Un voyage paisible... ou presque

Madeleine s'éveilla sur son siège, un homme d'une trentaine d'année penché sur elle.
« -Comment vous sentez-vous ? demanda ce dernier. »
Mais notre (presque) soixantenaire ne lui répondit pas, c'était à peine si elle l'avait entendu, trop préoccupée par le nombre 60... 60... numéro du département de L'Oise... numéro atomique du néodyme... nombre d'années correspondant à un cycle dans le calendrier chinois... nombre d'années... son nombre d'années ! Son âge ! Mon dieu ! Son âge !
Madeleine se releva vivement... trop vivement, heurtant le trentenaire qui attendait encore sa réponse.
Elle s'excusa, à son grand étonnement; non pas qu'elle n'accordait aucune valeur à la politesse, mais le nombre 60 ne l'avait plus autant préoccupé en cet instant.
Alors, elle renouvela ses excuses, une fois, deux fois, trois fois...
Le trentenaire la fixait désormais avec inquiétude.
« -Madame ? l'appela-t-il. »
Madeleine pris alors conscience du ridicule de ses agissements.
Mais comme la pensée d'être ridicule lui avait également ôté cet atroce nombre, qui allait bientôt lui servir d'âge, de la tête, Madeleine se répéta muettement le terme « ridicule », puis se lassant, tous les synonymes qui lui venaient en tête.
« - Madame ? tenta encore le trentenaire.
-Parlez-moi, articula enfin Madeleine, en overdose de « ridicule » et de ses équivalents.
-Je vous demande pardon ?
-Vous avez très bien entendu. Parlez-moi ! Vite ! »
Le trentenaire s'exécuta alors. Et Madeleine fut libérée du nombre 60 le reste du voyage.

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