Pour la paix
Résumé:
Arrêter la guerre est notre seule chance de survie.
Notre seule change de voir l'aube d'une nouvelle année.
Et pour arrêter la guerre, nous devons nouer une alliance avec les clans.
Pour protéger notre colombe.
Pour protéger la paix.
Pour protéger l'espèce humaine.
Pour protéger l'espoir.
"Les jeux sont faits, les cartes sont distribuées.
Chaque joueur a remporté deux manches, à nous de gagner celle-ci et de rafler la mise.
Pour survivre.
Pour la paix.
Bonne chance à tous."
Chapitre 1:
On y est presque. La falaise n'est plus qu'à quelques mètres. Si nous l'atteignons avant que les Yokaïs ne nous rattrapent, nous avons toutes les chances de nous en sortir.
"-On y est presque, siffle Lisa, le souffle court. A trois on saute. Un. Deux....
-Trois, je hurle avant de bondir vers l'avant, évitant de justesse les griffes de l'énorme Taïgan derrière moi.
J'atterris sur une minuscule corniche, deux mètres plus bas et me rejette en arrière, empêchant au passage mon amie de basculer dans le vide. Tapies dans l'ombre dela grotte, bloquant notre respiration, nous nous faisons les plus petites possible afin de ne pas être repérées.
-Je ne comprends pas! Pourquoi elles se sont jetées? Demande une voix au-dessus de nous, surement celle d'un Lupaï vu son odeur.
-Bah... ce sont des humaines, elles sont sans doute dérangées, rétorque une autre voix. Celle-là je l'identifie tout de suite: c'est Wan, le chef des Serpaïs.
A mon côté, Lisa fait la grimace en entendant ces mots, visiblement vexée, mais elle a la présence d'esprit de ne pas faire un scandale. Heureusement.
-Non, pas les deux, décrète une troisième voix, qui m'a tout l'air d'appartenir à la fille du chef des loups, Maya. La petite oui mais celle avec les couteaux sentait le tigre.
Mon amie fronce un peu plus les sourcils en s'entendant traiter de "petite", un qualificatif qu'elle déteste.
-Elle ne fait pas partie de notre meute, gronde Bregan, le roi des Taïgans. Et elle n'a pas muté. C'est peut-être une solitaire mais je n'y crois pas vraiment. Et puis, de toute façon il est inutile de s'étendre sur le sujet puisqu'elles sont mortes. Rentrons."
Nous attendons que le bruit de leurs pas ne soit plus qu'un lointain souvenir avant de nous mettre en marche dans le long tunnel au fond de la grotte.
Nous nous enfonçons dans le labyrinthe de galeries en silence, perdues dans nos pensées.
Lisa est manifestement toute retournée par le sprint que nous venons de courir et par la réalité qui nous as, par la même occasion, rattrapées: nous ne sommes plus en sécurité nulle part. Même au fin fond des territoires humains nous risquons la mort à chaque instant.
Pour ma part, cela fait longtemps que je m'y suis habituée. Non, ce qui tourne en boucle dans ma tête a trait à une affaire bien plus personnelle. Le lupaï m'a pris pour une humaine mais Maya a senti chez moi une odeur de tigre. Evidemment tous deux ont raison. Je suis autant humaine, comme l'était mon père, que Taïgane par la filiation avec ma mère. Mais ce n'est pas une nouveauté. Ce qui me dérange, c'est plutôt cette question, que je me suis posée tout au long de mon enfance: j'ai été acceptée dans un village humain et j'ai grandi avec mon père car je leur ressemble. Mais alors, si c'est ma mère qui m'avait élevé, si elle n'était pas morte à ma naissance, aurais-je pu faire partie du groupe qui nous a poursuivit?
Ma mère a toujours été ouverte à toutes les cultures, humaines comme Yokaïs, m'avais raconté mon père. De plus, c'était une solitaire et elle n'appartenait donc pas à une meute. Mais si j'étais venue frapper à leur porte, m'auraient-ils accueillie comme l'une des leurs? Sans doute pas, non.
Mais peut-être. J'y ai souvent songé après la mort de papa, lorsque je sillonnais les routes et les villages humains, m'arrêtant le temps d'une nuit dans un auberge avant de repartir le lendemain, incapable de rester au même endroit plus de quelques jours. Et puis, lorsque j'ai rencontré mes amis, progressivement, j'ai réussi à oublier ces questions. A me dire que eux, au moins, ils m'acceptent comme je suis et m'aiment, un peu plus pour certains, un peu moins pour d'autres.
"-Tu y repense encore pas vrai?
La voix de Lisa me tire de mes pensées.
-De quoi? Mais non! Tu sais bien que non, je rétorque, peut-être un peu trop rapidement.
-Tu sais qu'on ne t'en voudras pas, n'est-ce pas?
-Hum
-C'est comme pour Maxime et Shani. Si vous décidez de rejoindre les clans, on ne vous en voudras pas. En aucun cas. Après tout peut-être que les humains et les Yokaïs ne sont pas faits pour vivre ensemble...
