Chapitre 4 : l'utilité du carnet
Mot utilisé : critérium, douceur
Voilà donc, ce fameux carnet qui fait peur, ces feuilles qui ont connus les deux guerres, et vécu un siècle. Un carnet délesté de son crayon, dont les quelques mots allemands se sont effacé avec le temps. Il ne reste plus rien. Les mots de crayon qui s'y trouvaient se sont diffusés dans les feuilles, elle-même comportant un taux trop élevé d'humidité. Ce n'est qu'un simple carnet maintenant, comme on peut en vendre des millions. Dans ce carnet doit rester encore toute la joie de Jean Delasalle, modeste paysan parti à la guerre, qui n'attendait plus que de la gagner. Il ne reste que de la joie, mais n'est-ce pas le plus important au final ? Un carnet rempli de la joie d'un homme avant qu'il ne la perde ?
Je ne me pose pas tant de question, je me retrouve seulement avec un carnet que je ne devrait pas avoir, mais un carnet qui ne contient rien. Et même s'il contenait quelque chose, le fait est que ce n'est pas de ma faute si le carnet a perdu de son contenu. Je préfère attendre la fin de mon stage pour commencer à réfléchir sur son sort, mais au moins, le faite qu'il soit vide le rassure sur le faite qu'il n'a rien volé d'important. Il n'aura donc rien à dire à son père, puisqu'il n'y a rien dans le carnet. Je préfère aller me coucher dans mes draps, de la douceur chimique d'un lavage machine. Jeudi et vendredi ne me montre pas non plus de signes qui pouvait m'inquiéter, juste à reprendre mon travail de secrétaire de secrétaires, profitant de ma présence pour avoir eux-mêmes un secrétaire à leurs services.
« Alors, tu vois que c'est pas facile tous les jours, me lance mon père dans la voiture qui me ramène à la maison ce vendredi.
- Oui, je suis fatigué, je réponds exténué. Courir à droite à gauche juste pour faire des photocopies, c'est usant.
- Petite nature, moi j'ai déboucher un énorme bouchon de graisse qui bloquait les égouts en dessous du fast-food, je l'ai attaqué à la pioche et à la pelle. »
Je fais une expression de dégoût, ce qui n'empêche pas mon père de me raconter tout en détail : les rats morts étouffés et prisonniers de la graisse, l'odeur insupportable, les morceaux qu'ils ont dû remonter à la surface. Il fini par râler sur le faite que c'est la troisième fois en 10 ans qu'il a dû faire cela, que le fast-food ne fait rien et continue de balancer leurs graisse de friteuse dans les WC,... il m'a coupé l'appétit avec toute cette histoire.
« Bon, pour fêter cela, je voulais t'emmener au fast-food, ça te va ?
- Euh... tu es sûr après tout ce que tu m'as dis car eux, je lui réponds, un peu dégoutté
- Évidement, un stage bien fait ça se faite ! »
Au final, en rentrant et en voyant ma mère habillé de manière plus chic, robe et maquillage, je comprends que le fast-food sera plutôt un slow-food, dans un restaurant.
Le lendemain, c'est le week-end. Je me lève à une heure déjà avancée, quand mon père et ma mère sont déjà parti. Ma sœur va bientôt rentrée de son voyage avec plein de souvenir, et mon frère ne va pas tardé non plus avec ces cahiers de cours. Cela sera donc à moi de les accueillir. Je leurs prépare une poêle de haricot, comme le planning l'affiche, avec lardon,et champignon. J'ai emporté avec moi le carnet pour l'étudier pendant que les plaques céramiques font leurs œuvres. Il n'y a rien, les pages sont peintes en grises, le gris d'une mine de critérium, le gris du crayon sans doute. La reliure a été lourdement impacté par l'humidité de cette cave, elle ne comporte plus de mention, plus d'indice pouvant donner sa provenance. À certains endroit, la couverture est plus marrons, à d'autres, plus rouges. Son odeur est indescriptible de diversité. J'allais pour l'étudier un peu plus, mais une fumée derrière moi m'indique que je n'ai que quelques secondes avant de gâcher une poêlé qui semble prometteuse. Je les sauves de justesse. Je laisse mijoter le tout à feu doux, en attendant la venu de mes cadets. Soudain, mon téléphone portable sonne. Ma mère au bout du fils, me demande :
« Tu t'en sors chéri, tu as fais les haricots ?
