Chère Lucie,

Je t'ai entendue pleurer hier dans les toilettes des filles. Je sais que tu te sens seule, je sais que tu as sur le cœur, je sais tout ça parce que je l'ai vécu aussi.

Il y a quelques mois, j'avais l'impression d'être tombée dans un trou. Un trou sans fin dans lequel je m'enfonçais un peu plus chaque jour. Il faisait noir dans ce trou, un noir si noir qu'il étouffait toutes les petites lumières qui essayaient de percer cet obscurité. Il faisait froid dans ce trou, un froid avait gelé mon cœur, pour qu'il ne ressente que la douleur. J'étais perdue. Je ne souriais plus, je ne riais plus. La seule chose que je voulais, c'était me blottir sous ma couette et ne plus jamais mettre le nez dehors. Je pleurais, je souffrais, je me sentais seule. Et personne ne voyait rien, et ça me faisait encore plus mal.

J'avais un poids sur la poitrine, quelque chose qui m'oppressait, que me pesait. Je ne savais pas ce que c'était, aujourd'hui je le sais, c'est le silence. Lorsque je voulais parler de ce que je ressentais, les mots me manquaient. Ces mots restaient coincés dans ma gorge et me torturaient. Je voulais hurler ma détresse au monde mais mon cri était silencieux.

J'étais seule dans un couloir obscur sont je ne voyais ni la fin ni le début. J'avançais à tâtons, je cherchais un interrupteur, une lumière, n'importe quoi. J'en avais marre de cette douleur, de cette souffrance, je voulais m'en sortir. Mais j'avais peur. Mes crises de panique et de stress revinrent et je sombrai encore plus.

Et puis ce fut la rentrée. Et je le vis pour la première fois. Il est arrivé avec ses yeux noisettes et son sourire qui m'a cloué sur place. Littéralement. Il m'a dépassé sans prête attention à moi et à rejoint son groupe d'amis.

Ce jour-là, j'ai trouvé mon interrupteur.

L'année est passée sans qu'il s'intéresse à moi, mais peut importe. Lorsque je le voyais sourire, je ne pouvais m'empêcher de sourire à mon tour. Le tunnel sombre dans lequel je m'étais perdue s'était éclairé et désormais, j'en voyais la fin.

Et j'ai réussi Lucie, j'ai réussi. Aujourd'hui, les larmes ne coulent plus sur mon visage, seul un sourire l'illumine. Aujourd'hui, je peux dire en route sincérité: je vais bien.

Alors ne t'inquiètes pas Lucie, maintenant, tu vas mal, mais tu iras mieux.  Je te le jure. Toi aussi, tu trouveras ta lumière qui éclairera ton chemin et si aujourd'hui, tout te paraît sombre, c'est que le plombier n'est pas encore passé. Si tu n'arrives pas à allumer ton interrupteur, quelqu'un le fera pour toi.

Il y a un temps pour tout. Sois patiente, le plombier va passer et il ne t'oubliera pas. En attendant, bats-toi. Bats-toi pour toi, pour ceux que tu aimes, pour qu'un jour, tu puisses dire sans mentir: je suis heureuse.

Avec tout mon amitié,
Noémie.

P.S: je sais que tu n'aimes pas les fautes d'orthographe, j'ai essayé d'en faire le moins possible.