sourire fier et elle se retint de lever les yeux au ciel.

— Mais vous êtes surtout très élégante aussi, enchaîna-t-il.

Elle dut prendre sur elle pour ne pas fuir son regard, décontenancée par ce compliment.

— J'ignore ce que valent vos flatteries, mais dans le doute, je vous remercie, répondit-elle pour donner le change.

Cela le fit rire et il s'éloigna du mur pour lui tendre son bras. Elle l'accepta sans faire de manières et ils prirent la direction des escaliers. En chemin, Anya s'arrêta brièvement dans la chambre de Marcus, pour vérifier qu'il dormait. Elle l'avait déjà couché un peu plus tôt et laissé sous la surveillance d'une domestique, qui tricotait sagement. Elle rappela à celle-ci de la prévenir si le petit faisait des siennes, puis consentit à le laisser.

— Il a l'air de se plaire chez vos parents, commenta Rowan lorsqu'ils quittèrent la pièce. Il réclame sans arrêt sa mamie.

Effectivement, Marcus avait presque délaissé Anya au profit de Charlotta, qui lui passait tous ses caprices. Elle jouait avec lui sans jamais se fatiguer et lui donnait autant de gâteaux qu'il en réclamait.

— Mais son père lui manque aussi, regretta-t-elle. Il lui arrive de le chercher et de dire "papa" en regardant tout autour de lui.

Elle savait que cette séparation, qui durait désormais depuis plus de deux semaines, pesait également à Clark. Rowan et Anya lui envoyaient des nouvelles tous les jours et ils savaient que le loup attendait leur retour avec impatience. L'épidémie n'était pas encore tout à fait éradiquée au palais, le Grand Alpha étant toujours malade. Clark devait remplir les fonctions d'Arthur, qui apparemment, s'affaiblissait de jour en jour. Cela étonnait Anya, qui entendait dire que la plupart des adultes se remettaient facilement de cette maladie.

Il ne faisait cependant nul doute que le dirigeant guérirait d'ici quelques temps et qu'il recommencerait à empoisonner leurs vies. Il était bien trop tenace pour se laisser abattre par une toux et de la fièvre.

— J'avais peur que Clark nous mente en racontant que tout va bien pour lui, mais mes parents me disent aussi qu'Arthur est très malade, déclara Rowan. Je maudis le jour où il pourra se lever de son lit.

Anya partageait bien son avis. Ils ne purent s'appesantir sur le sujet du Grand Alpha, puisqu'un escalier les mena bientôt dans le hall du manoir. Celui-ci grouillait déjà d'une trentaine d'invités, reçus par une hôtesse des plus souriantes.

Impossible à rater dans sa magnifique robe argentée, Charlotta riait avec tout le monde et paraissait dans son élément. À l'inverse, Ingvar tirait une tête d'enterrement, retranché dans un coin avec sa canne pour seule compagnie. Il saluait bien sûr les convives quand ils passaient devant lui, mais n'abordait personne de son propre chef.

— Nous devrions peut-être aller lui porter secours, gloussa Rowan en se penchant vers Anya. Je crois que votre mère a un peu menti en affirmant que ce ne serait qu'une petite fête...

La louve eut l'occasion de s'en rendre compte dès qu'elle eut posé un pied dans le hall. Tous les regards se portèrent sur elle et une cohorte d'invités vint l'aborder. Elle en reconnut certains qui avaient été conviés à son mariage, et d'autres qu'elle n'avait pas vus depuis longtemps. Tous lui exprimèrent leur joie de la revoir et lui posèrent mille questions sur sa vie au palais.

Elle prit le temps de répondre à chacun, sans tenir compte des coups d'oeil amusés de Rowan. Celui-ci fut bientôt intercepté par Charlotta, qui fut ravie de le présenter à tout le monde :

— Mes chers amis, voici monsieur Rowan du Diamant. C'est un ami proche du mari de ma petite Anya et il l'a gentiment accompagnée jusqu'ici.

Cela valut au loup de nombreuses salutations, auxquelles il ne parut trop savoir quoi dire. Il ne devait pas être habitué à rencontrer tant de nouvelles personnes en même temps, lui qui était si à l'aise au château.