-Mais arrête! Les jumeaux sont des solitaires et moi je suis... je sais même pas ce que je suis! Ce que je sais, par contre, c'est que vous êtes nos amis et que l'on ne vous laissera tomber pour rien au monde!
-Moui... Mais je suis sérieuse, si...
-Moi aussi je suis sérieuse, je rétorque, on ne partira pas! Point barre! Maintenant arrêtons d'en parler, on est arrivées."
A l'instant où je prononce ces mots, nous pénétrons dans une immense caverne creusée dans la montagne.
Le bruit de la pluie qui tombe dru résonne, couvrant sans peine celui du bois avalé par le feu. Il a suffi de quelques dizaines de minutes de marche dans les tunnels pour que la nuit tombe et qu'il se mette à pleuvoir.
Chapitre deux:
"-Ha, quand même! Je commençais à croire que vous vous étiez faites dévorer par un Sepaï psychopathe!
-Bah, ça a failli arriver. Mais pas seulement par un Serpaï, on a eu le gros lot! Maya, Bregan, Wan et deux trois autres, aucune idée de qui... Ha si! Il y avait aussi le copain du Taïgan là... Coot?
-Cook, la reprend Maxime avec un léger sourire, en nous invitant à nous assoir. Et oui, je vois ça. Ton chignon part en vrille chérie, ajoute-t-il en se servant de l'insupportable surnom qu'il m'a donné.
Avec un soupir, je me laisse tomber au sol en défaisant ma coiffure et une tresse de cheveux noirs et blonds à moitié détachée glisse jusqu'à mes hanches. Oui, noirs et blonds. Ce sont, comme mes yeux marron tachés de jaune, une conséquence de mon mélange d'ADN.
-Qu'est-ce que ça a donné cette fois? Demande Shani.
Shani est, comme son jumeau, une Serpaï solitaire. Au premier abord, on pourrait les prendre pour des anges: grande taille, musclés mais pas trop, fins, des cheveux blonds étincelants sous le soleil, une bouche en cœur, bref une incroyable beauté, doublée d'une intelligence sans borne. Au premier abord seulement car, je ne sais pas si ce sont leurs yeux roses, leur capacité à se transformer en serpents géants et venimeux, leur nonchalance lorsqu'ils tuent ou leur attitude de constant défi mais quelque chose chez eux met mal à l'aise. Très mal à l'aise. Surtout quand ils te fixent longtemps sans ciller.
-Rien pour cette fois, répond Lisa en passant la main dans ses courtes boucles brunes, ses yeux verts encore pleins de la terreur ressentie lors de notre course effrénée.
-C'est limite décourageant, rage Maxime. Il faut que l'on trouve quelque chose, n'importe quoi, qui puisse nous indiquer qui aller voir."
Si nous sommes ici, c'est pour une bonne raison: faire cesser la guerre. Ou plutôt le génocide humain perpétré par les Yokaïs. Si nous n'y arrivons pas avant que la chasse aux survivants ne commence, nous ne survivrons pas. Lisa et Eric, des humains, seront les premiers sur la liste, évidemment. Mais si l'on réfléchit deux secondes, les clans ne s'arrêteront pas avant que l'entièreté des êtres vivants dans leurs terres ne soit sous leur juridiction. Les hybrides comme moi (ou plutôt moi, puisque, à ma connaissance, je suis la seule), ne tarderont pas à mourir, suivis de près par les solitaires qui refuseront de se plier aux règles. De plus, sitôt l'espèce humaine disparue, les clans se battront entre eux, pour avoir toujours plus de pouvoir et de territoires.
Nous avons donc décidé de faire cesser cette folie. Cette idée est peut-être destinée à mourir dans l'œuf mais nous nous battrons pour notre survie.
Nous nous battrons pour la Paix.
Mais avant tout, il faut prouver aux rois et reine Yokaïs que toutes les espèces peuvent cohabiter.
C'est la partie la plus facile de notre plan et mère nature elle-même sait combien il est compliqué.
D'abord, il nous faut réussir à en approcher un et à lui parler, sans mourir au passage si possible.
Nous avons donc mis en place une stratégie: amasser le plus d'information sur chacun d'entre eux pour déterminer celui qui sera le plus apte à nous écouter. Et c'est...franchement pas gagné.
Chapitre 3:
"-Peut-être pourrait-on refaire une liste de tous les critères, quelque chose a pu nous échapper, on ne sait jamais, propose Eric.
Nous poussons tous un grognement de désapprobation, pourtant, intérieurement, chacun espère trouver le détail qui nous permettrais de mettre notre plan à exécution.
-Commençons par Aeyron, je propose. C'est la plus facile. Points négatifs.
-Elle est complètement folle, décrète Shani. On ne peut pas lui faire confiance; elle a déjà décapité certains de ses sujets pour un éternuement de travers et j'exagère à peine!
-Les points positifs dans ce cas.
-Aucun, me rétorque-t-elle du tac au tac. Pour Wan maintenant.
-Le prince Serpaï... fait mine de réfléchir Lisa. Premièrement, les serpents n'attendent qu'un faux pas de sa part pour prendre sa place donc c'est compliqué et deuxièmement... il est aussi sadique et meurtrier que la reine des aigles. Et il n'y a aucun point positif, termine-t-elle sombrement.
