Souvenir n°3: un père pour son enfant
Madeleine et Paul marchaient côte à côte, silencieux, ce-dernier se rapprochant à chaque pas un peu plus de la jeune femme, cherchant ses yeux, sa main... cherchant Madeleine tout court, qui semblait perdue dans ses pensées depuis le début de la soirée. Alors il s'arrêta, et la retenant par le bras:
« -Tu es enceinte Madeleine, annonça-t-il comme si elle ne le savais pas déjà depuis presque deux mois. »
Madeleine ne fut pas étonnée que Paul soit au courant de son état. Ses parents affolés, c'étaient, en effet, mis en tête de la marier; et Paul, sportif, mignon, poli, et dont l'amour pour Madeleine était évident à tous sauf elle, faisait à leurs yeux un bon mari, un bon gendre aussi.
La jeune femme ne trouva par contre rien à répondre.
« - Il y a une chose que j'ignore cependant, reprit alors Paul, voyant qu'elle ne réagissait pas.
La jeune femme l'interrogea du regard, connaissant trop bien Paul pour savoir que cette discussion ne pouvait être évitée, même reportée.
- Qui est le père ? demanda le rugbyman.»
Le regard de la jeune femme s'assombrit alors; elle se réfugia dans le mutisme comme chaque fois que la question était posée, et que celui qu'elle croyait être parvenu à chasser définitivement de son esprit, resurgissait avec la douleur d'un coup de poignard en plein cœur.
- Ne pleure pas, je t'en prie, fit-Paul, la prenant doucement dans ses bras; tandis que Madeleine se rendait tout juste compte qu'une larme dévalait, en effet, sa joue.
Peut-être qu'il n'était pas si mal finalement ce Paul ? songea-t-elle, tandis que celui-ci lui essuyait maladroitement les joues. Mais voilà que, comme lisant dans ses pensées:
« - Épouse moi, déclara soudain le rugbyman. »
Madeleine se détacha vivement du jeune homme.
« - Qu'est ce que tu as dis ? fit-elle, espérant avoir mal entendu. »
Mais Paul se mis à genoux, et, emprisonnant les petites mains de la jeune femme:
« - Madeleine Suzanne Rollin, je t'aime. Je t'aime depuis le premier jour. Je t'aime depuis toujours.
-Paul je...
- Je sais ce que tu vas me dire: « je suis enceinte, enceinte d'un autre homme. » Mais peu m'importe Madeleine ! Je l'élèverais, l'aimerais comme s'il s'agissait du mien ! Laisse moi être là pour toi, pour lui.
Je te promets d'être un bon mari, un bon père aussi... si tu veux bien de moi.
Épouse moi Madeleine Suzanne Rollin. Épouse moi, et le bébé aura un père. »
Vous vous doutez qu'elle finit par accepter. Certes, elle ne l'aimait pas ce Paul, pas sur l'instant en tout cas, mais quel homme voudrait d'une femme enceinte d'un autre ?
Ses parents avaient sûrement raison: Paul était parfait... parfait pour elle... parfait comme elle.
Et Paul avait également raison: si ce n'était pas lui le père de cet enfant, ce ne serait très certainement personne.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top