Quand elle réussit enfin à se frayer un chemin jusqu'à son père, Anya fit face à un vieil ours mal léché.

— Tout ce monde, marmonna-t-il en tapotant sa canne nerveusement. J'ai presque envie de raconter que je suis malade pour échapper à ça, mais les gens iraient croire que tu nous as ramené l'épidémie...

La louve ne put s'empêcher de rire doucement. Rien n'aurait pu réconcilier Ingvar avec les mondanités.

— Attends au moins que le dîner soit passé. Ensuite, tu n'auras qu'à dire que tu veux aller tenir compagnie à Marcus.

Beaucoup d'invités avaient d'ailleurs espéré voir le petit garçon, mais Anya avait expliqué qu'il dormait. Elle savait que sa mère avait déjà programmé quelques goûters avec leurs plus proches amis, afin qu'ils puissent rencontrer Marcus.

Chacun fut bientôt guidé vers la grande salle à manger, où Charlotta n'avait rien laissé au hasard. Ses cuisiniers avaient préparé suffisamment de nourriture pour tout un régiment et elle avait sorti sa plus belle argenterie. Les assiettes en porcelaine se paraient de dorures, tout comme les verres finement gravés. Des gerbes de fleurs avaient été posées sur la longue nappe blanche, ainsi que des chandeliers qui apportaient un splendide éclairage.

Tandis qu'elle mangeait, Anya observait les réactions de Rowan, assis juste face à elle. Tant de faste paraissait l'impressionner, même s'il avait déjà eu l'occasion d'explorer le domaine familial.

— J'aime ma mère plus que tout au monde, mais je vais quand même demander à la vôtre de m'adopter, affirma-t-il en se penchant vers elle. Ou alors, je vais lui voler ses cuisiniers pour qu'ils viennent au palais. Depuis que je suis ici, je n'ai jamais autant aimé le poisson.

Il dévorait en effet tout ce qui se présentait à lui et les restes du banquet finiraient sûrement dans son assiette. Il ne mourrait pas de faim au cours des jours suivants.

— Elle serait extrêmement déçue si vous osiez un tel coup bas, le taquina-t-elle. Par contre, je suis sûre qu'elle serait ravie de vous adopter.

Elle regarda en direction de sa mère, qui rayonnait quelques chaises plus loin. La voir si heureuse et épanouie rendait cette soirée beaucoup plus appréciable aux yeux d'Anya, et même Ingvar paraissait s'être déridé. Charlotta avait visé juste pour le plan de table, puisqu'elle avait placé son mari à côté de l'un de ses plus vieux amis.

— Si j'intégrais votre famille, cela ferait de moi l'un des propriétaires de Douce. Je serais alors libre de l'expédier à la boucherie et...

La louve voulut lui envoyer un coup de pied sous la table, mais elle atteignit le voisin de Rowan. L'homme en question, l'intendant des finances des fabriques de Charlotta, se tourna vers elle d'un air interloqué.

— Oh, toutes... Toutes mes excuses, bredouilla-t-elle. Mon... pied a dérapé. 

Rowan manqua d'avaler de travers. Elle se refusa à le regarder, sachant très bien que cela lui causerait un fou rire. Le loup qu'elle avait cogné affirma que ce n'était pas grave, tout en jetant un drôle de coup d'oeil à son voisin.

Pendant le reste du repas, Anya essaya de se concentrer sur son assiette. Son regard croisa seulement celui de Rowan au moment du dessert, lorsque d'énormes pièces montées furent amenées. Il apprécia sa part de gâteau avec une telle délectation qu'elle secoua la tête, un petit sourire aux lèvres.

Quand tout le monde eut fini de manger, Charlotta proposa de rejoindre l'un des plus grands salons du manoir, qui avait été aménagé en salle de bal. Des musiciens jouaient de doux airs de violon, préalablement choisis par la maîtresse des lieux. Cette dernière avait voulu tout superviser, et Anya devait avouer que ses goûts ne lui faisaient pas défaut. Les lustres avaient été renouvelés, afin que chacun brille de mille feux. Du champagne et autres boissons festives coulaient à flots, dans des flûtes fines et brillantes.

