Je me réveille avec un mal de crâne pas possible et me dirige vers la cuisine en allumant la télé.
Quand je reviens avec mon verre d'eau je cligne des yeux en lisant le gros titre.
Je m'assied confuse et vérifie la date.
C'est pas le 1er Avril,au contraire.
Je me frotte les yeux et relis lentement le titre apparaissant devant des séquences d'endroits et de maisons totalement vides de personnes: "Minorités disparues"
Effectivement en bas de l'écran une phrase déroulante m'informe que toutes les minorités auraient subitement disparues,envolées.
Je me précipite vers mon téléphone et lis les articles apparaissant en dessous du moteur de recherche et suggérant de nombreuses hypothèses allant d'un complot mondial à une attaque extra-terrestre.
Sur les réseaux sociaux c'est la même chose.La panique ou même la joie en plus sous le hashtag #TheMissing.

En me levant je m'exclame:
-C'est quoi ce délire?!

Après m'être préparée en quelques minutes j'enfile mon jean ma pomme dans la bouche et glisse mes pieds dans mes baskets avant d'attacher mes cheveux rapidement en me précipitant dehors.
Je toque à la porte d'Ilyes mon voisin en l'appelant de toutes mes forces mais pas de réponse.Je me précipite donc à l'étage suivant et découvre d'autres voisin en train de m'immiter sans succès.

Je m'approche de la porte de Naya et tape plusieurs fois en l'appelant sans réponse puis me met à crier:
-MEUF C'EST PAS DRÔLE RÉPONDS MOI

Je tape à nouveau en criant:
-OOOOH

Mais rien,juste le silence effrayant.
Je recule en secouant la tête et me précipite dehors.
C'est sûrement une blague,c'est pas possible.
Je m'approche de l'épicerie censée être ouverte et plaque ma tête contre la vitre,toujours rien.

J'inspire lentement pour calmer mes tremblements et répète doucement:
-Non,non,non...

L'université!Je vais sûrement trouver des gens là-bas.
Malheureusement pour moi dans la rue les gens restant ont l'air tout aussi uniformes et désorientés,ça n'annonce rien de bon...

Quand je passe la porte et découvre l'endroit vide la dame de l'accueil m'informe:
-Désolé Lena tous les cours sont annulés aujourd'hui.

Je lui demande craintivement:
-Pourquoi?

Son air abattu me donne une réponse avant même qu'elle ne s'échappe de sa bouche.
Une fois de retour chez moi je m'effondre sur le canapé en enfonçant ma tête dans mes mains.
Naya a disparu.

Son sourire étincellant contrastant avec sa magnifique peau ébène et son rire mélodieux défilent dans ma tête.
Elle est...était...oh putain.
Je me souviens du jour où elle s'est assise à coté de moi dans l'amphi,elle m'a fait rire pendant tout le cours.
Elle était tellement enjouée.
Tout le monde l'adorait et moi un peu plus.Beaucoup plus.
Mais malheureusement j'ai jamais osé le lui dire.

J'allume la télé et les nouvelles ne semblent pas s'améliorer,au contraire.Ils ont maintenant constaté que les gens métisses ont également disparus.
Seuls les gens tombant sous la catégorie "caucasiens" restent apparemment.
Je me penche à ma fenêtre et effectivement la foule a l'air assez homogène,enfin jusqu'à un certain degré.

Quand je me rassied il y a un maintenant un débat en cours,des gens pensent que c'est une tragédie tandis que d'autres non.
Au contraire.
Je zappe et tombe sur des images en direct montrant l'agitation prenant place dehors maintenant que les gens commencent à réaliser ce qu'il se passe.Il y a des gens paniqués mais aussi des gens en train de célébrer la nouvelle et logiquement une émeute éclate.
J'éteins la télé.

Un mois après la vie semble reprendre son cours malgré la crise immense que cet évènement a provoqué.
Il faut aller de l'avant comme ils disent...
Je rentre chez moi me sentant toujours aussi bizarre qu'il y a un mois.Je suis en train d'observer le paillasson de mes nouveaux voisins quand mon téléphone vibre.
Un peu surprise par son contenu je relis malgré tout le bref message contenant une heure et une adresse que je tape dans mon navigateur.

Quand j'arrive enfin je remarque d'abord toutes les lumières puis les fleurs,ours en peluche et décorations avant de poser mes yeux sur les nombreuses photos arborant des personnes à l'apparence diverse.
La plupart des gens présents portent un bracelet ou un brassard composé d'un arc-en-ciel de couleurs de peau.J'ai déjà vu ça aux infos mais j'avais pas vraiment fait attention.

Je regarde à nouveau le mur recouvert de visages où d'autres personnes accrochent de nouvelles photos ou au pied duquel ils déposent encore des choses.
C'est un mémoriel...

Une dame se tourne vers moi et me demande avec un sourire chaleureux:
-Vous êtes venue ajouter quelqu'un?

Ne sachant pas trop quoi lui dire je marmonne:
-Je crois...

Elle fouille dans sa poche et me montre une photo de famille.
Dessus elle pose contre un homme dont la peau sombre a des reflets bruns chauds et tient dans ses bras une petite fille dont la peau pâle est réchauffée par un ton caramel.
Elle a des cheveux bruns bouclés et arbore le même sourire qu'elle.

La femme me dit:
-C'est mon mari Alpha et Eva ma fille.Elle adorait les arc-en-ciels,il y en avait partout dans sa chambre.
Je suis sûre qu'elle adorerait cet endroit,je l'emmènerai ici quand elle reviendra

Je lui répond confuse:
-Quand elle reviendra?

La femme hoche la tête et me dit:
-Oui,la plupart d'entre nous croient au retour

Ah oui...Le retour,encore une des nombreuses théories que les gens ont trouvé pour faire face à tout ça.
Ils pensent qu'un jour ils vont tous réapparaître comme si de rien n'était.
J'aimerais pouvoir y croire aussi.

Je me contente de lui sourire avant de m'éloigner.
Une fois chez moi je me met à fouiller dans mes affaires afin de la retrouver.
Enfin.
Dans ma main je tiens ma photo préférée de Naya,je souris à son visage figé encore une fois puis la met dans ma poche avant de sortir.

Après y avoir pensé longuement j'ai décidé de l'attendre moi aussi.
J'accroche solidement sa photo au milieu des autres et observe le mur en souriant.
Après un moment et plusieurs chants hurlés ensemble et dont je conaissais que la moitié des paroles je me décide à dire au-revoir à tous ces inconnus partageant la même peine que
moi,mais aussi le même espoir incensé.

Sur le chemin en observant mon bracelet je manque de percuter un homme et m'excuse:
-Oh pardon!

Mais il se retourne avec un regard méprisant et me lance:
-Foutus cheveux foncés

En observant une de mes nombreuses mèches brunes ayant glissé devant  mes yeux je murmure déstabilisée:
-Qu'est-ce que c'est que ce délire?!

Fin...