- Oui maman, je lui lance en râlant, pas besoin de venir vérifier, tu me connais...
- Justement ! Mais je viens pas ici que pour "vérifier" comme tu dis, il faut faire quelques courses cet après-midi, et j'ai oublié de marquer du lait et des œufs pour les crêpes.
- Ah oui c'est vrai, attends ! »
Ne trouvant pas un post-it ou un bout de papier à côté de moi, je récupère le carnet pour lui écrire ces premiers mots après son formatage.
« J'ai noté m'man, je les prendrai cet aprèm au course.
- Très bien, tu sais où j'ai laissé la carte bancaire ?
- Oui, dans le meuble du couloir.
- Voilà... profites-bien de ton week-end chéri, je t'aime !
- Moi aussi m'man. »
Je raccroche. Et en me retournant, je me fige de surprise. Sur la table de la cuisine, posé comme si je les sorti du frigo, une barquette de 6 œufs et une bouteille de lait. J'observe cela comme si j'ai rencontré un extra-terrestre. Le lait et les œufs sont comme je les ai imaginé en l'inscrivant sur le carnet. Je le reprends entre mes mains... plus rien, la page est grise, sans inscription, sans les inscriptions que j'y ai mise. Je commence à délirer, c'est là que j'ai imaginé tout cela, ma mère à cru que nous n'avions pas le lait, ni les œufs, et je me les suis imaginé parce que je venais de les sortir du frigo. Je préfère me dire cela plutôt que le carnet soit magique. La porte d'entrée me réveille de ma torpeur, mon frère arrive enfin, grognon des heures de train qu'il a eu. C'est à peine s'il lâche un sourire en mangeant la poêlé, rejoint par ma sœur un peu plus tard, fatiguée aussi. C'est à ce moment que je m'éclipse, avec mon carnet dans la poche...
Le soir, je m'allonge sur le lit. C'est une soirée très tendu ce soir, plus que d'habitude. Mon frère ramène de mauvaises notes, et même s'il est assez grand pour ne pas rendre des comptes, mes parents lui payent une grande partie de ces études. Ma sœur n'a pratiquement pas parlé, elle s'est offert plein de cadeaux pour elle, que des portes-clés souvenirs pour nous. C'est vrai qu'elle n'était pas obligé de nous offrir plus que des portés-clés, mais l'ambiance de la famille dégradée a fait ressortir le faite qu'elle est égoïste en général. Dimanche sera un autre jour, mais moi j'en ai marre pour ce soir. C'est aussi le moment de réfléchir sur ce qui s'est passé ce midi.
Je n'avais pas rêvé, je n'ai pas sorti du frigo ces œufs et cette bouteille de lait, et même, ma mère ne m'aurait pas demander expressément de rajouter cela dans la liste de course s'il en restait. Non, ces œufs et ce lait n'existait pas avant que j'écrive leurs noms sur ce carnet, et sans les avoir imaginé au préalable. Même si ces œufs et ce lait sont ceux qu'on prend habituellement, la même marque, les mêmes types, ils sont comme je les avait imaginé. Et puis... je les avait bien écrit sur le carnet. Je le prend encore avec moi, je scrute, je regarde à travers avec la lumière du plafonnier de ma chambre, je parcours l'index de la page suivante pour un moindre creux dû au passage du crayon... rien. Et pourtant, cet nourriture existe bien. Je ne les ai pas cherché au magasin, et nous ne l'avions pas... je ne vais pas tourner autour du pot trente six mille fois, je prend le carnet, un stylo à bille, et je m'arrête.
Si le carnet est bien magique, si ce carnet crée ce qu'il est noté, je vais voir ce qu'il en est, il me suffit juste d'un test. Imaginer quelque chose que je peux définir les contours, et que je n'aurai pas avec moi, quelque chose que je pourrais planquer dans ma chambre, peut-être même quelque chose dont j'ai envie. Je mordille le stylo déjà meurtri de ces multiples tortures, puis à force, je trouve. L'instrument alors trace à l'aide de mes doigts le mot qui sera plus compliquer à résorber pour le carnet avec de l'encre, quelque chose qui me fait envie, quelque chose que je peux m'imaginer sans l'avoir touché. Et après voir écrit ce que j'aimerai, je me retourne bête, pendant quarante secondes, comme si je m'attendais à ce que la mort frappe...
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