— Alors comme ça, vous faites du pied aux invités de votre mère ? murmura Rowan en arrivant derrière la louve.

Elle ne se tourna qu'à moitié vers lui, guettant aussi le centre de la pièce. Comme Ingvar aurait préféré avaler des morceaux de verre plutôt que de danser, Charlotta trouva un ami dévoué avec qui ouvrir le bal.

— Je n'allais pas vous laisser insulter Douce sans la défendre, fit-elle avec un petit sourire. Surtout depuis qu'elle a presque réussi à se débarrasser de vous...

Elle avait beau plaisanter, le coup de folie de la jument lui avait causé de sacrées frayeurs. Elle savait qu'un accident était vite arrivé et que Rowan aurait pu se retrouver avec une jambe cassée, voire pire.

Même si Rowan et elle avaient connu quelques différends par le passé, elle s'en serait voulu s'il avait fini infirme à cause d'elle. 

— J'espère que vous n'avez pas raconté cette petite mésaventure à Clark, déclara-t-il. Je dois conserver mon image d'homme parfait.

— Je doute que quiconque vous considère déjà comme tel.

Il ricana, puis tous les invités se turent pour l'ouverture de bal. Charlotta semblait ravie de danser avec son partenaire, dont Anya ne se souvenait plus du nom. Il devait certainement être l'un des principaux responsables de ses fabriques.

— Ingvar aurait-il de la concurrence ? chuchota Rowan en se penchant vers l'oreille d'Anya.

Elle tressaillit, surprise de sentir son souffle d'aussi près. Ce frisson n'eut cependant rien de désagréable.

Elle pensa d'abord qu'il disait cela pour plaisanter, alors elle ne répondit pas.

— Sérieusement, je pense que votre père devrait s'inquiéter, ajouta-t-il. Vous avez vu comment elle le regarde ?

— Ne racontez pas n'importe quoi. Ma mère ne s'intéresse pas à ce genre de choses.

Toutefois, en les observant de plus près... Il était peut-être vrai que Charlotta était un peu trop proche de son ami, ou qu'elle semblait avoir un peu trop oublié que tout le monde les regardait. Anya chercha à repérer son père, mais la pièce était trop grande.

— En tant qu'expert en la matière, je suis à peu près certain qu'il se passe quelque chose entre eux.

La louve secoua la tête, or force était d'avouer qu'il ne se fondait pas sur rien. Il se pouvait que depuis son départ du manoir familial, elle ait raté certaines évolutions inattendues. Elle ignorait quoi en penser et en toute honnêteté, n'était pas vraiment sûre d'être concernée.

Quand la danse se termina, elle vit sa mère remercier son ami, puis il partit lui chercher une boisson. En attendant qu'il revienne, Charlotta s'approcha d'Anya et Rowan.

— Vous êtes resplendissante et vous dansez extrêmement bien, la flatta-t-il.

Les yeux déjà pétillants de Charlotta brillèrent un peu plus.

— Oh, je vous en prie ! Je ne suis plus ce que j'étais autrefois, je m'en sortais beaucoup mieux lorsque j'avais l'âge de ma petite Anya. J'espère d'ailleurs que vous avez l'intention de la faire danser !

Anya se sentit rougir, gênée que sa mère se montre aussi franche.

— Je... Bien sûr, bafouilla Rowan. Mademoiselle Anya ?

Il tendit une main dans sa direction, tout aussi désarçonné qu'elle. Elle l'accepta avec une certaine maladresse, qui n'échappa pas à sa mère.

— Ne fais donc pas cette tête, ma chérie ! Ce n'est pas parce que ton mari n'est pas là que tu ne peux pas t'amuser un peu !

— Je... Ce n'est pas ça, se défendit-elle. C'est juste que...

Elle ne trouva rien à ajouter et de toute façon, les musiciens débutèrent leur morceau. Anya et Rowan s'avancèrent en silence sur la piste, où la plupart des invités s'étaient déjà mis en place. Ils entamèrent leur valse en se touchant à peine, sans s'adresser un mot. Afin de dissiper sa gêne, la louve essaya de se concentrer sur les merveilleuses notes de violon, de violoncelle, ou de harpe. Elle choisit finalement de briser la glace :

— Je suis désolée que ma mère vous ait obligé à danser avec moi.