-Si, il est mignon, murmure Shani avec un soupir rêveur, ce qui a le don de détendre l'atmosphère.
-Pour Jolan, c'est un chef consciencieux qui rechigne à tuer, commence son jumeau. Je ne sais pas s'il a autant d'empathie avec les humains mais c'est un point à ne pas négliger. De plus, il contrôle bien sa meute.
-Et Bregan, finit Eric, sa place sur le trône des tigres est vacillante mais il doit être celui des quatre le plus accessible.
C'est une impasse. La conclusion est la même: deux potentiels alliés. Mais rien n'est moins sûr.
Bien évidemment, pour clore la boucle de cette discussion qui recommence chaque soir, je déclare:
-Nous n'avons qu'à aller voir l'un de ces deux-là et lui parler. C'est comme tirer à pile ou face sauf que cette fois on est forcément gagnant: on saura à qui il faut s'adresser.
-Mais on risque de perdre quelqu'un! S'étrangle Lisa, poings serrés.
-C'est un mal négligeable, rétorque placidement Eric. Et puis, en acceptant de partir, nous le savions. Et nous avons accepté de mourir pour notre colombe. Le temps nous manque cruellement avant le début de la prochaine manche, nous devons jouer nos cartes, quitte à perdre la mise."
Le silence s'installe à la suite de cette annonce, pesant.
Vu de l'extérieur, Eric pourrait sembler dénué d'empathie. Mais c'est faux: tout ce qu'il fait, pense ou dit est entièrement dévoué à la colombe.
La colombe c'est la représentation de la paix (aucune idée du pourquoi de ceci) autant qu'un village. Un village que j'ai découvert au cours de mes déambulations de par les terres humains.
Situé à la limite des terres neutres, méconnu des humains comme des clans, la colombe est un havre de paix. Il accueille tout le monde : Yokaïs solitaires et humains, qu'il soit condamné ou pas, endété ou pas, riche ou pauvre, grand ou petit, vieux ou jeune.
Evidemment, les conflits et différents sont présents et les villageois ont du mal à se faire confiance mais le but est atteint: tout le monde vit côte à côte, sans distictions dues à son espèce ou autres.
C'est notre petit chez nous et s'il est découvert, nous serons tous exterminés.
C'est le pourquoi de cette expédition: proposer une alliance aux clans pour éviter un massacre. Elle rassemble toutes les personnes volontaires en ayant les capacités, c'est-à-dire pas beaucoup. Moi et les jumeaux sommes les guerriers et les seuls susceptibles d'approcher les clans et les deux humains les stratèges.
"-Pourquoi tu parles de cartes, de manche et de mise, demande soudain Lisa, brisant le silence et me tirant de mes réflexions.
-A ton avis? Rétorque Eric.
-C'est simple, j'explique pour éviter à mon amie des maux de tête. Vois ça comme une série de parties de cartes.
Les humains ont gagné la première partie en s'attaquant aux Yokaïs. Lors du premier génocide, ceux-ci ont remporté la seconde. Les humains ont vaincu lors de la troisième avec leur attaque avec des armes à feu. Les clans ont raflé la mise de la dernière lors du massacre dans les trois villes. Si la chasse aux survivants est lancée ou si les humains tentent quelque chose, ils gagneront la cinquième et l'autre camp aura alors toute légitimité à répliquer ce qui ne fera qu'envenimer les choses. Il faut donc que le troisième joueur, la colombe, abatte ses cartes pour clore définitivement le jeu, gagner le prix: la paix et réconcilier les joueurs.
-C'est étonnant vu sous cet angle, murmure Shani.
-Je suggère que nous remportions la partie! Après tout, il y a toujours une solution, décrète son frère.
-Nous y arriverons, quoiqu'il en coûte, chuchote Eric en étreignant son pendentif en forme de colombe, le même que celui que nous portons tous.
-Oui, il suffit d'y croire, termine Lisa."
Cette nuit-là, personne ne dort. Nous repensons tous à la conversation de tout à l'heure, jele sais.
Si seulement il suffisait d'ycroire...
J'aimerais tellement avoir la fois de Lisa, la force des jumeaux ou le courage d'Eric.
Malheureusement ce n'est pas le cas.
Mais je persisterais.
Nous le ferons. Nous combattrons. Nous nous dresserons face à la guerre. Nous protégerons la colombe coûte que coûte.
Par ce qu'il le faut.
Pour nous.
Pour le village.
Pour la paix.
Hey! C'est moi! Ceci est ma participation au concours de serpaiperfide pour lequel il fallait créer une histoire (ou un début) dans laquelle nous devrions intégrer un personnage de notre invention à un univers fictif déjà existant et créer ainsi une fanfiction. Ceci en est donc une de la légende des quatre. Pour comprendre le contexte du chapitre , reportez vous au chapitre "à vol d'oiseau", tout est expliqué au début, c'est deux chapitres avant. Bonne lecture de ces trois chapitres! (La couverture est en média!)
Merci de m'avoir classée première!
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Miss_Paillettes
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