Souvenir nº5: la fille au sang de Vélane

José ne compris pas tout de suite pourquoi on observa la porte avec tant d'insistance lorsqu'il l'eut refermée derrière lui; pourquoi même le professeur ne lui prêta aucune attention...
Trois petits coups contre celle-ci l'éclairèrent cependant bien vite.
Une fille s'asseyait bientôt à ses côté... cette même fille qu'il venait de bousculer dans le couloir.
Les regards s'étaient détournés de la porte à présent pour se poser sur eux, ou plutôt sur Madeleine, qui paraissait indifférente à l'effet qu'elle produisait.
Elle s'était tournée vers lui, un sourire malicieux aux lèvres.
« -Et bien ! On dirait qu'on va être amener à se côtoyer pas mal de temps ! lui dit-elle sur le même ton ironique qu'elle avait employé lorsqu'il lui avait tendu une main dans le couloir.
Moi c'est Madeleine, poursuivit-elle.
-José, répondit simplement celui-ci. »
Alors, seulement en cet instant, on sembla remarquer sa présence.
Et, malgré l'éclatant ciel bleu percevable au dehors, José eut la soudaine impression qu'une trentaine d'éclairs venaient de déchirer les airs simultanément.
« -Tu aimes l'histoire ? demanda Madeleine, toujours tournée vers lui.
José repris alors conscience du temps.
Cependant, une voix suave mais puissante répondit à sa place à la question de sa voisine de table:
« Moi, j'aime l'histoire ! avait-on déclaré.
Les élèves, comme sortis d'une torpeur, quittèrent enfin Madeleine des yeux, pour les reporter sur leur nouveau professeur (qui semblait lui-même reprendre ses esprits, et que José aurait juré avoir vu lancer un regard mauvais à son intention lorsqu'il se fut lui-même détourné de la jeune femme).
C'était un homme de taille moyenne, mais à la carrure imposante; auquel on ne donna pas plus de trente ans, et que filles comme garçons semblaient d'ors et déjà trouver à leur goût.
« -Bonjour, reprit-il d'une voix suave qui ne paraissait pas très naturelle.
Je suis M. Arzamastsev; nom que vous avez pu lire sur vos emploi du temps, mais que vous n'êtes sûrement pas parvenu à prononcer correctement ! A moins qu'il y est des russes parmi vous ? »
Aucun doigt ne se leva, et quelques rires s'élevèrent.
« Bien, je voix, reprit-il. Il semblait déçu.
C'est ma première année en temps qu'enseignant, poursuivit-il, provoquant murmures et gloussements.
Je vous demanderais donc d'être indulgent, et particulièrement sage ! »
On ria de plus belle.
Madeleine n'avait pas quitté José des yeux tout le temps de la présentation de M. Arzamastsev, et semblait apprécié l'effet qu'elle produisait sur le garçon: celui-ci, les joues en feu, s'obstinait à garder les yeux rivés sur son cahier vierge; se demandant si du sang de Nymphe, de sirène ou encore de Vélane ne coulait pas dans les veines de sa voisine de table.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top