Elle ignorait exactement d'où lui venaient ces mots, et elle les regretta aussitôt. Depuis quelques temps, on ne pouvait plus dire que leur présence mutuelle les insupportait. Ou du moins, Anya tolérait, voire appréciait la présence de Rowan. Cela était peut-être pire que leur ancienne haine absolue.

— J'ai connu des obligations plus terribles, répondit-il d'un ton faussement détaché. Faire danser la cousine de Clark, par exemple. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui glousse autant que Victoria.

Anya se détendit un peu au souvenir de la concernée. Même si elle n'était pas méchante, Victoria n'était clairement pas la bougie la plus éclairée du chandelier.

— Donc il y a pire que moi ? feignit-elle de se surprendre. À vous entendre, je ne pensais pas que c'était possible.

— Pire que vous, c'est vite dit. Disons que vous avez le mérite de ne pas m'écraser les pieds.

Elle choisit ce moment pour poser son talon dangereusement près de ses orteils. Il prit une mine offusquée, qui ne manqua pas de la faire rire.

— À vrai dire, reprit-il avec plus de sérieux, j'avais réellement l'intention de vous proposer de danser.

Son regard accrocha le sien et une sensation étrange s'empara d'elle. Elle avait déjà éprouvé quelque chose de similaire lorsqu'ils s'étaient arrêtés près du fjord, et qu'elle avait tourné la tête vers lui pour voir sa réaction. Son coeur s'était alors emballé d'une drôle de manière, qui l'avait poussée à mettre de la distance entre eux.

À présent qu'elle se trouvait de nouveau proche de lui, le même trouble l'assaillait.

— Vous n'aviez pourtant pas l'air très emballé quand ma mère a suggéré l'idée, fit-elle remarquer.

Ce n'était pas un reproche, puisque sa propre réaction n'avait pas été des plus enjouées.

— C'est simplement que... Lorsque je suis avec vous...

Anya mourait d'envie qu'il lui exprime sa pensée, cependant il en fut incapable. Ses yeux fuirent les siens, puis il murmura :

— En réalité, je ne suis plus tout à fait certain de vous détester et... Je vous avoue que cela me perturbe un peu.

La louve s'en sentit à la fois rassurée et affolée. Rassurée car ce qu'il décrivait correspondait exactement à ce qu'elle éprouvait, et affolée parce que... Qu'est-ce que tout cela signifiait, au juste ?

— Je... Je crois que je ne vous déteste plus vraiment non plus, reconnut-elle à son tour.

C'était tout ce qu'elle s'autorisait à lui dire. Tout ce qu'elle s'autorisait à penser.

Alors qu'ils restaient tous les deux muets face à ces aveux, elle réalisa qu'elle s'était rapprochée de lui. Cela n'avait rien de choquant pour une valse, mais lorsqu'elle était obligée de danser avec Clark, ils maintenaient toujours une certaine distance. Ici, avec Rowan, elle se surprenait à apprécier le moment, sans avoir hâte que le morceau se termine. Sentir sa main dans la sienne avait quelque chose d'agréable, tout comme la chaleur de sa paume sur sa taille.

Ce contact faillit lui faire oublier tous les invités qui les entouraient. Trop captivée par le regard de Rowan, elle ne vit pas tout de suite qu'un valet se frayait un chemin parmi les danseurs pour venir vers elle.

— Excusez-moi de vous déranger, mais votre fils est assez agité, l'interpella-t-il. La demoiselle à qui vous l'avez confié s'en veut de vous déranger, mais elle ne sait pas quoi faire de lui...

Anya cligna des paupières pour revenir à la réalité. Ses bras retombèrent le long de son corps et elle s'éloigna de son cavalier.

— Oh, je... Ce n'est pas grave, je vais aller voir ce qu'il a.

— Vous voulez que je vienne avec vous ? s'enquit Rowan.

Encore un peu sonnée, elle ne secoua pas la tête immédiatement.

— Non, je n'en ai pas pour longtemps. Je reviendrai quand il sera calmé.

Et sans plus attendre, elle prit la fuite.

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