La faute
J'aimais son rire, ses yeux, son sourire...
Mais je n'avais rien.
Comment aurait t-il pu s'intéresser à moi ?
Folle de croire au bonheur, à l'amour.
Des mois, des jours, des heures à espérer,
Tout cela parti en éclat sur une parole lancée.
Cette petite voix qui me dit que c'est normal, je ne le mérite pas, je n'y ai pas droit,
Et les autres ne cessent de me le rappeler.
Jamais je n'aurais dû le lui dire... Mais ce feu qui brûlait en moi, cette joie dans les moments où il me parlait, ce sentiment indescriptible qui me faisait rougir lorsque je l'apercevais ont eu raison de ma timidité. Comme en transe, je me suis approchée. Fixée à mon espoir, j'ai prononcé deux mots impardonnables pour lui... Une simple phrase a détruit ma vie.
C'est ma faute.
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- « Elle est sérieuse ? J'y crois pas !
- Elle ne te mérite pas, c'est sûr ! Vous êtes deux opposés : toi, tu es beau et populaire, et elle... Solitaire, pas bavarde et c'est pas franchement un premier prix de beauté.
- Faut la remettre à sa place, lui faire comprendre qu'ici, il y a ceux qui commandent et ceux qui « s'écrasent ». C'est pas une mocheté qui va nous emmerder quand même !
- Calmez vous les gars, c'est pas si grave. Sérieusement, c'est pas de moi qu'on va se moquer. Elle va rapidement se rendre compte de son erreur... C'est sa faute. »
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J'ai essayé de m'intégrer, d'aller à la rencontre des autres puisque personne ne venait à la mienne. Mais les silences insistants lorsque je m'approchais et les rires moqueurs lorsque je m'éloignais ont vite eu raison de ma détermination. Je voudrais tellement redevenir normale. Comme les autres.
On me l'a bien répété, insisté : je ne suis rien. Pour personne.
Donc je reste seule. Désespérément seule. Je ne trouve personne à qui me confier, pour faire sortir toute la rage que je retiens, pour hurler au monde que j'existe, pour libérer ma haine. Je voudrais m'exprimer, rien ne sort. Pourtant je le veux tellement. Tout cela se mue en larmes ...et en cicatrices. La douleur que je ressens dans ces moments brûle celle qui s'accroche à mon esprit.
Les marques qui tachent mon corps me rappelleront jusqu'à la fin cette période infâme de ma vie.
Ce réflexe est incontrôlable, ce n'est pas ma faute.
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- « Eh, tu y croyais vraiment ? Une mocheté comme toi, avec lui ?
- Laisse moi...
- Réponds lorsque je te parle ! Je vais te passer l'envie de me voler mon mec. C'est MOI qu'il aime, tu n'es rien pour lui ! »
Je l'avais pourtant vue arriver vers moi, mais je n'ai pas réagi. Elle a pris mon sac et l'a vidé par terre. Tous mes cahiers, mes manuels, mes crayons se sont étalés au sol. Ceux qui avaient assisté à la scène, et ils étaient nombreux, riaient aux éclats et moi, le feu aux joues, les dents serrées, le cœur au bord des lèvres, j'ai tout ramassé. Ils ne me laissent pas une minute de répit. Chaque cours est une angoisse, chaque récréation est une torture .
Je ne trouve même pas la paix une fois les grilles du collège passées, les ennuis qui m'arriveront demain m'oppressent.
Ma vie est pourrie par cette faute.
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Personne ne le remarque ou n'essaye de m'aider : mes professeurs m'évitent car tout le monde a besoin d'un bouc émissaire sur qui se défouler. Et puis, n'est-ce pas plus simple de fermer les yeux, se voiler la face afin de ne pas avoir à agir ? Faire comme-si de rien n'était, ou réagir mollement afin de se donner bonne conscience, l'état d'esprit qui règne au collège semble avoir été dicté.
« Laissons ces gamins se débrouiller , ce ne sont sans doute que des petites embrouilles passagères. », « De toute façon, il y aura toujours un endroit où quelqu'un sera plus fort que toi et te dominera. »
On a tout fait pour minimiser les faits, le pire étant :
«Si ça se trouve, tu l'as mérité. C'est peut-être de ta faute, non ? »
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Je n'ai plus envie. Plus envie de me battre. À quoi cela sert, si personne ne me soutient ? Je voudrais abandonner. Partir. Je ne manquerai à personne de toute façon. Je suis fatiguée, vivre m'est devenu quasiment impossible.
La scène, je l'ai répétée plusieurs fois dans ma tête, pas moyen de me tromper.
Pas cette fois.
Plus jamais.
Est-ce que c'était ma faute ?
*Une nouvelle que j'ai écrite pour le journal de mon collège. Je voudrai avoir votre avis avant de la publier pour de bon sur mon compte et d'en écrire d'autres. *
Ah, je suis @Mlouaz .
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